« Sometimes, you just need to forget everything and think for a while like if you’re dead. »
Il observait le plafond, sa vue était parfaitement brouillée à cause de l’eau et de la mousse qui miroitaient au-dessus de lui. Perdu dans ses songes, il adorait plonger dans la baignoire et se mettre dans un cocon pour quelques secondes. Le temps que son corps puisse supporter cette apnée forcée. Seules ses jambes dépassaient, le bain étant trop petit pour le contenir entièrement. Il aimait tellement cette sérénité qui se dégageait du moment. Rien à voir avec l’ambiance tellement pesante de la maison depuis des années. Il le savait. Il le savait parfaitement que ce n’était pas sa faute à elle. Qu’elle n’y pouvait rien… Mais elle n’avait pas oublié Cassandra… Elle n’avait pas oublié l’orphelin mal aimé. Elle avait oublié son fils. Il sentait comme un poignard de planté entre ses omoplates et qui faisait saigner son cœur à chaque battement depuis le jour du réveil de Grace. Fermant ses yeux alors qu’une douce douleur s’emparait de son thorax mais il n’avait pas envie de remonter à la surface, pas maintenant. Il voulait tenir le plus longtemps possible.
Seulement sans rien comprendre, il se fit attraper et se retrouva assis dans la baignoire, reprenant son souffle tout en passant ses mains sur son visage. « ESPECE DE GROS IDIOT ! » Il leva ses yeux et croisa le regard en larmes de sa mère, elle était en colère et tétanisée, il était dans le même état. Elle se recula avant de lui tourner le dos, lui laissant le temps d’enfiler un peignoir, mais il ne resta pas dans la salle de bain, préférant partir dans sa chambre en claquant la porte violemment. Elle ne tarda pas à le talonner et à entrer. Hug était étalé sur le lit et baillait en les observant l’air de dire : mais bon sang, laissez-moi roupiller. Hiro se tourna vers elle. « Dehors ! » « Hiro ! » « J’ai dit… DEHORS ! » Il montrait la porte avec son doigt, bras tendu au possible. « Tu te rends compte ? Tu te rends comptes au moins de la peur que j’ai eu à te voir comme ça… Comme Cass… » « Ne dis pas ça. » Elle se stoppa en le fixant. « Mais Hiro. » « Ne me compares pas à elle… Me compare à personne ! Ni à ta fille perdue, ni à l’orphelin dont tu as des souvenirs ! Je ne suis ne suis ni l’un, ni l’autre ! Je suis moi ! Je suis la personne que tu as oublié ! Alors arrête… J’t’en prie, arrête, sors, j’ai plus envie d’en parler, j’ai plus envie de te voir ! J’devrais prendre une chambre à l’université pour avoir la paix, la seule chose qui me retient, c’est Hug et la chambre noire ! » Il était cruel, il était dur, intérieurement, il saignait de lui dire ça, mais extérieurement il restait droit et colérique pour la faire partir de sa chambre. Elle s’éloigna de lui avec les yeux brillants de larmes sans rien ajouter à tout cela. Fermant la porte lentement, elle se laissa ensuite glisser contre le bois, une main sur sa bouche pour étouffer les sanglots qui la prenaient violemment. Il se posa sur son lit, laissant des larmes tomber. Finalement, il se laissa tomber sur le lit, fermant ses yeux pour se calmer, il sombra dans un sommeil léger pendant une petite heure.
Quand il se réveilla, il n’y avait plus un bruit dans la maison, une petite lumière émanait sous le dessous de la porte de sa mère, indiquant qu’elle devait être au lit. Il enfila des vêtements simples, jeans, t-shirt noir, blouson en cuir, des baskets et attrapa son sac avec son appareil photo. Il avait besoin d’aller s’aérer la tête même s’il était minuit passée. Il fit rapidement le tour de Westwood sans vraiment regarder où ses pas l’avaient conduit. Quand il remarqua le panneau de South Central, au début, il eut un eu la trouille. On ne savait jamais ce qui pouvait arriver ici. Mais il ne voulait pas s’arrêter ou faire demi-tour. Marchant dans une des grandes rues, appareil devant les yeux, il prit dans son objectif une jeune femme. Elle était divine… un peu trop superficielle, les femmes de la rue l’étaient toutes après tout. Mais elle avait ce petite quelque chose. Cette étincelle qu’Aaron l’avait forcé à trouver dans ses clichés. Il se mordit la lèvre et traversa la rue allant à sa rencontre. « Excusez-moi…. Je sais que c’est étrange comme demande mais, est-ce qu’on pourrait s’isoler quelque part pour que je puisse vous prendre en photo ? » Il montra son appareil. « Je suis étudiant en photographie et je pense que ce serait vraiment intéressant si je pouvais faire quelques clichés de vous. » Il n’osait pas lui dire qu’il la trouvait vraiment belle. Trop peu sûr de lui pour ça. Néanmoins, il avait osé l’aborder sans se démonter prêt à défendre son point de vue artistique. « Je crois que y’a un motel pas loin, ça pourrait être bien pour faire ça. » Il ne se rendait pas vraiment compte du double sens de sa phrase à vrai dire.