they say they want the kingdom
Le jour je m'égarais sur de grandes bruyères terminées par des forêts. Qu'il fallait peu de chose à ma rêverie : un feuille séchée que le vent chassait devant moi, une cabane dont la fumée s'élevait de la cime dépouillée des arbres, la mousse qui tremblait au souffle du nord sur le tronc d'un chêne, une roche écartée, un étang désert ou le jonc flétri murmurait ! Le clocher solitaire, s'élevant au loin dans la vallée, a souvent attiré mes regards ; souvent j'ai suivi des yeux les oiseaux de passage qui volaient au-dessus de ma tête. Je me figurais les bords ignorés, les climats lointains où ils se rendent ; j'aurais voulu être sur leurs ailes. Un secret instinct me tourmentais ; je sentais que je n'étais moi-même qu'un voyageur ; mais une voix du ciel semblait me dire : « homme, la saison de ta migration n'est pas encore venue ; attends que le vent de la mort se lève, alors tu déploieras ton vol vers ces régions inconnues que ton cœur demande. »
« Levez-vous vite, orages désirés qui devez emporter René dans les espaces d'une autre vie ! » Ainsi disant, je marchais à grands pas, le visage enflammé, le vent sifflant dans ma chevelure, ne sentant ni pluie ni frimas, tourmenté, et comme possédé par le démon de mon cœur.
Si proche de la poésie en prose qu’augure Chateaubriand dans son oeuvre, et si loin du campus universitaire presque trop moderne dans lequel il se tient - malgré tout à son aise sur ce banc isolé - William semble ailleurs, porté dans cet univers qu’il a tant de fois imaginé tout au long de sa jeunesse. Lorsqu’il était lycéen à Paris, il s’amourachait déjà de ces oeuvres romantiques et de tous les sentiments qu’elles dépeignaient avec une intensité et justesse passionnantes. En tout cas, cela l’a toujours passionné, lui… L’Histoire et les mots qui l’embrassent, tous ces écrivains qui, enfin, ouvraient leurs yeux sur le monde, le voyage et l’exaltation.
René de Chateaubriand, oeuvre qu’il a proposé à ses étudiants de maîtrise pour qu’ils n’oublient pas leurs nombreuses leçons sur le romantisme du 19ème siècle durant les vacances de Noël. Entre autres classiques de cette fameuse période littéraire, d’ailleurs. Et puisqu’il n’est pas un professeur particulièrement plus doué que les autres ou avec une mémoire hors du commun, William prend le temps de relire, lui aussi, le livre en question. Malgré toutes ses connaissances à son sujet et surtout sur le romantisme, il n’en est pour autant pas un incollable et n’aurait d’ailleurs certainement pas la prétention de l’être, pas même devant ses étudiants. Voilà pourquoi on peut le retrouver très régulièrement un livre à la main, que ce soit à l’université, chez lui, ou dehors, en train de lire des oeuvres qu’il a déjà en réalité lues maintes fois. Sans cesse en quête de détails qui auraient pu lui échapper, dans un moment de déconcentration…
Il demeure un long moment seul sur ce banc, situé un peu à l’écart de l’effervescence estudiantine, jusqu’à ce qu’une présence étrangère s’approche. Le professeur, jambes élégamment croisées et regard fixé sur les lignes de son livre, semble néanmoins imperturbable…
« Levez-vous vite, orages désirés qui devez emporter René dans les espaces d'une autre vie ! » Ainsi disant, je marchais à grands pas, le visage enflammé, le vent sifflant dans ma chevelure, ne sentant ni pluie ni frimas, tourmenté, et comme possédé par le démon de mon cœur.
Si proche de la poésie en prose qu’augure Chateaubriand dans son oeuvre, et si loin du campus universitaire presque trop moderne dans lequel il se tient - malgré tout à son aise sur ce banc isolé - William semble ailleurs, porté dans cet univers qu’il a tant de fois imaginé tout au long de sa jeunesse. Lorsqu’il était lycéen à Paris, il s’amourachait déjà de ces oeuvres romantiques et de tous les sentiments qu’elles dépeignaient avec une intensité et justesse passionnantes. En tout cas, cela l’a toujours passionné, lui… L’Histoire et les mots qui l’embrassent, tous ces écrivains qui, enfin, ouvraient leurs yeux sur le monde, le voyage et l’exaltation.
René de Chateaubriand, oeuvre qu’il a proposé à ses étudiants de maîtrise pour qu’ils n’oublient pas leurs nombreuses leçons sur le romantisme du 19ème siècle durant les vacances de Noël. Entre autres classiques de cette fameuse période littéraire, d’ailleurs. Et puisqu’il n’est pas un professeur particulièrement plus doué que les autres ou avec une mémoire hors du commun, William prend le temps de relire, lui aussi, le livre en question. Malgré toutes ses connaissances à son sujet et surtout sur le romantisme, il n’en est pour autant pas un incollable et n’aurait d’ailleurs certainement pas la prétention de l’être, pas même devant ses étudiants. Voilà pourquoi on peut le retrouver très régulièrement un livre à la main, que ce soit à l’université, chez lui, ou dehors, en train de lire des oeuvres qu’il a déjà en réalité lues maintes fois. Sans cesse en quête de détails qui auraient pu lui échapper, dans un moment de déconcentration…
Il demeure un long moment seul sur ce banc, situé un peu à l’écart de l’effervescence estudiantine, jusqu’à ce qu’une présence étrangère s’approche. Le professeur, jambes élégamment croisées et regard fixé sur les lignes de son livre, semble néanmoins imperturbable…
L'amour est une fleur délicieuse, mais il faut avoir le courage d'aller la cueillir. Stendhal