Oziki // Act2.

« J’y vais Patron. » Je souris à Aaron avant d’enfiler mon sac en bandoulière, puis de passer la porte rapidement après avoir fini mon travail. Un long soupir et un bâillement s’arrachent de ma bouche. C’était une bonne journée, mais une grosse journée. Déjà 18h30… Dire que je suis au boulot depuis 7h. Un sourire se dessine quand même sur mon visage et j’avance rapidement pour enfiler mon casque et grimper sur ma moto. Yosuke a été un amour de me l’offrir avant de partir, même si c’était un peu pour adoucir aussi son départ. Salaud. J’aurai préféré qu’il reste à la place, mais ça aide pour faire le trajet du studio à Santa Monica et ça permet de passer entre les files de voitures lorsqu’il y a des bouchons. Certes, ce n’est pas réglementaire et je continue de préférer mon vélo pour me balader en ville mais c’est pratique. Il faut vivre avec son temps, n’est-ce pas ? Arrivé là-bas, je passe à un traiteur chinois avant qui part directement vers le coin des sushis Vegan à ma venue. « Pour deux s’il vous plait. » Et sa tête de fouine heureuse me fait rougir. Je commande toujours pour moi, uniquement, ça doit lui changer un peu la vie. Il rajoute des gâteaux de riz avec, par plaisir selon lui. Un sourire m’échappe et je m’incline pour le remercier avant de reprendre la route jusqu’à la boutique. 20h05, je ne suis pas vraiment en retard si ? J’ouvre la porte, retire mon casque. « C’est moi. » Je lui souris et dépose le sachet sur le bureau. « Ça c’est bien passé ? » Je l’observe avant de regarder la boutique, qui est vraiment propre et bien rangée, puis d’aller vers le carnet posé sur le bureau afin de voir si des gens ont été intéressés.

Première jour de boulot, Oz est au taquet. Elle arrive cinq minutes en avance, pas par envie à vrai dire, par hasard. Elle est pas vraiment stressée, elle a l’habitude d’enchaîner les petits jobs et puis son boss sera pas là donc un peu maitre des lieux. Ca veut pas dire qu’elle va faire ce qu’elle veut, c’est pas son royaume et elle garde son bordel pour des endroits moins…officiels peut-être. La preuve étant c’est qu’à peine arrive, elle s’est direct mis au boulot, faisant un nouveau tour pour prendre ses marques, commencer à faire la poussière, c’est sûr qu’elle fera ça tous les jours vu combien il en tombe, m’enfin, c’est pas si pénible, elle a nettoyé des endroits bien pire. Dès qu’elle a fini, elle se met à errer un peu par ci, par-là, elle aime pas rester en place et quand elle va pour prendre une pause, un couple entre et elle se lève d’un coup, comme prise en faute. Elle enfile son plus beau sourire et avance vers eux pour les saluer puis les laisse se débrouiller dans la galerie, pas comme si elle était immense de toute façon. Oz reste en retrait, les observe du coin de l’œil en gribouillant distraitement sur son carnet à dessin. Ensuite tout se passe comme prévu, ils viennent prendre quelques renseignements sur l’artiste, elle note leurs coordonnées, contente qu’ils aient été satisfaits de leur visite, les encourageant à en parler autour d’eux en bonne commerciale. Le reste de la soirée se passe plus calmement, elle a même le temps d’avancer le dessin de son nouveau tatouage, c’est pour dire. Elle refait un coup de poussière avant de commencer à fermer. Elle a à peine le temps de finir son rangement qu’Hiroki fait son entrée. « Oh bonsoir » Oz sourit, Oz sourit toujours, parait que la vie est plus simple ainsi. « Un couple est venu et semblait très intéressé par la photo numéro huit » parlant, elle part prendre le cahier où elle a noté leurs informations « Vu qu’ils semblaient satisfaits je leur ai proposé d’en parler autour d’eux, ce qui m’ont promis de faire, ils avaient l’air sympathique donc je pense qu’ils le feront » Elle laisse échapper un petit rire avant de lui passer le mémento. « Et vous, ça été votre journée ? »

« Un couple est venu et semblait très intéressé par la photo numéro huit. Vu qu’ils semblaient satisfaits je leur ai proposé d’en parler autour d’eux, ce qui m’ont promis de faire, ils avaient l’air sympathique donc je pense qu’ils le feront. » Je souris à cette bonne nouvelle et regarde l’e-mail de l’homme tout en caressant la page du bout des doigts, mon premier client potentiel. Ça fait rêver. J’ai eu du monde ce week-end pour l’ouverture, mais aucun achat malheureusement. Peut-être que là, ça se fera enfin. « Et vous, ça été votre journée ? » Je redresse le nez pour la regarder avant de hocher doucement la tête dans un petit sourire. « C’était enrichissant, j’ai pu faire beaucoup de choses. L’avantage de mon patron, c’est que je me sens plus comme un collègue associé qu’un employé. » Je la regarde longuement avant d’observer la galerie. « C’est lui qui m’a permis d’ouvrir ici, j’ai plus de famille, et avoir 21 ans c’est difficile, on a pas de crédibilité aux yeux des organismes. » Je soupire un peu avant de poser le carnet après avoir noté tout dans le mémo de mon téléphone pour envoyer un mail en rentrant. « J’ai acheté ça pour nous. » Je montre le sachet et sort les sushis et les boissons aux fruits du sac. « Pour fêter ce premier jour. » Je souris faiblement avant de lui laisser le siège et de me poser sur un coin du bureau. « Ils sont vegan par contre. » Je la regarde. « J’espère que ça ne dérange pas. » Je lui tends une paire de baguettes et observe le tout en salivant intérieurement. J’ai simplement eu le temps d’avaler un sandwich à midi, alors la vue des sushis me fait terriblement envie. « C’était pas trop ennuyant ? Si tu as des cours à faire, ou des choses… enfin franchement, tu peux t’occuper quand il n’y a pas de clients. »

Oh d'accord et vous travaillez dans quoi à côté ? Elle est curieuse, au fond ça la surprend un max quand même. Il parait que se payer une galerie ça coute cher donc elle a pensé qu'il avait du fric, faut croire que non. Il se débrouille comme il peut, elle aime ce genre de personne, qui font leur trou avec leur propre main et leur propre talent, ça la rend admirative, elle, qui est pas douée dans grand chose. c'est sympa de sa part, c'est bien d'avoir des gens comme ça dans son entourage elle sourit, curieusement rassurée qu'il ait quelqu'un qui le pousse derrière lui, elle s'est vraiment attachée à lui et en si peu de temps, sans doute ce qu'il dégage. En plus, il fait parti des rares patrons qui l'ont pas traiter comme de la merde dès les premiers jours, si on compte pas ceux qui ont voulu la foutre dans leur lit, enfin bref, elle a un bon feeling avec monsieur Gray. Du tout, ça tombe bien, je suis végétarienne il lui apporte de la bouffe en plus comment elle peut pas succomber, ouais, Oz on l'a par l'estomac surtout avec de l'asiatique. Soudain elle se souvient qu'elle a rien bouffé depuis ce matin et son ventre se manifeste pour approuver le choix de bouffe. Elle choppe les baguettes et s'installe pour manger, au sol, en tailleur, chasseur le naturel il revient au galop il parait. non ca va, j'en ai profité pour avancer le dessin de mon futur tatouage et elle se met des sushis dans la bouche, une expression heureuse sur le visage, ca fait un bail qu'elle a pas bouffé du jap, qu'elle a bouffé tout court en fait. ca fait du bien de rencontrer un vegan ici, depuis que je suis arrivée, y a que des carnivore dans le coin Elle rigole un peu, avant de terminer sa portion et bordel qu'est-ce que ça lui fait du bien. vous cuisinez ?

« Je suis photographe, et je travaille avec Aaron Campbell. » C’est possible qu’elle ne le connaisse pas, je comprendrai à vrai dire. Il est surtout connu lorsqu’on s’intéresse un minimum à ce beau monde, mais il faut s’y intéresser. Je peux vraiment vivre de ma passion et je crois que ça n’a pas de prix, vraiment. Je lui parle du repas, lui montre ce que j’ai acheté, lui donne sa partie et m’installe pour lui laisser la chaise avant de la voir finir sur le sol. Un sourcil de haussé, et je viens me mettre face à elle dans la même position pour commencer à manger. C’est vraiment bon ce qu’ils font dans cette boutique, mais je préfère les préparer moi-même. Faute de temps ce soir. « Non ça va, j'en ai profité pour avancer le dessin de mon futur tatouage. » Oh ? Je la regarde, tête penchée sur le côté. « Tu dessines ? Je pourrai voir ? » Une passion en commun, c’est vraiment intriguant. « Ça fait du bien de rencontrer un vegan ici, depuis que je suis arrivée, y a que des carnivore dans le coin. Vous cuisinez ? » Je hoche la tête machinalement. « Hn, j’étais un peu lâché comme un agneau dans une cage à loup avec cet idéal particulier, alors je me suis vite mis à cuisiner pour savoir faire les choses et ne rien louper en bonne bouffe. » J’avale mon dernier sushi en souriant. « On pourra aller chez moi un soir et je cuisinerai. » Je lui souris avant de regarder la galerie dans un petit soupir. C’est encore difficile de réaliser qu’elle est bien présente. « Tu habites où ? J’veux pas que tu rentres trop tard aussi, je sais que Santa Monica est un peu éloigné de tout, ça ira ? »

Aaron Campbell ? Ça lui dit rien à elle, alors elle hoche juste la tête, pour lui signifier qu’elle l’écoute et elle continue de savourer ses sushis avec un plaisir non dissimulé. Bon dieu, qu’est-ce que c’est bon ces trucs ! Elle se demande s’il compte lui apporter à manger comme ça tous les soirs, à quoi elle veut bien passer sa vie à bosser pour lui. Cette pensée la fait marrer, elle est même pas sûre d’être encore dans cette ville le mois prochain, m’enfin, qui vivra verra ! « Oui, sans problème, je te le montrerai dès qu’il sera terminé mais t’attends pas à un truc génial, hein, je te préviens » elle lâche un petit rire, elle se voit pas comme une artiste, elle en est encore loin, elle est même souvent surprise que le tatoueur arrive à piger les conneries qu’elle lui présente et à bien les reproduire donc elle va pas se plaindre. Bon y a un eu de stress car lui c’est un vrai artiste, un vrai de vrai du coup dans le fond, elle voit pas l’intérêt de montrer ses gribouillis. « Ah bah, je ne dis pas non à une proposition aussi alléchante ! » elle s’exclame, ravie, une invitation à déguste de la nourriture faite maison qui, en plus, est vegan, ça ne se refuse pas et puis ça pas l’air d’être dit sur le ton du ‘finalement, c’est toi que je vais finir par bouffer mais chut c’est une invitation innocente’, donc elle risque pas de se priver. « Mais oui, ça ira ne t’inquiètes pas, on t’a jamais dit que tu étais très gentil, peut-être un peu trop pour ton propre bien ? » Elle le tutoie pour la première fois, elle se dit qu’elle aurait dû garder des limites, tant pis et puis sa franchise la démangeait ou elle a juste pas l’habitude qu’on soit aussi agréable avec elle sans arrière-pensées. « Merci pour le repas en tout cas, tu veux que je t’aide pour la fermeture ou tu prévois de rester encore ouvert ? »

« Tant qu’une œuvre est faite avec poésie et amour, alors c’est une œuvre d’art. » Je lui souris en coin avant de terminer de manger, puis de m’étirer bruyamment, faisant craquer mes os au passage. Elle demande si je cuisine, oui, bien sûr que oui. Mais je dois avouer que parfois, c’est vraiment triste de manger seul, de cuisiner pour une personne. Je préfère partager ce que j’ai. « Mais oui, ça ira ne t’inquiètes pas, on t’a jamais dit que tu étais très gentil, peut-être un peu trop pour ton propre bien ? » Je souris en coin doucement avant de me masser la nuque par gêne. « Je sais pas faire autrement. » Je hausse les épaules doucement. Du moment qu’on ne me demande pas 15000$ ou qu’on ne me frappe pas, ma gentillesse est presque sans limite. Ça ne sert à rien d’être un connard de toute façon. Mais souvent, je me suis demandé si ça servait d’être gentil. J’ai l’impression de me prendre constamment des retours de boomerangs. « Merci pour le repas en tout cas, tu veux que je t’aide pour la fermeture ou tu prévois de rester encore ouvert ? » Je regarde la galerie avant de sourire et de secouer la tête. « Iie… » Et je grimace. « Pardon, non, non je vais fermer. » Je me lève et l’aide à faire pareil avant de ramasser le sachet et les barquettes de sushis, puis de prendre les clés pour fermer les portes derrière nous une fois tout éteint. « Bon, la même demain alors ? » Je souris en coin. « Tu vis où ? Tu veux que je te raccompagne ? » Je montre ma moto garée devant la devanture.

Il sait pas faire autrement, elle voit bien le truc, c’est vrai qu’il y a des gens comme ça. Elle, se souvient pas si elle l’a déjà été, sûrement que si, sinon elle se serait pas faite autant baiser par la vie. Enfin, peu importe, elle sourit simplement. Dès qu’elle a fini, il ramasse tout le reste avant qu’elle ait eu le temps de le faire, bon, galant est à ajouter à sa liste de qualificatifs, à moins qu’il garde ce genre de comportement pour le début de relation. Comme on dit, l’amour rend aveugle et le mariage rend la vue…en fait ça rien à voir dans cette situation après réflexion. « Non, c’est bon mais merci quand même » elle lui décroche un sourire sincère et enfile sa veste avant que son côté frileux se manifeste. « Elle est vachement cool ta bécane » La mécanique un autre de ses passe-temps favoris. Elle pose son sac sur son épaule, vérifie distraitement ses messages pour lire celui de Félia, grosse soirée de prévu apparemment. « Je te dis à demain, alors » Un petit signe de la main et elle s’arrache de là.