Le jour J était enfin arrivé. A vrai dire, je ne pensais pas qu'il arriverait un jour. Peut-être parce que le charme d'une rencontre Internet réside dans le fait qu'elle n'est pas physique, qu'elle est différente des autres en ce sens. Mais arrivé un moment donné, quand en plus deux personnes vivent dans la même ville, l'idée d'une rencontre devient de plus en plus évidente. On a de cesse de critiquer ces relations virtuelles ; soit-disant elles ne seraient pas très profondes, pas très concrètes. On ne pourrait pas connaître véritablement une personne sans la voir dans la vie réelle, passer du temps avec elle. Sans doute que certains de ces arguments sont vrais. Je ne suis de toute façon pas un adepte des rencontres par Internet. Et pourtant, il y avait Yama. Ou plutôt Maya. Son prénom, je ne l'ai pas su tout de suite. Nous nous parlions tout d'abord par le biais de nos uniques pseudos, et ce n'était pas sur un logiciel de messagerie instantanée mais bien sur un réseau social fait pour les adolescents. Je me souviens encore de nos premières conversations à elle et moi. Vagues et évasives. A dix-sept ans, je ne devais avoir guère mieux comme sujet de conversation que les jeux vidéos, les séries télévisées ou encore les groupes de rock que j'écoutais non-stop et dont j'étais fan. D'ailleurs, là était notre premier point commun. Cette fille avait des bons goûts musicaux, mais pas que... Petit à petit, les discussions s'étaient élargies. Et ce jour-là avant d'aller la rencontrer, je pouvais sans exagérer affirmer que je connaissais plutôt bien cette fille. Je connaissais son histoire, ses affinités, ce qu'elle aimait, ce dont elle avait horreur. Mais ce que je ne savais pas m'attirait aussi. Sa façon d'être, sa personnalité d'un point de vue extérieur, et bien sûr son apparence. Je savais qu'elle était brune, pas très grande, mais rien de plus. Ah si, qu'elle était tatouée. Mais ça, elle me l'avait dit la veille et pour être honnête, ça ne m'avait fait ni chaud ni froid. Peut-être parce que ça lui allait bien finalement. C'était bien son genre d'avoir succombé à l'art du corps. Bref, je connaissais Maya sans la connaître. Et j'avais hâte de la rencontrer pour de vrai.
C'est moi qui lui avait proposé qu'on se voie ; elle avait d'abord hésité un moment avant de me répondre « oui, pourquoi pas », me faisant réaliser qu'elle était probablement plus timide en vrai que sur son ordinateur. Voilà une chose que j'allais découvrir et qui allait peut-être me surprendre d'ailleurs. Mais ça n'allait pas freiner mon envie de la voir, loin de là. Habillé d'une veste noire et d'un T-shirt noir rayé d'une fine bande blanche comme prévu, j'arrivai enfin au Celtics Irish Pub. Il devait être près de dix heures du soir, la nuit était tombée, l'ambiance enjouée. Les bières s'accumulaient sur chaque table, tandis que je me frayais un chemin à la recherche de Maya. Je ne tardai pas à discerner une jeune fille au loin dans un coin, et puis ce fameux bras tatoué de tout son long. Un sourire se forma sur mes lèvres au fur et à mesure que je m'approchais. Mettre un visage sur un pseudo, sur des centaines et des centaines de conversations, ça faisait quelque chose quand même. Etrange sensation. Je ne me l'étais pas imaginée comme ça et pourtant en la regardant je me dis que cette apparence lui allait parfaitement. Oui, c'était bien elle, cette Maya que je connaissais. Je m'avançai vers elle sans quitter son regard. « Yama ? » Demandai-je alors, tout en sachant pertinemment que c'était elle. Ma main se posa sur son épaule sans y mettre une grande pression pour me pencher vers elle et la saluer, avant que je ne m'assois en face. Pendant un instant, je la regardai, les yeux légèrement pétillants sans doute. Puis je souris à nouveau. « Tu n'as pas abusé en me disant que tu avais tout le bras tatoué. Je dois avouer que tu étais facilement repérable grâce à ça. » Mon regard s'aventura sur ce bras pendant un instant et je me dis qu'il faudrait que je lui en demande l’interprétation un jour. Mais pour l'instant, nous avons sans doute mieux à faire. Je la sentais un peu crispée. « C'est moi ou tu es stressée ? Faut pas, dis-toi que je ne suis que l'andouille qui te parle régulièrement derrière son ordinateur. » Dis-je pour la rassurer en lui adressant un petit clin d’œil malicieux, avant de m'enfoncer un peu plus contre le dossier de la chaise. « Tu veux quelque chose à boire ? Je t'invite. »
C'est moi qui lui avait proposé qu'on se voie ; elle avait d'abord hésité un moment avant de me répondre « oui, pourquoi pas », me faisant réaliser qu'elle était probablement plus timide en vrai que sur son ordinateur. Voilà une chose que j'allais découvrir et qui allait peut-être me surprendre d'ailleurs. Mais ça n'allait pas freiner mon envie de la voir, loin de là. Habillé d'une veste noire et d'un T-shirt noir rayé d'une fine bande blanche comme prévu, j'arrivai enfin au Celtics Irish Pub. Il devait être près de dix heures du soir, la nuit était tombée, l'ambiance enjouée. Les bières s'accumulaient sur chaque table, tandis que je me frayais un chemin à la recherche de Maya. Je ne tardai pas à discerner une jeune fille au loin dans un coin, et puis ce fameux bras tatoué de tout son long. Un sourire se forma sur mes lèvres au fur et à mesure que je m'approchais. Mettre un visage sur un pseudo, sur des centaines et des centaines de conversations, ça faisait quelque chose quand même. Etrange sensation. Je ne me l'étais pas imaginée comme ça et pourtant en la regardant je me dis que cette apparence lui allait parfaitement. Oui, c'était bien elle, cette Maya que je connaissais. Je m'avançai vers elle sans quitter son regard. « Yama ? » Demandai-je alors, tout en sachant pertinemment que c'était elle. Ma main se posa sur son épaule sans y mettre une grande pression pour me pencher vers elle et la saluer, avant que je ne m'assois en face. Pendant un instant, je la regardai, les yeux légèrement pétillants sans doute. Puis je souris à nouveau. « Tu n'as pas abusé en me disant que tu avais tout le bras tatoué. Je dois avouer que tu étais facilement repérable grâce à ça. » Mon regard s'aventura sur ce bras pendant un instant et je me dis qu'il faudrait que je lui en demande l’interprétation un jour. Mais pour l'instant, nous avons sans doute mieux à faire. Je la sentais un peu crispée. « C'est moi ou tu es stressée ? Faut pas, dis-toi que je ne suis que l'andouille qui te parle régulièrement derrière son ordinateur. » Dis-je pour la rassurer en lui adressant un petit clin d’œil malicieux, avant de m'enfoncer un peu plus contre le dossier de la chaise. « Tu veux quelque chose à boire ? Je t'invite. »
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Je serais juste l'attrape-cœurs et tout. D'accord, c'est dingue, mais c'est vraiment ce que je voudrais être. Seulement ça. Salinger