SPENCER & ALICE ▪ just a little misunderstanding

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Spencer & Alice

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« Avec RJ ? Ah, le tatoué ? Mais ce n'était pas ton ami, lui ? » Autant les mères peuvent parfois être d'un énorme soutien d'un seul regard, geste ou mot, autant parfois ça laisse carrément à désirer. Je soupire en haussant les sourcils avant de répondre, tout en zigzaguant entre la foule du centre ville. « Oui le tatoué, c'est ça. Et oui c'était mon ami, il l'est toujours d'ailleurs, enfin non, enfin je n'sais pas, bref tu m'embêtes déjà, t'es pas possible ! C'est pourtant simple à comprendre. » Je perçois son rire à travers le combiné et à ce moment, je me dis que c'est bien la peine de demander des informations sur ma vie amoureuse si c'est pour se marrer après. « Bon, si tu es heureuse avec lui, c'est tout ce qui compte. » Heureuse... Oui, oui et non en fait, mais disons que oui. « Et avec ta colocataire, ça se passe bien ? Pas trop explosif deux filles dans un appartement ? » Un sourire me vient aux lèvres, ça tombe bien qu'elle veuille changer de sujet car mes amours la rendent enquiquinante. « Oh non, on se complète bien elle et moi. C'est une fille sans histoires et plutôt amusante. Non franchement je n'aurais pas pu tomber sur mieux. » Bref silence. « Tu me la présenteras quand je passerai vous voir à Los Angeles ? Et ton chéri aussi. » Je tire instantanément une grimace de trois mètres de long, cette idée ne m'enchante pas du tout. « Euh... » Mais elle me coupe. « D'ailleurs, tu diras aussi à ton frère que j'attends de ses nouvelles, ça commence à faire long depuis le dernier appel. » Voilà un sujet sur lequel j'aimerais bien papoter pendant des heures, mon frère ! Je pourrais d'ailleurs lui dire ô combien j'adore ma nouvelle belle-soeur, sauf que j'arrive déjà dans ma rue. « Knox va bien aux dernières nouvelles, il aime toujours autant les blondes bitchy. » Je ne suis pas sûre que ma mère voie où je veux en venir mais peu importe. Mon regard se pose sur un gars en bas de l'immeuble, assis sur les marches avec un air déprimé. Sa tête me dit vraiment quelque chose... Ah, si, je l'ai vu une fois avec Grace à l'université. Peut-être qu'il est ce fameux Andreas dont elle me parle tout le temps... « Bon m'man je te laisse. Je te rappelle dans quelques jours promis. » « J'espère, bonne soirée chérie. » Je range mon portable dans mon sac quand le regard du brun croise le mien. Spontanément je lui adresse un sourire. « Salut... Tu es venu voir Grace ? » Lui demandé-je, mon attention à la fois sur lui et sur l'intérieur de mon sac où je cherche mes clefs. « Elle t'a viré ou quoi ? » Bah, il fait vraiment une sale tête, je demande juste.

© Grey WIND.

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Ça avait été une longue, une très longue journée. Il sortait de chez Grace et il était plus dépité qu’autre chose. Ca faisait environ un an qu’il ne l’avait pas vu, pendant un an il avait réussi à l’éviter sur le campus, un an qu’il faisait attention à ne pas tomber sur elle et voilà qu’aujourd’hui-même, le destin avait décidé de la lui mettre pile sur son chemin. En pleine rue, il l’avait vu et au même moment, elle avait tourné la tête et vu aussi. Impossible de se défiler, pourtant, il aurait bien aimé partir au courant mais au lieu de ça, ils prirent un café, puis elle le ramena chez elle. Ca faisait beaucoup en une seule après-midi d’autant qu’elle avait été la première fille dont il était tombé amoureux et qu’entre eux ça n’avait pas collé en raison de leur vision des choses différentes. La rupture, il la vécu comme une tragédie racinienne. La revoir fut un moment gênant, long, et surtout qui lui balança une tonne de souvenirs en pleine figure. Sortir de là fut un soulagement. Il pouvait enfin souffler. Il ne voulait pas rentrer chez lui tout de suite et afin de reprendre un peu ses esprits, il s’assit sur les marches en bas de l’immeuble. Ce n’était pas très hygiénique mais qu’importe, il fallait qu’il se pose quelques instants afin de réfléchir. Il avait ressenti tellement de sentiments contradictoires lors de cet après-midi qu’il fallait qu’il prenne le temps de savoir où il en était par rapport à tout ça. Une fois assit, il engouffra sa tête entre ses mains. Il la releva un laps de temps indéfini plus tard et se passa la main dans les cheveux pour se les dégager du visage comme à son habitude. Il resta comme ça sans penser à rien pendant un autre long moment, tout du moins le moment lui parut long. Il était dans son petit monde lorsqu’une voix le sortit de ses songes. Il tourna la tête pour regarder son interlocutrice. Il ne la connaissait absolument pas et pourtant elle semblait le connaitre. Elle voulait savoir s’il était venu voir Grace. Tient, comment se faisait-il qu’elle soit au courant ? Peu importe. « Heuuu ouais. » Mais c’était qui cette fille ? Une de ses colocataires ? Si tel était le cas, elle était bien indiscrète. Elle avait presque touché dans le mile seulement Grace ne l’avait par mis dehors, il était simplement parti une fois le moment venu. « Non. », se contenta-t-il de répondre. Il n’était pas très enclin à la conversation et se demandait pourquoi elle lui posait toutes ces questions. Ça ne la concernait en rien. « Au fait, t’es qui ? Alice ? » Question conne mais il voulait savoir à qui il avait à faire. Il n’était pas des plus agréables et si elle comprenait vite et bien, elle poursuivrait sa route sans se préoccuper de lui d’avantage …

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C'est vrai que je suis un peu sans gêne sur les bords, on me le répète assez souvent, ou on me le fait comprendre à l'aide d'un regard pour le moins équivoque. A peu près ce même type de regard que ce gars me lance en fait, mais ça n'est pas pour ça que je vais freiner ma curiosité. Surtout qu'il me confirme mes pensées, il est venu voir Grace. Je n'imaginais pas Andreas comme ça, mais après tout, c'est rare de ne pas être surpris dans ces situations-là. Vu la tête qu'il tire, il a du se passer quelque chose avec ma colocataire, et c'est bien ça qui me conforte dans l'idée qu'il est ce fameux gars dont elle me parle en ce moment. Quand il me demande si je suis Alice, je lui sers un petit sourire réjoui. « C'est bien moi oui. » J'aime bien qu'on sache qui je suis sans avoir besoin de me présenter, mais ça ne vous étonnera pas, hein. A ce moment, je songe à entrer sans lui adresser plus la parole puisque après tout il ne semble pas particulièrement ravi de ma présence. Mais, tout compte fait, je décide de rester et ça, je vous assure que c'est à cause de son air déprimé. Ça m'intrigue, d'autant plus que ça concerne Grace alors... Les clés dans ma main, je m'assieds à côté de lui et tends mes jambes avant de tourner ma tête vers lui. « Je sais que je sors de nulle part et qu'on ne se connait pas, tu dois te dire que je suis gonflée ou chiante, enfin peu importe, mais je commence à bien connaître Grace. Si jamais tu veux parler, ça ne me dérange pas, au contraire, et je n'irai rien rapporter, promis. » Dis-je avec un sourire modéré pour lui assurer la véracité de mes propos. Car oui, je suis curieuse mais pas déloyale et ça, il fallait sans doute que je le lui précise. Il a la balle dans son camp, je peux rester et lui confier des conseils ou m'en aller et le laisser seul broyer du noir. Au choix. « Alors ? »

© Grey WIND.

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Il ne pensait pas être embêté dans un moment pareil. A croire que ce n’était décidément pas son jour ! D’abord Grace, et maintenant cette fille qu’il ne connaissait ni d’Eve ni d’Adam mais qui elle semblait le connaitre. Parfois il ne faut pas chercher à comprendre pourquoi les gens vous parlent. Pour sa part, il n’était pas très bavard. Sa journée avait été éprouvante au niveau relationnel et il avait eu sa dose de conversation sauf que faut croire que le destin n’avait pas fini de s’acharner sur lui. Cette fille était bien Alice, l’une des colocataires de Grace. Il secoua vaguement la tête en signe d’approbation mais n’avait pas plus envie de parler. Au final, ce fut elle qui le fit juste après avoir pris place à ses côtés. Il lui faisait pitié ou quoi pour qu’elle s’arrête et tape la causette ? Parce que oui, il devait lui inspirer de la pitié vue qu’elle lui proposait de se confier à elle. Il sait que c’est souvent plus simple de se confier à des inconnus qu’à des gens qu’on connait mais bon là tout de même, comme elle l’a dit, ils ne se connaissaient pas. D’un côté la proposition était tentante parce qu’il en avait gros sur la patate, mais de là à pouvoir lui faire confiance … après tout, elle est amie avec Grace et rien ne lui garantit qu’elle ne lui répétera rien. « Comme tu l’as dit, on ne se connait pas alors pourquoi tu voudrais m’écouter me lamenter ? » Il ne prononça pas ça méchamment, il voulait juste essayer de comprendre ses motivations. Il n’est pas du genre à se confier à la première personne venue, après, c’est peut-être lui qui est un peu coincé. Oui, c’est sûrement ça, il doit être trop coincé, c’est l’un des grands drames de sa vie, s’il ne l’avait pas autant été, il serait sûrement encore avec Grace aujourd’hui … Il se prit la tête entre les mains quelques instants. Il était à cran. Cette fille, Alice, risquait de le prendre pour un fou. « La vérité c’est que c’est complètement la merde dans ma tête. » Et encore, c’était bien pire quand il analysait vraiment la situation. C’était le fouillis dans son e[/i]sprit, un vrai bordel impossible à dompter et à comprendre. Ce qu’il ressentait pour Grace était tellement compliqué que même lui s’y perdait alors, autant dire qu’expliquer tout ça risquait de s’avérer compliquer. « J’crois que même si je voulais en parler, j’pourrais pas tellement j’arrive pas à définir ce que je ressens. » Pourquoi lui disait-il tout ça ? Il n’en avait fichtre aucune idée mais elle avait peut-être vue juste avant lui, elle savait sans doute qu’il aurait besoin de parler avant même que lui le sache …

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L'homme n'a pas confiance en moi et si ça m'agace, je dois cependant me montrer compréhensive. A sa place, j'aurais eu la même réaction si une inconnue était venue vers moi pour que je me confesse à lui. Correction, je l'aurais encore plus envoyé paître. Suite à ses paroles, je relève mon regard vers le sien et le regarde une seconde, deux secondes, avant de soupirer légèrement. « Parce que ça ne me dérange pas, parce que je peux peut-être t'aider, quelque part. » Je hausse les épaules, comme pour l'assurer de la confiance qu'il devrait m'accorder. En réalité, je ne sais pas plus que lui si j'ai raison de vouloir l'écouter se lamenter, comme il le dit. Je n'aime en général pas m'attarder sur les gens qui se plaignent, qui racontent leur soit-disant misérable vie au débit d'une fontaine inépuisable. Mais il y a toujours des exceptions pour confirmer la règle comme on dit, n'est-ce pas ? Je ne nie pas que le fait que Grace soit concernée m'incite d'autant plus à mettre mon nez dans cette histoire. Néanmoins, je reste une fille de bons conseils à en écouter mes amis. Alors voilà, ce gars aurait tout intérêt à me parler, ça pourrait lui faire du bien en plus. Oui, clairement. Ca me fait presque de la peine de le voir dans cet état. Il me dit que sa tête est un foutoir ambulant, je lui adresse un regard compatissant. Je sais ce que c'est d'être perdu, sentimentalement parlant. Si c'est de ça qu'il s'agit, je suis vraiment la bonne personne pour lui ! Enfin, je crois. Attentive, je me mets en posture d'écoute, mon menton contre la paume de ma main. Quand enfin il accepte de s'ouvrir un petit peu, moi je pense aussi à Grace. Si cette conversation doit aider l'inconnu, je dois également faire attention de ne pas interférer dans les histoires de ma colocataire. Il y a un temps pour tout ; un temps pour être peste je m'en foutiste, un temps pour être une amie loyale. Grace est une colocataire en or, alors je n'ai pas le choix, hein ? « Mais il semblerait que ton coeur en pince pour elle. Tu lui as dit ? » Grace et sa dépendance à la liberté. Belle oxymore pour décrire ce besoin qu'elle a de toujours être libre, libérée de toute dépendance. Je ne connais pas leur relation, ou en tout cas la seule chose que je sais, c'est qu'il ne la laisse pas indifférente, qu'elle a l'esprit préoccupé par lui en ce moment. Mais avant de parler d'elle, parlons de lui, de ce qu'il pense d'elle.

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Cette fille se mêlait un peu de ce qui ne la regardait pas. Il n’était pas vraiment d’humeur à parler mais après tout, elle avait peut-être raison, peut-être que le fait de se confier à quelqu’un lui ferait du bien. Il fallait qu’il s’aère la tête et quoi de mieux pour ça que d’évacuer ses problèmes en les évoquant de vive voix. Il trouvait tout de même ça curieux qu’une fille qu’il ne connaissait pas le moins du monde ait envie d’écouter ses problèmes. Il souhaita alors connaitre ses motivations qui furent qu’elle voulait simplement l’aider. Mouais, pas très convainquant et pourtant, ça le décida à parler. A parler un peu plutôt. Il n’a jamais été doué avec les mots, et n’est pas non plus d’un naturel très spontané alors forcément, quand il s’agit de raconter ses malheurs, ça coince un peu. Ajoutons qu’au-delà de tous ces facteurs caractériel, s’ajoute le facteur pas envie de parler parce que ma vie c’est de la merde. Oui, oui, le fait de revoir Grace l’a complètement perturbé non seulement au niveau sentimental, mais également au niveau personnel. Il a l’impression de stagner dans sa vie et de ne rien avoir fait de constructif en un an. La déprime ! Lorsqu’il tenta de lui montrer à quel point il avait du mal à penser et à mettre de l’ordre dans son esprit, elle en conclut immédiatement qu’il en pinçait pour elle. Oui, il y avait de ça, et c’était d’ailleurs l’une des grosses parties du problème. Grace et lui n’aspiraient pas à la même chose. « Ça se voit tant que ça ? », demanda-t-il histoire de savoir quel degré de désespoir il lui renvoyait. Surement un degré élevé pour qu’elle ait pris le temps de s’asseoir et de lui parler. « Elle sait exactement ce que je ressens, l’ennui, c’est qu’elle ne partage pas mes sentiments. » Et oui, lui l’aimait, alors qu’elle, elle, puis après elle quoi ? C’est vrai, que ressentait-elle pour lui ? Pas de l’amour en tout cas. Si elle l’aimait, elle ne prendrait pas tout ça pour un jeu, et elle accepterait de vivre quelque chose de vrai et profond avec lui. « Elle veut juste s’amuser. » Il marqua un temps d’arrêt avant d’ajouter : « Comme toujours. » Il grimaça en y pensant. C’était bien sa veine d’être amoureux d’une fille qui ne voulait pas de lui. A croire que ce genre de tuile n’arrive qu’à lui. Il doit être le seul mec de Los Angeles à être accro à une fille qui ne veut pas de lui. Quel nul ! Si seulement il pouvait contrôler ses sentiments, ce serait tellement plus simple. Fini les prises de tête, fini les séances déprime. Il serait juste bien et tournerait la page comme l’aurait fait n’importe quel type normal. Il tourna la tête et regarda Alice avant de lui demander : « Alors, tu me conseilles quoi ? » Elle lui avait proposé son aide, c’était le moment de lui fournir une solution …

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« Bien sûr que ça se voit. Tu ne serais pas dans un état pareil en bas de notre immeuble si tu ne ressentais rien pour elle. » Enfin, ça semble évident, non ? A quoi bon prendre le temps de ressasser quelque chose avec cet air si déprimé si des sentiments ne sont pas en jeu ? Et je dois avouer que ça m'étonne, dans le sens où je ne m'attendais pas à un Andreas comme ça. De ce que Grace m'en a dit, ce gars est un peu le genre à jouer au con comme elle, je m'en foutiste sur les bords ; au lieu de ça, j'ai à côté de moi un garçon perdu et - l'on pourrait affirmer sans trop se mouiller - attentionné envers elle et cette relation qu'ils partagent. Bon, je me suis trompée sur toute la ligne on dirait. Après tout, les intuitions que l'on se fait sur les gens sont parfois mauvaises, je ne dois pas être tant étonnée que ça. Et puis, physiquement ils vont bien ensemble tout de même Grace et lui, en tout cas je trouve mais les affaires de goûts hein. Il me parle ensuite un peu plus de ce qui les unit, de ce fossé entre ce qu'il ressent lui et ce qu'elle ressentirait elle. Que Grace a envie de s'amuser... Oui, en soi, c'est comme ça que je l'ai connue aussi et pourtant, nos dernières conversations m'ont laissé croire qu'elle était entichée de lui. J'ai le don, comme beaucoup d'autres filles je pense, de sentir quand une autre est un tant soit peu amoureuse et là, j'aurais été en mettre ma main à couper. Sauf que d'après ce qu'il dit, Grace a été clair avec elle et ne semble pas vouloir plus. Bon, elle doit avoir ses raisons, mais je ne peux m'empêcher d'être perplexe. « Ah. » Que je m'entends murmurer avant qu'il ne me pose la question qui allait forcément arriver à un moment ou à un autre, ce que je lui conseillerais, moi. Songeuse, je finis par soupirer doucement, avant de tourner ma tête vers lui, les bras croisés sur mes genoux. « Peut-être prendre du recul... La laisser revenir vers toi si vraiment elle en a envie. » Grace est ainsi faite, vivant avec ce besoin d'avoir autour d'elle de l'oxygène, de la liberté pour se sentir bien. Et malgré ce qu'elle m'a dit sur Andreas, je dois prendre en compte ce que lui me dit aussi à l'évidence. « Je dois t'avouer que je suis étonnée, les fois où elle m'a parlé de toi j'avais l'impression d'avoir en face de moi une fille en train de craquer, sentimentalement parlant tu vois ? Or là, tu me dis qu'elle veut juste s'amuser. » Je hausse les épaules avant d'abaisser mon regard. « Enfin quoi qu'il en soit, ce genre de relation où les deux personnes n'ont pas les mêmes attentes, au final ça fait toujours mal alors fais attention. Je ne saurais pas quoi te dire de plus... » Triste vérité.

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Il était déprimé, déprimé d’être retombé sur Grace, d’avoir cru qu’il serait possible de construire de nouveau quelque chose avec elle, de s’être une nouvelle fois mangé un râteau, et d’être incapable de pouvoir devenir l’ami qu’elle aimerait qu’il soit. Toutes ces choses, toute cette journée n’avait été qu’un rêve au goût amer. Présentement, il était assis sur les marches de son immeuble, le cœur lourd, le moral à plat, tellement à plat qu’une parfaite inconnue s’était arrêtée pour lui parler. S’il avait tendu la main, elle lui aurait sans doute donné une pièce tellement il devait avoir l’air misérable. L’inconnue, ou plutôt la colocataire de Grace – avait-il raison de lui confier tant de choses ? – avait vu juste : il ressentait encore des choses pour Grace. Sans trop savoir pourquoi, il se confia. Ca faisait du bien, ça lui permettait d’avoir un avis extérieur sur la question et de ne pas trop psychoter tout seul dans son coin. Il expliqua rapidement la situation : il l’aimait, pas elle ; il voulait du sérieux, pas elle. C’était simple, un esprit logique lui aurait sans doute conseillé de partir et de l’oublier, seulement l’ennui c’est que ce n’est pas si simple. Le fait de l’avoir revu a provoqué l’envie de la revoir de nouveau et de passer du temps avec elle sauf qu’agir ainsi n’est pas recommandé. Il souhaitait avoir l’avis d’Alice. Elle devait sans doute être de bons conseils. Elle connait Grace, et puis, vu que c’est une fille, elle doit savoir comment elles réagissent. Prendre du recul, tel était le conseil. Oui, c’est peut-être ce qu’il fallait faire, la laisser tranquille et apparaitre dans sa vie périodiquement pour qu’elle s’habitue de nouveau à lui. De cette manière, peut-être qu’il pourrait faire en sorte qu’elle développe de nouveaux sentiments pour lui. La phrase suivante qu’Alice prononça lui parut incohérente. Grace lui avait déjà parlé de lui ? Pourtant elles ne se connaissaient pas à l’époque où il sortait avec elle, et étant donné qu’ils ne s’étaient pas revus depuis longtemps, ça n’avait pas de sens. Il fit la grimace pour réfléchir. Peut-être avait-il mal compris. « Elle t’a parlé de moi, quand ? », demanda-t-il intrigué. Non, décidément ce n’était pas cohérent. Serait-il possible qu’elle le confonde avec un autre ? Si tel était le cas, ça signifierait que Grace craque pour un autre garçon. Non, non, non, ça ne pouvait pas être ça, se serait encore pire. Ne pas se monter la tête avant d’avoir la réponse. Rester calme, respirer tranquillement, et se détacher de tout ça. En tout cas, elle avait raison, il fallait qu’il fasse attention au risque de souffrir. Il hocha la tête en signe d’approbation. L’ennui en amour, c’est qu’on a tendance à foncer dans le mur même quand on sait qu’on ne devrait pas le faire, sans doute parce qu’on a besoin d’aller jusqu’au bout. Se rendant compte que parler l’avait aidé, il remercia son interlocutrice en plaisantant : « Tu devrais devenir conseillère conjugale ou un truc du genre. » Ouais elle devrait, parce qu’elle était douée pour écouter et conseiller. « En tout cas c’est sympa d’avoir écouté. » Elle devait sans doute le prendre pour un pauvre type, mais au moins elle ne le lui avait pas montré et c’était appréciable. Grace avait de la chance de l’avoir parce qu’au niveau des potes mecs, les conseils de sont pas d’aussi bonne qualité …

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Chance pour moi, l'ami de Grace semble ne pas prendre mal ce que je lui dis ou plutôt ce que je lui conseille. Pour connaître la brunette depuis plusieurs mois, je suis presque sûre d'être de bons conseils ; elle a besoin de liberté, de contrôler sa vie comme elle l'entend. Grace est loin d'être une passive, il faut que ce soit elle qui prenne les choses en main et d'autant plus dans une situation pareille. Si ce gars continue à lui dire qu'il veut plus d'elle alors qu'elle veut s'amuser... cela ne marchera pas, c'est certain. Tout à coup il semble surpris, quand je lui parle des fois où elle a mentionné son nom. « Oh, plusieurs fois, ces dernières semaines. Grace n'est pas spécialement bavarde mais il m'a semblé que cette histoire la remuait pas mal. » Je hausse l'épaule, puis il en vient à me remercier de l'avoir écouté d'une manière assez drôle. Moi conseillère conjugale ? « Je préfère que ça reste occasionnel, j'ai assez de boulot avec ma propre vie si tu veux mon avis. » Réponde-je en tournant ma tête vers lui pour lui adresser un sourire significatif. C'est vrai que j'aime assez bien conseiller mes amis dans leur love affairs mais de là à en faire mon métier, il y aurait de quoi se tirer une balle, non ? « De rien en tout cas. C'était cool de faire ta connaissance, j'ai enfin pu mettre un visage sur ce fameux Andreas dont elle me parle tant. » Que je rajoute avant de chercher la bonne clé sur mon trousseau, prête à bientôt me relever pour entrer dans l'immeuble.

© Grey WIND.

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Avec une insupportable vanité, elle s'était imaginé pouvoir sonder le cœur de tout le monde. Les évènements avaient montré qu'elle s'était complètement trompée. Austen

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Parler avec cette fille lui faisait du bien. Elle était de bons conseils et c’était surprenant étant donné qu’il ne la connaissait ni d’Eve ni d’Adam. Dans tous les cas, il fut surpris de l’entendre dire que Grace avait déjà parlé de lui. En effet, ils s’étaient revus aujourd’hui, de ce fait, il trouvait ça étrange qu’elle ait parlé de lui avant ça puisqu’ils n’étaient plus du tout en contact. Il arqua un sourcil de méfiance lorsqu’elle poursuivit. Il n’osa pas l’interrompre ni même lui faire part de ses soupçons concernant ces dernières révélations. Il allait garder tout ça pour lui et il analysera le reste une fois chez lui car pour l’heure, il a fourni trop d’analyses et d’hypothèses pour un long moment. Bref, avec tout ça, tous ces bons conseils, il conseilla à Alice de devenir psy ou un truc du style mais comme elle dit, il y a une différence entre régler ses propres affaires et régler celles des autres. Il hocha donc la tête en signe d’acquisition. Etant donné que la conversation allait bientôt prendre fin, il la remercia de l’avoir écouter. Mine de rien, ça lui avait fait du bien d’avoir pu extérioriser un peu ses sentiments, et surtout, il était heureux de savoir que Grace parlait parfois de lui. Son bonheur hélas fut de courte durée. Le prénom Andreas le foudroya. Soudainement, il comprit : ce n’était pas de lui dont elle parlait souvent mais de ce fameux Andreas. Qui était-il d’ailleurs ?! Merde ! Merde ! Et re merde ! Ca aurait été trop beau. Quelle bille ! Il était vraiment le dernier des abrutis. Grace c’était vraiment bien moqué de lui. Ca lui apprendra à jouer avec le feu. Pris d’un abattement profond, il dit simplement : « Moi c’est Spencer. » Ouais, il c’était Spencer, pas Andreas, non, Spencer, le pauvre et misérable Spencer, le trop crédule et trop naïf Spencer. « J’aurais peut-être dû commencer par-là. » Il aurait dû, comme ça elle aurait su à qui elle parlait et que prononcer le nom d’un autre garçon en face d’un mec pas totalement guérit n’est pas une bonne idée …

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La discussion s'épuise tout à coup puisque nous avons de toute façon fait le tour du sujet. Ce gars est visiblement épris de Grace et moi en un sens cela me rassure étant donné tout ce qu'elle m'a dit sur lui. Si elle ne se prétend pas amoureuse, je sais néanmoins que ce mec la chamboule assez pour laisser présager une histoire – fort possiblement – sentimentale, et savoir qu'il est prêt à cette éventualité satisfait ma bienveillance à l'égard de ma colocataire. C'est vrai, tout ce que je veux c'est qu'elle soit heureuse avec ce mec et il semblerait qu'ils soient tous les deux attirés par la même chose quand bien même le chemin pour y accéder les déroutera un peu, alors advienne que pourra, mais je suis confiante. Enfin... Ca, c'était mon impression première, celle qui précédait le moment où j'en ai dis un peu trop. Andreas... Je pensais que c'était lui. Oh, merde, merde, merde. Sa tête a lui me signifie qu'il est abattu et de mon côté je suis navrée, navrée de comprendre qu'il y a une grosse erreur sur la personne. Bon sang, c'est moi qui me suis emballée, qui ai cru que c'était lui sans même vérifier son prénom ! Tout ça c'est ma faute, ça m'apprendra à me lancer tête baissée dans tout et rien sans réfléchir ! « Spencer... ? » Oui Alice, Spencer, il vient de te le dire, il n'est en aucun cas cet Andreas dont tu aurais dû taire le nom. Enfin, pour ce que ça vaut... C'est l'occasion de mettre les pendules à l'heure peut-être ? Qu'il ne se fasse pas de fausses illusions alors qu'elle me parle d'un autre en ce moment ? J'en sais fichtrement rien tout à coup. Mes clés retombent dans mon sac quand je le fixe lui, le visage toujours marqué par la surprise et la désolation. « Merde... » Ca, tu peux le dire. « Non, non c'est moi qui aurait dû te demander qui tu étais avant de m'imaginer tout un tas de choses et de me la jouer docteur love. » Quelle crétine, il doit être complètement dépité à cause de moi, en tout cas à sa place je le serais et pas qu'un peu. « Je suis désolée Spencer. La vérité c'est que... » Que je n'ai pas entendu parler de toi depuis les quelques mois où je vis avec Grace. Je ne sais pas qui tu es, quel rôle tu as eu dans sa vie. Et au lieu de continuer à dire des potentielles bêtises alors que Grace est l'une de mes proches, je songe à modérer mes propos, ça ne fera de mal à personne. « Non laisse tomber, je crois que je devrais arrêter de parler pour une fois dans ma vie. » Je rigole nerveusement, et commence à supporter difficilement l'immobilité dans laquelle je suis. A vrai dire, je n'ai plus qu'une chose à lui dire. « Je ne connais pas votre relation à Grace et toi mais fais attention, ces derniers temps elle est ailleurs. »

© Grey WIND.

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Avec une insupportable vanité, elle s'était imaginé pouvoir sonder le cœur de tout le monde. Les évènements avaient montré qu'elle s'était complètement trompée. Austen

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Il n’aurait pas dû s’emballer. Certaines choses lui paraissaient incohérentes lorsqu’elle les lui avait confiés mais comme un con il y avait cru. En fait, il avait voulu y croire pour s’y rattacher, pour se dire qu’il comptait un minimum pour Grace. L’ennui c’est que tout cela s’est effondré lorsqu’elle l’a appelé Andreas. Il ne connaissait pas ce type, tout ce qu’il savait, c’est que ce n’était pas lui. Etrangement, il se senti vidé par cette nouvelle. Il aurait dû être abattu et dépité, et dans le fond, il l’était peut-être, mais son corps et son esprit lâchèrent prises. Il en avait marre de se casser la tête. Grace ne l’aimait pas. Soit. Tant pis. Il a vécu sans elle un an, il peut bien recommencer même si ce sera dur. Le temps aide souvent dans ce genre de situations. Alice avait l’air désolé de son erreur. Elle faillit rouvrir la bouche mais se rétracta, qu’elle s’arrête ou non de parler, il savait d’avance ce qu’elle allait dire. « T’inquiètes pas, j’ai compris. » Il n’est pas débile, il sait très bien que la vérité c’est qu’elle n’a jamais entendu parler de lui. Il fallait qu’il se fasse une raison : en amour, il est malchanceux. Il devrait peut-être aller au casino parier l’argent qu’il n’a pas, il aura peut-être plus de chance. Alice lui conseilla de faire attention, par ailleurs, elle entendait avec Andreas. Il haussa les épaules et un « Ouais. » s’échappa de ses lèvres. Ce soir, il aura sans doute du mal à trouver le sommeil. « Merci en tout cas d’avoir essayé de me remonter le moral. » Cette fille était sympa de l’avoir écouté et conseiller même si depuis le départ elle ne s’adressait pas vraiment à lui. C’est l’intention qui compte et il ne l’oublierait pas. « C’était gentil à toi. » Il lui sourit parce que oui, il lui était reconnaissant de lui avoir porté de l’intérêt.

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