be the prey (debbie)

Les courses. Une corvée dont je me passais habituellement mais que j’étais à présent contraint d’effectuer moi-même puisque Oz s’était tout simplement tirée.  Si ma fierté me poussait à me dire que je m’en foutais, je commençais à regretter sa présence dans l’appartement et ses plats préparés. Moi, je ne savais même pas faire la différence entre les dix marques du même fromage … Et j’en étais vite agacé.

Un sac en plastique à la main, contenant mon repas du soir, je traversais les rayons sans m’attarder pour rejoindre les caisses. La torture ne pouvait plus durer et il était hors de question pour moi de rester plus longtemps dans cet enfer, même si je devrais recommencer l’opération le lendemain …

Je n’étais plus très loin quand sur le chemin, une chevelure d’or attira mon regard comme c’était souvent le cas. Sauf que la silhouette qui l’accompagnait avait quelque chose de particulier. Il s’agissait de la silhouette d’une femme, d’une femme que je connaissais.

Un rictus s’installa sur le coin de mes lèvres et sans y réfléchir, je me déroutais pour aller la rejoindre. Doucement, sans un bruit, je marchais derrière elle pour atteindre son dos dans lequel je me plaçais. Plus grand qu’elle, je devais me pencher un peu pour atteindre son oreille et lui glisser : « Tu as besoin d’aide pour te décider ? » Je ne savais pas encore comment elle allait réagir. Peut-être allait-elle rire comme elle le faisait face à ce gamin, que de toute évidence, je n’étais plus.

Debbie se rend à une soirée organisée par des amis. Ce n’est pas une fête intime, plutôt immense pour fêter les fiançailles. Encore nouvelle dans l’histoire, elle cherche à faire bonne impression. Comme toutes les femmes, elle a du mal à se décider. Quelle couleur ? Quelle forme ? Pantalon ? Robe longue ? Elle n’envisage pas mettre une robe ou jupe courte. Un véritable dilemme torture la journaliste, elle ne sait pas quoi choisir. Même si quelques robes lui plaisent, elle ne se voit pas dedans pour cette soirée. Alors, elle continue et semble avoir trouvé une robe qui lui convienne. Elle tend les côtés pour en avoir une meilleure idée. On dirait qu’il est plutôt décolleté… Trop ?

Une voix sort Debbie de sa réflexion. Une voix qu’elle connait bien, une voix venue du passé. Elle ne s’attend pas à ce genre de surprise : elle est servie ! Ses yeux se posent sur un jeune homme, plus grand que dans son souvenir, avec plus de barbe, il s’impose davantage à présent. Mais ça ne diminue pas le plaisir de Debbie de le voir – et ce sans démontrer qu’elle sait pour les parents du jeune homme. Ses lèvres forment une moue qui décrit parfaitement la surprise qu’elle ressent et une certaine émotion entre l’attendrissement et la joie. Ay-Ayden ?

Elle constate qu’elle a lâché sa robe pour contempler le garçon qui lui fait face. Elle ne sait pas par où commencer tellement les questions fusent dans son esprit. Mais les moins indiscrètes sont de mise pour ces retrouvailles pleines de promesses : Je suis contente de te revoir après tout ce temps. Comment vas-tu ? Et que fais-tu ici ? demande-t-elle presque avec empressement. La blonde est curieuse et veut tout savoir sur Ayden. Le garçon qu’elle a connu la faisait beaucoup rire, à présent, elle veut savoir quel garçon c’est.

Surtout avec le passé qu’il a vécu…

Elle n'ose cependant pas le tenir contre elle, une étreinte qu'elle avait pourtant l'habitude de faire au jeune garçon. Mais il n'est plus aussi jeune. Il est jeune, mais elle voit un homme, pas "le fils de".

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Une oeuvre caritative. Une de plus qui s'ajoute à la longue liste de Dallas. Néanmoins celle d'aujourd'hui est quelque peu particulière. Il ne s'agit pas là de défendre une idée, ni de révéler au commun des mortels un des grands problèmes de la société d'aujourd'hui. Il s'agissait à vrai dire de quelque chose de beaucoup plus surprenant. La tache qui incombait Dallas, aujourd'hui, consistait à donner le sourire à une personne, qu'il s'agisse d'un proche ou d'un inconnu. La jeune femme aurait pu choisir la solution de facilité en allant voir son père mais non elle avait préféré prendre sur sa timidité maladive en étant généreuse avec une personne qu'elle ne connaissait ni d'Adam ni d'Eve. Elle s'était donc rendu au Walmart, se disant que là-bas elle trouverait bien une personne au visage triste et qui verrait d'un bon oeil son action. Elle parcourait les rayons du supermarché, une rose blanche synonyme de paix à la main. Elle n'était pas très à l'aise avec cette idée d'aborder quelqu'un de façon si impromptue mais elle avait décidé de se faire force. C'était un acte de gentillesse et il faudrait qu'elle n'est vraiment pas de chance pour se faire rembarrer. Quoique ce qui l'inquiétait le plus est qu'on lui rit au nez pour son geste qui pourrait paraître risible. Après tout, qui de nos jours aurait l'idée saugrenue de donner le sourire à un total inconnu ? Certainement personne et pourtant. Le regard de Dallas se posait finalement sur un jeune homme, dont les traits du visage étaient emprunts d'innocence, en pleine discussion avec une femme qui semblait plus âgée que lui. La blonde respira un bon coup et pris son courage à deux mains." Excusez moi de vous déranger, je souhaitais juste vous offrir cette rose pour égayer votre journée. " Elle n'osait pas le regarder dans les yeux alors elle se dépêcha de sortir une enveloppe de son sac à main. " Ainsi que ce poème pour vous rappeler que la vie est un cadeau du ciel. " Dallas avait choisi avec attention les quelques vers suivants:

Et mes jours et mes nuits
teintés de nostalgie
me répétaient le chant
de mon bonheur enfui.

Et mon chant d’aujourd’hui
comme un regain de vie
s’éveille en fredonnant
le bonheur au présent.

Elle n'avait toujours pas trouver le courage d'affronter le regard de ce jeune homme qui ne devait pas comprendre son acte et préférait mettre les voiles plutôt que d'entendre de possibles railleries. Elle faisait donc vite demi tour pour sortir du magasin et laisser les deux individus à leur occupation initiale.

HJ: Sorry pour l'incruste, c'est un bizutage

Suivant le son de ma voix, la blonde se retournait pour me faire face. Ses pupilles claires et les expressions de son visage ne cachaient pas les émotions qui la traversaient à cet instant. Debbie était un véritable livre ouvert dont les lignes étaient plus qu’explicites. Je trouvais sur ses lèvres la surprise et dans ses yeux des onces de joies.

Elle semblait heureuse de me revoir. Aussi heureuse que surprise. Ce que ses mots ne tardaient pas à me confirmer. « Moi aussi je suis content de te revoir. » Le sourire malicieux accroché à mes lèvres ne me quittait pas. « Je voulais t’appeler pour te prévenir mais il faut croire que le destin ne pouvait pas attendre. » Le charme et l’ambiguïté disséminés dans mes mots ne faisait aucun doute. C’était un jeu, un jeu teinté d’une réelle attirance, mais un jeu malgré tout que j’aimais jouer avec elle. Malgré elle. Je ne croyais pas au destin, je ne croyais pas en grand-chose d’ailleurs …

« Je suis arrivé il y’a quelq… » La présence d’une jeune femme blonde m’obligeais à m’interrompre dans mon discours. Mes deux yeux curieux la détaillaient tandis qu’elle m’offrait une rose pour égayer ma journée.

Un nouveau sourire naissait au coin de mes lèvres alors que je me saisissais de l’enveloppe qu’elle me tendait à présent. Mais pas le temps de la lire, de lui donner mes impressions ou simplement de la remercier qu’elle s’échappait à travers les rayons. « Toutes les filles sont comme ça à Los Angeles ? » Demandais-je naïvement à Debbie, lui offrant la rose. « Tiens elle te va mieux qu’à moi … »

Les mains libres, j’ouvrais l’enveloppe et lisais les quelques lignes notées avant d’enfouir la lettre dans ma poche. « Alors, je te disais que je suis arrivé il y’a quelques jours seulement. J’ai décidé de m’installer ici. » Fier, oui, j’étais fier de faire quelque chose de ma vie.

Il semble bien aller pour quelqu’un qui a perdu sa famille il y a peu. Debbie ne soulève pas cette histoire mais ça la rassure. Et puis, elle est contente de le voir depuis le temps. Lui aussi l’est. Debbie sourit avec tendresse quand il assure avoir eu envie de la contacter. Elle comprend qu’il n’a pas eu le temps, elle a vécu la même chose au début de l’année quand elle est arrivée à Los Angeles. Je comprends. L’important, c’est qu’on puisse se voir ! dit-elle. Debbie est une femme optimiste. Elle peut vivre des coups durs, ce sera toujours avec chaleur et convivialité qu’elle accueille l’amitié.

Leurs retrouvailles sont finalement coupées par l’arrivée d’une jeune femme. Une grande blonde très mignonne qui offre une rose et une enveloppe à Ayden. Debbie tourne la tête pour tenter de regarder ailleurs et de ne pas déranger les deux jeunes gens. Quand la jeune femme disparait, Deborah porte son attention sur Ayden. Ce dernier semble surpris : Apparemment, oui… Ce n’est plus ma génération. A son âge, c’est Peter qui me courtisait… dit-elle avec une certaine amertume alors qu’Ayden lui tend la rose. Elle en hume le parfum, touchée par le geste du jeune homme. Merci…

Ayden reprend finalement le fil de la conversation. Heureusement. Debbie a oublié où ils en étaient. Le jeune homme lui annonce qu’il s’installe à Los Angeles. Ah mais c’est super ! Tu vas vivre où ? dit-elle par curiosité. D’ailleurs, il faut que je te donne mon numéro, tu viendras nous voir avec Kimmie. Et je contacterais Peter, tu pourras le venir voir à son appartement ! finit-elle par dire en pensant que ça fera plaisir. Deborah a très envie de voir Ayden dans des conditions plus pratiques qu’un rayon de magasin.

Dans la tête de la journaliste, les idées fusent. Il pourrait passer l’après-midi avec elle et Kimmie. Ils pourraient reparler du bon temps et aller plus dans les détails. Là, Debbie avait besoin de trouver une robe pour sa soirée de fiançailles … pas la sienne. Le mariage n’est plus une chose dans laquelle elle se voit se jeter. Son ancienne vie avec Peter le lui a bien appris. Tu m’aiderais à choisir ? Une tenue… Elle désigne le rayon à côté d’elle pour appuyer ses dires.

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