Bang bang
Sivgard
Elle frotte son corps contre le sien au rythme d’une musique qu’elle connait par cœur à force de l’entendre dans toutes ses soirées qui se ressemblent comme une routine qui n’en finira jamais. Elle répond à ses sourires en devenant une vipère, un serpent prêt à attaquer sa proie quand l’homme qui se tient devant elle pense qu’ici c’est lui le chasseur, lui le maitre. Il a faux, absolument faux, mais elle soupire quand les lèvres de l’inconnu veulent attraper les siennes, elle secoue le visage, espiègle, veut lui prouver que s’il espère la toucher ce soir il faudra payer, il faudra être dans un endroit beaucoup plus intime que cela. Elle est bien capable de minauder, de jouer à de petits jeux dangereux, mais elle n’oublie jamais l’objectif, le but ultime, la fin de la soirée, son salut à récolter. Elle fait donc semblant d’être gorgée d’une appétence que lui seul pourra combler, gonflée facticement alors que la partie intime de son cavalier elle l’est véritablement gonflée. Elle la frôle du bout des doigts, ne se gêne pas de ce geste qui pour elle est un automatisme. Elle s’enivre de cette vie dont elle a voulu, elle respire quelque chose comme de l’excitation, devient actrice pour quelques minutes et toutes celles qui vont suivre. Lui, il se rend déjà dingue de tout ce qu’il pourra lui faire, espérer mordre ou encore lécher. Elle sera docile, comme à chaque, elle gémira, lorsqu’il le faudra. Simulant un orgasme qu’elle n’atteindra pas, et n’a en réalité jamais atteint, mais personne ne le sait. Le sexe est un travail, un jeu, quelque chose qui fait de nous des bêtes et qu’elle désire comprendre sans même l’imaginer. De la plus surdouée qu’il soit, au sujet des plaisirs charnels elle n’est experte que par ses gestes et son apprentissage qui ne ressemble en rien à l’amour partager. Non, un homme ne saura jamais la faire frissonner, elle le sait. Elle est une machine, celle qu’il faut qu’elle soit pour la soirée et surement différente de celle de demain. Les mains de l’homme qui dansent avec elle se font pressantes sur ses hanches qu’il tient fermement. Elle fait semblant d’aimer, d’être maligne et de le taquiner. Il la regarde avec envie, et elle devine qu’elle est clairement la pute dont il a envie. Alors elle approche son visage de son oreille, lui murmure au creux de celle-ci les tarifs pour une nuit et toutes les options. Son visage change d’expression et il s’apprête à sortir son portefeuille, afin de lui prouver que de l’argent il en est gavé. Parfait. Elle prend sa main dans la sienne, le guide vers une chambre et pour accéder à celle-ci, passe devant celui qui est le gardien ici. Elle incline le visage devant son patron, esquisse un sourire qui pour le coup est un peu sincère, un peu méfiant, elle n’a pas peur de ce qu’elle va faire, mais elle ne sait pas quoi penser de cet homme qui ici règne en véritable empereur. Elle avale sa salive, a envie de se poser des centaines de questions, de le voir comme un de ces sujets qu’adolescente elle aurait adoré étudier. Sauf que l’heure n’est pas à la réflexion bel et bien à l’action. L’homme pousse un peu son corps pour qu’elle s’active, pour qu’ils en arrivent plus vite au moment où il la prendra comme la bête qu’il est, où elle criera, avant de lui signifier qu’il est le meilleur coup qu’elle n’a jamais rencontré. Ce sera bateau, mais il y croira, parce qu’ils y croient tous, à chaque fois. Elle ouvre enfin la porte vers ce qui va devenir le temple des secrets perdus de cet homme au regard qui petit à petit devient pervers. Elle ne le blâme pas pour cela, elle est habitué, elle n’est pas effrayée, n’a pas froid aux yeux, elle est prête à entendre toutes les demandes du monsieur. Avant qu’il ne puisse prendre la parole cependant elle le regarde, envieusement alors que son esprit est vers un ailleurs qu’elle tente d’oublier. « On se douche d’abord, et si tu veux la prendre avec moi, tu devras payer plus. » Il hoche le visage rapidement, plein d’une envie qui se ressent jusque sur les grains de sa peau, et elle l’avoue c’est tout sauf beau. Venir se doucher avec elle semble lui plaire, et quand il se fait une fois pressant, elle s’exaspère intérieurement. « Retires tes vêtements. » Sa voix est puissante, elle ne l’aime pas, elle la vomirait, elle préfère de loin satisfaire les hommes perdus ici plutôt que ceux qui se pensent tout permis. Mais en silence elle retire ses vêtements, un sourire posé sur ses lèvres pour attirer cet homme encore plus à elle. Une fois qu’elle est nue, il reste un instant à la regarder, la dévisager, elle se rend compte que son regard à changer, elle incline son visage pour essayer de comprendre ce qu’il peut se passer dans sa tête, mais elle ne voit pas, ne réalise d’ailleurs pas qu’il s’approche d’elle rapidement. D’une voix qu’elle choisit petite elle prononce « A toi. » Mais il ne semble pas prêt à le faire, les mains de cet homme se posent sur elle, elles caressent son corps, un peu trop fort, elle n’aime pas cela, mais elle reste docile comme à chaque fois. Puis il lève sa main, elle le regarde faire, ne s’aperçoit pas de ce qu’il va faire, ne le réalise lorsque le premier coup s’abat sur elle dans un claquement sonore. Elle perd tous ses moyens, et le second part, plus fort cette fois, il attrape son corps et le jette sur le lit, comme si elle ne pesait rien. Il la domine et elle n’arrive pas à se débattre, ses démons passés remontent activement dans son esprit. Et c’est seulement après le deuxième coup de poing qu’il lui met qu’elle lâche un cri montrant la douleur qu’elle ressent … Il va la tuer, c’est tout ce qu’elle est encore capable de penser.
© EKKINOX