Un dîner presque parfait
« Timothy est avec toi? »
La voix de sa mère s'était faite plus tendue de l'autre côté du téléphone. C'était à se demander de qui ils étaient vraiment les parents.
La jeune fille brune laissa échapper un soupir. Ses parents étaient très investis dans sa relation avec Tim. Leurs parents se connaissaient depuis des années, et leur union n'était rien d'autre que le fruit des commérages incessants de leurs mères respectives.
Tout cette mascarade rattrapait largement sa partie de jambes en l'air avec ce charmant pêcheur, il y avait de ça déjà plusieurs années.
« Oui, il est juste à côté de moi. On est en route. Notre vol était bondé, désolée pour le retard. »
La mère de Calypso était folle de Tim. Mais qui ne l'était pas?
Il était le parfait parti pour leur petite princesse aux yeux clairs. Avec Tim à son bras, Calypso pouvait dormir tranquille. A leurs yeux, il était ce prince charmant qui avait sorti leur fille de ses rêves de médiocrité.
Aux yeux de tous, ils étaient ce couple éclatant de richesse et de prestige.
Elle échangea quelques mots avec sa mère avant de raccrocher.
Elle se tourna vers Tim, un drôle de sourire au coin des lèvres :
« C'est dingue ce que ma mère marche dans ton jeu. J'aimerais bien voir sa tête quand elle apprendra ce que tu es vraiment. Un sacré coquin. »
Elle rejeta ses cheveux en arrière et fouilla dans son sac à main pour en sortir un petit miroir de poche incrusté de pierres brillantes. Elle appliqua une fine couche de gloss sur ses lèvres, les yeux pétillants de malice :
« Ma sœur commence à avoir des doutes. C'est vrai que ton jeu d'acteur laisse un peu à désirer. »
Elle rangea son miroir et se laissa aller à observer les beaux quartiers de l'Upper East Side à travers les vitres teintées de la voiture.
Elle n'avait jamais vraiment compris pourquoi Tim avait accepté de l'aider. Il n'avait rien à y gagner. A vrai dire, c'était elle qui en récoltait tous les bénéfices. Peut-être par loyauté?
Ils devaient régulièrement se rendre ensemble dans une des propriétés de ses parents. Tim lui appartenait pendant quelques jours. Ils jouaient au couple devant papa Rockefeller avant de prendre des chemins différents une fois arrivés à l'aéroport.
Elle ne lui avait jamais demandé directement ce qui l'avait poussé à dire oui. Tim n'était pas ce qu'on pouvait appeler une "bonne âme". Il cherchait toujours à trouver son intérêt. Hors là, à part quelques bons dîners dans le grand salon des Rockefeller et de longues parties de tennis avec ses cousins, elle ne voyait pas bien ce qui pouvait le motiver à l'accompagner jusqu'ici.
Can we survive it out there? Can we make it somehow?
Will the past be a shadow that will follow us around?
I keep, keep thinking that it's not goodbye, keep on thinking it's a time to fly