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    Le revers des blessures. (Melody)

    Dim 10 Fév 2013 - 23:05
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    Melody & Landry
    I try to put up a good show in front of this world which judges us every second. But it is hard.
    Landry embrasse la cancéreuse du bout des lèvres, son visage dans le miroir lui renvoi l'image étrange du paternel. Carrure fier, barbe conséquence, des cheveux jamais réellement coiffé et la clope suspendu aux lèvres. A quelques différences prêt. Lui ne prie pas. Jamais. Autrefois, c'était simplement une question de croyance. Désormais, c'est surtout que, quand bien même pourrait-il être aussi pieux que le reste de la famille Lockhart, il ne se sens pas digne d'avoir à son côté une quelconque oreille, encore moins celle d'un homme qu'on dit divin. Candide est-elle auprès de lui ? De cet inconnu qu'on décrit roi des cieux ? Pardonne-t-elle toujours les maux dont elle fut victime ? Des maux chaque fois plus profondément ancré dans son corps, dont l'instigateur implicitement pointé n'était autre que Landry ? Ces même maux, trop lourd à supporter pour l'innocente Candide qui, telle un oiseau en cage s'était laissé mourir pour atteindre une liberté nouvelle. Son cœur lentement se gonfle. Penser à Candide est une torture dont il se juge méritant. Ce sont des soirées entières qu'il passe à se flageller, le pathétique qui ne comprend l'étendu de son amour que lorsqu'il l'a laissé s'échapper. Et les mots de la belle, encore en écho dans ses oreilles. Un « je te pardonne » lancé comme une ultime dague au cœur, une marque au fer rouge pour lui rappelé que, dans l'histoire, elle a toujours été celle qui avait tout donné et lui, celui qui avait tout prit. Tout. Jusqu'à la dernière parcelle de vie de sa défunte. Landry baisse son regard : ses mains tremblent, comme souvent lorsque Candide prend possession de son esprit meurtri. Seulement, il est rare que ce genre de chose survienne si tôt le matin alors qu'il s'apprête à partir travailler, trahissant, aux yeux de tous, l'ancien accroc aux amphétamine qu'il était. Non pas que ce soit un honteux secret, simplement qu'il a conscience de vivre dans une société qui possède le jugement facile sitôt que quelqu'un empreinte un chemin plus biscornue qu'un autre. Mais au delà de ça, c'est le sentiment de vulnérabilité qui émane de cette fébrilité qui l'énerve, l'impression de ne pas contrôler son corps, de sentir que tout lui échappe sous prétexte qu'un jour, il a joué avec quelques substances et que désormais c'est le prix fort qu'il doit payé.

    Le trajet se révèle être plus aisé que la plupart du temps, ses mains bien que tremblantes ne jouent pas de ''air-batterie'' comme elles peuvent parfois s'amuser à faire dans des moments de manque intense. Devant lui, UCLA a des airs de micro-ville, tous ses gens qui s'affairent, que ce soit élèves où personnelles, qui tournent ici et là, avec leur cahier en main et leur mine pressées. Il se surprend parfois à avoir l'impression de ne pas connaître cet endroit, si différent des lieux où il avait pu enseigné autrefois, il y a déjà cinq ans de cela. Souvent dans des endroits exiguës pour une poignée d'élève à peine, des cours particulier de psychosociologie pour des gens davantage concentré par leur vie personnel tourmenté que par le cours que Landry s'évertuait à donner. Cette ambiance sombre d'antan dénotait totalement avec UCLA. Des cours plus élargies, des élèves plus nombreux, plus attentifs. Une communauté tout entière au service de l'enseignement. Et quoiqu'il en dise, cette communauté-là, en un sens, l'effrayait. Côtoyer des gens si régulièrement, c'est laisser une porte ouverte sur votre vie privée.


    Les mains enfournés dans les poches, cachant avec brio les tremblements qui n'ont toujours pas cessé, Landry traverse la salle, se ruant presque vers la cafetière. Les cafés ont l'étrange tendance de l'apaiser.Par chance, il n'y a presque personne dans la salle. Il ne prête même pas attention à Melody, qu'il aperçoit vaguement, son regard inquisiteur déjà posé sur lui, fine observatrice de son étrange manège. Par habitude, il sait pertinemment qu'elle ne tardera pas à venir fouiner vers lui, sentant déjà à des kilomètres que quelque chose ne va pas, se faisant un plaisir, par la suite, de pointer du doigt le problème, de remuer savamment le couteau dans la plaie. Tout cela, sans aucun tact, évidemment. Un comportement à la limite de la bienséance qui caractérisait Melody à la perfection et qui, par la même occasion, avait le don d'agacer Landry, encore plus lors de journée démarrant si mal, à l'instar de celle-ci. Fort heureusement pour elle, à défaut d'avoir un caractère plus facile à vivre, la jolie brune avait au moins le physique à son avantage, palliant son manque de tact, sans doute. Landry se plaisait à l'associer à un volcan, un tempérament de feu, ne se souciant jamais de qui elle pouvait éclabousser de ses paroles parfois presque vicieuse. Il l'entend déjà, sa démarche singulière de femme qui paraît tout maîtrisé : il la reconnaîtrait entre mille. Avant même qu'elle n'ait le temps d'ouvrir sa bouche au couleur vermeille, sa main encore libre pose un doigt avertie sur ses lèves, fixant ses prunelles d'émeraude tout en remplissant savamment sa tasse de café. « Aucun commentaire O'Donnel, pas ce matin où je t'assure que je te fais manger ta langue. » Ses deux mains redevenus totalement libre trahissent les tremblements qui l'ont saisis. Foutu addiction qui joue encore les trouble fête dans sa simili-existence qu'il tente peu à peu de reconstruire. Il se concentre sur la tasse de café, la tenant à deux mains, observant, silencieux et passablement irrité le liquide noir qui gigote.

    Re: Le revers des blessures. (Melody)

    Lun 11 Fév 2013 - 18:11
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    Landry et Melody
    + I want you to hit me, as hard as you can...

    La nuit était été courte. Une fois de plus, Melody l'avait passée avec Jon, un élève d'UCLA avec qui elle avait décidé d'entretenir une relation nettement plus intime. En aucun cas elle ne regrettait ce choix, et les règles avaient été définitivement bannies de sa vie. Peu lui importait cette odieuse morale qui voulait l'interdire de s'intéresser davantage à ses élèves simplement parce que certaines personnes jugeaient cela 'mal' ou encore 'immonde'. Elle en avait ressenti l'envie, alors elle l'avait fait, envoyant balader dans une superbe valse toutes les conventions propres à son métier. Jusqu'alors, elle n'avait pas eu à subir la moindre conséquence de ses actions pourtant peu amènes de cohabiter avec son rôle d'enseignant responsable d'une université très cotée, et elle espérait que cela continuerait ainsi. Le secret entourait cette union improbable loin de toute banalité qu'elle entretenait avec Jon, sans attache, sans accroche, simplement une fusion sublime entourant deux corps nus offerts l'un à l'autre. Bref, elle n'avait que trop peu dormi, et le réveil avait été brutal. Tout autant que de récupérer ses cours, puis conduire jusqu'à l'université. Elle avait beau aimer, que dis-je, adorer son travail, il n'en restait pas moins une incroyable source d'ennuis dont elle se passerait bien parfois. Lord Byron était un homme fascinant, mais de là à y passer plusieurs heures avec des élèves bien trop souvent peu intéressés... Elle finissait par le haïr.

    Elle n'avait cours qu'à midi, mais avait choisi de se rendre à UCLA dès les huit heures passées. Melody pourrait ainsi en profiter pour se prendre un bon café, se réveiller dans les formes, et terminer de potasser les sujets du second semestre. Un temps qu'elle mettait donc largement à profit. Elle haïssait cette salle des professeurs, territoire neutre empli pourtant de mauvaises ondes. Elle ne portait pas dans son cœur toutes les personnes aigries et imbues d'elle même que l'on pouvait trouver à UCLA, et se sentait parfois beaucoup mieux dans un amphi bondé qu'avec autant de geignards en salle des professeurs. Néanmoins, à cette heure avancée de la matinée, elle était parfois déserte et Melody pouvait trouver du plaisir dans ce silence environnant. Elle était toujours mieux seule que mal accompagnée. Et c'est sur cette pensée que l'un des profs les moins respectables et les plus dégradés de l'université fit son apparition remarquable et surtout remarquée par cette inquisitrice de demoiselle O'donnel.

    Landry était un homme pour le moins particulier. Ravagé par des événements du passé et des comportements qu'il portait sur ses frêles épaules comme des regrets qu'il ne saurait jamais effacer, il était de ces êtres humains qui déprime rien que d'un regard. Le bonheur le fuyait comme la peste, et il devait affronter la vie comme un combat mortel de tous les jours. Melody avait un certain respect pour lui et pour son intelligence que le passé n'avait en aucun cas dégradé, mais elle n'éprouvait aucune pitié. Elle en était bien incapable, jugeant la pitié comme la pire insulte que l'on puisse faire au commun des mortels. Ainsi, bien loin des supplications des autres qui prenaient une petite voix dès lors qu'ils se trouvaient en présence de Landry, ou même qui n'osaient pas supporter son regard constamment larmoyant, elle n'hésitait pas une seule seconde à aborder les sujets fâcheux, ou à lui envoyer dans la tronche l'aspect dégradant et l'homme détruit qu'il était devenu. Elle ne faisait pas plus preuve de tact avec lui qu'avec les autres, mais pourquoi aurait-il mérité cela ? Le décès d'un être cher n'était en aucun cas une excuse valable pour se laisser sombrer dans une dérive imminente et sans fin. Oh, comme elle aurait aimé le lui faire comprendre, lui permettre de remonter la pente savonneuse au bas de laquelle il s'était échoué.. Jusque là, elle aussi avait failli à sa tâche, mais fidèle à elle même, elle continuait d'y croire, d'espérer qu'un jour il retrouverait le sourire qui l'avait lâchement abandonné. En un sens, elle ne lui voulait que du bien, tout en lui faisant du mal.

    Ce fameux matin, ses mains tremblaient comme prises d'une crise peu assurée, et Landry peinait à les quitter des yeux. Melody allait se permettre une réplique lorsque l'homme, la devançant, posa un doigt sur ses lèvres pour l'empêcher de parler. Il la connaissait bien, il s'était habituée à ses paroles macabres et à ses discours cinglants. Sa menace n'eut pourtant pas l'effet escompté, alors qu'un léger sourire en coin se dessinait sur son visage. Il la connaissait assez pour comprendre qu'elle allait parler, d'accord, mais pas assez pour l'en empêcher véritablement. « Aucun commentaire sur quoi ? Sur les pitoyables tremblements de tes mains ou sur l'ensemble dégueulasse que tu as choisi aujourd'hui ? Ta chemise te fait un teint livide, mon pauvre. » Elle le détailla de haut en bas, s'attardant sur le tremblement de ses mains qui faisaient, par la même occasion, clapoter le café dans sa tasse. Elle laissa le silence s'installer quelques secondes, avant de reprendre, toujours ce même sourire énigmatique fiché sur le visage. « Tu sais bien que je ne réponds ni aux menaces, ni aux ordres. Alors, encore moins aux deux. Il n'y a qu'une façon de me faire taire... et encore ! » lâcha-t-elle tout sourire, en référence aux nombreuses nuits qu'ils avaient passé ensembles. En vérité, tous les deux avaient développé un lien assez indéfinissable, à la limite du malsain ou du masochisme.Ils ne s'arrêtaient devant rien, s'insultaient parfois, se frappaient rarement, riaient ensembles quelque fois, ou partageaient des nuits à plusieurs reprises. Ils étaient devenus amis, amants, sans cesser d'être ennemis par moment, sans jamais omettre ce respect mutuel qu'ils entretenaient entre eux, tel une flamme inaltérable. Melody ne voyait qu'une seule et unique limite à ce lien morbide : jamais, oh grand jamais elle ne devrait s'attacher à un homme ainsi épris d'un fantôme, captif du passé.

    Re: Le revers des blessures. (Melody)

    Mar 12 Fév 2013 - 22:36
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    Melody & Landry
    I try to put up a good show in front of this world which judges us every second. But it is hard.

    Pardon pardon, ce n'est pas génial.
    Dans ces moments de troubles intenses, il ne demeure dans l'esprit de Landry qu'un capharnaüm sordide, un maelström de sentiment qui s'emmêlent les uns dans les autres, de la tristesse à la morbide euphorie, du trouble à la détente extrême, méli-mélo de sensations qui se perdent dans son subconscient. Des fourmillements désagréables dans la tête. Des échos troublants dans les oreilles. La chanson des funérailles de Candide résonne dans son esprit comme une symphonie d'arrière plan, par dessus, tout semble amplifié, jusqu'à la respiration de Melody, chaque battement de cœur qu'il a l'impression de percevoir. Ou peut-être est-ce les siens ? Tant mieux, cela signifierait au moins qu'il est encore bien là, car son corps semble vide. Il se souvient de Candide, cette femme pleine de vie, enfantine, innocente, avec la vie devant elle. Tout le monde, à côté d'elle, semblait terne et sans intérêt. Parce que Candide, elle n'avait honte de rien, avait le sourire scotché à ses lèvres et le mot ''bonheur'' comme clef de la réussite. Dans fond, ce n'était peut-être pas les tromperies de Landry qui l'avait poussé au suicide mais simplement la honte de côtoyer un homme si peu reconnaissant de tout ce qu'il détenait. Oh elle aurait honte, de voir à quel point il prend la poussière. « Oui Candide, je suis poussiéreux. Devenu statique devant ma vie que j'ai incendié il y a de cela quelques années. Je suis un vieux bibelot qui attend qu'on le répare. Un vieux livre à la reliure repoussante. »

    « Aucun commentaire sur quoi ? Sur les pitoyables tremblements de tes mains ou sur l'ensemble dégueulasse que tu as choisi aujourd'hui ? Ta chemise te fait un teint livide, mon pauvre. » Le regard noir de Landry la transperce, bien qu'il sache pertinemment que ce ne sont pas les remords qui happeront Melody de sitôt. Parfois, ils s'est souvent demandé si elle était capable de sentiment autre que cette façade d'assurance et d'apparent égocentrisme dont elle fait si souvent preuve. Dans ses souvenirs, certes souvent troubles, car il y a bien longtemps que Landry à cesser de porter crédit à sa mémoire, il n'a pas mémoire d'avoir un jour vu Melody jalouse, triste où même réellement heureuse, quoiqu'elle désire faire croire, s'il ne sait pas grand chose à son sujet, il est toutefois persuadé que, malgré sa prestance, la belle O'Donnel n'est pas quelqu'un baignant dans le bonheur. Elle maîtrise seulement à la perfection l'art de l'illusion. « C'est vrai, excuse-moi, la prochaine fois, tu viendras toi-même choisir ma tenue. » Cynisme prétentieux, l'égo blessé de l'homme qu'on attaque lorsqu'il touche déjà le sol. Ce ne sont là que des coups adressés à la carpette qu'est devenu Landry. Il n'y a pas d'autre terme. Où en est-il aujourd'hui ? Autrefois, il avait l'avenir devant lui, des tas de possibilités, des tas de portes menant au bonheur. Et par un affreux coup du sort, où, plus honnêtement, par de mauvaises décisions successives et un côté mégalomane qui lui avait donné envie de tout avoir, il avait fini par tout perdre.

    Landry l'observe, son regard émeraude semble brillé, tout comme son sourire écarlate. Melody est de ses femmes qui possèdent un charme indéniable. Et si l'on ne l'entendait pas minauder des paroles sarcastiques en tout temps, elle serait sans doute un idéale féminin. Peut-être l'était-elle, d'ailleurs, d'une certaine façon. Pour quelqu'un de moins détruit que lui, quelqu'un de fort, capable d'aimer autant qu'on mérite de l'être. Il avait vaguement imaginé parfois ce que serait une vie avec quelqu'un d'autre, qu'importe avec qui, il ne s'était jamais perdu dans ses idéaux, le fantôme de Candide venait toujours lui murmurer à l'oreille cet horrible « je te pardonne » qui lui renvoyait sa culpabilité en pleine gueule. Une nouvelle fois, il ruminait. Son regard dévia un instant vers la sulfureuse brune. Sans l'avouer, Landry avait survécu en grande partie grâce à elle, sa façon constante d'être acerbe et presque mesquine pour lui montrer qu'il fallait aller de l'avant. Cette démarche assurée, l'apparence de la femme qui sait ce qu'elle veut et de quelle façon elle le veut. Et si ses efforts avaient bien souvent été vain, il n'oubliait pas pourtant qu'elle était encore là. Sans doute pas pour les bonnes raisons, peut-être simplement avait-elle fait de lui un objectif personnel, un nouveau but qui ne ferait que lui confirmer son génie dans l'art de la persuasion. Il s'en fichait bien, tant que certaines de ces nuits étaient comblés par sa présence, certaines journées rassurantes de par ses pics. « Tu sais bien que je ne réponds ni aux menaces, ni aux ordres. Alors, encore moins aux deux. Il n'y a qu'une façon de me faire taire... et encore ! » Par automatisme irrespectueux, Landry lève les yeux au ciel, les remarques ironique de Melody aurait pu lui arracher un sourire si elle avait débuté le conversation avec plus de tact et que sa journée avait été meilleure. Or, si elle devait un jour user de tact, ce serait uniquement sous l'effet de drogue où d'une énorme grippe. « Je sais bien comment te faire taire O'Donnel, mais ça te ferais bien trop plaisir, dans le fond. » Un sourire vient enfin percer à la commissure de ses lèvres, léger, infime, presque inexistant. Mais présent malgré tout. « Puis, je ne me fais pas d'illusions, même morte, tu réussirais encore à être un fléau pour les âmes en peines. On t'a déjà dit que la sympathie était une chose commune chez nous autres, les humains? » Si les réparties de Landry n'ont pas le cynisme grinçant de Melody, elles ont au moins le mérite de ne pas le faire passer pour un mollusque devant le bizutage constant qu'elle semble se plaire à lui faire subir. Il pousse un soupire désespéré, toutefois presque amusé, jetant un œil à ses mains, qui, lentement, se calment. Sans pour autant cesser totalement de trembler.

    Re: Le revers des blessures. (Melody)

    Mer 13 Fév 2013 - 19:09
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    Landry et Melody
    + I want you to hit me, as hard as you can...

    C'est abominaaable. Pardon, pardon !
    Jamais Melody ne s'était questionnée sur le bien fondé de son entreprise. Elle souhaitait aider Landry, voilà ce dont elle était sure. Et pourtant, de nombreuses interrogations se bousculaient dans son esprit, qu'elle avait tôt fait de mettre de côté sans y apporter davantage de considérations et, donc, encore moins de réponses. Elle aurait pourtant eu bien besoin d'un bonne dose de remise en doute. Pourquoi se permettait-elle ainsi de traiter Landry avec autant de virulence ? En avait-elle le droit, alors qu'elle ne connaissait si peu ? Pouvait-elle ainsi s’immiscer dans son existence telle une sangsue, alors même qu'elle n'avait jamais eu la chance de voir son épouse ? De quel droit se permettait-elle de telles remontrances ? Il n'était ni son enfant, ni son frère, ni son conjoint, elle n'avait, de ce fait, aucun droit sur lui. Et pourtant, fidèle à elle même et faisant fi de toutes les conventions en vigueur, Melody mettait en application les plans qu'elle souhaitait voir réaliser. Ni plus, ni moins. Tout simplement. Elle voulait le faire bouger, le voir remonter la pente, devenir fier de ses efforts et pouvoir le saluer du haut de sa montagne, et non pas lui marcher dessus alors qu'il semblait plus bas que terre. Pourquoi ? Bonne question. Encore une fois, la jeune femme ne s'interrogeait aucunement la dessus. Pas la peine, c'était trop de prises de tête pour une aide si altruiste, pensait-elle, avant de songer à autre chose de bien moins dérangeant.

    Derrière les paroles, mesquines et basses, de Melody se cachait néanmoins une sorte de respect mêlée à une réelle affection, un mélange détonnant qui faisait de leur lien quelque chose de superbement atypique et spécial. Elle se plaisait à croire que Landry savait parfaitement qu'elle l'appréciait, quelque soit ses dires. Son regard en disait souvent bien plus long que sa bouche. Comme celui que Landry lui lança après sa première remarque assassine en guise de salutation qui, à défaut d'effrayer Melody, l'informa sur l'état de son ami. Ce matin-là, il paraissait moins en forme encore que les autres, ce qui n'était pas peu dire, le connaissant. En aucun cas il ne pouvait espérer être ainsi épargné, bien au contraire.. O'donnel faisait avec lui preuve d'un sadisme qu'elle ne se connaissait pas, mais elle avait l'absolue certitude qu'il lui fallait bien ça pour se réveiller du sommeil empli de remords dans lequel son épouse l'avait plongé en se donnant la mort. Aucun être humain normalement constitué ne mériterait une vie aussi noire et aussi glauque, pas même Lockhart, et ce quelque furent ses torts dans toute cette sombre histoire. De ça, Melody en était absolument persuadée, assez pour passer des heures et des heures, voire des jours entiers à en convaincre Landry, sans pour autant qu'elle ne parvienne au moindre résultat. Aveuglement ou entêtement, elle ne savait trop comprendre les raisons qui poussaient Landry à se laisser sombrer ainsi dans l'enfer de sa vie. Ce qui ne l'empêchait pas d'essayer, encore et encore, de l'aider du mieux possible simplement car elle en ressentait le besoin. Un désir immuable. Sauvage. Mais désespérément incompréhensible.

    « C'est vrai, excuse-moi, la prochaine fois, tu viendras toi-même choisir ma tenue. » Il ne souriait pas le moins du monde, et son regard restait aussi affuté qu'une lame de rasoir prête à découper une gorge. Toutefois, elle ne put s'empêcher de fondre en un sourire enfantin, avant de répliquer, claquant des mains : « Non c'est vrai ? J'aurais le droit ? Cool ! Demain, j'suis devant chez toi à 7h. Sors moi déjà un petit échantillon de chemises. » Sans doute que Landry la connaissait assez pour la savoir capable d'un tel enfantillage, surtout lorsqu'on la provoquait de cette manière. Femme/enfant ou enfant/femme, Melody surfait entre deux âges, entre deux attitudes à tenir et entre deux modes de vie. La professeur parfois studieuse qu'elle pouvait être s'affrontait sans cesse avec la demoiselle immature et joueuse qui la caractérisait si bien. L'une s’effaçait trop régulièrement au profit de l'autre, et je vous laisse deviner laquelle. Elle ne savait pas bien si, avec cette phrase, elle souhaitait amuser Landry ou le provoquer. Mais quelque soit son objectif inconscient, elle savait qu'elle y parviendrait sans le moindre problème. Légèrement arrogante, Melody avait une pleine confiance en ses talents de manipulatrice hors pair et d'observatrice de première zone. La plupart du temps, elle avait raison. Et avec Lockhart, elle avait toujoursraison.

    A sa seconde réplique qui ne laissait nullement la place à quelque méprise inconsidérée, Landry se contenta de lever les yeux au ciel, signe de son agacement. Il y avait de quoi. Leur relation était devenue nettement plus intime, et là où de nombreuses personnes auraient sombrement caché cette liaison comme quelque chose d'interdit ou de honteux, Melody n'éprouvait aucun mal à l'étaler au grand jour ou à en parler ainsi sans état-d'âme. Une attitude sans tabou qui pouvait déranger ou agacer. « Je sais bien comment te faire taire O'Donnel, mais ça te ferais bien trop plaisir, dans le fond. » Elle se contenta d' hausser les épaules sans se départir de ce sourire mystérieux qu'on lui connaissait si bien. Oui, ça lui aurait fait trop plaisir, elle devait l'admettre. Mais finalement, Landry était lui aussi bien heureux de parvenir à lui faire plaisir, seule joie qu'ils partageaient tous les deux, et seul moment entre eux où ils n'en venait pas à se disputer comme des enfants. « Puis, je ne me fais pas d'illusions, même morte, tu réussirais encore à être un fléau pour les âmes en peines. On t'a déjà dit que la sympathie était une chose commune chez nous autres, les humains? » A sa remarque, Melody ne peut s'empêcher de laisser un franc sourire barrer son visage, accentué encore par l'apaisement soudain qu'elle pouvait lire sur les traits de Lockhart. Enfin, elle était parvenue à le dérider quelque peu, et rien n'aurait pu lui faire plus plaisir que cette infime réussite qu'elle voyait pourtant comme un grand progrès. « Je te rappelle que je suis une divinité. En tant que telle, je ne suis pas soumise aux mêmes règles que vous. Chez nous, les dieux, c'est le sadisme qui prime. Je m'en sors bien, hein ? » Ça, c'était indéniable. Elle était aussi douée pour être désagréable que pour se montrer arrogante et prétentieuse, d'innombrables défauts qu'elle possédait à outrance... et qu'elle travaillait, en plus de ça.

    Un instant, elle suivit le regard de Landry qui la dirigeait droit vers ses mains, toujours tremblotantes. Certes moins, mais de manière tout de même très exagérée. Dans un geste d'une douceur peu commune pour une fille à son image, Melody s'empara de la tasse de café qu'il s'était préparé, avant de la jeter dans l'évier. Il n'avait pas son mot à dire dans le traitement qu'elle semblait apte à lui infliger, néanmoins, de crainte qu'il ne s'énerve subitement suite à l'impardonnable gâchis qu'elle venait de faire, elle se retourna vers lui pour justifier son geste. « Un thé. Ca va te détendre. T'as pas besoin d'un excitant, on t'a jamais appris ça dans tes écoles de psychologie ? » Elle lâcha un soupir résigné, avant de se mettre à lui préparer un thé, comme si toute cette scène n'avait rien d’inhabituelle, comme si, avec le temps, c'était devenu naturel. « T'as cours à quelle heure ? » Curieuse.

    Re: Le revers des blessures. (Melody)

    Sam 16 Fév 2013 - 0:21
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    Melody & Landry
    I try to put up a good show in front of this world which judges us every second. But it is hard.

    trop d'idées différentes, du coup c'est un peu fouillis je pense. ahah.
    « Non c'est vrai ? J'aurais le droit ? Cool ! Demain, j'suis devant chez toi à 7h. Sors moi déjà un petit échantillon de chemises. » Par automatisme, Landry lève les yeux au ciel, davantage exaspéré par les réactions de Melody que par cette touche d'ironie particulière dont elle fait si souvent preuve. Irrité mais étonnement contrôlé, il ne répond pas, gardant un morne silence comme ultime remarque. Par habitude, il sait qu'elle profite sans doute de son irascibilité pour le titiller davantage, comme un jeu dont elle ne se lasserait vraisemblablement jamais, Melody cogne sur lui avec ces paroles, parfois sympathiquement ironiques, d'autres fois, cruellement cynique. Et elle ne pose de limite que lorsqu'elle juge l'avoir trop amoché, alors, elle en prend soin, tout du moins, elle frappe moins fort, fournis d'infime intentions qui paraîtraient obsolète aux yeux d'autrui mais qui aux yeux du psychosociologue révélait beaucoup de choses. Puis elle reprenait, plus cynique qu'avant.
    Landry s'était laissé embourber en âme et conscience dans ce cercle vicieux. Peut-être un peu par sadomasochisme, acceptant depuis bien longtemps les souffrances qu'il pouvait récolter, qu'elle soit sous forme de tristesse, de désespoir où d'exaspération intense. Où bien étais-ce parce que l'image si particulière que renvoyait cette femme avait quelque chose de magnétique qu'il avait fini par devenir habitué de ses mesquines remarques, qu'elles en étaient devenues presque rassurante, une forme de soutient particulier, propre à Melody, parfois un peu rustre mais sur un fond de bonnes intentions habilement dissimulées. Si bien cachée même, que Landry oubliait parfois que ce n'était pas que pur désir de lui faire du mal. « Je te rappelle que je suis une divinité. En tant que telle, je ne suis pas soumise aux mêmes règles que vous. Chez nous, les dieux, c'est le sadisme qui prime. Je m'en sors bien, hein ? » Un nouveau sourire berce ses lèvres, plus appuyés, accompagné d'un nouveau soupire. Avec tous ceux qu'il pousse auprès de cette femme, il pourrait créer un ouragan. A l'instar de Melody, phénomène naturel dévastateur, imposant et dangereux. Jouant avec ces doigts, les tapant sur une des tables de la salle des professeurs, profitant de cette distraction futile pour masquer les tremblements qui ennuient encore ses mains, il plante son regard sombre dans celui flamboyant de la brune. « Tu me rappelles la date de ton anniversaire ? Que je t'offre un cœur au fonctionnement normal, sans l'option cynisme et une énorme modestie, qu'elle puisse recouvrir l'étendu de ton ego surdimensionné ? » Landry esquisse un sourire relaxé, il sent ses mains se détendre peu à peu, ce n'est plus que de vagues tremblements, se jouant de son inattention, qui s'amuse à prendre possession de celles-ci. Très perceptible, certes, mais de ceux qu'il sait pouvoir gérer sans encombre.

    « Un thé. Ca va te détendre. T'as pas besoin d'un excitant, on t'a jamais appris ça dans tes écoles de psychologie ? » Landry réprime un cri indignation enfantin lorsque la tasse de café brûlant est retirée de ses mains et foutu en l'air. Pas besoin de donner à Melody une nouvelle ouverture pour lui envoyer une remarque cynique au visage. Alors, il se contente de la regarder faire, pendant un cours instant. « J'ai besoin de te rappeler que j'aime pas le thé outre mesure? » Landry réprime un soupire d'ennui, se forçant toutefois à constater que malgré les divergences qui semblent l'éloigner de Melody. Malgré leurs caractères un tantinet explosif lorsqu'ils se confrontent. Malgré l'irrépressible envie de l'envoyer valser à l'autre bout de la pièce quand elle s'évertue, fièrement, à l'énerver, elle demeure pourtant l'une des personnes les plus à même de comprendre pourquoi Landry est ce qu'il est. Certes, ce n'était pas quelque chose que Melody acceptait réellement, et sans doute que cela l'exaspérait davantage qu'autre chose. Toujours est-il qu'au-delà de ses pics glaciales, c'était elle qui, à cet instant précis, était là pour lui. Pas avec une sympathie énorme, certes, elle gardait aux lèvres ce sourire assurée et au fond de la gorge des remarques désagréables prêtes à sortir. Mais dans le fond, qu'importait ? Landry n'est pas de ceux qui espère faire changer les gens et quand bien même le caractère de la belle pouvait être exaspérant, il était bien évident que si elle n'était pas celle qu'elle était, leur relation, quel qu’elle soit vraiment, aurait été différente.

    « T'as cours à quelle heure ? » L'ambiance semble s'apaiser, sa voix paraît plus calme et rien que sa question témoigne de la fin de la tempête de cynisme qui a eut lieu. Un répit dont Landry se délecte par avance, des fois qu'il ne soit trop court. « Pas avant une bonne heure. » Son nez se fronce l'espace d'un cours instant. « J'ai pas fait gaffe à l'heure, sinon je serais venu plus tard. » Landry l'observe un instant, silencieux, tel qu'il sait si bien le faire. Il n'est pas de ces hommes qui comblent les silences par des paroles inutiles. Les gestes des gens sont souvent bien plus parlant que les mots qu'ils prononcent. C'est grâce à ses études qu'il a pu l'apprendre. Et Melody en était la preuve. Car si on se fiait uniquement à ses paroles, on pourrait se méprendre sur la femme qu'elle est, ne voir qu'une venimeuse vipère qui trouvait une jouissance étrange dans l'idée de démolir à coups de remarques mesquines les gens qu'elle croisait. Mais le comportement. Ah, le comportement, il disait d'autres choses. Bien souvent, il témoignait d'une assurance sans borne, de ces femmes qui savent où elles vont et de quelle façon elle y vont, avec un certain air hautain. Mais à cet instant, il prouvait surtout que Melody pouvait tout aussi bien se montrer froide qu'implicitement amicale. Elle trahissait au travers de ce simple thé toute l'amitié, aussi grand ou infime soit-elle, qu'elle pouvait avoir pour Landry. C'était ça, sans doute, qui faisait qu'il demeurait encore là, présent, prêt à supporter les remarques de la O'Donnel sans jamais mettre de point final à leur relation. Puis, dans le fond, elle n'avait jamais franchit la limite, souvent ses paroles pouvaient être dures, mais jamais elle n'avait brisé la dignité de Landry et surtout, jamais elle n'avait souillé l'image parfaite et rayonnante qu'il se faisait encore de Candide. « Pourquoi est-ce que tu fais ça ? » La phrase est sortie d'elle-même, comme une interrogation trop longtemps réprimée, une sorte de boule trop longtemps coincée dans la gorge qui enfin s'en échappe. « Je parle pas du thé, je veux pas la recette. Je parle de ta façon de faire. T'as l'air d'aimer passer du chaud au froid. C'est déstabilisant tu t'en rends compte ? » Sa voix ne sous-entend aucun reproche, ne possède aucune animosité, simplement une réelle interrogation. Melody est une énigme, indéchiffrable, troublante. Un de ces casses-têtes chinois auxquels on pense jour et nuit tant on ne parvient pas à en déchiffrer la manœuvre pour les ouvrir davantage.

    Re: Le revers des blessures. (Melody)

    Lun 18 Fév 2013 - 19:27
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    Landry et Melody
    + I want you to hit me, as hard as you can...

    Mouais, je suis pas convaincue..
    Melody était réellement une femme différente des autres. Ni plus intelligente, ni plus fréquentable, simplement à l'antipode du cliché même de la prof de littérature barbante et ennuyeuse. Loin des limites et des conventions, elle se moquait ouvertement des règles, les contournant, les dépassant, les modifiant à sa guise sans jamais se soucier de la moindre conséquence. Effrayée par l'idée d'appartenance que confinait les sentiments amoureux, elle préférait s'en tenir éloignée, empêchant à son coeur de battre pour quiconque. Elle s'amusait en vaines relations sexuelles dénuées de la moindre attache, et s'en estimait tout à fait satisfaite, incapable d'admettre que le bonheur se trouvait à des kilomètres de là où elle persistait à le chercher. Melody voulait remettre de l'ordre dans la vie de Landry, mais n'était même pas capable de diriger la sienne de manière convenable. Là résidait tout le paradoxe de cette jeune femme aux longs cheveux noirs et au regard glacial. Les personnes qui trouvaient grâce à ses yeux se comptaient sur les doigts d'une main, mais elle s'évertuait malgré tout à tenter de les aider, comme si c'était uniquement de son propre ressort et qu'elle pouvait ne pas tolérer l'échec. Non, elle jouait, et elle avait véritablement autant de chance de perdre que de gagner. Sur Landry, néanmoins, elle pariait sa victoire. Le sourire qui venait de raviver quelque peu son regard autrefois éteint en était la preuve formelle, tout comme le tremblement de ses mains qui s'estompaient légèrement. Tant de petites satisfactions qu'elle voyait comme des batailles gagnées.

    Il planta son regard sombre dans le sien, qu'elle soutint avec ferveur. Melody avait la fâcheuse manie de voir en chaque chose un défi qu'on lançait à son égo démesuré, et elle refusait de perdre la moindre parcelle d'orgueil. Elle n'en laisserait en tout cas pas une miette à Landry. « Tu me rappelles la date de ton anniversaire ? Que je t'offre un cœur au fonctionnement normal, sans l'option cynisme et une énorme modestie, qu'elle puisse recouvrir l'étendu de ton ego surdimensionné ? » La jeune femme ne put empêcher un léger rire de détruire la défense de ses lèvres. Il l'amusait autant qu'il l'intriguait de par sa répartie majestueuse qui ne tolérait nulle contre-indication. Pourtant, une fois de plus, Melody ne s'avouait pas vaincue. Et c'est sans le lâcher du regard qu'elle répondit, presque du tac-au-tac : « Un coeur ? Qu'est-ce que tu voudrais que j'en fasse ? Non, non, moi je préfère largement des bijoux de cinq carats minimum, si tu tiens vraiment à m'offrir quelque chose. » La modestie n'était certainement pas son fort, tout comme les autres dérivés de la gentillesse, la courtoisie, le tact et la tendresse. Elle pouvait, certes, en faire preuve dès lors que les circonstances l'exigeaient, mais alors elle avait l'impression de n'être plus qu'une peste hypocrite et écervelée se pliant aux conventions injustes d'une société ordurière. Bref, elle ne se sentait plus elle même, et ne voyait aucun intérêt à se faire apprécier des autres dans ses conditions. Élémentaire, mon cher.

    « J'ai besoin de te rappeler que j'aime pas le thé outre mesure? » Melody stoppa son manège quelques instants, laissant l'eau bouillir tranquillement, la main sur la poignée de l'armoire qui permettait d'accéder aux sachets de thé. Elle le fixa du regard, pour une fois presque avec délicatesse, avant de lancer sur un ton faussement vexé, mais très convaincant : « Et tu crois que ça m'amuse de te faire un thé ? Non, mais je le fais quand même. Alors fais un effort... Thé noir ou menthe ? » Sous ses allures bougonnes, elle prenait tout de même un grand soin à s'occuper de lui, à le materner d'une manière emplie de bonnes attentions, conjointes à des piques sarcastiques et à un odieux cynisme. Bref, elle lui offrait de tout, exposant devant lui tout le panel déjà bien compliqué de son caractère sinueux et alambiqué. Ne vous ais-je pas déjà dis que Melody était une femme différente des autres ? Elle écouta sa réponse avec attention, et acheva sa décoction magique, s'en servant une tasse à elle aussi au passage. Puis elle ne tarda pas à s'installer sur le canapé, posant leurs deux breuvages sur la table basse. Cette salle des professeurs jouissait d'un confort indéniable, mais ce n'était pas suffisant pour que Melody y mette les pieds. Pour cela, il fallait la présence du doyen ou celle de Landry. Elle haïssait ses lieux emprunts de l'odeur du travail et de l'inquiétude, du stress et de l'anxiété de ses collègues. Elle voyait plutôt son job comme une aubaine et un plaisir de chaque instant, elle se considérait même chanceuse d'avoir su faire de sa passion un métier rapportant un salaire plus que décent. Alors cette salle, loin de la gaieté qu'elle éprouvait en venant bosser, lui rappelait un peu l'ambiance désolée des prisons, de celles dont on ne peut s'échapper vivants. Landry, de par sa présence, apportait à cette pièce maussade un petit quelque chose de vivant. Paradoxe curieux, quand on connaissait le fantôme qui hantait ce corps.

    Elle écouta la réponse à ses questions avec attention. Cela leur laissait un peu de temps à tous les deux avant de commencer les cours, assez en tout cas pour déguster leur thé en toute tranquillité, sans s'embarrasser du stress de la reprise. Aussi l'invita-t-elle à s'assoir à ses côtés, tapotant du plat de la main la place libre sur le côté du canapé. « Je te préviens, interdiction formelle de laisser sciemment refroidir ton thé. Je te le ferais avaler de force, crois moi ! » laissa-t-elle échapper comme menace en l'air, sincèrement peu convaincante en femme agressive et dangereuse. Du point de vue de la force brute, elle ne valait pas un clou, et Landry le savait aussi bien qu'elle. Néanmoins, il pouvait deviner dans son regard qu'elle n'hésiterait pas une seconde à essayer, ne serait-ce que par pure fierté. Là résidait la force de Melody comme sa plus grande faiblesse, cette hargne à la tâche, cette manie de ne jamais rien lâcher, de toujours achever ce qu'elle avait entrepris, et ce quelques soient les complications qui se dressaient sur sa route. Elle semblait toujours assez maligne pour défaire les embûches et combler les vides, et elle parvenait toujours à son but final. Toujours. Landry ne devait pas en douter. Pourtant, alors qu'elle se félicitait de ce côté observateur et manipulateur dont elle se savait dotée, cet homme étrange parvint à la surprendre. Une simple question, une interrogation qui la laissa presque bouche-bée, en tout cas sans voix. Une demande qui méritait une intense réflexion. « Pourquoi est-ce que tu fais ça ? Je parle pas du thé, je veux pas la recette. Je parle de ta façon de faire. T'as l'air d'aimer passer du chaud au froid. C'est déstabilisant tu t'en rends compte ? » Un instant, elle se perdit dans la contemplation de ce liquide brunâtre brûlant duquel s'échappait une légère fumée doucereuse. Un instant, elle se demanda si elle devait répondre à cette interrogation qui ne semblait posséder aucune justification convaincante. Oui, elle n'imposerait jamais son silence à Landry. « C'est ma manière de faire. Est-ce que je te demande pourquoi tu es comme tu es ? C'est exactement pareil, je ne peux pas répondre. Ce serait même plutôt à toi de me le dire, monsieur le psy. » Elle plongea à nouveau son regard dans celui de Landry, et cette fois-ci, c'était à elle de poser une question dérangeante. Elle ne se priverait pas. « Et toi, pourquoi est-ce que tu te mets à parler de moi, alors que je n'en avais pas terminé avec toi, hm ? Ce n'est pas déstabilisant, mais agaçant. » Son sourire témoignait de la non-véracité de ses dires. Du moins... pour la dernière partie de sa phrase seulement.

    Re: Le revers des blessures. (Melody)

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