« Tu veux être avec moi, il n’y a nul de besoin d’épiloguer ! » Alors, c'était si simple que ça ? Je me compliquais à ce point la vie avec lui, au sujet de notre relation ? A l'écouter oui, j'étais impossible, énervante encore avec ces principes qui n'étaient là que pour montrer à quel point j'étais inconstante. Le haussement de sa voix me déconcerta un moment, car je n'y étais pas habituée, pas dans ce genre de scène aussi sérieuse. Non, évidemment que je n'y étais pas habituée... Les yeux rivés sur lui, je me retins de dire quoi que ce soit, de peur de venir encore entacher la vision simpliste qu'il avait de notre possible relation de couple. Catherine n'était peut-être pas importante dans son coeur, néanmoins elle avait le privilège de pouvoir passer la vie à ses côtés. Si je n'étais pas assez mature ou responsable pour assumer un mariage, je savais cependant que j'aurais été prête à tout pour être à la place de Catherine. C'était fou et insensé et pourtant bien là, au plus profond de mes entrailles. RJ avait ma peau avant même de l'avoir réellement eue. J'étais amourachée de lui comme toutes ces filles niaises, aveugles par leur petit-ami, sauf que je me forçais sans cesse à ne pas adopter ce côté dégoulinant. Je redoutais ça, je ne voulais pas de ça avec lui. Mais là, face à lui, tout changeait, je me rendais compte que l'amour rendait dégoulinant, c'était un fait. Quelque chose qu'on ne peut pas nier et à laquelle on ne peut pas échapper. Si l'on aime l'autre, alors on est foutu, d'une manière ou d'une autre. Le voir si contrarié par ma vision des choses me toucha, sûrement parce que je ne m'étais jamais imaginé vivre ça avec lui. A nouveau, il me balança que je ne comprenais pas. Mais si, je comprenais. Je vous jure que je comprenais, j'étais juste trop fille. Trop canalisée sur ce mariage pour prendre en compte toute l'ampleur de ce qu'il ressentait, de ce qu'il demandait. Non, ce n'était pas trop. Heureusement qu'il était là pour me le rappeler. Me rappeler que je me prenais trop la tête sur des choses qui n'en valaient peut-être pas la peine. Vivre la vie à cent à l'heure, c'était pourtant ma devise, plus qu'une devise, une façon naturelle de vivre, alors pourquoi je m'en faisais autant ? Si je cessais de m'enfermer autant dans cette cage, peut-être pourrions-nous juste être heureux ? Heureuse... avec lui. C'est consternée que je relevai mon regard sur lui, sur son dos, alors qu'il me fit la promesse que je désirais entendre plus que tout. Et puis... ça, ce verbe, sortant de ses lèvres. J'aurais pu croire à une illusion, un mirage suite à tout ce qu'il venait de dire avant, mais non. Il l'avait dit, à sa façon. Qu'il le dise d'une façon ou d'une autre, cela avait le même effet et pas n'importe quel effet. Les lèvres entrouvertes, je trouvai enfin la force de me relever pour le rejoindre, sans passer par quatre chemins. Ma main retrouva la sienne et l'attira à moi, avant que je le relâche pour attraper son cou tendrement et l'embrasser, moins tendrement, plus passionnément. Et je n'avais plus envie de m'arrêter, de le relâcher une seule seconde, même s'il le fallait. « Tu m'énerves. » Tellement, tellement. J'abandonnai ma résistance, j'abaissai également les armes. Au moins le temps de cette soirée, le temps de profiter de ce qui m'était offert et de ce que j'avais à lui offrir, puisqu'il s'agissait bien d'un don. Suite à un énième baiser, je relevai mon regard vers le sien et murmurai, sérieuse et des étoiles dans les yeux. « Sors avec moi, alors. Et... emmène-moi dans ta chambre, j'te jure que j'en peux plus d'attendre. »