Accueil
La voilà de nouveau sur pieds. Un stand neuf, fraichement installé, peint à la main, avec l'aide de Maddie, car elle n'avait pas les moyens de payer des professionnels pour faire un travail plus qualitatif. Le résultat n'est pas parfait, mais il est acceptable. Grâce à Maddie, bien évidemment: Leilo n'a aucune fibre artistique.
Ça lui aura coûté cher, cette histoire d'incendie: des nombreuses heures d'appel interminables auprès de la société d'assurances, si radine qu'elle s'est débrouillée pour trouver un moyen de ne pas lui rembourser tous les frais engendrés par l'incident. Elle contesterait si elle avait des réserves d'espoir – malheureusement, celles-ci ont toutes été épuisées par la vie. Quelle connasse, celle là, se dit-elle intérieurement. Ça lui avait coûté presque toutes ses économies, du coup, pour pouvoir se relancer dans cette histoire qui finit par lui faire perdre plus d'argent qu'elle ne lui en fait gagner. Mais tenace, persévérante et, surtout, sans issues alternatives, Leilo fait ce qu'elle fait de mieux en redoublant d'efforts dans l'espoir vain que ceux-ci s'avèreraient finalement fondés. Trop de choses reposent sur ce commerce pour qu'elle puisse se permettre de jeter l'éponge tout de suite. Pour l'instant, elle refuse de s'avouer vaincue.
Vêtue d'une chemise plissée évoquant celles portées par ces fameuses « gitanes » issues des clichés occidentaux, typées Esmeralda, ainsi que d'une longue jupe aux couleurs chaudes et d'innombrables bracelets et colliers bling bling aussi agaçants qu'ils sont essentiels à l'illusion qu'elle cherche à vendre. La tenue de la brune est bien entendu complétée par un turban constitué d'un tissu africain volé dans l'armoire de sa mère. Elle n'en connait ni la provenance, ni la signification, et n'en supporte certainement pas le poids. Tout ce qu'elle sait, c'est que ce turban vendra l'illusion qu'elle est une vision d'exotisme aux touristes les plus crédules, et que cela lui permettra donc, potentiellement, de remporter plus d'argent à la fin de la journée.
Elle fuit les miroirs lorsqu'elle se pare dans son déguisement digne des pires carnavals, pour s'épargner les remontées de nausée que se voir aussi ridiculement accoutrée lui provoquerait. Mais à l'amour comme à la guerre, tous les coups sont permis pour réussir dans la vie. Surtout lorsque l'échec n'est pas une option.
Leilo n'est pas comme ces gosses de riches qui ne réfléchissent que l'éclat de leurs parents. Sa mère, bien qu'elle ne l'admettrait jamais, est une véritable épave. Tenter de ne pas couler sous son emprise est son combat quotidien.
À-demi aveuglée par le soleil, presque complètement frigorifiée par la brise côtière, la brune commence à grelotter lorsqu'elle aperçoit, du coin des yeux, une dame qui semble potentiellement être la cible parfaite.
Leilo attend donc que l'inconnue se rapproche davantage, avant de se racler la gorge doucement pour préparer sa voix la plus « mystique » – elle avait tenté suffisamment d'approches à ce stade pour savoir que c'était cette forme d'adresse qui fonctionnait typiquement le mieux. C'est donc d'une voix conflictuelle, à la fois ferme et mélodieuse, aussi profonde qu'elle est saccharine mais, avant tout, inquiétante, que la brune entame son discours.
« Vous avez l'air tourmentée, madame. Heureusement pour vous, le destin m'a soufflé que vous seriez ici, aujourd'hui. »
Si autrefois elle se retenait de toutes ses forces pour ne pas exploser de rire sous le poids des conneries qu'elle déblatère au quotidien, elle a fini par prendre le pli avec tellement de succès qu'elle se surprend presque à y croire elle-même, parfois.
Ça lui aura coûté cher, cette histoire d'incendie: des nombreuses heures d'appel interminables auprès de la société d'assurances, si radine qu'elle s'est débrouillée pour trouver un moyen de ne pas lui rembourser tous les frais engendrés par l'incident. Elle contesterait si elle avait des réserves d'espoir – malheureusement, celles-ci ont toutes été épuisées par la vie. Quelle connasse, celle là, se dit-elle intérieurement. Ça lui avait coûté presque toutes ses économies, du coup, pour pouvoir se relancer dans cette histoire qui finit par lui faire perdre plus d'argent qu'elle ne lui en fait gagner. Mais tenace, persévérante et, surtout, sans issues alternatives, Leilo fait ce qu'elle fait de mieux en redoublant d'efforts dans l'espoir vain que ceux-ci s'avèreraient finalement fondés. Trop de choses reposent sur ce commerce pour qu'elle puisse se permettre de jeter l'éponge tout de suite. Pour l'instant, elle refuse de s'avouer vaincue.
Vêtue d'une chemise plissée évoquant celles portées par ces fameuses « gitanes » issues des clichés occidentaux, typées Esmeralda, ainsi que d'une longue jupe aux couleurs chaudes et d'innombrables bracelets et colliers bling bling aussi agaçants qu'ils sont essentiels à l'illusion qu'elle cherche à vendre. La tenue de la brune est bien entendu complétée par un turban constitué d'un tissu africain volé dans l'armoire de sa mère. Elle n'en connait ni la provenance, ni la signification, et n'en supporte certainement pas le poids. Tout ce qu'elle sait, c'est que ce turban vendra l'illusion qu'elle est une vision d'exotisme aux touristes les plus crédules, et que cela lui permettra donc, potentiellement, de remporter plus d'argent à la fin de la journée.
Elle fuit les miroirs lorsqu'elle se pare dans son déguisement digne des pires carnavals, pour s'épargner les remontées de nausée que se voir aussi ridiculement accoutrée lui provoquerait. Mais à l'amour comme à la guerre, tous les coups sont permis pour réussir dans la vie. Surtout lorsque l'échec n'est pas une option.
Leilo n'est pas comme ces gosses de riches qui ne réfléchissent que l'éclat de leurs parents. Sa mère, bien qu'elle ne l'admettrait jamais, est une véritable épave. Tenter de ne pas couler sous son emprise est son combat quotidien.
À-demi aveuglée par le soleil, presque complètement frigorifiée par la brise côtière, la brune commence à grelotter lorsqu'elle aperçoit, du coin des yeux, une dame qui semble potentiellement être la cible parfaite.
Leilo attend donc que l'inconnue se rapproche davantage, avant de se racler la gorge doucement pour préparer sa voix la plus « mystique » – elle avait tenté suffisamment d'approches à ce stade pour savoir que c'était cette forme d'adresse qui fonctionnait typiquement le mieux. C'est donc d'une voix conflictuelle, à la fois ferme et mélodieuse, aussi profonde qu'elle est saccharine mais, avant tout, inquiétante, que la brune entame son discours.
« Vous avez l'air tourmentée, madame. Heureusement pour vous, le destin m'a soufflé que vous seriez ici, aujourd'hui. »
Si autrefois elle se retenait de toutes ses forces pour ne pas exploser de rire sous le poids des conneries qu'elle déblatère au quotidien, elle a fini par prendre le pli avec tellement de succès qu'elle se surprend presque à y croire elle-même, parfois.
2018
2023