« Oh, tu baisses d’un ton trente secondes, t’es pas toute seule dans cette baraque ! », lança Isay à l’égard de sa sœur cadette, Sybil, alors que cette dernière venait d’entrer en trombe dans la salle de bains en pestant telle une gamine en pleine colère dans un supermarché après s’être vue refuser une vulgaire poupée. Le Russe coupe le jet d’eau, attrape la serviette perchée au-dessus de la cabine de douche afin de s’essuyer avant de l’accrocher autour de sa taille et enfin, il fait face à sa cadette, l’observant d’un œil mauvais. « Désolé, mais j’ai beau être un mec, j’ai aussi besoin de prendre une douche, même si elle dure une demi-heure. » Car oui, sur certains points, Isay est pire qu’une femme. Il adore prendre soin de son corps et de son apparence, souvent bien plus que sa jeune sœur et ce ne sont pas ses produits de beauté en tous genres, étalés dans toute la pièce, qui prouveront le contraire. Se positionnant devant l’imposant miroir situé juste au-dessus du lavabo, le grand blond observe les traits de son visage sous tous les angles, se ventant intérieurement sur son physique à en faire tomber plus d’une. Il passe une main dans sa barbe, soulignant le fait qu’elle soit taillée à la perfection pour la soirée qui les attend, lui et Sybil, et se contente donc d’appliquer une simple crème hydratante sur sa peau de bébé. Oui, même à trente ans passés, il considère avoir la peau d’un nouveau-né, sans la moindre trace d’imperfection. Puis le grand blond était exigeant envers lui-même, d’autant plus que dans moins d’une heure, le faux couple se trouverait au cœur d’un congrès de médecine, autant dire que ce n’était en rien le moment de négliger un physique qui se voulait constamment être parfait. « Je t’ai dégoté un patient en or, ce matin. Une vingtaine d’années, en parfaite forme physiquement, j’attends encore les bilans sanguins au courant de la semaine prochaine puis tu l’auras sans doute entre tes mains. » Isay allait oublier d’évoquer ce léger détail à sa cadette, mais ces temps-ci, il préférait attendre avant d’avouer à Sybil qu’il lui avait déniché un patient sur lequel elle pouvait exercer son travail de criminelle en herbe : il préférait être sûr de ses coups afin de pas se retrouver submergé de multiples problèmes. Les régler prenait bien trop de temps, et Isay préférait tout bonnement attendre sur des résultats de bilans ou d’examens en tous genres pour être sûr que les complications ne viendront pas à happer le peu de temps libre qu’il s’accorde. Leurs affaires criminelles se portaient après tout bien mieux depuis que le Russe avait quelque peu changé ses méthodes de travail. « Mais je préfère ne pas crier victoire si rapidement, les imprévus arrivent toujours au dernier moment et sans prévenir. » Ils en avaient assez eu jusqu’à présent, beaucoup trop, même. Remonter la pente restait cependant difficile, mais petit à petit, ils y arrivaient et le commerce familial n’avait jamais connu de jours aussi glorieux que ces derniers temps. Voilà des années déjà que frère et sœur menaient à la perfection leurs doubles vies, même si la tentation de faire quelques écarts était belle et bien présente, ils s’en étaient toujours sorti à la perfection, l’un pouvant compter sur l’aide de l’autre et vice-versa. Pour eux, et notamment pour Isay, en unique fils et aîné de la fratrie, la famille comptait avant tout et pour rien au monde, il ne viendrait à la trahir. Son père avait tâché à lui inculquer cette valeur dés le début de son éducation. Aujourd’hui, le Russe régnait comme un pacha dans cette imposante demeure, veillant sur ses sœurs comme un lion sur ses lionnes : tant qu’il sera vivant, aucun mal ne leur sera fait, de quelque manière que se soit.