So raise a pint for the people that aren't with us
And live tonight 'cause you can't take it with ya
And live tonight 'cause you can't take it with ya
« Alors Campbell, on ne tient plus l’alcool, on se fait vieux ? » Clarence, les cheveux mouillés de sortie de douche, était allongé sur le lit d’Aaron. Ce dernier était encore entre ses draps, la tête sur l’oreiller et l’esprit dans le vague. En ce début de juin, ils étaient partis tous les deux en Irlande pour un long week-end afin de fêter les 32 ans du soigneur. A peine arrivés la veille, ils avaient assisté à un match de rugby officiel au stade de Dublin avant d’aller fêter comme il se devait la victoire de l’équipe locale. Autrement dit, ils avaient respecté la tradition irlandaise et toute la nuit avait été très arrosée de bière. Si les deux meilleurs amis étaient habitués aux beuveries interminables accompagnées d’alcools de plus en plus forts, la bière semblait avoir eu raison du photographe. Voilà plus d’une heure que Clay essayait de l’extirper du lit, une idée en tête. Il avait prévu de l’emmener sur un lac pour pêcher. Ainsi, qui disait pêche, disait heure matinale pour espérer les meilleures prises et éviter d’empiéter sur le terrain des habitués. En effet, le temps était idéal. En Irlande, l’été était d’abord timide. L’air était frais, surtout à 8 heures du matin, même si le soleil était déjà levé et le ciel découvert. Le lac était situé en pleine plaine perdue, un endroit qu’il avait déjà eu l’occasion de visiter plus jeune. S’il était situé à moins d’une heure de route de la capitale, les routes empruntées étaient si sinueuses et escarpées que le lac n’était connu que des pêcheurs locaux et des randonneurs les plus curieux. C’était une merveille de paysage et un endroit paisible si toutefois Aaron se décidait à se lever. Clay savait que cette escapade à deux n’était pas seulement l’occasion de fêter son anniversaire. Son frère de cœur avait besoin de se changer les idées et même si le blond s’était interdit d’évoquer des sujets sensibles sans l’initiative du brun, il était bien décidé à le faire rire aux éclats. Pour les deux derniers jours qu’il restait, ils n’étaient que deux compères dont l’amitié durait depuis une dizaine d’années maintenant. « Allez fillette, je t’ai même préparé un petit-déjeuner anglo-saxon. » Il asséna une énorme claque brutale sur les fesses d’Aaron encore couvertes par les draps.
Une dizaine de minutes plus tard, le fumet des saucisses et du bacon embaumait le cottage que Clarence avait loué pour l’occasion. Quand il était sur le sol de ses origines, il était impensable pour lui de louer une simple chambre d’hôtel. Depuis tout petit, il avait toujours ressenti ce besoin de s’approprier la culture de ses ancêtres et de vivre tel un local chaque fois qu’il visitait le pays. Il avait déjà préparé les kits de pêche qui attendaient dans le coffre de la Range Rover, réplique presque exacte de sa voiture restée aux Etats-Unis. Il s’affala sur une chaise de la cuisine, taquinant des dents de sa fourchette quelque bouts d’omelette fumante. Il avait beau taquiner Aaron, lui aussi avait quelque peu la gueule de bois et celle-ci se traduisait par une gloutonnerie encore plus impressionnante qu’à l’habitude. Enfin, le brun apparut dans la cuisine. La tête défaite, la barbe naissante, Aaron était presque méconnaissable. Méconnaissable pour ceux qui le côtoyaient en tant que photographe professionnel, mais c’était ainsi que Clarence l’avait connu. Lui-même. « Café, aspirine, gros câlin ? » Plaisanta-t-il en guise de bonjour.