Mains dans les poches, Radke avance dans les rues. Il est prêt de deux heures du matin et pourtant la voilà, seule, dans une rue sombre qu’une personne normalement constituée n’emprunterait. Mais pas Radke, vous savez. Elle n’a peur de rien. Ou plutôt elle ne s’est pas assez frottée au monde réel pour savoir que c’est dangereux. Ou peut-être parce qu’elle se sait capable de pouvoir se défendre toute seule. Elle n’a personne de Radke, mis à part de sa maîtresse qui est omniprésente dans ses pensées et dans toute action qu’elle accompli. Ekaterina, la belle. Ekaterina, la déesse. Elle l’obsède, si vous saviez à quel point ! D’ailleurs, elle n’est pas là ce soir, raison pour laquelle elle est partie pour sa promenade nocturne sinon elle serait présentement allongée tout contre elle, à s’enivrer de sa fragrance entêtante. Radke poussa un soupir, c’est que le temps s’est quelque peu refroidi. L’on avait beau être en Californie, on n’y échappait pas, m’enfin son séjour dans l’est l’aide à s’y accoutumer plus que les autres. Sa tranquillité d’esprit est interrompue quand un groupe d’énergumènes s’avancent dans direction, bruyants et ô combien surs d’eux. Radke ne leur accorde aucune attention, il est difficile de susciter son intérêt quand bien même seriez-vous entrain de la siffler, comme ils le font en ce moment. La jeune femme pense déjà à ce qu’elle va faire en rentrant, se défouler pendant quelques heures sur le sac de frappe, prendre une douche puis essayer de dormir une heure ou deux, comme à chaque fois qu’elle devait le faire toute seule. « Réponds quand on te parle ! » scande l’un d’entre eux qui vient se faufiler devant elle. Pour la première fois elle daigne enfin lever son regard d’une neutralité glaçante vers eux, plus particulièrement vers celui qui lui barre la route. Elle est curieuse. Elle se souvient avoir vu ce genre de trucs dans les films. La fille est censée paniquer, appeler au secours ou quelque chose du même acabit, mais elle reste résolument silencieuse. « C’est que t’es sacrément mignonne toi ! » il pose ses doigts sur sa mâchoire alors qu’un petit sourire apparait sur ses lèvres. Elle ne réagit toujours pas. Lui, croit qu’elle est paralysée par la peur…qu’il est doux le machisme hispanique.