+ et je taille au couteau des sourires sur les joues des princesses. (atlanta)

J'apprends à vivre pour deux, ma tête pour avancer et mon cœur pour me rappeler. Le sommeil n'a pas voulu de toi ce soir, ce n'est pas la première fois. Tu l'as recroisée il y a quelques jours, ce que tu pensais enfoui est ressorti avec une puissance que tu ne soupçonnais pas. Une clope éteinte entre les doigts, tu prends les rues au hasard dans le seul but d'oublier un peu ce coeur qui bat trop vite, trop violemment. Minuit vient de sonner, l'heure de la solitude, celle qui apaise. Dans tes oreilles, un son de Lou Reed résonne, mais tu ne l'écoute qu'à moitié, ce n'est pas suffisant pour chasser tes pensées les plus profondes, trop fortes, comme ancrées. Perfect Day, c'est ça ouais. Tes pas finissent pas te guider jusqu'à l'observatoire, enfin un bel endroit. Un fin sourire vient se loger dans le coin de tes lèvres, tu allumes finalement ta cigarette, inspire une longue bouffée pour te diriger vers le dernier étage. La dernière fois, tu as réussi à t'endormir sur un des bancs, la chance sera peut-être de ton côté cette fois aussi. Tu prends place sur ce lit improvisé, inconfortable mais terriblement apaisant. Les yeux rivés vers le ciel étoilé, tu tires régulièrement sur ta clope, imaginant avec l'âme d'un enfant que tes pensées s'envolent en même temps que la fumée. C'est vraiment con, un rire nerveux s'échappe même d'entre tes lèvres mais pourtant tu en rêve, ce serait tellement simple. Au moment où enfin tes yeux se ferment enfin, quelques bruits de pas légers te font sursauter. La nuit ne sera pas si paisible que ça..

ça t'es arrivé à toi, d'aimer un fantôme ?  

Chanceuse comme je suis, c'était pile le genre de chose qui n'arrivait qu'à moi. La soirée c'était bien déroulée, pour pas dire très bien même. L'heure était passé très vite, si vite que j'avais réussi à raté mon dernier bus. « C'est pas grave », que j'avais crié, « je paie ma tournée. ». J'aurais jamais du. Après cette tournée, tout le monde est rentré chez soi, et je m’apprêtais à appeler un taxi, sauf qu'en fouillant bien dans mon sac, j'ai eu la douce surprise de n'avoir plus d'argent. Un soupire se fit entendre. J'aurais pu appeler Andreas pour qu'il vienne me sauver, mais je me voyais mal le réveiller, sachant déjà les horribles journées qu'il passe en ma compagnie. Me voilà réduite à marcher. J'avais pas à me plaindre, j'étais à vingts minutes uniquement à pied, néanmoins, avec cette petite robe noire, je craignais pour ma vie. Soit, de toute façon j'avais plus une tune.
Je décidais de passer par l'observatoire, c'était le plus sur chemin, même si je perdais cinq minutes. J'avançais, d'un pas décidé, mes talons dans mes mains puisque mes pieds criaient de douleur depuis le début de la soirée. Je regarde autour de moi, chaque personne, voyant si un potentiel danger me guette. Rien pour le moment. Et puis.. je vois ce type, sur ce banc. Je fronce les sourcils, et c'est fou, malgré la nuit qui est présente, j'arrive à la reconnaître. Sören. Des têtes comme les siennes, il y en a pas des tonnes, surtout la sienne. C'était ma chance, la chance de me venger, de hurler ma colère, enfin. J'avance donc d'un pas décidé, et lève mon talon pour l'écraser contre son torse, violemment. J'y avais mis du cœur et de la force. « Je savais que c'était toi ! », un autre coup de talon s'écrase contre son torse. Quelle chance qu'il soit dans cette position. « tu m'a menti en plus ! T'a que ça à faire ? Ça t'éclate c'est ça ?! », un autre coup de chaussure, « t'es en enfoiré Sören, va crever ! », et d'autres coups se suivent, encore et encore.  

(c) century sex

Comment est-ce que tu peux penser que tu tiens à moi, si moi-même j'y tiens pas ? Les bruits de pas se rapprochent progressivement de toi. Tu te tends, prêt à éviter cette personne qui est venue dans le seul but de troubler ta tranquillité. Tu t'accorde tout de même quelques secondes de répits en fermant les yeux, le dernier étage est dur à monter, tu as le temps devant toi. C'est en tout cas ce que tu crois, jusqu'à ce qu'un talon vienne s'écraser violemment sur ton torse. Tu grimace et ouvre les yeux pour savoir l'identité de ton agresseur. Tout aurait dû se passer normalement, tu aurais bondi sur cette personne pour l'arrêter, la maitriser le temps de fuir. Tu n'es pas vraiment un méchant toi, tu ne frappe jamais les filles. Encore moins elle. Tu mets quelques secondes avant de réagir, le regard perdu dans sa contemplation. Voilà que la principale source de tes pensées est face à toi sans que tu n'ai rien demandé. Ton coeur se serre dans un mélange de tristesse et de colère, mais très vite un second coup de talon te rappelle à l'ordre. « Je savais que c'était toi ! » Tu n'as pas le temps de lui répondre, tu ne cherche même pas à le faire, trop occupé à tenter de te redresser malgré ses coups. « tu m'a menti en plus ! T'a que ça à faire ? Ça t'éclate c'est ça ?! » Un moment d’inattention de sa part et tu en profite pour attraper ses poignets entre tes mains pour te remettre debout malgré les coups qu'elle parvient toujours à t'admettre. « Arrête ! » Tu n'as pas l'habitude d'être aussi sec avec elle, mais tu n'as vraiment le choix. Tu la connais ta JJ, elle n'est pas vraiment du genre à se calmer toute seule. « t'es en enfoiré Sören, va crever ! » Cette simple phrase te fait l'effet d'un coup de couteau en plein coeur, tu n'en laisse rien paraitre, tu refuses de la laisser gagner mais l'effet est bien présent. « Stop ! Je t'ai pas menti JJ, j'ai seulement.. Changé. » Tu lâches un soupir malgré toi. Après t'être assuré qu'elle ne compte pas t’assommer avec un nouveau coup de talon, tu te replace sur le fameux banc en rallumant ta cigarette abandonnée. Comme un lâche, tu ne poses plus ton regard sur elle, le soutenir serait trop douloureux, tu refuses de perdre face à elle. Le Sorën d'avant est mort, tu ne comptes pas le faire ressusciter.

ça t'es arrivé à toi, d'aimer un fantôme ?  

« Arrête ! », non, j'arrêtais pas, et je n'avais pas l'intention d'arrêter non plus. Mes coups frappaient encore, montrant ma colère. Je lui en voulais, énormément, et pour tout. Aussi bien pour ses mensonges, que pour sa disparition du jour au lendemain. Avais-t-il le droit de faire ça ? Après tout ce qu'on a vécu ? Et surtout depuis le temps qu'on se connaît ? C'était lâche, et je l'ai même cru mort. La sensation que ça fais, que de voir un fantôme. J'étais partie vérifié, j'ai été lui demander, je l'ai appelé, mais il a menti, comme si c'était pas lui, me confortant dans mon idée de fantôme. Il essaie d'attraper mes mains, et vu ma force, je n'avais pas d'autre choix que de me résigner. « Stop ! Je t'ai pas menti JJ, j'ai seulement.. Changé. » Je fronce les sourcils. Quel rapport ? Un mensonge reste un mensonge. Comment il pouvais disparaître du jour au lendemain sans donner de nouvelles, et me snober comme si je n'avais jamais rien été à ses yeux ? Et si c'était la vérité ? Si je n'avais été rien du tout pour lui pendant tout ce temps ? Je me perds dans mes esprits, et il s’assoit, allumant une cigarette. Simplement. Je soupire et fronce les sourcils, frappant encore, « t'es un inconnu Sören, pour toi c'est Atlanta, et encore. », je refuse de m'asseoir à côté et de parler du bon vieux temps comme si tout allait bien. J'arrête les coups, même si j'avais encore envie de frapper. « j'pensais que t'étais mort.. et tu sais quoi ? J'aurais préféré ça. », le but était de le blesser, même si sur le coup, avec la colère, je le pensais. « Bravo pour ton changement, t'a l'air beaucoup mieux maintenant. », mensonge. Je n'en pensais rien. Je tournais les talons, avançant vers la sortie. Qu'est ce que j'avais d'autre à faire ici ? À mes yeux, il était mort, et son changement ne faisais que confirmer ma pensée.

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« T'es un inconnu Sören, pour toi c'est Atlanta, et encore. » Second coup dur. Tu le sais bien, tu as ta fierté et elle aussi, une explication calme et sincère relèverait du miracle. « j'pensais que t'étais mort.. et tu sais quoi ? J'aurais préféré ça. » Un léger rire nerveux s'échappe de tes lèvres. Cette simple phrase vient de faire mal comme jamais, alors tu camoufles cette douleur comme tu peux. Avec le temps, tu as appris à ne jamais te montrer faible face aux autres, ce n'est pas aujourd'hui que tu comptes céder. Pas devant elle. « Bravo pour ton changement, t'a l'air beaucoup mieux maintenant. » Pour le coup, elle n'a pas totalement tort. Tu es mieux, tu es devenu toi-même mais tu n'es pas heureux pour autant. Tu la suis du regard quand elle s'éloigne, sans bouger de ton banc. Après un soupir, tu reprends la parole d'un faux air calme qui cache toute la tension du moment. « Tu vois, tu me reproche de t'avoir menti et évitée, mais regarde ce que tu fais.. » Ton regard fuit toujours le sien, sûrement trop occupé à te reperdre dans le contemplation de la fumée. « Quoi que tu en dise, toi aussi tu as changée JJ... » Elle refuse que tu l'appelle par ce surnom, tu en as bien conscience mais après tout tu ne l'as jamais vraiment écoutée. Tu te lève pour t'appuyer contre la barrière quand tu sens votre peluche glisser de ta poche. Tu aurais pu être gêné de montrer que tu as toujours ce serpent sur toi, mais tu ressens plus de la résignation. Tu le ramasses lentement pour t'approcher de ton ancienne amie et de lui mettre dans la main après avoir murmuré. « Tiens, je crois que j'en ai plus besoin.. »

D'aimer quelque chose plus fort que tout ? Que tu ne peux pas toucher, pas regarder.   

« Tu vois, tu me reproche de t'avoir menti et évitée, mais regarde ce que tu fais.. » Je fronce les sourcils en me tournant vers lui. Pardon ? Qu'est ce que j'étais entrain de faire au juste ? Je partais uniquement parce qu'il me mettait en colère, parce qu'il était là, à ne rien faire, à avoir l'esprit vidé de moi, de ce qu'on a pu vivre, se dire. L'esprit vidé de nous. Dans tout ça, c'était moi la fautive ? « Quoi que tu en dise, toi aussi tu as changée JJ... » Je le regarde, écœurée. Il s'approche, et là comme si de rien, il me donne cette peluche, qui signifie tant pour nous. « Tiens, je crois que j'en ai plus besoin.. », je regarde la peluche dans mes mains, et redresse mon regard vers lui, « sérieux ? ». Je ne comprends pas où il veut en venir, à part me mettre encore plus en colère que je ne le suis déjà. Je plaquais avec toute ma force la peluche contre son torse, « va crever. », il m'énervais à un point, mon sang bouillait à l'intérieur de moi, j'en étais certaine. « j'crois que de toute façon, t'a perdu. », un rire nerveux m'échappais. « t'a tout perdu en fait. », il avait réussi à m'oublier, et maintenant que je savais que pendant tout ce temps, ce manque de réponse n'était que du vent, du faux, inventé par monsieur qui voulais faire je-ne-sais quoi, il me perdait aussi, bien qu'à ses yeux, c'était déjà fais, pendant que moi je l'attendais. Comment j'ai pu être aussi naïve pendant tout ce temps, à me soucier de quelqu'un qui n'est même pas capable de ne pas m'oublier.  

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