Everyone needs superhero.
Plaquée, face contre le mur sale d'un immeuble, je sentais que c'était la fin. Ma nuque était entièrement emprisonnée dans la main de l'homme, et son corps contre le mien. J'étais totalement bloquée et déjà je sentais qu'il remontait ma robe. Foutue, j'étais.
[...]
Je venais de quitter l'université et j'avais directement pris le chemin de mon petit appartement. Je n'avais rien à manger ce soir, et il fallait absolument que je passe à une supérette du coin. La nuit était déjà tombée et contrôlant ma montre je remarquais que j'avais encore un peu de temps devant moi. J'avais pris du retard en voulant travailler après les cours. Fille sérieuse ? Oui je l'étais, bien que vu les facilités mentales que j'avais je n'étais pas tellement obligée de bosser énormément... Facilités mentales qui m'emmerdaient d'ailleurs, et qui m'avaient bien pourri la vie au collège. Sérieusement, il n'y avait aucune gloire à être surdoué. J'aurais préféré ne pas l'être.
En ressortant de chez moi, quelques minutes plus tard, j'avais abandonné mon sac de cours pour prendre mon petit sac à dos à hiboux Anna Smith. Je marchais tranquillement dans les rues éclairées de Los Angeles, et décidai à un moment de couper par des petites rues pour arriver plus vite au magasin où je comptais me rendre. Sauf que... J'aurais dû y réfléchir à deux fois. « Hé salut mamzelle aux collants violets ! » Je levai mon regard sur ma droite et vis trois hommes. Je déviais immédiatement sur la gauche. « Je t'ai causé, tu pourrais répondre ! » J'augmentai ma cadence de marche et ne me retournais pas. Je les sentais derrière moi. Trop proche, ils étaient trop proches. Si proche que je sentis un peu saisir la capuche de mon manteau. Je me figeai sur place, réfléchissant à une solution. Il n'y en avait qu'une: la fuite. D'un mouvement brusque, je levais les épaules et partis en avant, abandonnant mon manteau ainsi que mon sac. Prendre ses jambes à son cou était sans doute la meilleure idée à adopter. Je courrais donc, vêtue seulement d'une robe noire à manches courtes, de collants et de mes docs martens. Sauf que je n'avais jamais été une grande sportive, du moins pour un marathon. J'entendais mon pouls au niveau de mes oreilles. L'adrénaline avait finalement pris possession de mon corps et je ne savais plus où j'allais. Je les entendais courir, derrière moi et paniquée, je tournai à nouveau à gauche dans une bifurcation. Ok ces mecs me voulaient vraiment. Ils auraient très bu chourer mes papiers dans mon sac à dos et me foutre la paix. Mais non. Je venais de débouler dans une ruelle sans issue. Observant rapidement les issues qui s'offraient à moi, je fonçais sur la grosse benne. Là était mon issue. Il me suffisait de grimper sur cette poubelle et enjamber le petit muret... « Reviens salope. » Grimpant sur les caisses en bois qui traînaient, je me retrouvais bien vite sur la benne. J'étais essoufflée, mais je ne devais pas m'arrêter dans ma course.
Subitement, je sentais une main m'attraper le mollet et me le tirer en arrière avec une telle force que je tombais sur les fesses face à l'agresseur. Dans mon passé, j'avais fait deux années de self-defense et rapidement un sentiment de confiance en soi me submergea. Etant assise à hauteur de sa tête, je lui envoyai mon pied dans son visage - remercia Dieu d'avoir mis des docs martens aujourd'hui et non des converses. Je bondis en avant, me retrouvant sur ses épaules et lui griffa le visage, lui tira les cheveux. Il poussa des plaintes avant de perdre l'équilibre. Je tombai avec lui mais me rattrapai au dernier moment au mur. Je n'eus pas le temps de faire quoique ce soit qu'un deuxième homme m'empoigna violemment mes cheveux et cette fois-ci je ne pus me retenir: je poussai un hurlement. Si ça pouvait avertir quelqu'un dans le coin ça m'arrangerait bien... Déjà, l'individu me plaqua la main à la bouche et m'attrapait dans ses bras robustes, je gigotais dans tous les sens. Grave erreur, je me fatiguais. La panique, la peur m'avaient enlevé tous bons raisonnements. « C'est qu'elle se débat l'animal tatoué ! » Il me souleva dans les airs et me plaqua brutalement au mur. Je couinai.
[...]
Nous y voilà. J'étais totalement bloquée et déjà je sentais qu'il remontait ma robe. Foutue, j'étais. Du coin de l'oeil, je voyais que l'autre gars s'était redressé à l'aide du troisième. J'essayai une énième fois de bouger mais je n'y arrivai plus. J'étais dans une sale position, il avait eu raison de moi. Il me murmura à l'oreille: « Ecoute, on veut juste jouer un peu avec toi. » Je sentais des larmes couler sur mes joues. Silencieuse, je restai. A croire que non, tout ceci n'arrive pas que dans les films. A croire que j'allais gagner un viol pour une première fois avec un homme.