Les noms sont des capsules d’histoire.
Sandstrøm.
Celui-là avait le sable en ouverture et la tempête en finale. Une finale qui forçait les lèvres à s’ouvrir, s’arrondir. Une finale qui ouvre, cela n’est pas une vraie finale.
Cendres répétait ce nom
Cendres le répétait en marchant. Sans penser à rien, sans rien peser sur le sol de l’UCLA. Il était tout dans ses pensées. Et aux yeux du monde, il paraissait avoir tout oublié du monde.
Il marchait en se demandant qui pouvait porter un tel nom. Une femme, lui avait-on dit. Une Lola. Lola ? Avait-il répété étonné. Oui, Lola, pourquoi ? Cela lui semblait bien doux dans la bouche. Bien moelleux. Juste à côté de Sandstrøm, qui était si sable, si sifflement ?
Oui c’était ça, pour Cendres, l’histoire de Lola Sandstrøm : des grains de tempête, quelque chose comme ça, à côté de Lola, une fille tout en L, en ailes… Oh oui, il l’imaginait comme ça.
Alors il marchait en répétant le nom. Parce qu’il aimait ça, les noms capsules curieux qui racontaient des histoires comme ça.
Il le dit tout haut, de façon brève. Une tempête qui était déjà là.
Il le dit tout bas, de façon brève. Un secret très dangereux.
Il le murmura lentement, à la limite du sifflement. Une parole de serpent fâché.
Lola, tout d’un coup. Lola, avec ses L et ses ailes, au milieu d’un désert ravagé par le vent. Des plumes pour voler dans un désert tempétueux, au-dessus du danger, loin du serpent.
Il finit par arriver devant la double porte de la salle de couture. Une grande, haute, double, lourde porte. Elle ressemblait à l’entrée des cavernes cachées. Il posa son oreille contre la porte, les deux mains tout contre aussi. Pour écouter si Lola faisait du bruit dans la salle de couture. Quels étaient les bruits de la vie de Lola ? Des bruits d’ailes ou des bruits de sable pris dans la tempête ?
Il attendit. Il n’entendit rien. Il fit la moue.
Cendres avait envie de connaitre la fin de l’histoire de Lola Sandstrøm. Il voulait connaitre l’épilogue avant d’entrer dans la salle de couture. Parce qu’une histoire sans fin, c’est une histoire qui ne vous quitte jamais.
Il soupira.
Il leva la main droite pour frapper à la porte.
Il ne frappa pas à la porte.
Il mit sa main sur la poignée.
Il ouvrit la porte.
Peut-être que la vraie Lola, prise par surprise, était la Lola des contes ?
Il ouvrit la porte doucement. Sans bruit, sans son.
Il passa la tête. Jeta un œil. Ne vit pas Lola.
Il n’y avait personne.
Il ouvrit la porte tout à fait.
Il passa tout son corps, toujours sans bruit (les contes aiment dormir)
Il fit trois pas dans la salle de couture.
Tourna sa tête à droite.
Il n’y avait personne.
Tourna sa tête à gauche.
Il n’y avait personne.
Mais il y avait une ombre.
Là-bas, loin, cachée derrière un monticule de tissus. De lambeaux propres. Des choses flasques desquelles pendaient des fils de trame arrachés par des ciseaux malhabiles.
Il y avait un dos arrondi. Par-là, à gauche, par-delà les machines à coudre et les mannequins, et les tables, et les caisses, et les indéfinissables choses que les étudiants utilisent au cours de couture.
Cendres s’avança.
A trois mètres de la jeune fille, il prononça son nom.
Elle releva la tête.
Cendres se demanda si sa voix contait pour les autres. Est-ce que Lola, en entendant son nom prononcé par lui, devinait les histoires de sable, de serpent et d’ailes ?
Il cilla une fois.
Il sourit.
Il se présenta.
Un mail… Une de ces choses carrées qui s’affichent sur un écran. Plat. Blanc. Lumineux.
Un mail… Un ensemble de mots pixellisés et carrétisés dans des polices standardisées.
Un mail… Cendres détestait ça.
Le mail avait été bref, poli, flou, quasi évanescent. Il avait dit, le mail, du bout des mots, qu’il avait besoin de son aide pour mettre au point un cours d’ergologie. Il avait oublié de préciser tout le reste. Parce que Cendres, sous ses airs masculins, a l’humeur éthérée des femmes qui n’ont jamais eu d’enfant. Il a l’organisation impossible et la planification utopique.
Il s’avança jusqu’à pouvoir lui tendre la main.
Il lui tendit la main.
L’ouvrit.
Laissa son regard tomber vers sa main.
Attendit que Lola y mette la sienne.
Parce qu'il voulait voir ses mains, à Lola Sandstrøm.
Est-ce qu’elles étaient légères comme des ailes ?
Etaient-elles douces ?
Ou avaient-elles le grain des sables des tempêtes ?
Sandstrøm.
Celui-là avait le sable en ouverture et la tempête en finale. Une finale qui forçait les lèvres à s’ouvrir, s’arrondir. Une finale qui ouvre, cela n’est pas une vraie finale.
Cendres répétait ce nom
Sandstrøm
...
Sandstrøm
...
Sandstrøm
...
Sandstrøm
...
Sandstrøm
Cendres le répétait en marchant. Sans penser à rien, sans rien peser sur le sol de l’UCLA. Il était tout dans ses pensées. Et aux yeux du monde, il paraissait avoir tout oublié du monde.
Il marchait en se demandant qui pouvait porter un tel nom. Une femme, lui avait-on dit. Une Lola. Lola ? Avait-il répété étonné. Oui, Lola, pourquoi ? Cela lui semblait bien doux dans la bouche. Bien moelleux. Juste à côté de Sandstrøm, qui était si sable, si sifflement ?
Oui c’était ça, pour Cendres, l’histoire de Lola Sandstrøm : des grains de tempête, quelque chose comme ça, à côté de Lola, une fille tout en L, en ailes… Oh oui, il l’imaginait comme ça.
Alors il marchait en répétant le nom. Parce qu’il aimait ça, les noms capsules curieux qui racontaient des histoires comme ça.
Sandstrøm
Il le dit tout haut, de façon brève. Une tempête qui était déjà là.
Sandstrøm
Il le dit tout bas, de façon brève. Un secret très dangereux.
S a n d s t r ø m
Il le murmura lentement, à la limite du sifflement. Une parole de serpent fâché.
Lola
Lola, tout d’un coup. Lola, avec ses L et ses ailes, au milieu d’un désert ravagé par le vent. Des plumes pour voler dans un désert tempétueux, au-dessus du danger, loin du serpent.
Il finit par arriver devant la double porte de la salle de couture. Une grande, haute, double, lourde porte. Elle ressemblait à l’entrée des cavernes cachées. Il posa son oreille contre la porte, les deux mains tout contre aussi. Pour écouter si Lola faisait du bruit dans la salle de couture. Quels étaient les bruits de la vie de Lola ? Des bruits d’ailes ou des bruits de sable pris dans la tempête ?
Il attendit. Il n’entendit rien. Il fit la moue.
Cendres avait envie de connaitre la fin de l’histoire de Lola Sandstrøm. Il voulait connaitre l’épilogue avant d’entrer dans la salle de couture. Parce qu’une histoire sans fin, c’est une histoire qui ne vous quitte jamais.
Il soupira.
Il leva la main droite pour frapper à la porte.
Il ne frappa pas à la porte.
Il mit sa main sur la poignée.
Il ouvrit la porte.
Peut-être que la vraie Lola, prise par surprise, était la Lola des contes ?
Il ouvrit la porte doucement. Sans bruit, sans son.
Il passa la tête. Jeta un œil. Ne vit pas Lola.
Il n’y avait personne.
Il ouvrit la porte tout à fait.
Il passa tout son corps, toujours sans bruit (les contes aiment dormir)
Il fit trois pas dans la salle de couture.
Tourna sa tête à droite.
Il n’y avait personne.
Tourna sa tête à gauche.
Il n’y avait personne.
Mais il y avait une ombre.
Là-bas, loin, cachée derrière un monticule de tissus. De lambeaux propres. Des choses flasques desquelles pendaient des fils de trame arrachés par des ciseaux malhabiles.
Il y avait un dos arrondi. Par-là, à gauche, par-delà les machines à coudre et les mannequins, et les tables, et les caisses, et les indéfinissables choses que les étudiants utilisent au cours de couture.
Cendres s’avança.
A trois mètres de la jeune fille, il prononça son nom.
Lola Sandstrøm ?
Elle releva la tête.
Cendres se demanda si sa voix contait pour les autres. Est-ce que Lola, en entendant son nom prononcé par lui, devinait les histoires de sable, de serpent et d’ailes ?
Il cilla une fois.
Il sourit.
Il se présenta.
Je suis Cendres, l’assistant qui vous a envoyé un mail.
Un mail… Une de ces choses carrées qui s’affichent sur un écran. Plat. Blanc. Lumineux.
Un mail… Un ensemble de mots pixellisés et carrétisés dans des polices standardisées.
Un mail… Cendres détestait ça.
Le mail avait été bref, poli, flou, quasi évanescent. Il avait dit, le mail, du bout des mots, qu’il avait besoin de son aide pour mettre au point un cours d’ergologie. Il avait oublié de préciser tout le reste. Parce que Cendres, sous ses airs masculins, a l’humeur éthérée des femmes qui n’ont jamais eu d’enfant. Il a l’organisation impossible et la planification utopique.
Connaissez-vous l’ergologie ?
Il s’avança jusqu’à pouvoir lui tendre la main.
Il lui tendit la main.
L’ouvrit.
Laissa son regard tomber vers sa main.
Attendit que Lola y mette la sienne.
Parce qu'il voulait voir ses mains, à Lola Sandstrøm.
Est-ce qu’elles étaient légères comme des ailes ?
Etaient-elles douces ?
Ou avaient-elles le grain des sables des tempêtes ?
Les contes gris