Aloha Honolulu ! [PV. GIA]

Suis-je en train de faire une connerie ? Je me pose souvent la question. J’ai tout quitté avec Théa pour une seule personne, une seule femme, un seul sentiment ? Tout ça pour un coup de cœur. Une attirance. Une folie. Et pourtant, je n’ai jamais hésité une seule fois. Bon, okay, c’est faux. Quand j’étais encore un homme bien j’avais tout fait pour ne pas craquer, mais au bout d’un moment, je suis devenu faible. A force de tout le temps repousser ce qu’on ne peut pas éviter, il vous revient dans la gueule en puissance dix. C’est ce qui est arrivé. Plus je résistais à cette femme et plus elle me donner envie de craquer. Suis-je normal ? Est-ce un choix censé ? Je ne pense pas, mais il est trop tard. Je marche en long, faisant un aller, puis un retour, lentement, sans m’arrêter. Réfléchissant à tout ça. Me posant trente six mille questions. Le départ imminent me donne du stress. J’attends Gia, les deux billets dans la main et je l’attends. Le haut parleur grésille puis la voix de l’hôtesse retentit pour annoncer l’ouverture des portes. J’attends cinq minutes avant de voir l’italienne arriver. J’expire profondément quand je la voie. Le voyage débute maintenant. Nous voilà Honolulu.

Les palmiers. La plage de sable fin. Le soleil. Le langage Hawaïen. Les noix de coco. Je passe les détails. Mon chez moi ! Le bonheur ! Je suis bien. Sur ma petite île. Je ne viens qu’une seule fois par an. Et ça me manque toujours autant quand je ne suis pas là. C’est différent à Los Angeles, je ne sais pas pourquoi. Les gens, l’ambiance, le paysage, il y a quelque chose qui fait que cela ne ressemble à rien d’autre. Je marche sur la plage, tenant la main de Gia et admirant simplement l’étendue d’eau sans un mot. Appréciant le simple fiat d’être ici. Avec elle.

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FRAT LOVE :

Quand Kai essaie de convaincre qu'il est un bon père ...

... Mais que la réalité est tout autre :

Je suis toute excitée à l’idée d’aller à Hawaï. Oh bien sûr, ce n’est qu’une île pour certains mais pour moi, c’est l’occasion de découvrir Kai en toute intimité. Pas de Los Angeles ici, juste nous deux. Pouvoir se connaitre et surtout… s’amuser ! C’est bien ce qui me chagrine quand je remplis ma valise, je n’arrive pas à me décider. Finalement, j’arrive à temps à l’aéroport où j’enregistre mes bagages : pas moins de deux grosses valises. Je n’y peux rien, je suis une femme et j’ai besoin de beaucoup de choses ! Je rejoins Kai à la limite de courir. Un baiser sur sa joue avant d’embarquer en direction d’Honolulu !

( … )

J’adore cet endroit, même si la fréquentation est énorme à cette époque, je trouve ça dépaysant d’être à Hawaï. Pour notre première journée, on se retrouve à marcher sur la plage ensemble. C’est calme entre nous ; le Delta semble observer le paysage. Pour ma part, je me laisse apprécier la sensation du sable fin qui se glisse entre mes doigts de pied. Je réfléchis à ce début de voyage, un début assez mitigé car il ne parle pas beaucoup. D’habitude, Kai est un véritable boute-en-train, il parle ouvertement, il me fait rire et là… il est calme.

Alors, je décide de me rapprocher de lui avec douceur, ma main sur son torse pour le freiner. Le sourire sur mes lèvres se veut tendre pour ne pas l’inquiéter de cet arrêt. Mes doigts montent à sa nuque que je caresse avec douceur : « Je te sens… ailleurs… Tu penses à quoi ? » dis-je avec douceur pour ne pas le brusquer. Je me demande ce qu’il se passe dans sa tête.

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Hein ? Pourquoi je m’arrête ? Détournant le regard de l’étendue d’eau qui se profile devant nous, mes yeux se posent sur Gia qui vient de me stopper, moi et ma pleine réflexion. Moi et ma marche tranquille digne des plus grands penseurs. Quand elle pose sa question, je fronce les sourcils et me mordille une fois la lèvre inférieure, j’étais dans mes pensées et je n’ai même pas fais attention à elle, au fait que je ne lui parle pas, que je la laisse seule. Je soupire en réalisant que cela ne se fait absolument pas. Je me demande un instant si je dois répondre à sa question, mais finalement, je vais le faire. De un, parce que je n’aime pas mentir. Et de deux, parce que si elle pose la question, c’est qu’elle doit bien se douter de quelque chose. Moi qui n’aime pas parler de ça … « Je pense à ma mère. » Répondis-je d’une petite voix. D’un léger murmure. Car le fait de le dire à haute voix, c’est étrange, ça fait mal. Je ne le dis à personne d’ordinaire. Et aujourd’hui encore, je ne sais pas si j’ai envie d’en parler. Alors je sourie, pour la rassurer et ajoute plus rapidement, dans l’espoir de dissiper l’effet que vient de donner ma réponse, vite, il faut noyer le poisson !  « Tu veux aller manger quelque chose ? Une gaufre ? Une crêpe ? Une glace bien fraîche ? » Ça devrait attirer l’attention de l’italienne un petit moment. Je ne sais pas si je suis prêt à en parler tout de suite, alors je tente de ne pas le faire. De ne pas me l’infliger à moi-même, mais je sais pertinemment qu’un jour ou l’autre je vais devoir le faire. Bien malheureusement. Je me penche instinctivement vers elle et vole un baiser à Gia. Pas de panique, pas de panique. Si elle pose des questions, il va juste falloir sortir les mouchoirs, les violoncelles, le décor de tristesse et tout le tralala, histoire de se mettre dans l’ambiance.

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Quand Kai essaie de convaincre qu'il est un bon père ...

... Mais que la réalité est tout autre :

L’attitude de Kai me perturbe. C’est un homme enjoué, vivant, c’est ça que j’aime chez lui. Il vit sa vie et ne se prend pas trop la tête. Oui, j’ai dit « pas trop ». Je me rends compte de son tempérament présent et j’ai eu du mal à trouver le bon moment. Sur cette plage, c’est la bonne occasion de le faire tous les deux. Sa réponse me surprend… Il pense à sa mère. Je comprends aisément qu’elle n’est plus de ce monde. Je comprends sa peine, en réalité, parce que je l’ai perdu deux fois : ma mère biologique et ma mère adoptive. La fatalité quand tu nous tiens…

Je souris tendrement quand il cherche à changer de sujet, me faire oublier qu’il est triste à cause de cette pensée qu’il a pour sa mère. Rien ne peut me détourner de cette pensée, ça me rappelle l’état d’esprit que je peux avoir quand je suis en Italie, notamment sur cette plage. Je n’ose même pas imaginer si je faisais un pas en Corée. Je prolonge son baiser avant de reprendre : « T’as le droit d’en parler… Je suis plus à même à te comprendre. Et je prendrais une gaufre avec plein de nutella et de chantilly ainsi que du thé glacé. »

Je dépose un rapide baiser sur ses lèvres et me décide à me remettre à côté de lui pour marcher en lui tenant la main. Je me demande s’il va prendre son courage entre ses deux mains pour m’en parler ou s’il va passer ce moment de sa vie sous silence. Je sais que ça lui ferait du bien d’en parler. Je pourrais le consoler après…

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Oui … J’ai le droit d’en parler … Mais est-ce que je le veux ? Est-ce que je peux ? Est-ce que ça servirait à quelque chose ? Peu de gens le savent, peu de gens s’y intéressent … Pourquoi Gia voudrait connaître cet épisode de ma vie ? Je me pose vraiment trop de questions et je m’en rends compte moi-même. Je souris avec la réponse de Gia, non, mais elle ne perd pas le nord elle ! « Han la gourmande !  Nutella et chantilly en même temps, mais où caches-tu tout ça ? » Je la regarde de haut en bas pour la charrier. « D’après mes souvenirs, il y a un vendeur de gaufres par là-bas. » Je montre du doigt un chapiteau sur notre droite, fixé sur le sable et un joli petit coin transats sur la plage qui permet de manger et boire en toute détente. On se dirige vers la bonne odeur qui fait gargouiller le ventre et donne l’appétit à l’estomac. J’en salive d’avance en pensant à une gaufre bien chaude. Je me mords l’intérieur de la joue. Gia a raison. Ça me fait mal de l’avouer, mais elle a bel et bien raison. Je devrais en parler. « Okay… » Je souffle, expire, prends mon courage à deux mains avec ce simple mot. « J’ai peu de souvenirs, mais il y en a un que j’ai eu ici, sur cette plage, avec ma mère, ma sœur, mes grands parents et même mon père. » C’était la bonne époque, où la famille était encore au complet. A ce moment là. Cela remonte à si loin. « Alors quand je suis ici, je pense à elle et je m’oblige à faire un détour par cet endroit, comme pour commémorer sa mémoire. Je sais, c’est bizarre, mais je me sens obligé. » Je secoue la tête et fait les gros yeux à Gia. « T’as pas le droit de te moquer. » Je lui tire la langue en ajoutant. « Et encore moins si je pleure ! » D’abord, je suis un mec, je ne pleure pas. Quoi que là, je me retiens, je l’avoue.

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... Mais que la réalité est tout autre :

Je lui lance un petit regard en coin, le sourire aux lèvres quand Kai est surprise de ma gourmandise ! «  Je bouge mon booty pour perdre les calories, chéri ! Surtout avec toi...  » dis-je avec un petit sourire alors que le Delta nous guide jusqu'au chapiteau qu'il m'a montré au loin. Je ne rajoute rien, je ne dis rien parce que je n'ai pas envie de le bousculer avec son état d'esprit. C'est Kai qui brise le silence. Je pose mon regard sur lui et finit par sourire tendrement. C'est adorable comme façon de faire pour se remémorer l'amour de sa mère. «  Je compte pas me moquer, je trouve ça adorable de ta part et puis...  » Je garde sa main dans la mienne mais je place celle-ci dans son dos pour me rapprocher de lui. Je dépose un baiser du bout des lèvres : «  C'est courageux ce que tu ressens. Ma mère adoptive et ma mère biologique ont été assassinées, ma même adoptive, c'était sur la plage de la villa familiale qu'ils l'ont tués, je n'ai pas ce même courage d'y retourner. Et pourtant, elle m'a sauvée... Tu es courageux, Kai, et elle doit être fière de toi...  » Je lui souris tendrement et le serre contre moi. Je pose ma tête contre son épaule et le tient. S'il pleure ou non, ce n'est pas ça l'important. C'est qu'il se dise que même si elle n'est plus là, elle l'aime, elle est encore là dans son cœur, et surtout, elle est très probablement fière de lui. Mais je veux quand même manger ma gaufre, je ne l'oublie pas.

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Gia tente de me consoler, mais la vérité, cela ne m’atteins pas plus que ça. Pas qu’elle s’y prend mal ou que je n’arrive pas à apprécier son geste, au contraire même, cela me fait très plaisir. Mais c’est juste que ce qu’elle me dit à cet instant, on me l’a déjà tellement répété dans ma vie, tellement pris en pitié que j’ai décidé de ne même plus y faire attention. Je viens me recueillir, seul, sans rien demander à qui que ce soit et tout le monde est content. Pourtant je réponds à son baiser en déposant mes lèvres dans le creux de sa nuque. Pouvoir venir ici avec elle, je dois bien l’avouer, me fait très plaisir et pour rien au monde je ne serais venu avec quelqu’un d’autre. « Et si on allait chercher ton apport de graisses ? » Glissais-je en riant doucement dans son oreille. Me détachant d’elle, le prenant délicatement par la main et repartant en direction du vendeur de gaufres. Bonjour les kilos en trop, on arrive ! J’essaye de ne rien dire sur les quelques mots de Gia, sur la mort de ses deux mères … Ah oui quand même … Je n’ai pas à me plaindre je croie. Comparé à ce qu’elle a vécu, mon malheur n’est rien d’autre qu’une minuscule miette de pain. Arrivé au petit chapiteau, je commande la gaufre Nutella et chantilly pour Gia ainsi qu’une simple gaufre au sucre pour moi. A l’arrivée de nos commandes, j’essaye de relativiser. « Ce soir, je pense qu’il va falloir courir. Un petit footing sur la plage ça te tente ? » Un regard sur ma gaufre, j’ai l’impression de bouffer un kilo complet rien qu’avec une bouchée de ce truc.

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Je ne sais pas comment réconforter Kai, je sens que la disparition de sa mère l’a profondément touché et marqué à vie. Je sens un petit pincement au cœur quand il me propose d’aller chercher les gaufres. Il change de sujet, il évite la discussion. C’est tout lui… Il veut faire le mec fort. Je lève les yeux au ciel avant de le suivre : « D’accord, j’espère que tu m’aimeras encore avec une petit bourrelet en plus ! Il parait que les hommes aiment les femmes avec des formes, je ne m’en fais pas trop… » dis-je en faisant une petite moue mignonne alors qu’on s’approche du stand. On finit par être servis et je mord avec gourmandise dans ma gaufre alors que Kai essaie de se donner bonne conscience avec un peu de sport : « Il nous faudra un peu plus que ça pour perdre les calories de nos gaufres mais pourquoi pas ! J’espère que tu tiendras le coup ! » Je ris légèrement puis approche ma main libre de son visage pour essuyer les quelques grains de sucre au coin de sa bouche avant de passer ma langue sur mon doigt. Je lui lance un petit regard amusé avant de mordre à nouveau dans ma gaufre. Une moustache de Nutella et de chantilly se forme au-dessus de mes lèvres. Avec la bouche encore plus, je reprends : « Alors, mon super guide, si on se posait quelque part pour finir notre gaufre et admirer ce paysage… avec un peu de tranquillité ? » C’est-à-dire rien que tous les deux sur la plage jusqu’à ce que la fatigue nous emporte. Même si je ne me sens pas prête de m’endormir. Et j’ai envie de parler un peu avec lui, sans… sans risquer les larmes ou une possible engueulade – sait-on jamais !

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Euh … Je regarde Gia d’un air peu convaincu. Voir pas du tout en réalité. Avec des petites formes. Non, non, finalement pas de gaufres hein si c’est pour prendre des kilos. Ce n’est pas vraiment mon truc les femmes aux formes développées, en fait, pas du tout ! Je déteste ça, mais je ne dis rien et lui sourit simplement pour lui répondre. Je vais lui faire faire du sport, on va voir si madame va grossir, je ne pense pas ! Je ne vais pas laisser une telle chose se passer, vous l’imaginez-vous ? Gia ? Obèse ? Non de non ! Jamais ! La commande à peine servie que madame croque dans sa gaufre avec grand appétit, ah quand même ! Je la regarde les yeux ébahis, comment elle fait pour manger ça avec tant de gourmandise ? Je ne fais qu’attraper une petite bouchée de ma propre gaufre. Sans grande envie. Pas après le sujet abordé. J’essaye de faire comme si de rien n’était, mais ce n’est pas une chose facile. Le sujet du sport est plus simple pour moi. Surtout que la réflexion de Gia me fait sourire et rire doucement. « C’est toi qui va devoir tenir le coup. Tu vas peiner à tenir le coup, dommage pour toi. » Le sourire malin aux coins des lèvres, je l’imagine déjà cracher ses poumons. Quoi que je ne devrais pas crier victoire trop vite, je sais que l’italienne est sportive aussi, il suffit de se remémorer notre première rencontre pour le savoir. « Oh ça, c’est facile à trouver ici ! » Dis-je souriant. Car oui, Hawaï est une île, petite, touristique, mais quand on connait les lieux, trouver un endroit tranquille est une facilité déconcertante ! Le tour de bouche plein de Nutella de Gia me fait rire et je lui indique du doigt sur mon propre visage. « Sympa le maquillage chocolaté Mademoiselle Leonetti. » Je me moque gentiment d’elle et la prend par la main pour l’emmener avec moi, plus loin sur la plage en direction d’un endroit charmant très peu connu des touristes et d’un calme renversant.

C’est à dix minutes de marche. A peine. Je ne voie pas le temps passer en vérité. Juste de quoi finir ma gaufre calmement et apprécier le gout sucré dans la bouche alors que Gia n’a toujours pas terminée la sienne. En même temps, quand on voit ce qu’elle a demandé, je me demande bien comment elle comptait pouvoir terminer un truc aussi énorme et calorique ! J’escalade quelques rochers pour accéder à un chemin discret de sable. Personne dans ce coin. J’aide Gia à me suivre avant de m’exclamer heureux de ma trouvaille. « Ici on est tranquille. Cachés par les rochers pour avoir ce calme et l’eau juste à nos pieds. Et tu sais quoi, la marée est déjà haute donc aucuns risques de finir noyés. » Important ce détail quand même. Je tasse le sable de mes pieds avant de m’asseoir comme un gros tas sur le sol chaud. Rien de plus agréable.

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... Mais que la réalité est tout autre :

Mon regard se pose sur Kai, pas du tout consternée du manque d’estime qu’il a pour mes qualités sportives. Je me suis bien trop cachée, je crois bien. A jouer les pétasses durant des années. Il y a bien plus que ça mais le mettre en avant ? Pas vraiment… J’aime me sentir comme les autres filles… Être normale, c’est une vie qui me plait. J’expire légèrement et reporte pour mon attention sur ma gaufre. Elle est plus conséquente que celle de Kai, plus gourmande… mais j’assume totalement. D’ailleurs, je suis un peu perdue ; Kai me regarde, rit en parlant de mon « maquillage » mais je ne comprends pas pourquoi… Et là, je regarde ma gaufre. J’en ai partout, c’est certain ! Je tente de m’essuyer rapidement le visage pendant qu’il nous emmène vers un endroit « plus calme », comme je l’avais demandé. Mes désirs sont des ordres, hein hein…

Kai nous aventure dans un endroit assez… ardu ! Mais je me lance à sa suite un peu lentement parce que je ne connais pas trop le terrain. J’engloutis rapidement mon dernier bout de gaufre pour le rejoindre puis finalement, observe le paysage qui s’offre à nous. Contrairement à ce qu’on peut croire, je ne vais pas coller Kai de suite, je m’approche de l’eau pour me laver les mains de tout ce chocolat avant de venir vers lui. « C’est joli ici… » dis-je d’une voix douce alors que je m’assied à ses côtés, contre lui… Un frisson me parcourt… Vous savez, ce petit frisson quand vous vous rendez compte que vous êtes heureux ? Bien évidemment, je ne l’avoue pas.

« Kai… » Ma voix brise le silence mélodieux et idyllique de ce moment romantique. Je bouge un peu pour rencontrer le regard du Delta, glisse mes doigts sur sa joue avec tendresse. Je n’ai pas oublié… le ton de sa voix, la contenance de notre discussion de tout à l’heure. Je ressens comme une émotion bizarre. Mon cœur se serre, mon ventre se noue. Il m’a touché et je n’arrive pas à l’oublier. J’ai cru qu’il cèderait… « Tout à l’heure, tu m’as parlé de ta mère… ça fait combien de temps ? Si … ce n’est pas trop indiscret… » Je n’ose pas lui demander « comment », je sais bien que c’est une histoire qui le touche encore énormément. Je me serre un peu plus contre lui.

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« Oui ? » Dis-je, non pas comme une question, mais comme pour montrer que je suis attentif à ce qu’elle va dire quand elle dicte mon prénom.  Tournant mon visage vers elle, curieux de savoir ce qu’elle va dire alors que le soleil éclaire son visage et que le bruit des vagues accompagne mes pensées. Ses paroles, cependant, me refroidissent bien vite et je ne peux m’empêcher d’observer le mouvement des vagues. Leur va et vient. Comme pour réfléchir sur la façon de le dire. Marquant une forte pause après la question. J’ai presque envie de lui dire que c’est indiscret, que je n’ai aucune envie d’aborder ce sujet. Mais je sais, au fond de moi, que cela fait des années que je n’en ai parlées à personne. Si ce n’est pas pour dire jamais. Et pourtant, que je devrais le faire. Telle une partie de ma vie que je tente de dissimuler, sans aucune intention. Voulant être comme les autres mecs, ne pas être le pauvre petit Kai qui a perdu sa mère et qui ne voit jamais son père. Ne plus être celui-là, victime des mauvais mots de gamins du quartier. C’est probablement pour ça que je n’en parle jamais, pour ne pas voir le regard des autres changer sur ma personne. Je suis qui je suis et je n’ai pas besoin qu’on vienne s’apitoyer sur mon sort. « Depuis presque toujours … » Lâchais-je doucement. Mélancoliquement. Un peu mal à l’aise. Sachant pertinemment que mon histoire n’est rien à côté de celle de l’italienne. Comme l’impression que mes plaintes sont ridicules, que je ne devrais pas. Pourtant, le regard insistant de Gia semble me dire le contraire. Okay, je vais continuer. « A la naissance de ma sœur pour être exact. » Quand l’une vient au monde, la seconde disparaît. Un échange de vie dans ce bas monde. Oh ce n’est pas pour ça que je suis malheureux. Loin de là. Mais j’ai connu ma mère. J’ai des souvenirs. La première année de ma sœur je croie. Et puis, elle est partie. Mon père a pris ses distances, cause professionnelle. « A la fin de sa première année. » Je lâche des informations, petit à petit, doucement, comme un puzzle qu’il faut reconstruire. Et puis je m’arrête. Avalant ma salive. Considérant que cela suffise. « Mais ce n’est pas une histoire intéressante. » Je sourie, difficilement, pour détendre l’atmosphère. Prenant Gia par les épaules, la rapprochant de moi, embrassant son front tout en fermant les yeux. « Demandes moi plutôt quels sont les secrets de cette île, j’y arriverais mieux. » Comme pour changer de sujet. Comme pour effacer la boule qui se forme au creux de ma gorge.

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... Mais que la réalité est tout autre :

Ça me fait bizarre d’avoir ce genre de conversation avec Kai. D’un sens, c’est en même temps, normal car nous sommes ensemble et qu’on apprend à se connaitre. Qu’on devient intime, proche et savoir certaines choses de l’autre, c’est essentiel. Bien qu’il faut préserver son petit jardin secret… Je suis à la fois heureuse de le connaitre sur sa vie de famille… Il me fait confiance s’il m’en parle à cœur ouvert. Petit à petit, Kai dévoile des informations sur la mort de sa mère. Peu de temps après la naissance de sa petite sœur. Ça me fend le cœur d’apprendre ça, il l’a connu mais c’était peu de temps. J’ai l’impression de l’envier car je n’ai pas connu ma mère biologique parce qu’on lui a arraché la vie mais au fond, je compatis plus à sa douleur. Je le soutiens comme je le peux en me tenant contre lui, le réconfortant de ma présence. Je lâche un rire nerveux quand il préfère parler d’Hawaï et ses secrets. C’est mignon d’essayer de me détourner de la conversation mais ce n’est pas aussi facile que ça de m’avoir ! « C’est toi qui m’intéresse le plus… » Plus que beaucoup de choses. Je ne vois pas vraiment ce qui pourrait passer devant lui dans mes priorités. Il m’a eu…

« Je te remercie d’avoir partagé un petit bout de ta vie avec moi. » Je lui vole un rapide baiser sur les lèvres avant de reposer ma tête contre lui. C’est fou ce que je me sens niaise et aussi rêveuse qu’une enfant à ses côtés. Ce moment est romantique et pourtant, je ne me laisse pas autant emporter : je ne suis pas très douée pour ça. « Ce n’est pas mon genre de faire l’autruche mais je ne veux pas te forcer. Je n’ai pas envie de te faire du mal. Saches que je suis là pour toi, je te jugerais jamais, d’accord ? »

Dans un mouvement rapide, je pousse légèrement Kai pour qu’il s’allonge sur le dos et que je puisse me poser à califourchon sur ses hanches. Je passe doucement ma main sur son ventre avant de m’allonger contre lui. Je ferme les yeux et me blottit contre lui, imprégnant l’âme d’un réconfort jusque-là, inégalé. « Fais moi ressentir Hawaï… » dis-je avec douceur alors que j’écoute doucement les battements de son cœur accompagné du bruissements des vagues et du vent. C’est si bon…

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