The princess & the snake (Ft Kim)

Mes doigts frappent mon écran comme si c’était la tête de ce putain de cazzo de barman. Pourquoi elle ne répond pas ? Ça m'apprendra à envoyer une amatrice faire le boulot. Une amatrice qui me rend bien service mais je n’ai pas envie de l’admettre. Pas maintenant que mon cœur tente de battre un record de vitesse et que mes mains sont aussi moites que la première fois où j’ai dû les poser sur une femme. Bordel de merde. Nouveau message et toujours aucune réponse. Si je rentre dans ce bar, je suis grillé. Les Russes me cherchent depuis un moment et Kim va comprendre que je mène une double vie. Et que je me fous de sa gueule avec mes beaux discours depuis le début.

Je continue de fixer mon écran en espérant voir les trois petits points s’afficher, ceux qui indiquent qu’on ne ta pas tranché la gorge dans les toilettes. Ok, respire, ce n’est rien. Tu as dû faire un coup de flippe pour pas grand chose et tu sirotes un cocktail au bar en papotant avec le barman, c’est pour ça que tu ne réponds pas. Pourtant, mon instinct me dit qu’il se passe un truc dans le bar et mon instinct ne se trompe jamais.

Ok, sept minutes de silence, c’est trop pour mes nerfs. Je craque et descend de la voiture que j’ai garé pas très loin de l’entrée. Putain, si je te trouve en train de siroter un verre en toute décontraction, je t’égorge de mes propres mains ! Je vérifie que l’arme planquée dans mon dos est bien chargée et je remonte la rue en jurant dans ma barbe. Je savais que ces missions allaient finir par mal tourner. Tu es assez jolie pour passer inaperçue dans ce genre d’endroit mais tu ne connais rien à mon milieu. Ton innocence t’as protégé jusque là mais il se peut que j’ai poussé le bouchon un peu trop loin.

A l’entrée du bar, le gorille me reconnaît direct et m’ouvre la porte avec un rictus carnassier sur les lèvres. Je suis donc attendue, perfecto. Gorille numéro 2 accroche mon bras et me fait monter des escaliers pour me mener au bureau du boss, je suppose. Si j’étais seul, j’aurais dégommé tous ces cazzo élevés à la vodka, transformant ce bar en rituel satanique géant mais ta vie est en jeu et j’ai pas vraiment envie de l’avoir sur la conscience pour le reste de mes jours. L’âme de mon frère est déjà bien assez lourde à porter.

Ah, regarde qui va là ! Milo, ça faisait longtemps.

Le gorille referme la porte derrière moi. Un coup d'œil sur ma droite et je te vois, attachée sur une chaise, terrorisée. Il faut que je joue l’indifférence. Si le boss capte que je tiens à toi, on finira mort tous les deux. En plus, tu dois déjà me détester alors un peu plus, un peu moins… J’avance d’un air détaché et me laisse retomber dans un fauteuil face au bureau, ne prêtant plus aucune attention.

Ivan. Je viens récupérer ma livraison. Et la fille.

Je n’ai aucune idée de comment je vais nous sortir de là. Soyons réalistes, il y a peu de chance pour qu’on parte d’ici en un seul morceau. J’ai voulu jouer au plus malin et… J’ai perdu. Game over.

Ft @Kimberley Michaels

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j'vais essayer... J'te tiens au courant...

Kimberley ne pouvait pas rester enfermée dans les toilettes, surtout qu’elle n’était même pas cachée. Elle pouvait voir l’ombre des chaussures de l’homme derrière la porte. Alors après avoir tiré la chasse d’eau pour faire plus vrai, elle range son téléphone dans son sac à main, et sort en se dirigeant vers le lavabo pour se laver les mains. Tout est dans l’acting ! Et l’homme la regarde, mais n’agit pas. Pour l’instant. Par contre, quand elle s’apprête à sortir, l’homme lui saisit son sac et en tire le téléphone.

- Hey, rendez moi ça, c’est priv-aah !

La main de l’homme dans ses cheveux, c’est avec une violence que Kimberley ne vit jamais qu’il la manipule telle une poupée, pour la faire regarder l’écran et déverrouiller l’appareil. Repoussée en arrière, l’homme prend le temps de fouiller quelques secondes, ce qui surprend Kim. Il sait où chercher, sûrement, bien qu’elle n’ait aucune idée de ce qu’il peut bien vouloir voir. Pourtant, un sourire étire ses lèvres, et attrape la jeune femme par le bras pour la faire venir dans un bureau de l’étage, la jetant presque contre une chaise pendant que le mec montre le contenu du téléphone à un autre mec. Ça fait beaucoup de mecs que Kimberley ne connait pas, et qui semble un peu trop intéressés à sa vie.

- Milo, hein ? Tu traines avec ce fils de pute ?

Silence. Bien qu’elle se retienne de lâcher un « bah oui, quoi Milo, un problème » mais au vue de la situation, elle ne fanfaronne pas.

- J’le connais bien, t’sais. Bien sûr qu’tu l’sais, c’est pour ça qu’t’es là, non ? Non ? Tu comptes rester dans l’silence longtemps ? Tu l’ouvrais plus, t’taleur, pour sucer des infos, hein ?

Et un coup, qui part. Un objet qu’elle devine long, affreusement dur, et qui vient heurter le côté de son corps, la faisant plier et hurler. Dans sa vie de jeune fille, la douleur physique la plus douloureuse qu’elle ait eu à subir était certainement due à une maladie, et des maux de ventres inconfortables. Là… rien d’égal. Qu’est-ce qu’elle fait là ? Dans quoi est-ce qu’elle s’est engouffrée ? À la base, elle pensait simplement rendre service à Milo… s’habiller joliment pour aller obtenir une adresse… Certainement que l’homme devait de l’argent à Milo, ça n’aurait pas été étonnant, d’où son envie de savoir où le réclamer. Mais là… tout semblait beaucoup plus important que ça.

- J’sais pas c’qu’y t’as dit pour que tu magouilles avec lui, mais une jolie fille comme toi f’rai mieux d’rester loin, si elle veut rester en vie.

Kimberley allait bouger, vieux reflexe pour fuir, mais un agent de sécurité l’empêche de faire le moindre pas, et l’attache même sur la chaise, d’un noeud rapide de corde.

- Tu comptes aller où ? On va attendre ton pote. S’il est pas trop con, il voudra v’nir te chercher. S’il est con, on lui enverra une p’tite photo pour qu’il comprenne. Et s’il s’en branle de ta petite gueule, bah…

Et un grand sourire, qui lui glace le sang. Elle ne veut pas savoir l’option. il va venir la chercher, hein ? Elle tremble, sur sa chaise, alors que les secondes défilent. La douleur la lance, mais elle ne bouge pas, d’un pouce. Et enfin, Milo passe la porte, et après à peine un regard, va faire face à l’homme au bureau, discutant avec lui. Ses mots aussi, lui font mal. La fille, comme une inconnue, alors que si elle est là, c’est de sa faute. Elle baisse la tête, et serre les dents. La douleur, la peur, quelques larmes. Un cocktail bien amer pour cette fin de soirée.

- Parc’que tu penses que j’vais t’laisser repartir avec les deux ?

Les poignets de Kimberley sont relâchés, et l’agent à côté d’elle retire la chaise, la faisant basculer lourdement vers l’avant, tombant sur le côté ayant subit le coup. Sûr, il a du faire exprès. Et gagné, ça lui fait pousser un grognement de douleur, et un gémissement de désespoir.

- Ah, ouais. L'est un peu plus abimée qu’à son arrivée. Mais rien d'grave. Pour l’instant. Tu connais ma passion pour les Dodgers.

C’était donc ça, le truc dur et long. Une batte. À cette pensée, Kim releva la tête, encore plus paniquée.

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Mais que dirait mon père s'il me voyait ainsi, entre l'amour et son contraire.

by Nathie

La tension dans la pièce est lourde et visqueuse. J’étais attendu et pas juste pour boire un verre. Je ne fais pas le fier et pourtant, impossible de laisser voir au russe que je suis impressionné et pas sûr de moi. Je me remets dans mon rôle de mafieux, celui que j’ai laissé tomber en arrivant aux Etats-Unis. Je pensais pouvoir mener une vie tranquille et plus ou moins légale. Mais ma mère a raison, je suis de la mauvaise graine. Comme mon frère. Et il y a de forte chance que je termine comme lui ce soir.

Je me racle la gorge et te regarde du coin de l'œil tomber lourdement sur le sol. J’ai vu tes larmes, j’ai entendu ton râle de douleur. Et je suis parfaitement conscient que tout est de ma faute. Il faut que je trouve une idée et vite. Putain Milo, réfléchi ! Une idée, une idée… Le russe fanfaronne, content d’avoir mis la main sur toi. Il n’est pas dupe, il sait que si je suis venu te chercher c’est que tu as une certaine valeur. Mais je le laisse faire, ça me permet de grappiller des précieuses minutes.

Ok, je te laisse 50% de la came pour compenser le fait que tu aies abîmé la demoiselle. Elle va plus pouvoir servir pendant une bonne semaine et je vais perdre de l’argent.

Je laisse des faux indices sur le rôle que tu tiens dans tout ça. Je tente surtout de minimiser ton influence en te présentant comme une simple employée à mon service. Moins tu as de pouvoir et plus tu as de chance de sortir d’ici avec un cœur qui bat encore.

Je te regarde remuer sur le sol pour tenter de te mettre en position assise, résiste à l’envie de me lever pour venir t’aider.

70% et elle reste en vie.

Je vais me faire assassiner par le mec qui m’a signé un contrat mais ce n’est pas mon problème pour l’heure. Le gorille à côté de toi approche à tes côtés et je sais qu’il va faire un truc qui ne va pas me plaire. Bingo, je peux voir sa jambe se lever pour très probablement venir te fracasser quelques côtes.

Je suis un sanguin, un impulsif, ça m’a déjà joué des tours dans la vie. Ça m'a apporté pas mal de problèmes. Est-ce que j’ai appris la leçon ? Non. Est-ce que je vais refaire une connerie ? Oui. D’un geste, je sors l’arme bien planquée dans mon dos, appuie sur la détente et envoie une balle en plein dans le pied du gorille. Un sourire apparaît sur mes lèvres, je n’ai pas trop perdu la main en tir.

Mon arme est toujours braquée en direction du gorille qui hurle sur le sol et l’arme du russe se pointe sur ma tête. Je reporte mon attention sur l’homme derrière le bureau et hausse les épaules.

Tu connais ma passion pour les Beretta. 60% et je n'abîme pas trop ton homme de main.

Le silence retombe dans la pièce dans cet étrange jeu de poker. On a tout placé nos cartes, reste maintenant à déterminer qui va remporter la mise. Discrètement, je remonte la manche de mon haut pour laisser apparaître un insigne. Simple flèche stylisée pour toi mais le russe sait parfaitement qu’il signifie que je ne suis pas n’importe qui. Il n’est pas censé savoir que j’ai quitté la Camorra. Enfin, que je me planque plutôt car il n’est pas vraiment possible de les quitter.

Ты настоящий ублюдок, Milo.
Grazie mille, stronzo.

La Camorra vient de nous sauver les fesses. Si ça remonte jusqu’à eux, je peux dire adieu à ma couverture et à ma vie à Los Angeles. Je peux dire adieu à la vie tout court aussi. Le russe baisse ton arme et balance une enveloppe sur le bureau. Je range à mon tour mon flingue, récupère l’argent et m’accroupie auprès de toi.

Le couteau planqué à ma cheville coupe tes liens rapidement et je te remets debout pour te mener vers la porte. Pas besoin de te dire de te tenir tranquille, tu as compris les enjeux toute seule. En passant devant le gorille qui surveillait la porte, je ne peux pas m'empêcher de sortir dans un dernier commentaire.

Penser à me fouiller la prochaine fois, Cazzo.

On dévale les escaliers et enfin on est libre. Libre et vivant.

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Bien incapable de savoir ce qui lui fait le plus mal actuellement, le fait est que Kimberley reste au sol, le plus en boule possible, se préparant à recevoir le coup de l’homme qui se tient debout à côté d’elle. Autant se dire qu’elle va en reprendre, comme ça… elle peut plus facilement s’y préparer ? Si seulement c’est comme ça que ça marchait… à la place, elle relève les yeux, regardant le combat de coqs entre les deux hommes.

Les mots fusent dans la pièce, faisant écarquiller un peu plus les yeux de Kim. La came. Il l’avait embarqué dans un traffic de drogue, sans l’en informer. Et elle avait été suffisamment naïve pour rendre service à Milo, sans trop poser de questions. Ce n’est pas faute d’avoir essayé, mais… Elle respectait qu’il ne veuille pas trop en dire.. après tout, chacun à le droit à son intimité, il ne connait pas non plus grand chose d’elle… Mais là, c’était quand même quelque chose qui n’était pas anodin. Mais Kimberley garde le silence, et laisse les hommes parler.

Se taire semble la meilleure solution pour qu’elle s’en sorte. Même quand il parle d’elle comme un objet. Elle serre les dents, espérant réellement qu’il ait dit ça juste pour noyer le poisson. En tout cas, elle continue de se taire, et tente simplement d’essayer de se mettre assise, sur les fesses, afin de ne plus sentir que son corps la tire. Un peu de repos, ne serait-ce qu’une seconde. Les mouvements sont lents, comme pour essayer de se rendre la plus invisible possible…

Mais une balle part. Un cri provenant de la bouche de l’homme juste à côté d’elle. Il finit à terre, partageant le sol avec la jolie blonde. Son sang aussi, est partagé, quelques salves de sang ayant atterris sur la robe de Kimberley. Sa vue se trouble, les larmes devenaient déjà une protection face à scène, mais ce qu’elle ressent est tout autre chose. Elle se sent mal, sent que sa tête tourne, l’emportant dans un monde sûrement bien plus agréable que la réalité.

Trop d’armes. Trop de sang. Trop de menaces. La jeune femme se sent partir, comprenant dans un bruit de fond que ça semble se terminer. Est-ce que l’un est mort ? Non, le coup de feu se serait malgré tout entendu. Et pourtant, elle n’arrive pas à sortir de cet état de torpeur qui la paralyse au sol, en complément de la douleur. Les liens tombent, elle retrouve l’usage de ses mains, qui viennent directement se poser sur sa côte, certainement cassée. Du moins, fêlé. L’autre main retire les larmes de son visage, bien qu’elles n’aient pas finies de couler. Elle ouvre les lèvres, voulant lui demander de la sortir d’ici, mais rien ne sort mis à part un gémissement de douleur, alors qu’il l’aide à se relever. Chaque pas est douloureux. Mais ils sont en vies, au moins. Elle marche, doucement, se tenant à Milo comme elle le peut, jusqu’à sortir d’ici, et rejoindre sa voiture. Elle accroche son haut, comme si plus rien ne comptait, et qu'il était désormais sa seule option pour s'en sortir. Ce n’est qu’une fois à l'extérieur qu’elle craque, de peur, de douleur, de tout. Bien trop jeune pour avoir vécu tout ça. Quoi que, même à trente ans, elle était certaine qu’elle aurait réagit de la même façon.

- … Tu… tu m’as… dans un trafic de drogue… Pourquoi...

Au final, depuis le début, est-ce qu’elle n’est pas qu’un pion, qu’il place à sa guise, esprit noyé par quelques caresses et attentions ? Cette idée la blesse, presque autant que physiquement. Elle serre les dents, la mâchoire tremblante, alors qu’elle se plie sur son siège. La ceinture lui ferait encore plus mal, alors elle se contente de se mettre en boule, main sur sa côte. Au moins, elle n’a pas besoin d’aller aux urgences pour se faire recoudre ou quoi… Les côtes, on ne peut rien y faire. Du repos, et… cacher ça à son père risque d’être le plus compliqué.

- … J’veux partir…

Quitter ce lieu, cette rue, fuir cette soirée. Kimberley sait qu’elle doit s’éloigner pour tenter d’oublier. Grimaces de douleurs, gémissement à chaque virage, et des larmes coulant sur ses joues sans réussir à s’assécher. La stupeur et le choc l’empêche d’hurler, mais ses tremblements sont bien réels. Elle prend conscience qu’elle aurait pu mourir, pour quelques kilos de came. Chaque sanglot est douloureux, et l’incompréhension la dévore de l’intérieur.

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Mais que dirait mon père s'il me voyait ainsi, entre l'amour et son contraire.

by Nathie

On passe la porte du bureau où nos vies ont failli se terminer en un feu d’artifice sanglant. Mais on est en vie et il faut qu’on se barre le plus vite possible de là. Je ne sais pas quel dieu à décidé de sauver nos fesses mais ce n’est pas le moment de jouer avec notre chance. Alors je t’accroche comme je peux, essayant de ne pas appuyer sur tes côtes meurtries. Je reste en mode machine : pas de sentiments, pas d’émotions. La mission en premier, c’est ce qu’on m’a toujours appris, c’est comme ça qu’on m’a formé.

On descend les escaliers et la vie reprend doucement ses droits. De la musique du bar perce les lourds rideaux de velours qui nous protègent de la vue des fêtards. Dire que des gens s’amusent, boivent comme si de rien n’était pendant que d’autres se font exécuter dans la pièce juste au-dessus de leur tête. La vie est injuste. C’est la leçon qu’il faudra retenir de cette soirée. Ah oui et ne pas utiliser des débutants en solo pour des missions. Première et dernière fois.

Dernière porte de passé et l’air frais vient enfin remplacer l’odeur de chaud et de transpiration du club. Tu arrives à bredouiller quelques mots pendant que je t’entraîne vers la voiture mais ma voix est ferme et ne laisse aucune place à la discussion pour le moment. Tant qu’on est pas à plusieurs rues de ce merdier alors la mission n’est pas finie.

Plus tard.

Je sais que je n'échapperai pas à cette discussion et à tes questions. Mais pour le moment, je veux nous mettre en sécurité. Tu pourras crier, me frapper ou faire ce que tu veux pour exprimer ce que tu as vécu plus tard. J’ouvre la portière passager, te laisse t’installer avant de prendre place derrière le volant et de démarrer le moteur.

On se barre t’inquiète.

Rapidement, les néons du club disparaissent dans mon rétroviseur. J’augmente le son de la radio pour couvrir tes larmes. Je ne sais pas quoi faire. Je sais gérer la violence, les armes et tout un tas de trucs merdiques mais pas les larmes. Alors pour le moment, je me contente de rouler en silence à travers les rues de Los Angeles. Je ne peux pas te ramener chez toi, pas dans cet état. Tu n’as pas besoin que ton père te tombe dessus, pas après l’épreuve de cette soirée. Et je ne connais pas tes amis pour pouvoir te déposer quelque part.

Finalement, je décide de t’emmerner chez moi. Je pourrais vérifier tes blessures, parce que ça aussi je sais gérer. Et puis, une fois que ta crise de panique sera passée, tu pourras décider de quoi faire. Je ne suis pas en position de protester, je ferais ce que tu voudras. Je peux même te déposer à l’hôpital si tu préfères être examinée par un médecin.

Je gare ma voiture le long du trottoir, en face de mon appartement. Le ronronnement du moteur s’éteint et tu es toujours en boule sur ton siège. Je frappe doucement le volant du bout des doigts. Je ne sais pas quoi te dire alors au lieu de me perdre dans de fausses excuses, je choisis de te donner uniquement des faits. C’est ce qui m’aide à tenir quand les rôles sont inversés.

Je vais te porter jusqu’à chez moi, Kim. Je vais te soigner et te donner des anti-douleurs puissants pour tes cotes. Tu peux dormir dans mon lit ce soir, je prendrais le canapé. Ou je peux te déposer quelque part mais il faut déjà que je vérifie tes blessures.

Toujours pas de réaction alors je sors de la voiture et me déplace rapidement jusqu’à toi. Je vais tout de même avoir besoin que tu t’agrippes à moi parce que dans ta position, je ne peux pas te maintenir contre moi.

On y va à trois, ok ? Un… Deux…

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Les secondes qui passent semble être des heures, et plonge Kimberley dans un état mental proche du coma. Elle regarde dans le vide, ne réagit qu'aux stimulis de douleurs que provoque la route, mais ne parle en rien, depuis que Milo lui a dit qu'ils en parleraient plus tard. Elle n'insiste pas, elle, la blonde fougueuse du haut de ses dix huit ans, qui pourtant ne prend jamais de gant pour dire ce qu'elle pense. Ici, elle se tait juste, en fermant les yeux, comme un pansement qu'elle s'efforce de poser sur ses pensées.

La voiture ralentit, et finit par se garer devant chez lui. Elle n'y a pas souvent mit les pieds, mais elle reconnait la facade. Pourtant, elle ne bouge pas, pas certaine de vouloir y entrer. Qui lui dit que ce n'est pas un nouveau piège de sa part ? Qui lui dit qu'il ne va pas vouloir l'achever parce que maintenant, elle en sait trop ? Ce serait idiot, car si il y a bien quelque chose que Kimberley sait, c'est qu'elle ne comprend pas comment tout ça a pu dégénérer.

Le silence s'installe, pendant plusieurs secondes, coupé par la voix du tatoueur qui tente de lui expliquer ce qui va se passer. Kimberley ne retient que les mots importants : Soin. Anti-douleurs. Lit. Pour le moment, c'est tout ce qu'elle veut. Elle voudrait aussi être en sécurité, mais ça, elle n'est pas certaine que ça soit l'endroit. Mais la douleur mentale est plus facile à camoufler que la douleur physique. Alors quand il se présente à côté d'elle, à sa portière, elle attrape son cou de ses bras, le laissant gérer le reste, gémissant de douleur quand elle finit dans ses bras. Son visage se cale contre son épaule, mouillant légèrement son vêtement, mais surtout : appliquant une pression sur sa bouche pour éviter d'alerter tout le monde.

Le trajet parait long, mais elle finit enfin par être déposée, et allongée. Dans sa tête, plus vite il voit, plus vite elle aura un cachet en fonction. Alors elle fait glisser la fermeture de sa robe sur le côté, afin de la retirer. Tant pis si elle se montre en petite tenue, après tout il l'a déjà vu nu, et là vu la douleur, elle aurait pu le faire devant n'importe qui contre un peu d'aide. Elle se regarde comme elle peut, touchant du bout des doigts une zone commençant à se colorer, et grimaçant au contact. Elle se sert du tissu pour essuyer ses yeux, serrant les dents, le froid la mordant à son tour. Un combo glaçant, douloureux, qu'elle tait. Tout comme son envie d'hurler, ou de le frapper.

- ... Alors ?

De son angle, elle ne voit pas grand chose. Lui aura peut-être un verdict plus précis à lui donner.

- J'veux pas aller à l'hopital

Ses parents la tuerait. Elle est déjà privée de sortie jusqu'à la fin de l'année chez son père, et elle a beau être chez sa mère pour le week end, elle sait que l'info lui parviendra.

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