C'est à se demander à qui t'essaies de faire bouffer ton mauvais pressentiment du matin. Pas à moi, en tout cas, j'espère, parce que quand je t'ai vue tourner les talons de la salle de réunion pour te précipiter jusqu'à chez Adriel, j'ai franchement rigolé. Leo l'altruiste, Leo la sauveuse : j'y crois pas, ton frère y croirait pas, le prêtre le plus optimiste de la ville n'y croirait pas ; même toi, t'y crois pas, putain, mais tu te donnes à fond, tu fais l'amie inquiète, tu te précipites jusqu'à chez lui avec la boule au ventre, l'ensemble est super réaliste voire inquiétant, quand on te connaît pas. Si on te connaît, on voit la vraie Leo : la gamine autocentrée qui a abandonné son frère dans une ville où il serait toujours rejeté, la meuf sans coeur qui a lâché son gars après dix ans parce qu'elle l'a jamais considéré autrement que comme un chauffe-lit, la connasse incapable de se sentir heureuse autrement que sous l'effet de substances. Parce que t'es ça, et pas grand chose d'autre, hein ? C'est pour ça, que tu te tournes autant vers la drogue. Parce que tu sais que si t'as pas le sourire, y a pas grand-monde qui te tolère.
Les autres habitués des meetings, eux, ils te tolèrent, mais c'est parce qu'ils ont pas le choix. Ils te voient à ta forme la plus vulnérable : la sobre, celle qui est obligée de se foutre à poil émotionnellement pour demander pardon pour ses péchés, suffisamment pour qu'on réalise qu'ils sont tellement horribles que même ton Dieu, il voudrait plus de toi. Même les autres, même celui qui a tapé sa femme, il voit à travers ton jeu.
Avoue : c'est pour ça, que t'as fait demi-tour. Adriel, tu l'as forcé à venir qu'une fois, il a rien dit et t'as un peu lâché l'affaire, après, parce que t'avais peur que lui non plus n'ait plus aucune estime de toi. A moins que ce soit la peur de le ternir, lui aussi, de détruire tout ce que tu touches, qu'il s'enfonce un peu plus dans l'addiction à cause de toi.
Mais soit : t'as un instinct, ou peut-être une culpabilité mal gérée. Tu sonnes en bas de son immeuble, et ça ne répond pas. Et maintenant ? Peut-être qu'il a vu ta sale gueule au travers de la caméra et qu'il a pas envie de te répondre. Peut-être qu'il a mieux à foutre, avec des gens moins mal foutus et dégommés de partout. Tu pourrais en rester là, Leo, et personne à part toi-même ne t'en voudrait : mais non, tu te faufiles dans l'immeuble quand quelqu'un sort du bâtiment, tu grimpes les étages à pied avec le souffler de forge de la super sportive que tu es, et tu pousses la porte de son étage avec fracas, te précipites vers sa porte avec des pas plus mesurés. Pas besoin de chercher plus loin, en fin de compte : c'est lui, que tu vois par terre, à poil et face contre terre dans son couloir, des mouchoirs et des cadavres de bouteille pour seul entourage. Pas de traces d'autres personnes : rien que lui et ses vices éventrés au vu et su de tous. Il n'est pas trop tard pour partir, Leo. Il veut sûrement pas être vu comme ça, encore moins par toi : personne veut de toi dans ces moments-là. Personne veut de toi, tout court. "Adriel ?" que tu demandes pourtant, presque timidement. Faut toujours que tu sois là où on a pas besoin de toi.
@Adriel Cole SnowLes autres habitués des meetings, eux, ils te tolèrent, mais c'est parce qu'ils ont pas le choix. Ils te voient à ta forme la plus vulnérable : la sobre, celle qui est obligée de se foutre à poil émotionnellement pour demander pardon pour ses péchés, suffisamment pour qu'on réalise qu'ils sont tellement horribles que même ton Dieu, il voudrait plus de toi. Même les autres, même celui qui a tapé sa femme, il voit à travers ton jeu.
Avoue : c'est pour ça, que t'as fait demi-tour. Adriel, tu l'as forcé à venir qu'une fois, il a rien dit et t'as un peu lâché l'affaire, après, parce que t'avais peur que lui non plus n'ait plus aucune estime de toi. A moins que ce soit la peur de le ternir, lui aussi, de détruire tout ce que tu touches, qu'il s'enfonce un peu plus dans l'addiction à cause de toi.
Mais soit : t'as un instinct, ou peut-être une culpabilité mal gérée. Tu sonnes en bas de son immeuble, et ça ne répond pas. Et maintenant ? Peut-être qu'il a vu ta sale gueule au travers de la caméra et qu'il a pas envie de te répondre. Peut-être qu'il a mieux à foutre, avec des gens moins mal foutus et dégommés de partout. Tu pourrais en rester là, Leo, et personne à part toi-même ne t'en voudrait : mais non, tu te faufiles dans l'immeuble quand quelqu'un sort du bâtiment, tu grimpes les étages à pied avec le souffler de forge de la super sportive que tu es, et tu pousses la porte de son étage avec fracas, te précipites vers sa porte avec des pas plus mesurés. Pas besoin de chercher plus loin, en fin de compte : c'est lui, que tu vois par terre, à poil et face contre terre dans son couloir, des mouchoirs et des cadavres de bouteille pour seul entourage. Pas de traces d'autres personnes : rien que lui et ses vices éventrés au vu et su de tous. Il n'est pas trop tard pour partir, Leo. Il veut sûrement pas être vu comme ça, encore moins par toi : personne veut de toi dans ces moments-là. Personne veut de toi, tout court. "Adriel ?" que tu demandes pourtant, presque timidement. Faut toujours que tu sois là où on a pas besoin de toi.