This is where the magic happens ... :
Ma tête bascule contre mon gré, vers le fond, vers l'arrière, loin de lui, loin de tout ça ... De cette création qui se tisse, de cette perfection que représente nous deux corps, à présent ... Unis.
Soupir.
Mon visage se rapproche du sien, encore une fois. Encore une fois, je cherche à le marquer, de ma maturité, de mon existence même. Encore une fois, je tente de m'approprier une partie de lui, de son être, de son identité ... Encore une fois ... Encore une fois ... Encore et toujours, c'est comme ça que j'ai envie de l'embrasser. Mes doigts glissent le long de ses côtes avec impatience. Son corps est criblé d'imperfections, imbibé de vulnérabilité. Ce n'est pas un homme qui se trouve devant moi, et je les sais bien. Il s'agit tout au plus d'un garçon ... Et moi, c'est cet aspect de lui qui me plaît. Son imprévisibilité. Son impulsivité. Sa fougue, sa jeunesse, son ouverture d'esprit ...
Lorsque mon regard croise le sien, un monde nouveau s'offre à moi.
Pour m'être perdu dans ses belles iris bleutées, je croyais en avoir décelé tous les secrets ... Alors quel est ce monde nouveau et vitreux qui s'offre présentement à moi ? Pourquoi suis-je capable de voir tout un univers naître au sein de ses pupilles ? J'ai l'impression d'être témoin a la création du monde, et à tant de choses, encore ... Comme si le Big Bang n'avait jamais existé en dehors des perles vitreuses dont il se sert pour regarder le monde. Ces perles qui absorbent toute la beauté qu'elles croisent afin de la rendre au monde, au centuple.
Si beau ...
Tu es si beau Lysander. J'aimerais tellement te le dire, que tu le saches, que je puisse te le faire comprendre. J'aimerais tellement pouvoir te le souffler, lentement, dans le creux de l'oreille, tandis que mon corps épouse le tien. J'aimerais tellement pouvoir te le faire comprendre, comme moi je l'ai compris ... Te faire comprendre que tous ces complexes que tu pourrais bien avoir, toute cette absence de confiance en toi dont tu sembles cruellement souffrir ... Ne sont que des choses qui te rendent davantage splendide à mes yeux. J'aimerais que tu puisses te voir à travers mon regard, et que tu n'oublies jamais la vision idéale qui s'y trouve à jamais tatouée.
Malgré toute l'expertise du monde en littérature et en écriture, les mots me manqueraient assurément pour correctement le décrire. Car comment représenter un homme fort qui rayonne de par ses faiblesses ? Comment faire communiquer aux autres l'élégance, la beauté et la pureté qui se cache derrière cette facette triste, cette facette capricieuse et faible ? Comment leur montrer le Lysander que je vois moi, le Lysander qui n'existe que par l'existence de l'enfant gâté ? Le Lysander qui n'existe qu'à travers ses paroles acérées ? Ce Lysander abusif, cruel et égoïste dont je ne pourrai visiblement jamais me lasser ?
Ma jambe glisse, celle de mon pantalon aussi ... Et voilà que la table de nuit raye la chaire nue de mon mollet comme s'il s'agissait de la peau d'un nouveau né. La douleur est inévitable ... Et terriblement exquise. Reprenant appui au mieux de ma capacité, ma main se met à caresser lentement ses belles boucles brunes, comme pour essayer d'un extirper un quelconque secret, trésor caché. Serait-il comme Samson, perdrait-il tout ce qui fait de lui ce qu'il est à présent si une force maléfique venait à tondre cette magnifique toison ? Ou est-ce que sa force viendrait d'une partie plus profonde et ancrée de son être ? Ma main suit sa trajectoire, comme le ferait un canoë en bois dans les rivières de l'Amérique du Sud, doux paysage exotique ... Et se retrouve à effleurer sa joue, sa joue chaleureuse et rebondie. Je me demande d'ailleurs ce que cela ferait si j'effleurais ses autres joues ... Celles encore confortablement réchauffées, là bas, en dessous, par ce pantalon intrusif qui nous empêche de réellement profiter de ce moment unique d'intimité.
Dans un élan de violence et de bestialité, j'envoie valser mon tee-shirt, comme un conquérant le ferait. Lequel ? Alexandre le Grand, probablement. Je suis la lion, il est le proie. Chasse gardée, chasse gardée ...
Tu es à moi depuis le premier jour où je t'ai regardé.
En tant que roi de la jungle, je t'observe, avec avidité, avec désir ...
Je suis affamé.
Squelettique et rachitique, tu fais là un repas bien pitoyable, chasse gardée ...
Et pourtant, aucun autre animal de la jungle ne me semble plus alléchant que toi.
Lysander se met alors à frissonner. Son corps tremble avec violence, patience, hésitation ... Contres les draps, contre ce matelas, contre mon corps, collé contre le sien. Un de mes bras glisse derrière son dos avec agilité et malice, comme la couleuvre dissimulée sous un rocher, dans l'eau de source ... Mes doigts s'enferment alors autour de sa taille, lentement ... Un à un ... En partant du cinquième pour terminer avec le premier. Ces doigts creusent sa côte avec tendresse et, pourtant, impatience ... Tandis que je sermonne toutes mes forces afin de le rapprocher un tant soit peu de moi, histoire de lui donner la sensation d'être emprisonné, entièrement emprisonné dans cette étreinte de laquelle je n'ai plus envie de le libérer. Mes lèvres dessinent alors des mots doux sur son front ... Un "je te désire" par ici, un "je t'ai attendu" par là. Tous ces mots que j'avais pensé, à un moment ou à un autre, endormi ou même éveillé ... Tous ces mots qui m'avaient pressé pour sortir mais que j'avais égoïstement gardés enfermés au plus profond de mon être. Tous ces mots qui ne venaient pas de moi, ma manifestation consciente et consentante, mais d'une source bien plus profonde, ancrée au fond de mon être ; une source que je ne contrôle pas, et que j'essaie donc de faire taire depuis ... Une éternité.
Tous ces mots qui viennent du coeur et que j'enferme avec rancoeur.
Enfin, voilà que je les libère. Enfin, voilà que je leur permets de suivre le cours de leur trajectoire, à eux aussi, comme la rivière et les aborigènes qui courent de part et d'autre de celles-ci, insouciants, gais, joyeux.
Mes lèvres s'attardent sur ton torse, ce torse glacial, comme les neiges de Sibérie. J'ai envie de te réchauffer, cela m'insupporte de penser que tu puisses actuellement être en train de trembler, non pas d'émoi, mais simplement par frilosité. Tu devrais pourtant le savoir, Lysander, nous sommes pareils, sur ce point ci : moi aussi, je suis égoïste, moi aussi, j'ai des exigences. Et ce que j'exige, en l'occurrence ... C'est que ton attention ... Toute ton attention ... Soit portée sur moi et sur moi uniquement. Mes mains glissent le long de ses cuisses ... T'aimes ça, je sais que t'aimes ça, tu ne peux pas ne pas aimer ça, dis moi que t'aimes ça, frissonne, gémis, donne moi quelque chose, donne moi une réaction, je veux tout, je veux tout savoir, tout entendre, tout ressentir, tout, tout, tout, donne moi tout !
Je grince des dents en sentant mon intimité insister contre la fermeture éclair de mon pantalon. Ce désir qui m'anime a tôt fait de prendre une forme concrète ... Mais à présent, voilà qu'il cherche à se métamorphoser, à s'échapper lui aussi de la prison que reflète mon pantalon afin de braver les dangers de la nuit et le territoire inconnu qu'est son corps, son corps parfait, son corps à lui.
Il n'y a pas de seins à agripper comme des soucoupes, ces tendres seins chauds et fermes que Deborah adorait appuyer contre mon torse, tant d'années auparavant ... Il n'y a pas de jambes fraîchement épilées sur lesquelles mes doigts peuvent courir à profusion, avec extase, sans confusion. Il n'y a pas de machine intégrée, de machine qui me permettrait de faire une création, différente encore que des romans ... Une création d'amour, de chaire et de sang ... Il n'y a rien de tout cela, rien de tout ce qui existe chez les femmes, rien de tout ce que j'avais connu, moi, en tant qu'amant ... Il n'y a rien d'autre que ce que moi j'ai déjà ... Comment pourrais-je m'attendre à ce que les choses soient autrement alors que c'est justement ainsi que je l'aime, ce corps, ce deuxième corps qui, du moins, dans mes rêves, m'appartient déjà ?
Les mains de Lys me forcent à suivre une autre trajectoire, plus rapide et rocailleuse que celle que j'avais jusqu'alors empruntée. Une trajectoire dangereuse et irréversible, un périple mortel dont on ne pouvait tout simplement pas ressortir indemnes et inchangés. Je le sais, j'en suis pertinemment conscient, je l'ai toujours su, depuis ce premier rêve, depuis cette première parole, depuis le premier baiser ... Et lui, le savait-il ? Le sait-il même maintenant ? Comprends-il exactement la portée de nos actes, ou ne s'est-il donc pas réveillé, lui aussi, toute à l'heure, lorsque cela m'est arrivé ? Se croit-il encore dans un rêve, un vulgaire jeu qu'il pourra ensuite abandonner lorsque l'envie d'en jouer un autre lui sera venue en songe ? Ceci ne peut pas être une simple flirtation. Je refuse de croire qu'il ne s'agit que d'une simple flirtation. Que ce que nous vivons actuellement se limitera à une nuit, une seule et unique nuit, une vulgaire nuit de malheur, sans avenir, sans lendemain. Je refuse de croire qu'il ne s'agit que d'un simple instant de plaisir, une perte de contrôle momentanée qui, par la suite, ne voudra rien dire ... Je refuse de croire que ce moment n'est pas aussi pur que la nuit de noces de Roméo et Juliette, que la plus romantique des soirées dans l'oeuvre intégrale de Shakespeare. Son corps chante des mélodies que seul le mien peut entendre et comprendre. Son corps écrit une symphonie à laquelle seule mon corps saurait vibrer. Et moi, en échange ? Le mien lui écrit des romans, des poèmes ... Une odyssée, une réelle épopée surpassant celles de Rocambole en ambition et celles de Proust en prose. Je ne serais jamais le meilleur des auteurs, mais les textes qui s'impriment en moi, pour lui, mériteraient amplement de figurer parmi les oeuvres les plus merveilleuses de notre génération. C'est toute une saga que je lui dédie : la saga de mon affection, de mon désir éternel et sans bornes.
À peine son pantalon retiré, voilà que le démon que je savais endormi au fond de lui se décide réellement à faire son apparition. Ma main, emprisonnée par la sienne, se retrouve guidée jusqu'à sa zone d'intimité, cette zone étant apparu si souvent dans mes rêves, cette zone que j'avais si souvent eu face à moi et que je m'étais pourtant efforcé d'ignorer, tous ces derniers mois ... Alors pourquoi est-ce qu'inexplicablement, voilà que j'en ai envie, de son ... Enfin ... De sa ... Voilà quoi ?
Pourquoi ai-je envie de pouvoir la tenir entre mes mains, de la découvrir nouvellement alors que j'en possède déjà une, probablement similaire, et pourtant, différente ? Pourquoi est-ce que je me sens tellement attiré, au point d'en être fiévreux, par cet organe qui, pourtant, ne devrait avoir aucun intérêt sexuel à mes yeux ?
Ma gorge nouée m'empêche un instant d'avancer. Ma vision se trouble, je commence à ressentir les effets de cette fièvre qui s'empare lentement ... Très lentement de moi ... Tandis qu'en parallèle, ma main droite, elle, s'empare d'une chose toute autre. Un soupir s'échappe alors d'entre mes lèvres. Libération. Une caresse. Fusion. Une autre caresse. Passion. Ma main continue sa labeur attentionnée. Destruction.
- Je ... Je ...
Pourquoi parles-tu, imbécile ? Pourquoi souhaites-tu détruire ce moment d'intimité que vous avez si soigneusement construit, pendant tout ce temps ? Tiens-tu donc si peu à ce qui vous appartient, à présent ? À cette élégance, à cette tendresse auparavant jamais égalées ? Je me mords la lèvre. Je ne sais pas si je devrais. Mon cerveau me dicte une chose tandis que mon coeur m'en dicte une autre ... Et les deux choses me semblent tout aussi censées ...
Alors je me relève, lentement. Mes bras s'accrochent aux draps comme des pelles dans des tranchées. Je remonte lentement, comme un serpent, le long de son corps, frôlant chacune de ses cellules avec l'une des miennes ... Mmmh ... Cette friction ... Mmmh ... Cette connexion.
Puis, je m'arrête.
Mon visage est face au sien, à nouveau.
Mes yeux se plongent dans les siens, dans ses belles iris, ses belles iris effrayées.
N'aie pas peur, Lys, je ne veux pas te faire de mal, je ne voudrais jamais te faire du mal, tu peux me faire confiance ...
Je cligne des yeux, lentement.
Mes paupières se referment, calmement.
Je m'avance, doucement.
Mes lèvres se déposent contre les siennes, tendrement.
Ma langue s'infiltre, s'introduit ... Langoureusement. Elle cherche, avec lenteur, au départ ... Avant de trouver son objectif et de s'y coller, avec une passion nouvelle. Une main contre sa joue, j'ai presque l'impression de le dévorer entier. Comme si la seule chose qui m'en empêchait était ma conscience. Mon visage collé contre le sien, mon nez se frottant contre le sien ... Mon autre main, elle, retourne jouer du côté de son caleçon. J'ai ressenti sa passion, son désir pour moi ... Mieux encore, je l'ai tenu entre mes cinq doigts. Qui d'autre pourrait réellement se vanter d'avoir pu faire cela ? Avec une personne qui hante aussi souvent leurs pensées que Lysander hante les miennes ?
Il est encore jeune ...
Et pourtant, ce soir, je m'en moque. J'en ai un léger frisson, au creux du ventre, une larme à l'oeil, un malaise naissant ... Mais je les relègue tous, car j'interdis à quoi que ce soit de nuire au sentiment absolu d'euphorie et d'extase dans lequel je suis à présent plongé.
Je m'autorise alors à redescendre à nouveau, laissant mon nez glisser contre sa peau nue, la chaire de sa poitrine, son torse, si doux, si léger ... Afin de pouvoir en humer le tendre parfum. Malgré l'alcool, malgré l'ébriété, son odeur m'obsède toujours autant. Je pourrais me contenter de laisser mon nez se perdre des heures durant dans l'étendue de ses cheveux sans jamais m'en lasser, j'en suis intimement convaincu, j'en suis entièrement persuadé.
Ses soupirs m'encouragent.
Tes soupirs m'encouragent.
Je veux t'entendre prononcer mon nom, et que plus personne d'autre n'ait par la suite le droit de m'appeler "Peter". Cette exclusivité, je te l'offre, tout comme tout le reste.
Mon corps, je te l'offre.
Mes baisers, je te les offre.
Mon âme, je te l'offre.
Tout ce qui est à moi, tout ce que je suis en mesure de t'offrir ...
Je te les offre ...
Mais uniquement si tu te sens prêt de réellement les accepter.
Mes yeux commencent alors à larmoyer. Tant de beauté, tant de passion ... L'émotion s'éprend de moi, je perds contrôle, lentement ... Régulièrement ...
Ce contrôle que je m'étais battu toute ma vie pour obtenir et préserver. Ce contrôle qui nous caractérise, moi et ma maturité. Je commence à frissonner, à trembler, à perdre la main, ma poigne d'acier ... Je ne sais plus ce que je fais, je me perds ... C'est beau, seigneur, c'est tellement beau ...
Tellement ... beau ...
Cette union. Cette connexion. Ce partage qui transcende tout.
Le temps.
Les générations.
Les conventions.
Je n'en peux plus, j'étouffe, j'ai envie de plus, tellement plus ...
Tu me rends dingue, abruti, idiot, scélérat, mécréant. Je te veux, je te veux toi, toi et personne d'autre, c'est tellement difficile, tellement difficile ... Je te tiens et pourtant, tu glisses, tu files entre mes doigts, comme le sable et l'avenir ... Je ne parviens pas à garder une emprise sur toi et sur tes idées folles, je ne parviendrai jamais à t'enfermer ...
Mais je n'ai pas envie de te partager, plus maintenant, plus jamais. Je ne peux pas te partager. Je ne peux pas autoriser à qui que ce soit d'autre de t'admirer, de te dévorer, dans toute ta splendeur et toute ta magie. Je ne peux pas concevoir que qui que ce soit d'autre puisse un jour avoir ce même privilège, je ... Mon dieu, c'est si ... Compliqué, je ne sais pas ...
Laisse moi te montrer ... Laisse moi te montrer comment c'est fait lorsque l'envie est vraiment là. Personne d'autre ne pourra jamais le faire, tout simplement parce que personne d'autre ne pourra jamais te désirer comme je te désire moi. Fais moi confiance, laisse moi faire, laisse moi, laisse moi ... Laisse mon corps montrer au tien ... Laisse moi tout te montrer, tout t'enseigner.
Ma main continue à glisser, à le caresser. Je ne sais pas s'il s'agit de produits de mon imagination ou de la réalité, mais l'impression de pouvoir sentir son sang glisser entre ses veines est forte. J'ai l'impression de pouvoir sentir chaque battement de son coeur, chaque ouverture et fermeture des valves de cet organe vital, cet organe qui pompe son sang à travers chaque vaisseau, chaque capillaire, chaque alvéole ... Et ma main, elle, continue, de plus en plus fort, comme pour accélérer le tout, comme pour l'entendre soupirer, encore et toujours, de plus en plus fort, sans jamais s'arrêter. Comme pour l'emprisonner entre mes filets, pour l'éternité.
Puis ... Il me pousse de côté.
Pourquoi ?
Lysander ... Pourquoi m'infliges-tu ça ?
Confus, je demeure interdit, en silence, ne sachant plus quoi faire, plus quoi penser. Puis ... Un contact froid, glacial. Une main qui emprisonne tout mon être, toute cette manifestation de mon désir, cette manifestation de mon plaisir ... Cette représentation même de ma virilité, effigie exacte de ma masculinité. Étonné, je lâche un souffle de surprise et d'inconfort ... Mais je ne dis rien pour autant. Sa voix ... Je ne sais pas ce qu'elle fait, mais le son qu'elle produit s'apparente au chant des sirènes, à mes faibles oreilles qui déjà, se mettent à frétiller d'émoi. Elles ne sont pas seules, d'ailleurs. Mon corps, lui aussi, se met à frétiller, à frémir, à vibrer ... De froid, de chaud ... Je gèle et je brûle en même temps ... Tandis que le sang se met à présent à couler à flot, non pas dans ses veines, à travers ses vaisseaux sanguins ... Mais bel et bien à travers des miens.
Un aller-retour.
C'est tout ce qui avait suffi pour mettre la machine en route.
Un aller-retour.
C'est tout ce qu'il fallait pour réellement me réveiller.
Un aller-retour ...
Un gémissement, un cri plaintif quitte mes lèvres afin de se perdre dans ses oreilles.
Encore ...
- Mmh ...
Je me mets alors à souffler.
- Oui ...
J'ai envie qu'il continue. Égoïstement, ce n'est plus à son bien-être que je pense, mais au mien. Je veux pouvoir continuer de ressentir ce picotement à l'extrémité de mon arme fatale. Je veux pouvoir ...
Je veux pouvoir mourir, pour mieux renaître entre ses bras.
Lysander ... Je t'en supplie ... N'arrête pas, fais moi gémir, fais moi frémir, fais moi soupirer, appropries-toi de mon corps, par cette splendide nuit d'été.
Je ferme les yeux, j'ai envie que ça commence. Ma main glisse, mes doigts se mêlent aux siens afin de l'encourager, dans une vaine tentative de lui transmettre l'envie de continuer qui me ronge depuis qu'il s'était aventuré dans ce territoire dangereux, il y a quelques instants.
Je ne me plaindrai pas. Sers toi de moi. Utilise moi. Fais de moi ton jouet. Je subirai en silence.
J'attends. Une boule au ventre, j'attends.
Qu'il y réponde, à mes attentes.
Cela fait si longtemps que je l'attends ...
Si longtemps ...
Bientôt quarante ans ...
Cela fait presque bientôt misérables années que j'espérais te rencontrer.