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J'ai horreur de ne pas réussir quelque chose. Horreur du gout que laisse l'échec au fond de ma gorge. Et de ce drôle de venin qui se déverse en moi lorsque je n'arrive pas à faire quelque chose par moi-même. J'ai l'impression étrange que cela ne pourra jamais s'arrêter, que je suis en train de couler, un peu de sombrer. Alors j'ai pris les choses en mains, comme je le fais tout le temps depuis un an. Voyant que je commençais à ne pas m'en sortir, je suis allée faire comme des centaines d'étudiants, je me suis cherchée un tuteur. Tout simplement, tout bêtement. Et j'ai trouvé Reese un peu perdu dans ce monde étrange, mais bon sang, tellement doué dans ce qu'il fait. Alors donc aujourd'hui, dans cette salle c'est lui que j'attends pour une énième fois où il m'aidera.
Je regarde les livres qui se trouvent devant et le devoir d'algèbre que je dois rendre la semaine prochaine. Je me sens déjà dégoutée, et je tente de ne pas penser au fait que pour être une bonne architecte il ne faut pas forcément savoir calculer les choses avec tous les théorèmes possibles. Et alors que je me demande si Reese n'est pas en retard mes yeux se dirigent vers la fenêtre où le soleil couchant me nargue un peu, me murmurant que je pourrais être dehors à faire n'importe quoi d'autre plutôt que cela. Je ne suis pourtant pas du genre blasée à me plaindre sans arrêt et surtout à mettre mes études de côtés, mais en ce début de soirée je le ferais bien.
Puis je suis tirée de mes pensées un peu idiotes par la porte de la salle qui s'ouvre. Je l’accueille en un sourire montrant de mes mains tout ce boulot qui se trouve devant moi, et je ne sais déjà pas par où commencer pour qu'il puisse m'aider. Dois-je simplement lui expliquer qu'aujourd'hui je ne suis pas motivée ? Et que si j'échoue, à la fin, je risque quoi ? De louper mon année ? Bon d'accord, je ne peux pas me le permettre je sais ... Mais les chiffres et moi, on n'est pas amis, je crois, même si depuis qu'il m'aide j'apprends un peu plus à les apprécier. Enfin, là n'est pas la question, je n'ai pas envie de travailler et de rêver de nombre cette nuit, tellement ils auront voulu pénétrer dans mon esprit. « Salut ! Tu vas bien ? » Je veux vraiment le savoir, je ne suis pas du genre à poser cette question dans le vent, du tout même en réalité. « J'crois bien qu'on va en avoir pour toute la nuit. » Je lui dis avec un sourire désolé, à la vérité, il semblerait que ce soir j'ai plus envie d'en apprendre sur lui que sur les nombres premiers. Je devrais peut être m'excuser et lui dire de s'en aller, je risque pas d'avancer.
Tu vois ce moment entre le sommeil et le réveil,
ce moment où on se souvient d'avoir rêvé ?
C'est là que je t'aimerai toujours,
c'est là que je t'attendrai.
