what's in a name ? [/w. Debbie]

05 Mars 2005 ; un appartement de standing à New York.

- Hmm ... Juliet, dans ce cas là ? C'est joli, Juliet, non ? C'est une petite référence à Shakespeare ... Qu'en dis-tu ?

Pensif, mes doigts glissent le long de son ventre à présent bien rebondi. Tous deux allongés calmement sur ce lit, nous contemplons la vue qui s'offre à nous à travers cette immense baie vitrée.

Cinq mois. Cela fait cinq mois que cette nouvelle étape de sa vie ... De notre vie a commencé. Cela fait cinq mois que cette petite créature fragile grandit en elle, jour après jour ... J'ai du mal à concevoir qu'un jour, je la rencontrerai finalement tant je ne parviens pas à l'imaginer en dehors de son cocon maternel ... En même temps, il n'y a rien que j'attends avec davantage d'impatience. Même l'euphorie ressentie après la publication d'un nouveau roman ne pourrait pas égaler à ce que je ressens, à présent, et je sais bien qu'au moment de la naissance, cela ne pourra qu'être plus fort encore. Cinq mois ... Et elle est toujours aussi belle. Malgré les fatigues, malgré les jours moroses, malgré ses quelques crises de panique, ses occasionnelles angoisses nocturnes ... Oui, malgré tout ça, elle reste aussi belle que lorsque je l'ai rencontrée pour la première fois et je ne peux qu'espérer que notre fille sera un jour ne serait-ce que la moitié de la femme que Deborah est à présent. Parce que oui, en effet, il s'agit d'une fille. Le médecin nous l'a confirmé la semaine passée. La famille Michaels a le grand plaisir d'accueillir en son sein une merveilleuse fille prénommée ...

Nous n'avons pas encore trouvé, en fait.

Deborah ne s’est jamais sentie vraiment prête à être appeler « Mère ». Elle n’est pas forcément rassurée car elle a prétendue à sa mère le contraire. Elle pourra y arriver sans son aide et puis, elle a des séances de futures mamans à l’hôpital de New-York. Deborah est fatiguée de cette grossesse, la petite fille en elle tire toute son énergie et affame son estomac chaque jour. Elle n’ose pas mentir à son corps en buvant de l’eau. Elle se contente de manger et de grossir pour deux. Songeuse, elle est surprise par la question de Peter quant au prénom de l’enfant. Un frisson la prend quand Peter caresse son ventre. Un son s’échappe de ses lèvres, un mélange entre plaisir et désagrément.

Juliet ? Deborah réfléchit.
Et finalement, elle ne se sent pas emballée.

Elle secoue la tête en regardant Peter : C’est joli mais … je n’ai pas envie que ça nous porte malheur. Juliet est morte jeune à cause d’un chagrin d’amour ! Deborah se cale légèrement pour poser sa tête contre l’épaule de son mari. Elle lui vole un baiser au niveau de la mâchoire : Pourquoi pas un prénom plus moderne ? Hm…

Deborah n’ose pas dire qu’elle n’a aucune idée de comment appeler sa fille. Simplement, l’avoir ça serait déjà pas mal.

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Père. Bientôt, je serai père ... Et quel père ...

Oui, je serai un bon père. Je l'ai décidé. Ça fait longtemps que je le sais, de toutes façons. Depuis que je suis jeune, depuis que j'ai décidé que je voulais être père. Oncle Campbell m'a bien aidé d'ailleurs, en me montrant le genre de père que je ne voulais absolument pas être ... Oui, je serai un bon père, car cet enfant, plus que tout au monde, je l'aimerai. Comme si rien d'autre n'existait, comme si rien d'autre n'avait de l'importance ... Sauf, peut être, Debbie, bien évidemment. Elle, rien ne pourrait me faire cesser de l'aimer. Pas même la naissance dix enfants ! Ils ne pourraient pas exister sans elle, après tout ... En quelque sorte, l'on pourrait dire qu'il s'agit de la poule aux oeufs d'or. Ma femme. La femme que j'aime. La femme de ma vie. La mère de mes enfants. Je lui propose un prénom afin de pouvoir dessiner le visage de ma fille ... De notre fille, dans mes pensées. L'écrivain avide en moi éveillé désire pouvoir imaginer son rire, son regard ... Et peut être même la forme de son nez. J'ai envie de pouvoir imaginer la façon dont je l'appellerai pour qu'elle vienne à table, pour le dîner. J'ai envie de pouvoir commencer à écrire des poèmes, des berceuses ... De pouvoir préparer la naissance de cet enfant comme il se doit afin de l'accueillir chaleureusement au sein de notre petite famille.

Debbie me déclare alors ne pas trop être enthousiaste à l'idée d'appeler notre fille Juliet, citant justement cette même tragédie que j'avais initialement pris en tant que source d'inspiration comme contre argument. Les sourcils froncés, je commence à protester.

- Mais ... Mais ...

Mais il ne me faut qu'un baiser de sa part pour que tous les arguments qui, dans ma tête, s'étaient formulés, s'empressent de s'envoler. Du coin des lèvres, je lui rends son baiser tandis que, pensif, je cherche à une nouvelle façon de le nommer, ce bébé ... Réfléchissant un instant, je cherche autre chose, lorsque ... Oh. Je crois que j'ai trouvé ! Deborah me dit quelque chose mais déjà, je ne l'écoute plus, à nouveau complètement perdu dans mes pensées.

- Helen ! Comme Helen of Troy ! Certes, il s'agissait là de la femme qui avait déclenché la guerre de Troie ... Mais uniquement parce qu'il s'agissait de la plus belle femme de la terre entière. Tout l'aspect "guerre" est bien moins important que cela ... Non ?

Deborah vivait comme tous les parents la réflexion difficile que tous les futurs parents ont à faire : choisir le prénom de leur enfant. Et la journaliste ne voulait surtout pas donner un prénom qui ne plairait pas à sa future fille, elle le portera à vie après tout. Juliet en hommage à Shakespeare ne la ravit pas tellement. Deborah a bien remarqué la réaction de Peter face au refus de ce prénom et malgré elle, Debbie fait taire la protestation dans un chaste baiser. Ce n’est pas dans le but de le faire taire mais une simple marque d’affection qui inhibe les protestations de l’écrivain. Ce qui a don de faire sourire la future maman.

Elle aimerait bien lui en voler un autre quand il répond à son baiser. Elle pourrait même l’embrasser encore et encore… avec la même intensité qu’à leurs débuts amoureux. Elle s’abstient en étant surprise par Peter qui trouve un autre « prénom ». La jeune femme roule des yeux avant de le regarder droit dans les yeux : C’est… dramatique ? Deborah prend la main de son mari pour qu’il entoure son ventre de son étreinte. Elle se blottit dans ses bras avec tendresse. Je voudrais un prénom plus commun… comme Alice… Sarah… Amber… Je ne veux pas que ça lui porte préjudice ou qu’elle s’en inspire.

Deborah pose sa main sur la joue de Peter : Surtout si elle a l’imagination aussi débordante que son père… Et un petit sourire nait à nouveau sur ses lèvres.

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Le regard empli d'espoir, mes yeux bleus se plongent dans ceux de ma femme, plus magnifiques que jamais, plus expressifs que lorsque je l'ai, pour la première fois, rencontrée. Il n'y a rien de plus merveilleux comme sensation que de pouvoir vivre aux côtés d'une autre personne au quotidien. De pouvoir la voir grandir, évoluer. De pouvoir voir les évènements et les expériences marquer son visage, ses gestes et ses expressions. Plus le temps passe et plus je la trouve belle, le rythme de mon coeur s'accélérant encore et toujours pour elle, au fil des jours, des mois et des années. Certains hommes perdent rapidement l'étincelle de passion possédée pour leur femme, quelques années après le mariage, à peine. Me concernant, c'est tout le contraire : chaque instant de plus de partagé avec elle est un instant de bonheur incommensurable. Chaque seconde de plus vécue à ses côtés est une seconde à chérir. Plus le temps passe, plus je l'aime, parce que contrairement à ces hommes qui passent leur vie à idolâtrer l'adolescente rencontrée auparavant, moi, je continue d'apprendre à aimer la femme qui se forme, jour après jour, à mes côtés. Et quelle femme ... ! Personne d'autre ne peut rivaliser avec Debbie. Tout simplement personne. Ce n'est même pas la peine d'essayer. Lui proposant un nouveau prénom pour notre future fille, cette petite parcelle de chaire et de chaleur humaine que j'aime déjà de tout mon coeur, je cherche à concilier l'identité de ma fille avec celle d'une quelconque héroïne d'une oeuvre littéraire importante. Ma fille sera indéniablement ma plus belle oeuvre d'art. Autant dire qu'elle mérite un nom reflétant cela. Debbie ne semble cependant pas être particulièrement enthousiaste à l'idée d'appeler la future Mademoiselle Michaels "Helen". Le nom est dramatique à ses yeux. Fronçant des sourcils, je me demande si elle a raison. Dramatique ... ?

- Moi, je trouvais ça romantique, personnellement ... Guidé par Deborah, ma main vient alors caresser timidement la bosse qui forme actuellement son ventre tandis qu'elle se rapproche de moi afin de profiter d'un instant de confort infini. Le bonheur à l'état pur. L'extase la plus parfaite qui soit. Elle me déclare préférer un nom plus commun et c'est d'un regard curieux que je la dévisage.

- Il faut bien qu'elle soit inspirée, pourtant ... Non ? Ce serait le comble si notre fille n'avait aucune imagination, quand même ! Je souris légèrement avant de me remuer les méninges, pensif. Veut-on réellement la condamner à être connue sous le nom de "Alice #4" toute sa vie ? Au moins, avec un nom plus original, il n'y aurait aucun, ou moins de risques à ce qu'une autre fille ait le même prénom qu'elle dans sa classe, non ? Ma main se perd alors dans ses cheveux tandis que je réfléchis à nouveau. Je t'avais déjà raconté l'histoire cachée derrière mon prénom, non ? Un sourire se dessine sur mes lèvres tandis que ma main dégage distraitement quelques cheveux étant venus se perdre sur son front. Je m'appelle Peter, comme l'apôtre. Mes parents pensaient que cela m'inspirerait à être un bon citoyen ... Tu trouves que je suis un bon citoyen ? Mon nez se perd alors dans sa nuque, le temps que je puisse m'enivrer sur le parfum naturel de sa peau. J'en profite d'ailleurs pour déposer un léger baiser sur cette chaire si tendre, si fraiche et délicieuse. Puis, je lui marmonne quelques mots à l'oreille, avec espièglerie et amusement.

- Et toi, tu t'appelles Deborah ... Comme le personnage principal de mon roman. Mais ça, tu le savais déjà. Je lui souris alors, gaiement. Dieu, que je l'aime.

Une mort certaine, à un âge si avancé de la vie. Deborah ne voulait pas s’imaginer cela dans le prénom de sa fille. Lui offrir un destin funeste ? Certainement pas. Elle sait bien que ce n’est pas en donnant ce prénom que sa fille mourra jeune mais autant rester simple. Il y a bien d’autres prénoms à offrir à leur fille. Elle rit peu quand Peter lui avoue trouver cela romantique. Il ne voyait que la beauté de leur relation, Debbie était beaucoup plus terre à terre : Définitivement, non.

Sa main effleure son ventre. Pauvre enfant ? Pauvre Deborah qui s’en retrouve retournée, charmée, réconfortée. Il la touche comme si elle était aussi précieuse qu’aux premiers jours de leur amour. Les yeux levés sur l’écrivain, elle ne le quitte pas d’une seconde, le regard emplit de bonheur. Cependant, Peter ne semble pas démordre de vouloir donner un prénom original à leur fille. La journaliste écoute son mari avec attention, celui-ci étant parti dans un monologue.

Être la seule de sa classe à porter ce prénom ? De toute manière, ce n’est pas comme si tous étaient originaux, Deborah le savait qu’une personne au moins porterait ce même prénom que sa fille dans l’avenir. Mais pas forcément dans le même Etat ou même le même pays. Elle réfléchir rapidement à comment changer les idées de son cher et tendre. Ce dernier me fait bien rire en parlant des origines de son prénom : Je trouve que ça fait de toi un homme exceptionnel.

Le cœur de Debbie s’envole, emmener par de milliers de papillons. Peter sait comment faire fondre le cœur de la future maman. Un simple baiser, quelques caresses, sa présence… Elle est si heureuse. Je soupçonne le choix de ce prénom être en rapport avec les possibles sentiments que tu as pour moi, Peter. Suis-je le personnage principal de ta vie ? Elle demande en connaissant parfaitement la réponse. Deborah aime seulement entendre Peter lui dire à quel point il peut l’aimer sans le dire ouvertement.

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Je suis un peu déçu lorsqu'elle met de côté ma deuxième suggestion. "Définitivement, non." On dirait qu'elle prépare sa liste de courses et qu'elle réfléchit aux ingrédients qu'il lui faut pour sa prochaine recette. Où est donc la poésie et l'imagination dont elle devrait savoir faire preuve ? Où se cachent cette invention et cette abstraction qui sont nécessaires pour que notre fille ait un prénom à l'image de sa personnalité ? Elle ne comprend pas ... Et pourtant, avec un prénom comme le sien, elle devrait être la première à comprendre ! Elle, elle n'a pas un nom aussi banal que le mien. "Peter". Cinq lettres. Deux syllabes. Cent élèves qui se le partagent, dans une école. Un nom banal, ordinaire, on ne peut plus simple. Pas un de ces prénoms qui donnent de la gueule ou de la personnalité, quoi. Juste "Peter", parce que tout le monde en connaît un (et souvent, plusieurs) mais que personne n'est réellement capable de se souvenir duquel il parle lorsqu'il le mentionne. Pourtant, mon prénom a une véritable histoire et une véritable signification pour moi, malgré tout. Mes parents avaient une idée bien précise en tête lorsqu'ils l'ont choisi et c'est un peu ce que j'essaie de lui faire comprendre. Pour tenter de détendre l'atmosphère, je lui demande si elle me trouve bon citoyen ou non. C'est d'une façon plutôt enjouée que je me renseigne, n'espérant pas une réponse en particulier. Lorsqu'elle me déclare qu'elle me trouve même exceptionnel, je ne peux pas m'empêcher de rire, flatté dans mon ego.

- C'est quoi déjà, le truc que les gens disent, là ... ? Je fais mine de réfléchir avant de poursuivre, sur un ton presque moralisateur. Derrière chaque grand homme se cache une femme.

Je profite de cette interlude pour embrasser son cou, lui rappelant que même dans mes romans, les prénoms de mes personnages sont choisis avec soin et attention. Debbie me demande alors ce qu'il en est d'elle : est-elle le personnage principal de ma vie ? Je souris à nouveau, incapable de contenir ma joie, face à cette journée si tendre et agréable.

- Tu es le seul personnage dans ma vie. Je lui chuchote à l'oreille avec malice. Puis, ma main droite se met à parcourir son corps avant de s'arrêter sur son ventre, à peine rebondi encore, et de le caresser, tendrement. Enfin ... Pour le moment. Cette enfant, je l'aimerai. Je ne sais pas si je serai capable de l'aimer plus qu'elle ou non, mais je sais d'ores et déjà que je l'aimerai, et pas qu'un peu. Pour cette enfant, je ferai tout, si nécessaire. Jamais elle ne manquera de rien, jamais elle ne sera triste. Cette enfant, notre chaire, notre sang ... Toute ma vie, je le chérirai, parce que c'est le plus beau présent que Deborah ait jamais pu m'offrir. Une part d'elle mêlée à une part de moi. Comment ne pas être euphorique face à ça ?

Dire à Peter qu’il était exceptionnel, c’était quasiment lui dire qu’il venait de recevoir le prix Nobel de Littérature pour ses talents d’écrivains. Chose possible mais qui gonflait, à ce qu’elle suppose, l’égo de son mari. Mais il n’en faisait rien, ce qui touche Deborah car il tourne ce compliment contre elle. Dire qu’elle était le soutien derrière « cet homme exceptionnel » n’est pas faux. Deborah refuse toutes récompenses à ce sujet car elle est mariée à Peter, elle l’aime et trouve en cela normal de l’avoir fait. Être là pour lui c’est normal et même un devoir.

Chercherais-tu à me séduire de nouveau ? Elle soupire quand les lèvres de son mari se déposent dans son cou. Un frisson crispe tous ses muscles. C’est alors que le bébé se mets à bouger. Il a dû ressentir l’effet de Peter Michaels sur sa femme. Cet amour sans fin et amplis de beauté. Ce romantisme qui pourrait en écœurer certains, Deborah adorait ça. Surtout après tant de temps, la maternelle espérait que ça dure encore plus longtemps.

Le seul personnage principal de sa vie ? Deborah fond tout de suite sous les mains tendres de son aimé. Elle adore quand il lui dit ouvertement son amour. C’est tellement beau de se sentir aimé, elle qui avait rêvé durant sa jeunesse du prince charmant, elle vivait avec lui. Elle grimace. Non, bientôt, il aura une autre personne à leur côté. J’espère que tu ne me classeras pas secondaire pour autant, j’adore être chouchouter, tu le sais bien. En réalité, elle ne s’inquiète pas vraiment des sentiments de son mari mais elle a envie de le taquiner un peu.

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La question de Deborah me prend peut être par surprise, mais cela ne dure qu'un instant. Toujours habile avec les mots, du moins, lorsque je ne suis pas complètement déboussolé, je parviens facilement à m'en armer pour les user à mon avantage.

- Aurais-je besoin de te séduire à nouveau ?

Une question innocente, qui, pourtant, cache peut être davantage de vérité qu'on pourrait initialement le croire. Lorsque l'on entend parler de partout de couples qui ne s'entendent pas, de couples qui divorcent ou de couples qui ne parviennent pas à faire fonctionner leur relation, il est facile de se demander si cela arrivera un jour au nôtre, de couple. Et pourtant, j'espère de tout mon coeur que cet amour qui nous unit, de façon si forte, ne s'affaiblira jamais. J'étais peut être avec Sydney lorsque j'ai rencontré Debbie, mais ce n'est que lorsque mes yeux se sont posés sur elle que j'ai appris ce qu'aimer voulait réellement dire. Ce n'était plus avoir envie d'embrasser quelqu'un, tout le temps. Avoir envie de lui faire l'amour, de ressentir la chaleur de son corps contre le nôtre et de gémir de façon répétitive tout le long de la nuit. C'était ... Autre chose encore. C'était ... Plus fort, encore. C'était le désir de voir à travers ses yeux. D'entendre le chant de son coeur, de lire l'histoire de sa vie et de demander la suite – de réclamer de pouvoir en faire partie. Rencontrer Deborah m'avait ouvert les yeux sur un univers tout autre, un univers duquel je ne voudrais jamais me séparer.

Et puis, le sexe ...

Je ne pense même pas que ce soit possible d'appeler cela du sexe. Avec Sydney, c'était du sexe. Avec Debbie, c'est de l'amour. C'est mon corps qui exprime au sien toutes les sensations et toutes les émotion qu'il ressent à son égard. C'est mon regard qui embrasse le sien, avec dévotion et loyauté. C'est mon corps qui épouse le sien, comme nous nous sommes, il y a quelques années, épousées. De façon pure, divine, inconditionnelle. Mes lèvres se perdent dans le cou de ma femme tandis que je continue de sourire, bêtement. Je suis probablement l'homme le plus heureux de la planète, en ce moment même, et je suis extrêmement conscient de cette chance que j'ai. Ma main glisse alors le long du ventre de Debbie, avant que je ne ressente une légère secousse, sous le contact de ma paume. Un coup de pied ? Je souris à nouveau. Cet enfant, il me tarde de pouvoir enfin le rencontrer. Debbie a de la chance, elle. Il vit, grandit en elle. Se nourrit d'elle, essentiellement. Avant même qu'il ne vienne au monde, il connait déjà tous ses secrets. Elle n'aura aucunement besoin de l'apprivoiser, ça, la nature y a veillé.

Moi ...

C'est une toute autre histoire.
Je vais devoir me montrer digne de cet enfant, digne de son amour. Je vais devoir être ici et présent, qui plus est, non seulement pour ma femme mais également pour notre fille.

Debbie me taquine, alors. Elle me déclare qu'elle ne veut pas passer après notre enfant, et je reste pensif, un instant.

- Je crois que c'était ma réplique, ça, en fait ...

Généralement, la mère tisse un lien si puissant avec sa création que le père perd facilement de la place et de la substance, dans la relation. Moi, tout ce que je sais, c'est que cet enfant passera avant ... Tout. Ou presque tout. Cela dépend. À travers toutes les épreuves et toutes les difficultés que nous aurons peut être besoin de travers dans le futur, la priorité, pour moi, ce sera de m'assurer que le meilleur intérêt de ma fille (et de ma femme, également) soit pris en considération. Pour moi, un enfant, c'est sacré. C'est la descendance, la progéniture, l'héritage que nous laissons à la Terre avant de rencontrer notre dernière heure ... Et la vie ... On en a qu'une. Je compte donc ne pas me rater et être le meilleur père, le meilleur mari et le meilleur homme qu'il me sera humainement possible de l'être, quoi qu'il advienne. Ça, je me le promets.

- Tout ce que je sais, c'est que maintenant, j'aurai deux princesses à chérir et à protéger.

Mes lèvres se déposent brièvement sur son front. Puis, nouvelle offensive.

- Diana, comme la déesse romaine de la chasse et de la lune ?

Un mince sourire s’esquisse sur le visage de la journaliste. Elle regarde son mari avec une malice qui lui est propre. Devrait-il ? Elle penche légèrement son visage, à la recherche des lèvres de Peter qu’elle ne fait que frôler pour le taquiner : La vie est un perpétuel combat, ce serait drôlement amusant de te voir me séduire… Même si le fait que tu me connaisses serait un peu de la triche ! dit-elle, toujours amusée.

Elle ne cesse de sourire, d’aimer cet homme. C’est tellement niais quand on a un regard extérieur mais c’est comme ça que Deborah aime sa vie avec Peter. Romantique. Pleine d’amour. De Bonheurs tel que cette grossesse qu’elle chérissait tout autant qu’elle chérissait son mari. Debbie sursaute soudainement quand le bébé la sort de ses pensées, la main de Peter l’a éveillé, elle l’a senti proche d’elle. C’est tellement adorable. Un petit rire cristallin s’échappe.

Qu’il aime plus notre future fille que moi. Beaucoup de mères redouteraient cela mais pour Deborah, ce n’est pas possible. Pour la simple et bonne raison que ce n’est pas le même amour qui anime les relations. Il est certain que je m’en occuperais plus que toi, mais ça ne signifie pas que je t’en aimerais moins. Ne t’en fais pas ! dit-elle pour le rassurer même si pour elle, c’est comme si elle répétait une chose si évidente.

Princesses ? Tu as un haut estime de moi ! Debbie se considérait plus comme une aventurière (frustrée) qu’une princesse. Lentement, elle se laisse border dans les bras de Peter et surtout par son baiser. Elle est si bien qu’elle en grimace quand son tendre mari relance une tentative de prénom pour notre fille. Il ne perd vraiment pas le Nord ! Tu n’as pas envie qu’on fasse à autre chose ? Je suis certaine que l’idée nous viendra tout seul… dit-elle dans l’espoir de repousser à un autre jour le nom du bébé. Ce n’est pas comme si elle venait d’accoucher !

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D’après elle, la vie est un “perpétuel combat”. Elle a peut être raison. Sûrement, d’ailleurs, puisque nous parlons bel et bien de Deborah. Personnellement, je n’ai jamais été un homme très belliqueux pour ma part, donc je peine à voir les choses de la même façon. Pour moi, la vie s’est toujours davantage apparentée à un long fleuve tranquille ... Mais je suppose que tout le monde est libre d’avoir sa propre compréhension de cet état d’être particulièrement singulier. Et puis, avouons le : je fais partie de ces hommes qui aiment bien s’installer dans leur confort. Une fois que je me suis battu fort pour obtenir la vie de mes rêves, j’aime bien pouvoir m’y poser sans avoir besoin de trop m’acharner sur son entretien. Maintenant que je suis parvenu à l’épouser, je me dis que cela serait fort fatiguant de devoir la convaincre de tomber amoureuse de moi à nouveau. Néanmoins je suis prêt à le faire, si tel est son souhait.

Elle me déclare que l’amour qu’elle portera à Kimberley n’affectera en rien l’intensité de celui qu’elle ressent pour moi. Je ris un peu, parce que je me dis que c’était évident. L’une des raisons pour laquelle j’aime tant Deborah, c’est avant tout parce que je la connais, comme peut d’autres gens la connaissent. Et la femme que j’ai le plaisir de connaître est une femme généreuse et aimante. Pouvoir penser qu’elle soit contrainte de partager son amour entre les personnes qu’elle aime serait mal la connaître. Debbie, ce n’est pas une femme comme ça. C’est une femme qui aime, librement, généreusement et sans conditions. Une femme qui partage son amour avec affection et qui n’en réclame pas en retour. Une femme qui rayonne d’amour, qui en semble principalement constituée.

– Je n’en doute pas une seconde. Je ne t’ai pas épousée pour rien, après tout.

Je lui souris alors. Je suis réellement heureux, ici, à partager ce moment avec elle. C’est vraiment agréable. Le nirvana. Lorsqu’elle me déclare que je l’estime trop, à la comparer à une princesse, j’essaie de la taire, moi aussi, par le biais d’un baiser, employant ses propres armes contre elle, à petit succès.

– À mes yeux, tu vaux pourtant plus que tout l’or du monde.

Tentant alors un dernier prénom pour notre future enfant, je ris en bon perdant lorsqu’elle décide de me couper l’herbe sous le pied une bonne fois pour toutes.

– Soit, je capitule. Notre fille restera une anonyme pendant quelques jours de plus. En attendant, je pense savoir comment je peux occuper mon temps.

Je lui lance alors un sourire charmeur et machiavélique avant de l’embrasser, à nouveau. Mes mains s’amusent à redessiner ces côtes que je ne connais que trop bien, à présent, tandis que je lui chuchote quelques mots doux à l’oreille.

– Il fait beau, il fait chaud...

Lui susurre ma voix, pressante. Je commence alors à glisser mes doigts le long de ses cuisses... Avant de m’arrêter, tout simplement. Puis, je me relève, souriant bêtement.

– En fait, non. Je crois que ma machine à écrire m’appelle.

Je l’embrasse une dernière fois sur le front avant de quitter la salle, fièrement. Je crois... Non, je suis même sûr que... Je viens de trouver l’inspiration. Et quelle inspiration!