Wicked Game (29/02/2024)

@Milo Sanzari

tw : sexe

Cela fait déjà quelques minutes que tu as adressé un SMS à ton date du soir. Ou plutôt ton plan cul car il faut appeler un chat un chat. Tu attends impatiemment son arrivé dans la suite que tu as réservé au dernier étage de l’hôtel luxueux Braxas. Le seul bémol, c’est qu’il devra emprunter les escaliers pour te rejoindre. En effet, il n’a pas la carte magnétique permettant d’activer le bouton de l’ascenseur. Huit étages à monter à pied, c’est physique. Tu espères qu’il lui restera assez d’énergie pour ce dont vous avez à faire. Mais il semble assez sportif. A moins qu’il n’ait menti sur la marchandise mais tu en doutes vu qu’il t’a envoyé une photo dédicacée avec ton pseudo Tinder. Le même avec lequel tu as effectué ta réservation ce soir. Tu es Evan Grey et non Derek Greenwich. Tu espères qu’il ne te reconnaîtra pas. Auquel cas, tu nieras tout en bloc. De toute façon, il a interdiction de prendre son téléphone. C’est le deal. Il ramènera à la place un couteau. Tant qu’il ne te bute pas avec, ça te va. De toute manière, il y a des caméras dans l’hôtel donc au pire, si tu meurs assassiné dans la chambre 825, il sera vite reconnu et jugé coupable. Et puis, tu aimes vivre dangereusement.

Tu jettes un vif coup d’œil au miroir après avoir consulté ton portable. Toujours pas de réponse de sa part. Tu espères qu’il ne te foutra pas de plan et qu’il compte se ramener comme vous l’aviez prévu. Cela te ferait chier d’avoir planifié tout ça pour rien. T’as réservé une suite hors de prix pour ses beaux yeux, t’as commandé du champagne et tu t’es fais beau. Peut-être que tu n’aurais pas dû en faire autant pour un mec que tu ne reverras sans doute jamais après ce soir. Mais t’es du genre déraisonnable. T’as perdu la notion de l’argent.

Soudain, alors que tu es installé sur le canapé à geeker sur ton portable et après de longues minutes d’attentes, quelqu’un toque vigoureusement à la porte. Le stress t’envahi aussitôt. Tu espères toutefois que ce n’est pas le room service mais ce fameux Cam. Aucun doute de toute manière. Tu n’as rien commandé de plus que le champagne qui est déjà là. Tu ouvres aussitôt à l’inconnu sans savoir s’il va te sauter dessus directement pour t’embrasser ou alors attendre un peu que la tension sexuelle grimpe.

Une cigarette entre mes doigts, j’aspire une bouffée de nicotine en regardant les néons lumineux de l’hôtel Braxas qui se déploit devant moi. Le dos appuyé contre le mur en brique de la boutique bobo qui lui fait face -un antiquaire qui vend des breloques à prix d’or aux riches du quartier- je me demande encore si c’est une bonne idée. Venir sans téléphone est une demande inattendue. Et dans mon milieu, ça signifie que je risque de ne pas ressortir en un seul morceau de notre date. Quoique, j’ai un couteau strappé à mon mollet et un dans le dos. Pas hyper utile si tu m’attends avec un flingue chargé mais c’est toujours mieux que rien.

Mon mégot s’envole dans la nuit comme une comète toxique et je balance deux chewing gum sur ma langue. Pas top l’haleine arôme cigarette froide pour s’envoyer en l’air. Je traverse le hall d’un pas sûr comme si je connaissais les lieux sur le bout des doigts. Pas un regard pour le réceptionniste, j’ai un pas rapide qui l'empêche de poser la moindre question. Devant les ascenseurs, je suis tes instructions et prends la porte à gauche. C’est partie pour huit étages à grimper. Le cardio suit facilement mais je prends mon temps. J’ai zéro envi de débarquer avec le visage brillant de sueur ou une odeur de transpiration.

Puis enfin, la porte de la chambre 825 apparaît. Je reprends mon souffle, fait disparaître toute trace d’émotions de mon visage et frappe. J’ai besoin de faire disparaître @Kimberley Michaels de ma tête et m’envoyer en l’air est la solution parfaite. En plus, on a été clair, pas de sentiments, pas d’attache. C’est juste une fois et basta !

La porte s’ouvre et je pénètre dans la chambre. Aucune envie que quelqu’un nous voit dans le couloir, on ne sait jamais sur qui on peut tomber. La porte se referme et je m’arrête face à toi pour te regarder de haut en bas. Je hoche doucement la tête.

Canon.

Si tu voulais un mec romantique pour ce soir, tu peux me dire de dégager parce que ce n'est pas ce que je vais te donner. Autant m’assurer que tout est ok avant d’aller plus loin. Comme tu ne bouges pas et que tu m’observes à ton tour, je hausse les sourcils et laisse un sourire en coin étirer la commissure de mes lèvres.

Je te plais ?

Tu peux me dire de retourner chez moi, c’est même maintenant ou jamais. Entre une photo et la réalité, il y a parfois un monde mais tu valides ton choix de date pour ce soir. Cool. Je me retourne, retire ma veste et la balance sur le dossier d’un fauteuil. D’un regard, je peux voir la bouteille de champagne sur la table basse. J’ai plus l’habitude qu’on m’offre une bière et que du champagne mais je ne vais pas me plaindre.

On bois un verre ou tu veux directement passer aux choses sérieuses ?

Après un tour rapide du salon, je reviens vers toi et laisse mes mains se poser sur tes hanches. J’avais besoin de vérifier si ton corps réagissait au mien et je suis plutôt satisfait du résultat. Tu sens bon, ton parfum est délicat, pas trop fort. Tu as l’air de prendre soin de toi, c’est agréable.

Si t’es nerveux, on peut commencer par un verre.

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Unholy

And when you want it, baby, I know I got you covered and when you need it, baby just jump under the covers

Il est enfin temps de découvrir le fameux Cam avec qui t’as échangé il y a peu sur une appli de rencontre. One shot à l’hôtel, c’est le deal. Et pas de portable au cas où tu tomberais sur quelqu’un qui te reconnaît et qui aurait l’idée de vouloir vous filmer pour revendre à la presse à scandale que t’es gay. Tu ouvres la porte et te retrouve face à un visage familier. Tu t’es rendu à son salon il y a quelques mois pour faire un tatouage et tu le suis sur les réseaux sociaux depuis.

- Merci. T’es pas mal, ouais. -

T’es clairement gêné. Lui ne t’as pas du tout reconnu. Ni comme étant Derek Greenwich, un acteur montant d’hollywood, ni comme un mec avec qui il a passé une petite heure ou deux à tatouer la peau. En même temps, il doit avoir beaucoup de clients. Difficile de se rappeler de tout le monde. Mais le fait que tu sois connu aurait pourtant dû jouer. A moins qu’il n’ait pas tilté la dernière fois ce qui est fort probable car tu ne t’es pas présenté en tant que célébrité pour te faire tatouer. T’es pas dû genre à te servir de ta notoriété au quotidien. Au contraire. Tu aimes passer inaperçu et retomber dans l’anonymat.

Néanmoins, tu ne sais pas trop si tu dois lui dire quelque chose à ce sujet ou faire comme si c’était la première fois que vous vous voyez. Du coup, tu préfères opter pour la deuxième option. Il est plutôt mignon. Pas nécessairement ton style mais son côté bad boy tatoué italien est séduisant. De quoi passer un bon moment ensemble. Mais t’es encore un peu perturbé par le fait d’avoir matché avec ton tatoueur sans t’en être rendu compte plus tôt. Faut dire aussi que sa photo n’était pas très ressemblante.

- J’suis pas nerveux mais je te propose de boire un verre pour commencer. -

Tu t’exécutes pour ouvrir le champagne et le servir. C’est rare que ce soit toi qui fasse sauter le bouchon de la bouteille mais ce soir, tu n’es plus une star. T’es juste un mec qui date avec un autre mec dans l’intention de passer un bon moment. Mais ton regard fuyant trahi ton malaise. Tu ne peux pas faire semblant plus longtemps. Il faut que tu crèves l’abcès.

- J’ai une confession à te faire. -

De là, tu déboutonnes le bouton de ta manchette et retrousse la manche de ta chemise colorée pour lui dévoiler un tatouage qu’il reconnaîtra très probablement puisqu’il s’agit d’un dessin qu’il t’a fait il y a quelques temps.