Elle est douce. Elle est forte. Elle est chaude et fleurie... Et je lui appartiens. Et elle m'enivre...L’odeur du foin me berce et m’entoure. Mais, moi, je ne la sens qu’à peine. Rageuse, j’avale une gorgée de ma tendre bouteille, ma traitre bouteille, celle qui m’a donné cette idée. Puis je lui réponds, à elle… A Elle.
Elle qui obsède mes jours sombres, hante mes nuits blanches.
Elle qui devrait être là, près de moi. Elle qui a fui.
Elle et ses paroles-poignards.
Elle et ses lèvres-douceurs.
Elle.
Pour qui elle se prend, elle ? Et je ris en envoyant mon texto. Et mon rire fait des bulles dans mon ventre et des larmes dans mes yeux, que j’essuie rageusement, que je remplace par une lampée de martini.
Elle n’est pas là.
Il n'y a que des souvenirs... La distance. La glace.
Mon portable vibre. Elle me menace. Je ris. J’ai intérêt à être bien cachée, dit-elle. Et je ne la crois pas. Elle ne viendra pas. Elle a mieux à faire. Toujours.
Pourtant, il sent bon, le foin…
Et il a été difficile d’échapper à la surveillance des gardes de nuits pour me faufiler jusqu’ici, puis de grimper, puis de m’y faire un nid…
Elle ne veut pas de nid.
Pas même pour une nuit.
Pas même pour une folie.
Je bois un peu, morose.
Je la déteste.
Et puis, elle n'est pas si belle.
Pas si inoubliable.
Pas si unique.
Encore un peu d’alcool. Je ne lui répondrai pas…
Elle me dirait des choses affreuses...
Elle ne sait dire que cela.
C’est un rêve de petite fille qui a trop regardé de films, trop lu de romans historiques, le foin. C’est un rêve champêtre, une imagerie innocente, rêveuse, idiote. Le berger, la bergère, les moutons, la meule de foin frais, odorant, les baisers… C’est l’une de ces images qui ont grandi avec moi, un idéal, une certitude tranquille. Un jour…
Mais c’est la saison des pluies plus que celle de l’été, Riley. Et tu te moques bien de mes rêves de gamine. Et je les salis d’alcool, et je te parle de cul au lieu de cœur.
Et tu refuses le tout…
Tu détruis tout.
C'est l'hiver dans tes mots, Riley.
Il y a une autre bouteille dans mon sac, et le foin sent vraiment bon, et je peux dormir ici. Seule. J’ai besoin de personne, et surtout pas de toi… T’es pas la seule, tu sais. Demain je reviendrai avec une autre. C’est pas bien grave. Je reviendrai salir mes rêves d’enfant, on le fait tous, il est temps que j’adopte le mouvement.
Je me redresse, je m’appuie à un ballot encore tout encordé, tout entier,je regarde le sol, dessous.
Il n’y a personne.
Bien entendu.
Et je ris, tout bas.
Promis, juré, je ne t’attendais pas.
Promis, juré, craché… Je n’en crève pas, de ton absence.
Je me laisse retomber dans mon lit de foin aéré, de foin libéré et d’herbe sèche…
Je termine ma bouteille. Tu vois ? Je ne t’attends pas.
Tu ne viendras pas…
A ta place je ferais de même… je ne t’en veux pas. Je t’aime. C’est bien pire. On ne se débarrasse pas de cette rancœur-là.
15 Prenez-nous les renards,
Oui, les petits renards qui ravagent nos vignes
Quand elles sont en fleur.
Je ferme les yeux, je compte les étoiles sous mes paupières et les mouvements du bateau ivre qu’est ma vie. Je reviendrai demain. Avec n’importe qui. Du foin, je n’en ai pas si souvent sous la main. Et j’ai une image d’Epinal à détruire, comme on brise une idole, comme je voudrais te maudire. Et ses mains inconnues seront là pour t’éloigner, pour t’effacer… Et lorsque je serai sous lui, je ne penserai plus à toi…
Tu t’effaceras, Riley.
[*] Cantique des Cantique 2
[trad. La Bible du Semeur, 1992]
Elle qui obsède mes jours sombres, hante mes nuits blanches.
Elle qui devrait être là, près de moi. Elle qui a fui.
Elle et ses paroles-poignards.
Elle et ses lèvres-douceurs.
Elle.
Pour qui elle se prend, elle ? Et je ris en envoyant mon texto. Et mon rire fait des bulles dans mon ventre et des larmes dans mes yeux, que j’essuie rageusement, que je remplace par une lampée de martini.
Elle n’est pas là.
Il n'y a que des souvenirs... La distance. La glace.
8 «J'entends mon bien-aimé,
Oui, le voici, il vient,
Sautant sur les montagnes
Et bondissant sur les collines.
Oui, le voici, il vient,
Sautant sur les montagnes
Et bondissant sur les collines.
Mon portable vibre. Elle me menace. Je ris. J’ai intérêt à être bien cachée, dit-elle. Et je ne la crois pas. Elle ne viendra pas. Elle a mieux à faire. Toujours.
Pourtant, il sent bon, le foin…
Et il a été difficile d’échapper à la surveillance des gardes de nuits pour me faufiler jusqu’ici, puis de grimper, puis de m’y faire un nid…
Elle ne veut pas de nid.
Pas même pour une nuit.
Pas même pour une folie.
9 Mon bien-aimé ressemble à la gazelle
Ou à un jeune cerf.
Ou à un jeune cerf.
Je bois un peu, morose.
Je la déteste.
Et puis, elle n'est pas si belle.
Pas si inoubliable.
Pas si unique.
Le voici: il est là, derrière notre mur,
Guettant par les fenêtres
Et lançant des regards à travers les treillis.
Guettant par les fenêtres
Et lançant des regards à travers les treillis.
Encore un peu d’alcool. Je ne lui répondrai pas…
Elle me dirait des choses affreuses...
Elle ne sait dire que cela.
10 Mon bien-aimé me parle,
Et il me dit:
Lève-toi, mon amie, viens donc, ma belle,
11 Car l'hiver est passé
Et les pluies ont cessé, leur saison est finie.
Et il me dit:
Lève-toi, mon amie, viens donc, ma belle,
11 Car l'hiver est passé
Et les pluies ont cessé, leur saison est finie.
C’est un rêve de petite fille qui a trop regardé de films, trop lu de romans historiques, le foin. C’est un rêve champêtre, une imagerie innocente, rêveuse, idiote. Le berger, la bergère, les moutons, la meule de foin frais, odorant, les baisers… C’est l’une de ces images qui ont grandi avec moi, un idéal, une certitude tranquille. Un jour…
Mais c’est la saison des pluies plus que celle de l’été, Riley. Et tu te moques bien de mes rêves de gamine. Et je les salis d’alcool, et je te parle de cul au lieu de cœur.
Et tu refuses le tout…
Tu détruis tout.
C'est l'hiver dans tes mots, Riley.
12 On voit des fleurs éclore à travers le pays,
Et le temps de chanter est revenu.
La voix des tourterelles retentit dans nos champs.
Et le temps de chanter est revenu.
La voix des tourterelles retentit dans nos champs.
Il y a une autre bouteille dans mon sac, et le foin sent vraiment bon, et je peux dormir ici. Seule. J’ai besoin de personne, et surtout pas de toi… T’es pas la seule, tu sais. Demain je reviendrai avec une autre. C’est pas bien grave. Je reviendrai salir mes rêves d’enfant, on le fait tous, il est temps que j’adopte le mouvement.
13 Sur les figuiers, les premiers fruits mûrissent.
La vigne en fleur exhale son parfum.
Lève-toi, mon amie, et viens, oui, viens, ma belle.
La vigne en fleur exhale son parfum.
Lève-toi, mon amie, et viens, oui, viens, ma belle.
Je me redresse, je m’appuie à un ballot encore tout encordé, tout entier,je regarde le sol, dessous.
Il n’y a personne.
Bien entendu.
Et je ris, tout bas.
Promis, juré, je ne t’attendais pas.
Promis, juré, craché… Je n’en crève pas, de ton absence.
14 Ma colombe nichée aux fentes du rocher,
Cachée au plus secret des parois escarpées,
Fais-moi voir ton visage
Et entendre ta voix,
Car ta voix est bien douce et ton visage est beau.
Cachée au plus secret des parois escarpées,
Fais-moi voir ton visage
Et entendre ta voix,
Car ta voix est bien douce et ton visage est beau.
Je me laisse retomber dans mon lit de foin aéré, de foin libéré et d’herbe sèche…
Je termine ma bouteille. Tu vois ? Je ne t’attends pas.
Tu ne viendras pas…
A ta place je ferais de même… je ne t’en veux pas. Je t’aime. C’est bien pire. On ne se débarrasse pas de cette rancœur-là.
15 Prenez-nous les renards,
Oui, les petits renards qui ravagent nos vignes
Quand elles sont en fleur.
Je ferme les yeux, je compte les étoiles sous mes paupières et les mouvements du bateau ivre qu’est ma vie. Je reviendrai demain. Avec n’importe qui. Du foin, je n’en ai pas si souvent sous la main. Et j’ai une image d’Epinal à détruire, comme on brise une idole, comme je voudrais te maudire. Et ses mains inconnues seront là pour t’éloigner, pour t’effacer… Et lorsque je serai sous lui, je ne penserai plus à toi…
16 Mon bien-aimé, il est à moi, et moi, je suis à lui,
Lui qui paît son troupeau sur les prés pleins de lis.
Lui qui paît son troupeau sur les prés pleins de lis.
Tu t’effaceras, Riley.
17 Et quand viendra la brise
À la tombée du jour,
Et quand s'estomperont les ombres,
Reviens, ô toi mon bien-aimé,
Pareil à la gazelle ou à un jeune faon
Sur les monts qui nous séparent.
À la tombée du jour,
Et quand s'estomperont les ombres,
Reviens, ô toi mon bien-aimé,
Pareil à la gazelle ou à un jeune faon
Sur les monts qui nous séparent.
[*] Cantique des Cantique 2
[trad. La Bible du Semeur, 1992]
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