La fenêtre. Majestueuse, imposante. Elle se tient devant lui. Les lunettes sur le bout du nez, il attend, il guette. Impatient, curieux. Inquiet. Jane ... Jane a du retard. Elle était partie, ce matin. Chez son docteur, son spécialiste, là ... Elle voulait ... Comprendre. À l'époque, l'idée lui avait paru bonne. Maintenant, cependant ... Paul n'en est pas certain. Une heure, deux heures ... C'était la quantité de temps qu'il s'était permis d'attendre. Mais rien. Aucun signe, aucun message. Pas la moindre nouvelle. Tic, tac, tic, tac, retentissait l'horloge accrochée au mur du fond. Et toujours pas le moindre signe de ces beaux yeux azurés, de ces belles boucles soyeuses et brunes ... Où était donc Jane ? Il l'avait appelée, une fois, puis deux. Messagerie à chaque fois. Il n'a pas insisté. Il sait mieux que d'agir ainsi. Néanmoins, l'inquiétude s'éprend de lui. Car si Paul est un homme, il reste amoureux. Éperdument. D'une femme qui à ses yeux, représente un monde, un univers entier. Une femme qui fait battre son coeur à deux cents kilomètre heures ; une femme, et quelle femme ... Celle qui parvient à éveiller ses moindres sens, attirer tous ses regards, exister, splendidement, et pourtant, n'exister que pour lui. Il est absorbé, par ses pensées. Tellement absorbé qu'il n'entend pas la porte d'entrée s'ouvrir, ni les pas crépiter timidement jusqu'à l'étage du haut. Un son retentit alors dans la maison ; la mélodie du jet d'eau s'écrasant contre le sol. Un sourire parvient alors à s'afficher sur ses lèvres. Rentrée. Jane était rentrée, et c'était tout ce qui comptait. Il l'attendait, patiemment. Une question le démangeait, depuis tantôt. "Alors ?" Un mot. Un seul mot, qui le rongeait, comme cela n'était pas permis. Le dévorait de l'intérieur, et était capable de construire ses rêves les plus beaux, ou, inversement, de les fracasser en un seul instant. Tic, tac, tic, tac. La douche s'arrête. il ne se lève pas. Il attend encore. Elle viendra, éventuellement ... Et il ne veut pas la brusquer. La porte du réfrigérateur s'ouvre ... Se referme. Il se lève alors, marchant vers la cuisine. Un pas. Deux pas. Silencieusement, dans la suspense. "J'étais inquiet." Lui avoue-t-il alors, adossé à l'embrasure de la porte.