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    where the citizens like to sit (brooklyn)

    Ven 4 Déc 2015 - 14:46
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    William Sorel
    William Sorel
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    Métier/occupation : Professeur de littérature française à l'UCLA à partir de la rentrée 2015.
    Études & fraternité/sororité : Diplômé en littérature française.
    Résidence : Loft dans le Central où vous trouverez plein de livres, trop de livres, et un peu de désordre.

    they say they want the kingdom




    Le jour je m'égarais sur de grandes bruyères terminées par des forêts. Qu'il fallait peu de chose à ma rêverie : un feuille séchée que le vent chassait devant moi, une cabane dont la fumée s'élevait de la cime dépouillée des arbres, la mousse qui tremblait au souffle du nord sur le tronc d'un chêne, une roche écartée, un étang désert ou le jonc flétri murmurait ! Le clocher solitaire, s'élevant au loin dans la vallée, a souvent attiré mes regards ; souvent j'ai suivi des yeux les oiseaux de passage qui volaient au-dessus de ma tête. Je me figurais les bords ignorés, les climats lointains où ils se rendent ; j'aurais voulu être sur leurs ailes. Un secret instinct me tourmentais ; je sentais que je n'étais moi-même qu'un voyageur ; mais une voix du ciel semblait me dire : « homme, la saison de ta migration n'est pas encore venue ; attends que le vent de la mort se lève, alors tu déploieras ton vol vers ces régions inconnues que ton cœur demande. »
    « Levez-vous vite, orages désirés qui devez emporter René dans les espaces d'une autre vie ! » Ainsi disant, je marchais à grands pas, le visage enflammé, le vent sifflant dans ma chevelure, ne sentant ni pluie ni frimas, tourmenté, et comme possédé par le démon de mon cœur.



    Si proche de la poésie en prose qu’augure Chateaubriand dans son oeuvre, et si loin du campus universitaire presque trop moderne dans lequel il se tient - malgré tout à son aise sur ce banc isolé - William semble ailleurs, porté dans cet univers qu’il a tant de fois imaginé tout au long de sa jeunesse. Lorsqu’il était lycéen à Paris, il s’amourachait déjà de ces oeuvres romantiques et de tous les sentiments qu’elles dépeignaient avec une intensité et justesse passionnantes. En tout cas, cela l’a toujours passionné, lui… L’Histoire et les mots qui l’embrassent, tous ces écrivains qui, enfin, ouvraient leurs yeux sur le monde, le voyage et l’exaltation.

    René de Chateaubriand, oeuvre qu’il a proposé à ses étudiants de maîtrise pour qu’ils n’oublient pas leurs nombreuses leçons sur le romantisme du 19ème siècle durant les vacances de Noël. Entre autres classiques de cette fameuse période littéraire, d’ailleurs. Et puisqu’il n’est pas un professeur particulièrement plus doué que les autres ou avec une mémoire hors du commun, William prend le temps de relire, lui aussi, le livre en question. Malgré toutes ses connaissances à son sujet et surtout sur le romantisme, il n’en est pour autant pas un incollable et n’aurait d’ailleurs certainement pas la prétention de l’être, pas même devant ses étudiants. Voilà pourquoi on peut le retrouver très régulièrement un livre à la main, que ce soit à l’université, chez lui, ou dehors, en train de lire des oeuvres qu’il a déjà en réalité lues maintes fois. Sans cesse en quête de détails qui auraient pu lui échapper, dans un moment de déconcentration…

    Il demeure un long moment seul sur ce banc, situé un peu à l’écart de l’effervescence estudiantine, jusqu’à ce qu’une présence étrangère s’approche. Le professeur, jambes élégamment croisées et regard fixé sur les lignes de son livre, semble néanmoins imperturbable…
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    L'amour est une fleur délicieuse, mais il faut avoir le courage d'aller la cueillir. Stendhal

    Re: where the citizens like to sit (brooklyn)

    Dim 6 Déc 2015 - 13:34
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    Brooklyn Wayne
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    Les pages sont vides. Je ne veux pas y raconter ma journée. Ou ma semaine. A quoi bon. C'est la spirale infernale de l'existence — un coup en haut, un coup en bas. Tu pensais pas que ça faisait bien trop longtemps que t'étais heureuse, Brooke? Il était temps que le karma rétablisse l'ordre des choses... Les pages sont vides, et elles m'exaspèrent. J'en soupire et ferme le journal. Je sais qui si je dois écrire, ce sera sur lui ; et il est hors de question de me laisser aller à penser à lui. Il en avait déjà trop fait. Pour moi — non, contre moi.

    C'est l'après-midi. Rien de bien intéressant qui se produit ici non plus — tous les élèves vont et viennent, poursuivent le cours de leur existence. Mais moi je suis bloquée là, à essayer du mieux que je peux de ne pas penser, de ne pas réfléchir. Espérant encore pouvoir y changer quoique ce soit, à mes pensées... Comme si je pouvais contourner ce qui fait battre mon coeur. J'attrape une cigarette du bouts des doigts et l'allume à mon bec.

    C'est l'après-midi. Plein milieu de l'après-midi, et la foule se dissipe progressivement alors que majorité des élèves trouvent le chemin de leur salle de classe. J'ai cours, mais je m'en fous. Qu'est-ce que ça peut bien foutre, eh, comme si c'était important. Dernière année, il n'y a que des projets à rendre, des mémoires à écrire, des endroits à visiter ; je n'ai pas le temps ni l'énergie nécessaires à perdre mes heures derrière un bureau. Perdues... perdues. Jamais rattrapées, ces heures, passées ici à me battre contre moi-même, à chasser mes démons à gros coup de ta gueule! et d'ongles rongées.

    Mes yeux balaient l'horizon et se posent sur un banc à distance. Un homme y est assis, les jambes croisées, l'air relaxé, profondément concentré dans la distraction la plus ultime — le livre. Je ne sais pas ce qu'il lit ; je me le demande, et je tire sur ma cigarette en contemplant sa silhouette. Puis mes yeux divaguent vers mon sac — non, Brooke, tu n'as pas de livre. Pas aujourd'hui, tu avais décidé d'écrire, aujourd'hui... Ah!, bien sûr. Rien! Rien pour décrocher mon esprit d'une pensée qui se bouffe la queue... Mais il a l'air si emporté ; je ne l'ai pas vu relever la tête depuis un bon moment.

    Il avait déjà attiré mon oeil ; souvent je le remarque, ici et là, toujours le même, impeccablement habillé, l'air éparpillé dans ces histoires fantastiques. Je ne sais pas qui il est, j'en ai pas grand chose à faire... Peut-être que si— un autre jour...? Ou aujourd'hui. Il avait déjà attiré mon oeil, je me souviens, de loin, il est comme un aimant, une lumière dans l'obscurité. Il ne déroge jamais à la règle ; un livre et la solitude. Jamais personne à rejoindre, jamais la perspective d'être dérangé, juste se délecter du moment de paix et d'oubli.

    Je jette ma cigarette dans le cendrier près du banc, je ne rate jamais mon coup. Mes pieds me démangent et j'ai cette envie soudaine de m'oublier. Alors je me lève et me dirige vers le banc face à moi. Jamais pour le déranger, non ; il semble si incroyablement apaisé dans la contemplation des pages. Je m'approche discrètement, il ne me remarquera pas. Peut-être plus tard, après. Je veux juste contempler, aussi, et oublier — comme toi.

    Sa tête baissée sur les mots qui me sont encore flous, j'en profite pour m'asseoir près de lui sur le dossier du banc, en hauteur, pour pouvoir lire par-dessus son épaule. René de Chateaubriand en haut des pages, la première chose que je remarque... Littérature française, un défi pour mon esprit à l'affût de nouvelles passions. Le livre est déjà entamé, je n'aurais pas le plaisir des premières pages — mais l'histoire peut encore se suivre, sûrement.

    J'oublie les contours et le parfum de l'inconnu que je surplombe et je me plonge dans le livre, je me dépêche ; peut-être dans une seconde tournera-t-il la page, et j'aurais encore perdu une occasion de me perdre. De m'oublier.

    "... Levez-vous vite, orages désirés qui devez emporter René dans les espaces d'une autre vie ! » Ainsi disant, je marchais à grands pas, le visage enflammé, le vent sifflant dans ma chevelure, ne sentant ni pluie ni frimas, tourmenté, et comme possédé par le démon de mon cœur."

    Re: where the citizens like to sit (brooklyn)

    Sam 2 Jan 2016 - 23:06
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    William Sorel
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    Même dans sa solitude, William n’est jamais tout à fait seul. Au fil des pages tournées, il voyage avec ces personnages qu’il apprend à découvrir de différentes façons et sous différents axes. Il suit leurs aventures, leurs pensées et continue de grandir, presque par procuration. Ses opinions, ses désirs et ses méfiances se forgent ou s’assouplissent au fur et à mesure qu’il avance dans les récits… C’est une des choses qui l’épanouissent dans son train de vie : se fortifier et s’élever à chaque lecture.

    Comme tous les professeurs en littérature, il lit son roman avec une expression de concentration et réflexion sur le visage. Quand bien même il voyage, il n’en oublie pas sa mission, celle de l’échange. Ses étudiants commencent à le cerner, tout du moins à cerner son enseignement. Véritable passionné, ils croient parfois avoir face à eux un homme qui s’oublie trop. Trop détendu dans sa prestance, trop détaché des pédagogies traditionnelles. C’est pourtant un homme qu’ils écoutent, pour la plupart, sans voir le temps passer. Sans doute est-ce cette faculté à annihiler les barrières de l’enseignement trop stricte, trop ajusté et mesuré. William lui ne s’impose aucune barrière, ni à ses élèves d’ailleurs, tant que le respect reste souverain. Et c’est peut-être pour cela que ses étudiants ressortent souvent un brin rêveurs de ses cours. Rêveurs et songeurs sur des questions qui ont été abordées. Là réside l’un de ses objectifs premiers : mener à la réflexion et non à l’engourdissement. La littérature ne devrait en aucun cas être une plaie mais bel et bien un outil à l’ouverture de l’esprit. S’il oublie parfois que des centaines d’étudiants l’écoutent, il reste pourtant un professeur soucieux d’être entendu et surtout compris.

    Les minutes passent sans qu’il ne fasse attention à cette nouvelle présence. Elle est pourtant proche, à la limite de ce que l’on tolérerait dans son pays d’origine d’une personne étrangère. Il est en pleine exploration d’un des nombreux lieux évoqués dans son roman quand, enfin, il sent ce regard porté sur lui. Son regard à lui reste d’abord accroché à sa ligne, puis il s’abaisse un peu plus bas, sur un coin de page… se rapprochant faiblement, mais sûrement de ce corps étranger. Deux pieds, deux jambes, deux genoux, et le reste. Ils ne les voient pas, ou pas comme on l’entend, mais il les sent, il les entrevoient. Tout comme il comprend très vite, sans même avoir à relever les prunelles, qu’il s’agit d’un corps féminin. Porté sur les sens, il tente de déceler un parfum et tend l’oreille, son regard toujours légèrement en coin vers le bas. Délicate entreprise, pour imaginer un visage.

    Mais il ne va pas plus loin. Un vague soupir trahit la fin d’un flottement et fait suite à une inspiration manquée depuis plusieurs secondes. On pourrait presque remarquer un sourire sur le coin de ses lèvres. William laisse la possibilité à cette personne de partir ou de rester. De s’éloigner ou de se rapprocher, de la façon qu’elle choisira. Il accepte la part de mystère de cette situation et cherche même à être surpris. Pour cela, il replonge dans sa lecture et retrouve, avec un peu moins de facilité, cette concentration perdue. Ses jambes se détachent et se recroisent, ses doigts tournent une nouvelle page…
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    L'amour est une fleur délicieuse, mais il faut avoir le courage d'aller la cueillir. Stendhal

    Re: where the citizens like to sit (brooklyn)

    Dim 3 Jan 2016 - 20:14
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    Brooklyn Wayne
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    En un soupir, la page se tourne. Il me manquait quelques phrases, mais alors que mes lèvres s'entrouvrent d'hésitation, mon cerveau s'empresse de dicter à ma langue de se taire. Mes sourcils se froncent et j'entame la page qui suit sans plus attendre, mes pensées se diluant doucement dans les mélanges de mots exotiques et les histoires merveilleuses.

    S'il avait senti ma présence — dur de la rater, mes jambes si près, mes cheveux au vent presque se mélangeant avec les siens  — il n'avait pipé mot. Peut-être qu'il pensait me connaître ; peut-être qu'il n'en n'avait pas grand chose à foutre, aussi. Comme moi.  Les mots dansent et se succèdent, mais certains m'échappent ; comme une signification qui n'a pas lieu d'être dans certaines phrases. La touche française — ou peut-être le synonyme incompris.

    ...

    Puis les pages se tournent, encore et encore, avalant les chapitres dans ses raz-de-marrée incessants, balayant les personnages d'un revers léger, dévoilant l'intimité des mots, les histoires insolites, les faces cachées des personnages. Les pages se tournent entraînant avec elles mes pensées qui se dissipent entre les lignes, les phrases et les boucles des "o" ; sans savoir combien de temps passe autour de nos deux silhouettes absorbées, de nos deux silhouettes perdues entre le vent, le soleil qui descend à l'horizon et les élèves qui marchent...

    Le livre semble avancer et faire tourner les nuages et rougir le ciel. Le livre avance et moi je lui cours après, mon esprit bien derrière à la traîne, alors que les paragraphes se confondent. Le temps — autour ; quoi? Le temps, je ne le calcule plus. Il m'a dépassée, comme les personnages qui s'enfuient et qui perdent ma compréhension, qui se troublent entre les intrigues et puis les dialogues ; entre tout ce qui glisse comme le sable dans la main, l'éphémère.

    Amélie au couvent, éprise d'une tristesse inconnue, dont le frère semble autant souffrir ; Amélie, mais pourquoi — elle me perd. Elle me perd parce qu'elle a mal pour rien, parce qu'elle n'a pas de raison — la raison? Amélie...

    Amélie...

    "Attends, quoi...?"

    C'est enfin là qu'on la dévoile, sa raison ; c'est enfin là qu'elle s'avoue éprise non pas d'une tristesse inconnue, mais du frère.
    Mais
    du
    frère ?

    Re: where the citizens like to sit (brooklyn)

    Mer 20 Jan 2016 - 15:18
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    William Sorel
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    William poursuit sa lecture, page après page, comme l’on dévore n’importe quel délice.

    La solitude ensevelit René. René en deviendrait presque misanthrope, mais il choisit de combattre sa solitude plutôt que de la laisser l’enterrer. Il retrouve Amélie, sa chère soeur, la seule capable de lui décrocher des mots. Des mots et…

    William ne goûte pas au plaisir de la découverte. Il savoure une nouvelle fois à ce récit, sans surprise, avec un regard plus précis et une analyse plus rigoureuse.

    La culpabilité ronge bientôt Amélie et lui fabrique une nouvelle perspective. Puisant dans ses croyances, elle se revêt de blanc et de noir en espérant se repentir d’un amour immoral…

    "Attends, quoi...?"

    Oui… Quoi ?

    L’interrogation s’agrippe à William, lui retirant toute la concentration qu’il a accumulée au fil des minutes. Il n’y a plus que cette personne à côté de lui, dont l’existence, la matière et le parfum l’accaparent à nouveau. Il avait oublié qu’il était pas seul sur ce banc, protégé par le rempart de son imaginaire. Mais celui-ci s’est décliné brutalement, sans crier gare.

    Tandis qu’il rabaisse son livre, ses prunelles se relèvent et il prend enfin le temps d’aller chercher le regard de la précédente voix, surgie de presque nulle part. Des yeux bleus, d’un bleu si profond… C’est tout ce qu’il voit, c’est tout ce qu’il entend. Ce grand bleu inconnu, étrangement intéressé par ce qu’il tient entre ses mains. Voici que commence l’intrigue. D’elle à lui, de lui à elle. La question est inévitable, ce fin sourire sur les lèvres du professeur l’aurait été davantage.

    “Étiez-vous en train de lire ?”

    Cette question n’est pas anodine. Son visage ne lui dit rien et pourtant, peu d’individus dans cette université pourraient lire et comprendre Chateaubriant dans sa langue.
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    Re: where the citizens like to sit (brooklyn)

    Mer 20 Jan 2016 - 20:48
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    Mes yeux ne quittent pas les quelques mots qui divulguent l'impensable, l'erreur. L'erreur fatale du coeur d'Amélie, l'erreur fatale du frère qui avance pas à pas dans l'incompréhension totale. Erreur, Chateaubriand, d'avoir tant bafoué l'amour en le rendant impossible. Erreur, car il m'a perdue, voyez-vous, cet amour interdit ; perdue dans les méandres de l'incompréhension de René. Lui aussi, comme aveuglé, il avance à reculons à travers les chapitres. Il trouve la soeur enfin pour la perdre encore alors qu'elle s'enferme, reclus dans les tombaux de ses propres péchés. Il la trouve pour qu'elle s'enfuie, encore, et s'enterre dans la douleur indicible.

    "Etiez-vous entrain de lire ?"

    J'avais laissé échapper quelques mots perplexes comme un réflexe. J'aurais peut-être dû m'abstenir. Le son suave et grave de sa voix fait tourner mes pupilles des lettres dansantes à son visage, jusqu'alors penché — je n'avais pas pu voir clairement ses traits. A présent ils se dévoient à moi comme la lune après le jour. D'un pâle extraordinaire, la peau lisse, les os fins ; les yeux bleus, les lèvres roses. Une vision angélique à laquelle je n'étais pas préparée.

    Une seconde peut-être je me perds dans la contemplation de l'inconnu, après tant de temps passé assise près de lui, il n'y avait, au final, presque que son odeur qui me semblait familière — et encore, elle n'était probablement qu'un écho délavé de la fraîcheur de son parfum, épuisé après les cours, le temps qui passe et le soleil qui frappe.

    Derrière, loin, dans ma tête, encore ses paroles qui résonnent. Entrain de lire? Bien sûr que j'étais entrain de lire. Que pensais-tu que je faisais assise ici à prendre l'air, que je contemplais ta nuque pour le plaisir de n'avoir rien à faire? Son ton laisse penser que ça le surprend, ce qui me perd encore — comme René. Perdue, cet après-midi, autre part que dans ma tête ; me voilà enfin perdue, en-dehors de mes pensées.

    C'est parce que je suis blonde— non, mais, Brooke. Tais-toi, veux-tu? Pourquoi penser qu'il te manquait de respect ; on s'attend peut-être à ce que personne ne sache lire, ici, à l'U.C.L.A. Mais bien sûr, que je lis ; par-dessus ton épaule, tant bien que mal, le français sonnant souvent trop creux à mon oreille. J'avais réussi à faufiler ma compréhension jusqu'à ce chapitre damné, puis l'histoire m'avait perdue, en plus de l'avalanche de mots qui me passaient à côté...

    "Non, c'est pas ça, la question à poser." Je décide immédiatement d'adresser le problème. Quelle est donc cette histoire sans queue ni tête, qui me fait suivre un personnage jusque dans les méandres de ses tourments pour enfin m'annoncer qu'il n'y a aucun espoir de salvation? Aucun — non, ni pour lui, ni pour elle ; perdue dans les enfers, déjà, comme moi, perdue! perdue! par l'amour qui la ronge. "Ce qu'il faudrait se poser, comme question, c'est : pourquoi? Merde, je commençais à l'apprécier ce bouquin, puis il fallait qu'il la fasse tomber amoureuse du frère n'est-ce pas? Enfin, du frère! J'aurais compris — encore — si ça avait été du théâtre ; là, alors, j'aurais compris — peut-être — la tragédie incontournable mais... le frère? Bordel— le frère? Ca n'a pas de sens." Je fais une pause, quelques secondes, je souffle, les yeux encore fixés sur les mots révélateurs dans ce chapitre maudit. Je sentais la critique me ronger doucement, l'excitation de l'histoire s'étant perdue derrière les pages tournées. J'avais tenté d'apprécier la pointilleuse référence culturelle qu'est le livre en soi, sans jamais m'abandonner aux préjugés sur la littérature française, préjugés prouvant d'un manque de discernement total de notre part ; mais d'un point de vue pratique et logique, c'était à côté de la plaque. Une petite révolte de mon cerveau contre la tournure de l'histoire — à côté de la plaque. "Puis, il nous la présente, on en tomberait amoureux, presque, d'Amélie — non? ; à sa recherche pendant des siècles on aurait dit — des siècles! Puis là, elle est condamnée, c'est fini? Il la laisse au couvant pourrir de l'intérieur de cet amour noir — mais non. Mais non, enfin ; pourquoi? La voilà, la question."

    Re: where the citizens like to sit (brooklyn)

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