Accueil
Let's play our favorite game
Sorën & Alice
« Bonjour tout le monde ! Alice, dépêchez-vous, vous êtes en retard ! » A en voir la mine exaspérée de Liam, le professeur de théâtre, on pouvait aisément en conclure que la jeune Collins n'était pas en retard pour la première fois. Il la connaissait depuis plusieurs années pour l'avoir suivi tout au long de son cursus de théâtre et cette année, elle n'avait pas changé ses mauvaises habitudes. Un petit retard par-ci par-là, histoire de se faire désirer. Ou pas. Alice se faufila jusqu'à une chaise avec un sourire crispé aux lèvres, nullement gênée de son contretemps. Elle retrouva rapidement l'une de ses amies de théâtre et ne perdit pas de temps pour raconter ses dernières péripéties, avant qu'elle ne croise le regard noir du professeur. Bon. « Aujourd'hui, nous allons faire de l'improvisation. J'ai écris sur ces morceaux de papier un mot différent à chaque fois, représentant une émotion. Vous aurez donc la joie, la tristesse, l'amour, la haine, la jalousie et d'autres encore. » Il leva en l'air un petit bocal où étaient entassés les bouts de papier. « Vous jouerez à deux dans cette improvisation et votre objectif va bien sûr être de mettre en relief cette émotion ou ce sentiment de la manière la plus vive possible, en vous recadrant dans le contexte que vous voudrez. C'est bien compris ? Je ne vous demande pas de créer un scénario hors du commun, juste de vous exprimer comme il faut, que ce soit par les mots ou par votre corps. » La trentaine d'élèves présents acclamèrent l'idée de la séance par de nombreux bruits à la fois curieux et impatients. « Oh Dieu, faites que je ne tombe pas sur l'amour, ça serait bien ma veine ! » Les rires d'Alice, ou la fille qui était en peine sentimentalement parlant, résonnèrent bientôt dans la salle également, ce qui interpela sans doute le professeur. « Mademoiselle Collins, venez donc vers moi ! » Ce n'était pas un problème pour elle, bien au contraire. Zigzaguant entre les différentes chaises où étaient assis les élèves devant elle, la brunette s'approcha de son professeur avec un sourire maitrisé sur les lèvres. « Avant de choisir votre papier, je vous laisse l'opportunité de choisir la personne qui sera avec vous. » Lui dit-il alors, ce qui la flatta. « Quelle chance. » Elle se tourna vers le groupe d'étudiants devenant alors son public. Son regard parcourut les différentes têtes ; il y avait bien sûr ses amis, mais le fait est qu'elle connaissait plutôt bien leur jeu alors ce serait moins drôle car plus prévisible. Là, ses yeux croisèrent ceux d'un garçon avec qui elle avait parlé très peu de fois, pour ne pas dire jamais. Elle connaissait juste son prénom et c'est donc avec fierté qu'elle le nomma pour l'appeler. « Sorën. » Cet étudiant mystérieux l'intriguait énormément, sans doute son apparence, mais aussi son attitude, parfois désinvolte, parfois en retrait. Jouer la comédie avec lui allait être une opportunité pour faire sa rencontre, chance qu'elle saisit aisément, tant la jeune fille était opportuniste. Patientant le temps qu'il la rejoigne, Alice croisa le regard d'une de ses amies. En fait, c'était plutôt un clin d’œil exagéré. « Sorën, comme vous acceptez gentiment la décision de votre camarade, je vous laisse attraper le papier que vous voulez. » Les morceaux de papier étaient tous pliés en trois au moins, impossible de lire à travers. Zut, se dit Alice. 
Avec une insupportable vanité, elle s'était imaginé pouvoir sonder le cœur de tout le monde. Les évènements avaient montré qu'elle s'était complètement trompée. Austen