Nothing Left To Lose (Sola)

Elle tournait, tournait et tournait sur elle-même. Elle en avait pourtant totalement oublié la musique qui emplissait la pièce. Enfin musique était un grand mot. Du bruit à la puissance maximum voilà ce que c'était. Mais Cora n'y faisait pas attention. L'alcool qui coulait dans ses veines avait annihilé ses bons goûts en matière artistique. En même temps, son côté artistique, ces derniers temps, elle l'avait profondément enfoui. Ce qui l'intéressait ce soir, c'était de passer une bonne soirée. Ce qui voulait dire, boire, fumer, manger quelques trucs et oublier un peu que le temps continuait à s'écouler. Elle s'arrêta un instant, juste le temps de prendre un verre au serveur qui jonglait entre les participants de cette soirée. Elle approcha la coupe de ses lèvres et pris quelques gorgées. Ce qui était bien avec ses fêtes de gosses de riche, c'est que les boissons et la bouffe étaient toujours excellentes. Avoir un traiteur à disposition, cela avait ses avantages. Et ce soir-là, Cora en profitait pleinement. Même si cette ambiance commençait à la miner. Elle décida de prendre un peu l'air, repoussant la main un peu trop baladeuse de son compagnon d'un soir. Elle se faufila entre les membres d'un groupe de filles, toutes plus sophistiquées les unes que les autres. Cora quant à elle, n'était vétu que d'une robe noire basique à petites bretelles en dentelles. Ses cheveux étaient relevés en un chignon négligé d'où s'échappaient quelques mèches rebelles. Elle portait pour seul bijou, un bracelet montre. Elle arriva dans une pièce un peu plus calme. Pièce dans laquelle se trouvait un piano. Elle avait toujours eu envie d'apprendre cet instrument. Le piano c'était un instrument pour les riches. Sa mère ne lui avait jamais permis de suivre des leçons. C'était trop cher pour elle. Et surtout elle pensait que sa fille n'avait pas assez de patience. C'était peut-être vrai en fin de compte. Elle ne le savait pas, n'ayant jamais appris. Elle laissa glisser ses doigts sur les touches blanches et noires. Elle posa ensuite son verre sur le dessus de l'instrument, s'y penchant légèrement. La pièce était calme. Il n'y avait qu'un couple qui se bécotait dans un coin. Elle détourna les yeux avant de s'approcher de l'une des fenêtres de la pièce. De là où elle était, elle voyait une partie de la ville. Elle posa le verre sur ses lèvres et but une nouvelle gorgée.

Elle était plongée dans ses pensées quand elle entendit une voix familière à ses oreilles. La jeune femme soupira doucement avant de tourner son visage vers le professeur Collins. Ce dernier avait la fâcheuse tendance de se trouvait aux mêmes endroits que la germano-allemande. « Monsieur Collins. Je vais finir par croire que vous me suivez. » Peut-être qu'elle n'était pas loin de la vérité. Après tout, qu'est-ce qu'il faisait là ? C'étaient des fêtes étudiantes. Il n'était pas étudiant. Quoique elle non plus, ne l'était plus vraiment... Elle n'avait pas assisté à un cours dans son intégralité depuis un bail... Elle allait foirer son année, c'était évident. En même temps, elle n'avait plus envie de toucher son appareil photo, alors comment faire de la photo dans ces cas-là ?