Il n’en fallut pas plus pour que le fautif déguerpisse, la queue entre les jambes. Dans sa fuite, il n’hésita pas un instant à bousculer d’autres personnes. J’entendis la voix d’un jeune homme, plus loin, qui le réprimandait et lui intimait l’ordre d’aller cramer les gens ailleurs. Je regardais mon bras, ma chemise. Elle était dans un état déplorable. Je n’allais pas rager toute la soirée, même si cet incident me mettait en rogne. Il fallait mieux pour le jeune homme que je ne le recroise pas dans la soirée, sinon je lui fais sa fête et ce ne seront pas des bûches qui alimenteront le feu. Finalement le gars qui l’avait menacé commença à me parler. Je levai les yeux vers lui. Il fit une moue étrange quand il vit l’état de mon bras. Son conseil me fit esquisser un sourire. J’aurais probablement dû. J’étais sûrement dans un bon jour, pour ne pas m’être enflammé – c’est le cas de le dire – et ne pas l’avoir envoyé au bûcher. Il avait été chanceux sur ce coup là : « J’avoue ! Ca aurait pu être drôle. Emporté dans mon élan, je n’y ais pas songé. Une autre fois ! » Lui dis-je en riant.
Puis une autre personne, une jeune femme nous rejoignit, une jolie jeune femme. Elle s’inquiéta de mon état. Je n’en avais pas forcément l’habitude. Je lui souris, avant de lui répondre : « Ca va, c’est rien de bien méchant… » Je palpai mon bras, n’hésitant pas à arracher le pan de la chemise qui s’était consumé. « Je sens juste un peu le poulet grillé ! ». Mais ça allait, je survivrais. Ce n’était pas bien grave, juste un petit coup de chaud. Heureusement. Elle semblait inquiète par mon état : « Non mais j’ai rien, plus de peur que de mal ! » ajoutai-je tout en sortant une clope pour décompresser. Je m’aidai de ma bougie pour l’allumer. Je respirai une bouffée de nicotine en faisant des va-et-vient entre mes deux comparses quand une troisième personne nous accosta. Il salua d’abord le premier qu’il semblait connaître. Puis, il nous salua d’un léger sourire. Il se présenta rapidement. Jared. J’en fis de même, avec un peu d’humour : « Rafael, alias la Torche ! ». Il me tendit la main, que je serrais avec plaisir et j’ajoutai : « Pareillement ! » pour répondre à son ‘Enchanté’. Je le vis souffler quelque chose à l’oreille du gars. Je n’en compris pas un traître mot. Enfin, il demanda à la jeune femme dont j’ignorais encore le nom – à mon grand désespoir – si elle acceptait d’allumer sa bougie avec la sienne. « Pour ma part, tant que vous me foutez pas encore le feu, je ne suis pas contre ! Enfin je dis ça, je dis rien ! » Je fermai ma gueule et je regardai le brasier.