Je ris, c'est plus fort que moi. Je sens l'alcool à plein nez et ma voisine de droite ne semble pas en être accommodée mais je m'en moque. Je feuillette le portable de je ne sais qui, et finit par tapoter sur un profil totalement inconnu. Je ne sais pas qui est cette personne mais je ne pense pas qu'elle apprécie de se faire réveiller à trois heures du matin...
J'attends sagement...
Profondément endormie, Adélaïde avait bien du mal à entendre son téléphone vibrer près d'elle. A vrai dire elle ne l'entendait même pas, c'est seulement lorsqu'il chutait sur le sol que cela la réveillait en sursaut. Par chance, le mobile restait entier et elle pouvait décrocher, ne se souciant même pas du nom qui s'affichait sur l'écran. Etalée sur le clic-clac dans le bureau d'Andy, elle froissait les sourcils en voyant l'heure sur le réveil tandis qu'elle portait le combiné à son oreille. « Quoi? » Exécrable quand on la réveille? Sûrement.
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Au moins, je n'appelle pas un répondeur. Très vite, j'entends une voix. "Quoi?" Oh oh, une demoiselle. Et elle n'a pas l'air enchanté. Je mets ma main devant ma bouche pour étouffer mes rires puis je me lève du canapé pour m'éloigner des autres.
*hum* « Bonjour, je suis bien au téléphone avec ... » Petit moment de latence pour regarder le nom sur le téléphone. « JANE ! C'est ça?! » Mon dieu, je ne sais pas qui c'est ça !
Je regarde une amie et lui dit d'arrêter de me faire rire. J'ai peur qu'elle entende!
Un léger brouhaha, voilà ce qu'elle entendait, un peu. Pour être tout à fait juste, elle avait la tête dans le pâté, pour rester soft, et à part la voix distincte qu'elle entendait dans le téléphone, elle n'avait pas envie de se concentrer sur autre chose. Est-ce que ça en valait tellement le coup de toute façon. « Ca dépend c'est pour quoi? » Une habitude qu'on prend quand on reçoit parfois des appels de journalistes vis-à-vis de son père. M'enfin, elle n'était surtout pas agréable du fait qu'on la nommait encore Jane. Ca lui donnait furieusement envie de raccrocher.
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Je cherche une idée... quelque chose, mais quoi ?! Tellement de conneries possibles et en même temps, pas du tout. J'espère que cette fille ne va pas raccrocher tout de suite.
« Ici, ... la rédactrice de Vogue, je vous appelle de ... Tokyo ! Nous sommes particulièrement intéressé par votre profil! C'est... » EUUUUH... « Ryan qui nous a conseillé. Cela vous tente ? »
J'ai essayé de prendre un accent mais à part l'accent italien un peu bizarre, je ne peux pas faire autrement.
« Hein? » Se redressant sur ses coudes, elle se demandait bien ce que la femme au bout du téléphone lui disait. Sérieusement, il vient d'où cet accent? Même le sien est pas aussi détraqué. Elle est bourrée? Non... si ? En tout cas elle avait un bon vocabulaire, elle ne cherchait pas ses mots comme la plupart des personnes alcoolisées. « Je connais pas de Ryan et depuis quand la rédactrice de Vogue va chercher elle-même les recrues? » Adélaïde était un peu paumée mais sa curiosité avait été réveillée et elle comptait bien avoir des réponses à ses questions.
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J'ai la tête qui tourne. L'alcool probablement. Je tente de réfléchir. C'est bien beau de faire la conne mais faut réfléchir ! Et je ne suis pas en état...
« Parce qu'on connait la valeur des personnes que l'on veut à nos côtés! » Bon dieu, je devrais faire DRH sous l'effet de l'alcool. Je serais une professionnelle *sbaff*
« J'ai cependant certaines choses à vous demander pour vérifier si c'est bon. » Et là, je plaque ma main sur ma bouche pour retenir mes ricanements.
Oh merde, elle avait envie d'éclater de rire. La fatigue peut-être ou même cet accent horrible dont elle ignorait la provenance mais bon sens, on pouvait pas rester sérieux avec ça, c'est impossible. C'était peut-être ce côté drôle d'ailleurs qui incitait Adélaïde a laisser la jeune femme lui poser des questions, et ce, malgré l'heure. « J'écoute mais sachez que je suis toujours pas convaincu. » Elle, mannequin au régime salade... euh lol ?!
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MERDE.
Pas convaincu...
Je fais comment ?
Je regarde les filles et met sur haut parleur. J'espère juste que les mecs ne vont pas se ramener.
« Ecoutez, Jane, je peux vous proposer un rendez-vous dans la semaine pour vous rassurer. Je passe dans la rédaction de Vogue US. Nous pourrions nous rencontrer ? », dis-je avec mon accent qui devenait de plus en plus ridicule.
Une des filles se mets à rire, je la tape du bout des doigts tout en remettant le téléphone en normal sinon elle risquait de me faire prendre!
Ok, c'est mort. Adélaïde n'avait pas su se retenir. Elle éclatait littéralement de rire, presque un fou rire incontrôlable. Bordel, c'était pas sérieux, c'était juste impossible pour que cela soit sérieux. D'autant plus en grande adoratrice de la mode, elle avait déjà vu le visage de la rédactrice en chef du fameux Vogue et si vraiment sa voix était ainsi, ça n'allait pas du tout en adéquation. D'autant plus qu'elle pouvait enfin entendre quelqu'un d'autre rire à côté. C'était définitivement une connerie mais elle entrait dans le jeu, pour le délire, quitte à ne pas être réveillée pour rien. « Cette rencontre va pas être possible, je vais pas savoir m'arrêter de rire. Sérieusement votre accent est... » Elle ne pouvait même pas finir qu'elle riait de nouveau.
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On dit une chose...
Le rire c'est contagieux...
Bah... elle a rit, j'ai ri.
J'en pleure tellement ça a fini par exploser.
« T'en fais pas, chérie, je risque pas d'être au rendez-vous»
Bon au moins, j'ai lâché mon accent même si j'avais déjà un léger accent italien, reste de mon éducation.
Quelques secondes à souffler loin du téléphone - tout du moins le bras tendu - pour éviter que la personne au bout du portable ne l'entende souffler comme un bœuf et pour éviter toute reprise de fou rire. Et puis finalement, elle se décidait à demander. « Bon alors en vrai, vous êtes qui pour me déranger à cette heure? »
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J'essaie de me reprendre mais ce n'est pas facile.
Je dois avoir 10 kg d'alcool dans le sang là ! En plus, j'ai envie de pisser !
« A... Attends deux secondes! »
Je m'éloigne en direction de la salle de bain. Je m'assied sur les toilettes une fois la culotte baissée et me détend enfin...
« Désolé, j'avais juste envie de m'amuser et le portable de mon pote m'était accessible. Ah ah ! Je me ferais pardonner, promis! Mais notes le euh... 213 412 8571 ! C'est mon numéro et... euh... rappelles le moi parce qu'en fait... je pense que demain, je vais... oublier. »
Je pousse un soupir, ça fait du bien. Je tire la chasse d'eau, je manque de me casser la gueule en me levant et retourne dans le couloir. FUCK, je me suis pas lavée les mains... Bon, tant pis !
Alors elle attendait. Encore, encore... encore... jusqu'à ce fameux bruit qu'elle entendait derrière sa voix. « T'avais envie de faire pipi aussi dit donc. » Disait-elle en riant. Merde, c'était une fontaine la meuf, wtf?! Finalement Adélaïde avait peut-être la bonne intuition... pour pisser autant faut être bourrée, obligé. Attrapant à la va vite un crayon, elle coinçait le téléphone entre son oreille et son épaule afin d'écrire le numéro sur sa main. « Je te le rappellerais. En réalité l'alcool fait pas oublier, ça empêche juste les connexions et donc les souvenirs mais oublie ça aussi, tu vas rien comprendre vu que tu es bourrée. Si l'ami qu'on a en commun s'appelle vraiment Ryan, ça doit être une ancienne conquête d'un soir, une connerie dans ce genre, surtout s'il a noté Jane dans son téléphone. » Ca ne pouvait être que cela...
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Mal de tête.
Immédiat.
Puissant.
Cette fille c'est un cerveau sur pattes ou quoi ?!
Bon dieu, j'espère qu'elle est canon au moins !
« Hm... Si tu le dis... et euh... »
Ryan... Ryan...
« Je ne connais aucun Ryan en vrai... J'ai inventé... je savais pas quoi dire! »
J'abandonne l'idée de traverser le couloir et me laisse choir sur le petit fauteuil du couloir :
« Je peux te citer le nom de tous les mecs que je connais. Mais pas sûr que tu les connaisses. Tu me rappelles alors? Tu m'enverras ta photo... Je t'enverrais la mienne histoire de voir si tu peux vraiment faire la couverture de Vogue! » Je ris comme un débile !
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