Up in the air.
Allongée sur mon sofa, je lisais un des livres de mon auteur préféré: Carrie. En fond sonore, une radio quelconque balançait faiblement de la musique sur mon ordinateur portable (faute d'avoir une télévision). Au moment où mes poils commencèrent à s'hérisser due à la charmante voix de Miley Cyrus que je détestais, mon portable posé sur ma cuisse vibra ce qui me fit sursauter - ainsi que Cujo qui roupillait contre ma poitrine. Je fermais mon livre après y avoir mis le marque-page et attrapai mon portable. Mon rat remonta jusqu'à mon cou pour s'y caler. J'avais un message de Seeley qui me disait de lui faire des courses. Je plissai du nez. Même pas un s'il te plait ou merci. Puis l'argent ? C'est bizarre, je rendais service à Mr. O'Hara depuis un mois maintenant, et il avait été toujours poli et me donnait l'argent en avance. Pas envie qu'il pense que j'étais sa bonniche. J'haussai vaguement les épaules, ne prenant pas la peine de lui répondre. Je me levai, éteignis mon pc et partis dans ma chambre mettre un jean. J'avais terminé les cours plus tôt aujourd'hui - comme d'habitude et avais bouclé mon boulot depuis une heure et demi - et dès que je rentrais chez moi j'avais l'habitude de me mettre à l'aise. Je devais sûrement avoir hérité ce petit côté exhibitionniste de ma cousine, mais c'est vrai que j'aimais bien traîner en tee-shirt et culotte.
Je changeai de tee-shirt et mis quelque chose d'un peu moins pourrie qu'un haut avec les tronches effrayantes des gars de Slipknot - que j'avais depuis mes dix-huit ans d'ailleurs. Hop un haut féminin, un jean slim, mon blouson en cuir et mes creepers. J'embrassais mon rat, choppai mon sac à main et deux grands sacs et disparue derrière ma porte.
Je n'avais pas de voiture, considérant que je pouvais très bien me débrouiller avec mes jambes ou grâce aux transports en commun. Du moins, c'était ma vision des choses pour le moment. Je n'étais pas quelqu'un de pauvre, je ne roulais pas non plus sur l'or mais j'avais bien mieux à acheter qu'une voiture. Je me rendis d'abord à pieds au supermarché et sortis la liste habituelle de courses que Seeley m'avait donné la première fois. J'avais toujours peur d'oublier quelque chose.
Après une demi-heure, j'arrivais enfin à la caisse et payai avec ma carte de crédit. Je jetai un coup d’œil à ma montre, j'avais encore du temps. Là, c'était le moment le plus drôle et le plus sportif. Ouais, je ne voulais pas de voiture, ce qui signifiait que je devais porter les sacs. L'avantage c'est que je me faisais des muscles dans les bras. Je ne tardai pas à rejoindre l'arrêt de bus qui m'emmènerait à Santa Monica, où il vivait. Ce type, je ne le connaissais pas plus que ça d'ailleurs. Je savais qu'il était prof d'architecture à l'université - pas du tout mon domaine... Mes études concernaient l'architecture humaine diront-nous. Il avait une fille aussi, une fille qui pourrait être très bien mon amie vu son jeune âge. Pas de femme dans les parages, Seeley était quelqu'un de discret et je respectai. Après tout: "un coeur d'homme a un sol plus rocailleux encore. On y fait pousser ce qu'on y peut... et on le soigne". Il ne savait non plus rien de ma vie, à part que j'étais une fille, élevée, polie, avec un minois de poupée - bonne à jeter haha -, et tatouée, qui souhaitait devenir infirmière de bloc opératoire plus tard. Ca ne m'aurait pas dérangé de le connaître plus. Il était peut-être professeur et moi qu'une étudiante mais je ne faisais pas partie de son décor à l'université. Pour moi, il restait un père de famille atteignant la quarantaine et qui - je ne pouvais pas me mentir - était foutrement bien conservé pour son âge. Je dis pas qu'il était vieux mais... Il était... Physiquement parlant il était chanceux, quoi. Enfin bon ça m'arrangeait de bosser de temps en temps pour lui et sa fille, ça me permettait de gagner un peu d'argent.
Arrivée, enfin. Je sonnais à la porte, attendant qu'on vienne m'ouvrir. Mon regard se perdit sur le côté où l'on pouvait apercevoir un bout de l'océan. « Bonjour. » Lâchai-je quand le brun m'ouvrit, sans sourire. Rancunière, j'étais ? Oui, j'avais toujours son sms en travers de la gorge.