S'apprivoiser, se faire à l'idée, accepter l'évidence. Ca avait pris un peu de temps. Certains doutes s'étaient intensifiés, d'autres en revanche s'étaient éteints. Ils avaient retrouvé la même complicité, peut-être même plus forte encore. Ils s'aimaient. Là était la plus grande des évidences. C'était avec Clarence que Leaven voulait tenter l'aventure de la vie. Traverser des obstacles qui peuvent paraître infranchissables quand on est seul, se réjouir de petits bonheurs simples, pleurer, éclater de rire, partager des dîners, se mettre de la crème solaire mutuellement, marcher main dans la main, fonder une famille. C'était avec lui et uniquement avec lui qu'elle voulait vivre tout ça. Lors des mariages religieux, les mariés se promettent de se chérir et d'être fidèles dans la richesse comme dans la pauvreté, dans la santé comme dans la maladie, dans la joie comme dans la peine. Leaven n'avait pas besoin de cérémonie, de bague au doigt ou de grande fête avec une centaine de personnes pour savoir que c'était exactement ce qu'ils allaient faire. Se soutenir, s'aimer à n'en plus finir et cette maison qui lui faisait face en était la meilleure preuve. Ils avaient cherché pendant des semaines et ils l'avaient finalement trouvé. Pour la blonde, c'était presque comme un nouveau départ, une sensation bien différente de ce qu'elle avait ressenti quand elle avait emménagé dans l'appartement de Clarence. Ce n'était pas vraiment chez eux, même si elle y était à l'aise, elle et Oréo n'étaient que des pièces rapportées à un décor déjà posé.
Ici c'était un départ de zéro, c'était leur maison, leur nid douillet qui accueillerait bientôt un bébé si ce dernier daignait pointer le bout de son nez. Même si emménager ici l'éloignait quelque peu de son frère, elle ne pouvait pas s'empêcher de sourire, de se réjouir. Ça suivait autant ses principes que ceux de Clarence qui se résumaient facilement: élever leurs enfants dans un milieu sain et calme. Ils s'engageaient donc dans l'achat d'une maison en périphérie de la ville, ce n'était pas rien, loin de là et même si elle avait conscience que c'était rapide après seulement deux ans et demi de relation, elle n'avait pas peur. Tout lui semblait être une évidence, ça coulait de source et elle se laissait porter par le courant des flots. Ils avaient déjà emmené les gros meubles avec l'aide de la famille et des amis. Ils ne restaient que des cartons avec lesquels ils allaient se débrouiller seuls. Cette maison plein pied - pour une question autant de sécurité pour leur futur bébé que pour Oréo qui se faisait vieille - ils y étaient venu de nombreuses fois pour qu'elle appréhende chaque obstacle, pour qu'elle s'habitue à sa disposition. Ça serait malheureux de se croire dans la cuisine quand on est dans les toilettes quand même. Pourtant, ça n'empêchait pas qu'elle avait un peu de mal parfois. Dans la chambre qui serait la leur, une grande baie vitrée donnait sur un petit jardin... autant dire qu'elle allait la marquer, autant mentalement que physiquement quand elle se la prenait en pleine face, persuadée pourtant de se diriger vers la porte. « Aïe, quelle idiote. » Des fois, un peu trop de confiance, peut faire des dégâts, comme une bosse par exemple. Se frottant le front par réflexe, elle ouvrait la baie vitrée, la petite brise caressant sa peau avant qu'un sourire ne vienne sur son visage. Elle pouvait entendre l'eau couler en abondance. La piscine se remplissait tranquillement. Si elle allait se faire quelques bosses dans les premiers temps, elle se sentait déjà bien ici. Ils seront bien ici!
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