Ethan & Maggie ❀ Exile with you.

Parfois, il paraitait que le temps s'arrête et n’appartienne qu'à nous.
Ethan & Maggie

Ma journée avait été plutôt minable, pusique j’avais eu les résultats de mes partiels. Ratés. Ouais, j’avais échoué à mes examens et ça m’avait rendu dingue. Je n’avais même pas envie d’annoncer ça à mon frère et à mes amis. Je ne voulais pas de leur pitié. Parce que je connais ce genre de situation. Quand tu sais que ton pote a foiré, que tu ne peux t’empêcher de le regarder avec désolation et que tu lui sers des excuses qui, en réalité, ne le réconfortent pas du tout. Je n’avais pas envie de ça. J’avais plutôt envie de m’amuser ce soir, de me détendre et de me changer les idées. Il était 23h40 lorsque j’entrais sur le campus. Il était désert, comme chaque nuit. Tout le monde dormait –ce qui est normal en milieu de semaine vous me direz-. Armée d’un vieux sac à dos en cuir, je rentrais dans le bâtiment et montais hâtivement mais discrètement les escaliers de la fac. J’avais envie de faire une surprise à Ethan ce soir. Puisqu’il était veilleur de nuit, il était forcément ici, à faire ses fameux tours de terrain, encore et encore. Il avait été mon colocataire pendant une année, il y a 2 ans de cela. Et on était resté de bons amis malgré tout. C’était un gars simple –en globalité- avec qui j’avais la bonne habitude de me taper des barres. Cependant, ça devait faire un bon mois que je n’étais pas venu le déranger dans son boulot. Je poussais la porte grinçante métallique et arrivais sur le toit de l’aile ouest. Je sortis de mon sac la grande et vieille nappe de pique-nique de ma mère et l’étalais au sol pour m’y asseoir. Là, j’envoyais un texto à Ethan :

Va dans la cour.

Il connaissait la chanson. Mais d’ordinaire, je me cachais derrière un arbre pour lui faire peur. Aujourd’hui j’avais décidé de jouer le grand jeu. Je m’approchais du rebord du toit qui donnait justement sur la cour. Il ne lui fallut pas moins de deux minutes pour arriver au point de rendez-vous. Comme d’habitude, je le vis me chercher un peu partout et l’entendre crier doucement « Maggie ! » à droite et à gauche. Je pouffais entre mes dents, puis décidais d’arrêter le suspense ici. « Par ici gros béta ! » Je lui lançai depuis ma hauteur. Ethan leva la tête et croisa enfin mon regard. Même de loin je vis ce fameux sourire heureux qu’il avait lorsqu’on se retrouvait. Je lui fais un grand signe de main pour lui dire de monter sur le toit avec moi, impatiente de l’avoir en face de moi.

Parfois, il paraitait que le temps s'arrête et n’appartienne qu'à nous.
Maggie & Ethan

Une journée type de milieu de semaine. Dès que le soleil se levait, je courais à travers la ville, dans des vêtements chics qui faisait de moi un gars parmi tant d'autres dans la jungle californienne. Et dès que le soleil se couchait, j'arrêtais d'écrire, de fouiller la toile pour mes articles. Il m'arrivait souvent d'être le dernier présent dans les locaux du L.A Times. Le bruit qui animait les lieux la journée, vous savez ce bruit infernal de téléphone qui n'arrête pas de brailler, les discussions les unes par dessus les autres, le bruit de la photocopieuse, des cafés que l'on touille avec une cuillère en inox. Tout ce bruit mélangé s'était évaporé, c'était le signal pour que je puisse enfin relever les yeux et me rendre compte que ma journée était terminée. À partir de là, j'attrapais mon sac en cuir marron contenant ma tenue de nuit. Une tenue ringarde dans laquelle je n'étais pas forcément à l'aise. Je l'enfilais la plupart du temps dans les chiottes de l'établissement, ça me donnait une allure sérieuse, le genre de type qui ne fallait pas embêter dans les rues obscures de Los Angeles. Une fois prêt, je filais jusqu'à l'arrêt de bus qui me conduirait jusqu'à mon deuxième boulot. Veilleur de nuit à la faculté. Il y avait pire comme job, il m'arrivait parfois de me faire peur à moi même tellement il ne se passait rien. Cette nuit-là, je faisais ma ronde quotidienne quand mon portable vibra dans ma poche arrière. Un nouveau message de Maggie. " Vas dans la cour " Je connaissais son petit manège, elle adorait me surprendre mais ce soir elle n'y arriverait pas. Et pour cause, après l'avoir appelé à demi voix, la blondinette m'interpella du ciel. Elle était perchée sur le toit de la fac et me faisait signe de la rejoindre. Même si le soleil était couché mon sourire pouvait éclairer la ville entière tellement j'étais heureux d'avoir de la compagnie. J'étais alors entré dans un bâtiment et avait monté les marches à toute allure pour défoncer la dernière porte qui donnait sur le toit. Sans hésiter, j'avais foncé sur le corps menu de la jeune femme et je l'avais étreinte de toute mes forces. " Je suis content de te voir, ça faisait un moment ! ". Écrasant ma joue contre la sienne, j'avais tout de même fini par la laisser respirer. " J'ai cru que t'allais te suicider au début, tu m'as foutu une de ces trouille ! Comment vas-tu ? " je n'allais pas commencer à m'apitoyer sur mon sort et sur ma vie routinière sans intérêt, sa présence l'avait justement égayé. Mes yeux pétillaient et brillaient. Ses yeux clairs et sa bouille de poupée m'avaient déjà donné du baume au coeur.

Parfois, il paraitait que le temps s'arrête et n’appartienne qu'à nous.
Ethan & Maggie

Lorsque la porte s’ouvrit sur Ethan, je le vis foncer vers moi avec enthousiasme. Il me serra dans ses bras, assez fort pour que je puisse retrouver cette odeur fraîche et fruité qu’il y avait toujours eu sur ses vêtements. Ce parfum me rappelait nos folles années de colocation où un rien nous amusait. Cette période me manquait parfois. Souvent même. « Je suis content de te voir, ça faisait un moment ! » En effet, cela faisait un petit moment. Mais nos rythmes de vie n’étaient jamais vraiment coordonnés. Son job de journaliste lui prenait la majeure partie de son temps, et mes études, le mien. C’était seulement lors de ses nuits de fraude où nous pouvions nous retrouver, tranquillement. Ethan se retira de notre étreinte et me regarda, toujours ce sourire heureux aux lèvres. J’avais le même au visage. Que je le veuille ou non, j’étais tellement contente de le retrouver que ma bouche agissait d’elle-même. « J'ai cru que t'allais te suicider au début, tu m'as foutu une de ces trouilles ! » J’éclatais de rire. Quelle cruelle fille j’aurai été si je ne l’avais appelé que pour assister à mon suicide ! Je me surpris à gratter doucement l’arrière de mon crâne. « Oh mais je suis certaine que si j’avais sauté, tu m’aurais rattrapé ! » Je lui lançais ce petit clin d’œil qu’il connaissait si bien. Et pour rétorquer à ma sottise, il m’envoya un petit coup de coude amical sur le bras. « Comment vas-tu ? » Enchaîna-t-il. Nous étions encore debout, alors je lui fis un signe de tête pour s’asseoir sur le tissu au sol. Je me baissais pour me poser mais mon pied dérapa et je tombais sur les fesses, penaude. A côté, Ethan pouffa en se foutant de moi. Mon derrière me brûlait mais je me marrais aussi. Quand il s’assit, je ne relevais pas ma chute ridicule mais répondais à sa question. « A l’exception du fait que j’ai mal au cul et que je viens de rater les partiels de mon premier semestre, ça va. » Je sortais ça sur un ton à la fois las et indifférent, encore emportée par mon rire. Même si au fond, j’étais affreusement déçue. Ethan savait à quel point mes études étaient importantes. J’espérais qu’il me remonterait le moral et me changerait les idées. Je viens croiser son regard et fus satisfaite de ne pas y trouver cette pointe de désolation que je trouvais partout dans les autres regards. Pourtant, ce petit blanc qui s’installa pendant quelques secondes me laissait appréhender ses mots.

Parfois, il paraitait que le temps s'arrête et n’appartienne qu'à nous.
Maggie & Ethan

Maggie était vraiment maladroite pour mon plus grand plaisir. Elle s'était vautrée sur la fine couverture, j'avais tenté de la récupérer mais ses fesses avaient été aimanté par le sol. Trop tard. Je n'avais pu que rire face à cette situation et la rejoindre à terre en la mimant. Une fois côte à côte, la belle blonde -avec son humour habituel- me livra ce qui la tourmentait. Elle avait raté ses partiels, elle l'élève si passionné et animé par ce qu'elle faisait. Il devait bien y avoir une raison. Était-ce bon de chercher le pourquoi du comment ? Maggie n'aimait pas revenir sur ses échecs, mais j'espérais qu'avec moi elle puisse crever l'abcès. " Bon je sais que tu détestes parler de toi mais y a t'il une raison à cet échec ? Et il n'y a pas d'épreuves de seconde chance ou quoi ? Je veux bien être ton tuteur qui te fous des coups de fouet quand tu révises et que tu te déconcentres... " je m'étais laissé tombé contre elle pour la taquiner tout en regardant loin devant moi. Le campus se prolongeait loin devant. Nous pouvions voir le stade, les toits des amphithéâtres. C'était notre repère, notre lieu de rendez vous secret. " Si ça peut te faire rire, il y a quelques nuits j'ai surprise une prof de sport à poil qui sortait de sa douche et j'ai paniqué " ah ça oui les conneries je les enchaîné. Mais c'est vrai que ma vie était presque tracée. J'avais deux jobs, je me faisais pas mal de tunes même si je n'avais pas encore la reconnaissance que je souhaitais. Maggie elle était encore plongée dans ses études dans l'attente d'un diplôme. " Tu n'as pas apporté à boire ? Ça nous permettrait d'oublier notre vie pitoyable "

Parfois, il paraitait que le temps s'arrête et n’appartienne qu'à nous.
Ethan & Maggie

Toujours accompagné de bonne humeur ce Ethan. Même après lui avoir annoncé mon échec, il me dévisageait avec ce sourire qui me réchauffait tant le cœur. J’avais envie qu’on passe outre mes problèmes pour s’amuser un peu, et s’abandonner dans notre bulle pendant une nuit. « Bon je sais que tu détestes parler de toi mais y a t'il une raison à cet échec ? Et il n'y a pas d'épreuves de seconde chance ou quoi ? » Une raison à mon échec ? Appart mon égarement, il n’y a pas d’explication. Ces temps-ci, je réfléchis trop. Seule dans mon appartement, je me torture l’esprit sur des sujets futiles. Je perds du temps et remet tout à plus tard, inutilement. Je suis un peu perdue, j’ai envie de lâcher prise… « Non y a rien de spécial. Je me suis engueulée avec mon frère récemment mais jusqu’ici ça n’avait jamais affecté mes études. Au contraire. » Je n’aimais pas m’étaler. Mais j’avais envie de lui dire le fond du problème. « J’me sens un peu paumée je crois. J’arrive plus à trouver la fougue et l’entrain de départ… » Je savais que ce n’était que passager, et que ça irait mieux plus tard, qu’il fallait juste ne pas laisser tomber. Pourtant je me sentais étouffer, ne rien avoir d’autre que les études et les aventures sans lendemain qui meublent mon quotidien. C’est comme si je faisais du surplace en patin. Je sentais la lassitude me rattraper. Besoin de changement. « Je veux bien être ton tuteur qui te fous des coups de fouet quand tu révises et que tu te déconcentres... » Son humour. J’émettais un rire heureux et sincère. C’était débile mais tellement rassurant. Il bascula contre moi pour me taquiner et je fis de même, me balançant de droite à gauche. Comme lui, mon regard finit par se perdre dans l’horizon, m’arrêtant sur chaque point du paysage. Le campus la nuit avait une toute autre image, beaucoup plus mystérieuse, secrète et même un peu angoissante. Ça m’excitait de braver l’interdit en me pointant sur ce toit avec Ethan. Après un petit silence, il me glissa doucement « Si ça peut te faire rire, il y a quelques nuits j'ai surpris une prof de sport à poil qui sortait de sa douche et j'ai paniqué. » Je me tournais vers lui avec des gros yeux ronds avant d’éclater dans un rire fort. J’imaginais sa tête, pris au dépourvu, ne sachant quoi faire. J’aurai aimé voir ça –sa tête, pas la prof de sport évidemment. « Tu n'as pas apporté à boire ? Ça nous permettrait d'oublier notre vie pitoyable. » Je me tournais alors vers mon sac à dos et le rapprochais de nous pour fouiller dedans. « Hum. J’ai des bières, et une bouteille vodka orange. Sinon de l’eau tout court… C’est pour mes cours. » Je lui lançais un sourire mignon. Je savais quand je faisais cette tête, il craquait. Quelques années ensemble et nous nous connaissions comme personne. « Sinon j’ai des joints et des clopes. » Son regard… « Fais pas genre, t’es au courant ! » Je détestais ces merdes et pourtant j’en avais toujours un peu chez moi, pour ces moments où mes nerfs m’empêchaient de respirer. Mais je me résignais à les ranger dans mon sac pour l’instant, et tendis une bière à Ethan. « A la tienne beau gosse. »

Avec Maggie, tout était si simple et décontracté. C'est comme si je revivais une adolescence ratée mais que cette fois ci je la réussissais. Cette blonde me faisait sortir de mes carcans. J'avais feint d'être choqué quand elle m'avait énoncé ce qui se trouvait dans son sac alors que j'étais absolument au courant des penchants de la jeune femme en période de blues. Maggie m'avait donné une bière, je l'avais décapsulé et en avait bu une longue gorgée en observant le campus. " Ça fait du bien bordel " je me sentais tellement bien, assis là, à glander avec une dégénérée que j'aimais beaucoup. Après quelques verres nous commencerions à délirer et à refaire le monde. J'en avais extrêmement besoin, Maggie avait dû entendre mon appel à l'aide. Ma vie était vide... J'avais décidé d'en apprendre un peu plus sur la jeune femme à mes côtés pour peut être ensuite me lamenter sur mon sort. " Et alors, un ptit ami ? Ne me dis pas non, t'es super comme gonzesse " lui avais-je demandé en me balançant vers elle pour la bousculer légèrement. J'avais de nouveau attrapé ma bouteille et m'était décidé à la terminer en un temps record. " Si je la finis, on va dans la salle de danse faire les cons "  j'avais attrapé ma canette et avait commencé à la téter, le liquide s'engouffrait dans ma gorge rapidement. Quelques gouttes s'échappaient aux commissures de mes lèvres, le contenant se faisait de plus en plus léger. Je l'avais terminé oui ! J'avais tapé la canette contre le bitume, fier de moi. " Youhouuuu je sens qu'on va faire péter les murs d'UCLA ! " criais-je avant de roter. Je n'avais pas pu m'empêcher de mettre ma main sur ma bouche, ce rot n'avait pas prévenu son entrée fracassant, puis je m'étais mis à éclater de rire. J'étais plein, posant ma main sur mon abdomen, je m'étais écroulé sur le dos pour contempler le ciel.  

Parfois, il paraitait que le temps s'arrête et n’appartienne qu'à nous.
Ethan & Maggie

Il y avait ces soirs où la seule pensée de finir à l’envers me réjouissait. Non pas parce que mon état serait déplorable, mais plutôt parce que je savais que la soirée que j’allais passer serait mémorable. Qui plus est en compagnie d’Ethan. Jamais de ma vie je n’avais foiré une soirée en sa présence. C’était mathématiquement impossible ! A peine eut-il pris la bouteille de bière dans sa main qu’il la décapsula pour en boire une énorme gorgée, comme s’il n’avait pas bu depuis des semaines. Assis l’un à côté de l’autre, le sourire scotché sur les lèvres, heureux simplement par la présence de l’autre, nous détaillâmes l’horizon. C’était tellement étrange de se dire que cette immensité si bruyante et habitée pouvait parfois être calme. « Et alors, un p’tit ami ? Ne me dis pas non, t'es super comme gonzesse. » Instinctivement je le regardais. Il me souriait, comme s’il pensait savoir ce qu’il en était de ma vie amoureuse. Je prenais quand même ça bien. Ça me touchait, venant de lui. Mais, je pouffais et lui répondis « Pff. Dis pas n’importe quoi. Aucun homme n’est encore assez bon pour moi. » Je prenais cet air faussement hautain pour déconner, pour justifier mon misérable célibat et ma mauvaise habitude à enchaîner les histoires d’un soir pour combler mon manque d’affection. Cela le fit rire. Alors, riant à mon tour, je prenais une gorgée de ma bière fraiche avant de me mettre sur le dos, appuyée sur mes coudes. Ethan se lança un défi, et lorsqu’il eut fini sa bière entière, il la frappa au sol et s’écria « Youhouuuu je sens qu'on va faire péter les murs d'UCLA ! ». Je m’éclatais de rire , en chœur avec lui. Moi aussi j’avais envie de m’éclater ce soir, et d’emmerder le monde. « Gros porc ! » Je lui lançais lorsqu’il rota sans retenu. Avec humour bien sûr. Puis je terminais ma bouteille à mon tour et l’imitais dans cet élan de classe. Mon rot était pitoyable à côté du sien. Un rot de nana quoi, pourtant bien loin de la féminité. Mais ce soir, il n’y avait plus de féminité ou autre. Plus d’artifice ni de gentilles paroles. C’était juste lui et moi, des bières et des clopes, et nos délires extravagants pour nous emmener loin. Je me tournais vers lui, le visage posé dans la paume de ma main, et lui allongé, les bras derrière la tête. « On devrait se marier je crois. » Je lançais ça, en l’air, pour se marrer. Et parce que je le trouvais trop séduisant ce soir, sous les étoiles.