Un jour, on aura l'éternité • Aley

Danny ∞ Alex

Un jour, on aura l'éternité

Je tremble de froid, de peur aussi. Je ne sais pas où ils m’emmènent, mais c’est pentu, c’est pleins de feuilles, au loin, on entend les oiseaux. Sans doute la montagne à vrai dire. On doit être loin de Los Angeles et c’est mieux que le désert pour cacher un corps n’est-ce pas ? Il ne faut pas me prendre pour un abruti, je les connais les gens-là. J’ai éloigné Sun-Woo de son objectif premier en devenant l’amour de sa vie alors je dois forcément être éliminé hein ? Pourtant, je me suis débattu, oh oui et comme un beau diable. Je les hais tellement de vouloir nous séparer. On était si bien. On est si bien. Enfin du bonheur dans nos vies respectives, qu’est-ce qu’il y a de mal à ça ?

Je tombe sur le sol, égratignant un de mes genoux au passage avant de me faire relever de force pour me remettre en marche. Ils avancent à un rythme effréné et même pour le sportif que je suis, c’est un peu trop. Après, j’me dis que c’est sans doute à cause de mes yeux bandés et de mes mains attachées, ça n’aide pas à l’orientation. Mon cœur bat tellement… J’ai peur, évidemment que j’ai peur. Quoi qu’il arrive, ma vie s’arrêtera ce soir, alors oui j’ai peur. Je ne veux pas mourir maintenant.

Cette fois-ci, on me jette sur le sol sans aucun ménagement, comme si je pouvais en espérer hein ! Mon beau costume, ils l’ont sûrement ruiné maintenant, au moins, ma gueule n’est pas abîmé, on ne peut pas en dire autant du reste de mon corps. Ils savent où frapper pour faire mal. Si seulement j’avais les mains de libres, je leur montrerai ce que je vaux, ils ont été parfaitement déloyaux !

Et enfin, on me retire mon bandeau.

Et j’ai un frisson d’horreur en voyant qui j’ai en face de moi.

«안돼 … » (Non) Je secoue la tête avec férocité ! « 안돼 ! » Je le crie cette fois, j’ai l’impression d’arracher mes poumons. « 제발… » (Pitié). Pas lui, pourquoi lui. Pourquoi l’avoir amené ici ? Non pas ça… Pitié, pas lui. « Vous avez pas besoin de lui, je suis là, c’est moi que vous voulez non ? Je… » Un coup dans la mâchoire, je crache du sang. Je tremble, j’ai la trouille, mais pas pour moi et mes yeux ne font que rester accrochés à lui. Je veux qu’il vive.

Ils me jettent un révolver devant moi, devant mon corps à genoux et fébrile. « Votre petite romance, écoeurante et anormale, nous a fait perdre beaucoup d’argent ! » « J’en ai rien à foutre. » Un second coup et je tousse encore un peu avant de redresser la tête pour les affronter. « A celui qui trouvera mon corps. Je suis désolé d’en avoir fini ainsi avec la vie. Je ne voulais plus mentir au monde entier. Mon vrai nom est Kim Tae-Won et en Corée du Sud, j’ai fait des choses immondes. Malgré ça, j’ai pu refaire ma vie ici mais avec le temps et le poids du secret, je ne supporte plus de vivre. Je suis désolé pour la personne qui me découvrira. Désolé qu’il assiste à cela. Je préfère arrêter maintenant et être en paix avec moi-même. Kim Tae-Won, alias Danny Chang. »

Je les regarde un long moment avant de comprendre et de baisser mes pupilles vers le pistolet devant moi. « Fais-le et il sera épargné. Il reprendra ses activités comme avant et tout le monde sera content. » « Vous serez contents. » Un autre coup, mais cette fois, je l’esquive. « Je vais crever, je peux dire ce que je pense non ? » Ils se mettent à rire, je regarde Sun-Woo.

« Il va vraiment vivre ? »
« Vraiment. »

…

J’attrape l’arme malgré ce qu’il peut dire avant de poser un doigt sur ma bouche pour lui faire signe de se taire avant de lui sourire. Je suis amoureux, ça se voit et je ne cacherai rien ce soir. J’ai les yeux inondés de larmes. Je meurs, mais je meurs pour lui. Ce qui m’attriste, c’est de ne plus avoir le droit d’être à ses côtés. Peut-être que la mort nous réunira vraiment un jour. J’attrape l’arme et la pose contre ma tempe. C’est froid. J’ai le cœur au bord de l’implosion. Ça va faire mal ? J’irai où après ? Il y a un après au moins ? Je pourrai encore le voir ? Je l’aime vraiment vous savez ? Ce n’était pas juste… quelqu’un comme ça. Je l’aimais vraiment. Je l’aime sincèrement.

« ALLEZ ! »
« SHUT UP ! »

Oui, merde, il croit que c’est facile de se tuer ?

Je regarde encore mon homme avant de lui offrir un dernier sourire, puis de fermer mes yeux, sentant des larmes qui coulent. Ne plus le revoir, c’est ça la vraie cruauté. On se reverra, j’en suis sûr, je veux y croire. « 사랑해… » (Je t’aime.)

Un dernier mot.
Une dernière larme chaude.
Un dernier bruit faisant fuir les oiseaux.

Son corps tombe sur le sol couvert de feuilles, le tâchant de rouge au passage. Un des hommes de mains glisse la lettre dans une de ses poches et ils s’en vont, laissant l’amant inconsolable devant le corps sans vie qui git sur le sol, avec l’interdiction de le toucher.

C’est fini.
Il est mort pour lui.
C’est fini.

code by Silver Lungs

Pourquoi ? Pourquoi est-ce qu'ils font ça ? J'ai jamais désobéi ! Jamais vraiment, tout du moins... jamais directement. Lui, il n'y était pour rien. Il n'avait rien fait de mal, c'était pas sa responsabilité, tout ça. Et pour une fois, je m'étais mis à hurler contre l'autorité, mais c'était trop tard. Il n'écoutait pas non plus. Je savais... que les secondes...

Les secondes... son regard.
Il n'en restait plus beaucoup... face au mien.
C'était trop tôt... pour être séparés.
C'était trop tôt... pour être déchirés.

Lâche ce flingue. Lâche ce putain de flingue, ne fais pas ça.
Je t'en supplie, Tae-won, ne fais pas ça...

J'étais seul et lui aussi.
On vivait, pas ce n'était pourtant pas ce qu'on pouvait appeler exister.
Et puis on s'est rencontrés et ça a tout changé.
J'ai oublié la solitude à ses côtés.
Elle avait disparu. Et là, comme une ombre...
La voila réapparue.
Silhouette immobile attendant son heure pour me prendre la main et m’emmener loin.
Loin de qui ? Loin de lui ? Je veux pas. Je veux pas... arrêtez. Arrêtez, pitié.
Je ferais tout ce que vous voulez.

« 사랑해… »          

               « 안돼 ! »

_______________________

Non.

Je sentis mon corps tétanisé se mettre à trembler de manière incontrôlable, alors que mon regard se faisait plus fixe que jamais sur la silhouette tombée au sol et que la réalité prenait de plus en plus de place dans ces bois. Concrètement, je n'entendais plus ce qu'on me donnait comme instructions, tout simplement parce que j'avais cette impression que le monde venait de s'écrouler. Mais... non, ce n'était pas juste une impression... et la seule chose qui atteignait encore mon cerveau, c'étaient les larmes du jeune homme, son sourire, ses dernières paroles.

Rendez-le moi. Rendez-moi tout ça. Je veux encore l'entendre rire.

J'ai mal.

Où est-ce que vous partez, comme ça ?! Rendez-le moi !
Rendez-le moi... je vous en supplie...

Vous n'avez pas idée de ce que vous venez de déclencher.

Déposant mes mains sur le sol pour fermer ensuite les poings de toutes mes forces, j'hurlais une dernière fois son prénom, avant de sombrer dans les sanglots les plus incontrôlables que j'aie jamais eu jusqu'à présent. Mon regard se posa finalement sur ma montre. Cette heure-ci, je ne l'oublierai jamais. L'heure à laquelle je cessais d'exister pour moi et que je commençais à exister pour nous. Pour notre vengeance, pour la justice personnelle que nous méritions. Parce que je l'aimais et que je l'aimerais jusqu'à mon dernier souffle. Parce qu'il... est... mort...

Il est mort...
Pourquoi ?

Désarticulé de la tête au pieds, je me trainais pourtant jusqu'au corps tiédissant et gantais ma main gauche avant de caresser son visage, ses cheveux, puis de fermer ses paupières en tremblant comme une feuille. J'avais envie de le prendre dans mes bras une dernière fois, mais n'avais pour seule possibilité que de le frôler du bout des doigts et ça... c'était un supplice. Je suis désolé... je te demande pardon... Taewon... je suis... je...

Ma poitrine vibra une fois de plus sous un sanglot de douleur pure, puis je finis par m'allonger à ses côtés en chassant tant bien que mal les bêtes qui s'approchaient, inlassablement, jusqu'à ce que la nuit s'installe pour de bon, jusqu'à ce qu'il soit... froid.

Je ne voulais pas partir, je voulais mourir aussi.
Mais c'était impossible, dans l'immédiat... il y avait des tête qui méritaient de tomber avant.
Et j'allais m'en occuper personnellement... c'était fini, de vivre dans la peur. Un animal blessé devenait agressif, un animal dangereux et blessé devenait mortel.

Son sacrifice ne serait pas vain, mais il emportait mon coeur avec le sien.
Si c'est ce qu'on attendait de moi, alors je redeviendrait un être de pierre.
Et le sang allait couler... mais pas le mien.


Je t'aime.
Je t'aime.
Je serai là bientôt... je t'aime.

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When I grow up, I will be strong enough to carry all
the heavy things you have to haul around with you
when you're grown up
- Mathilda