pia + you can hurt me

You're the one who can hurt me

pia and matilda

fiche par ©century sex  

M’intégrer. L’épreuve de toute une vie. Une épreuve que je n’ai toujours pas surmontée et que je ne surmonterai sûrement jamais. Comme si je n’appartenais à aucun groupe, comme si je ne trouverai jamais ma place nulle part. Après la fratrie, les différentes écoles, collèges et lycées. Les familles d’accueil. Il faut encore que je recommence. Que j’essaye de me faire des amis, que je ne me ferais jamais. Que j’essaye de vivre, d’exister, dans un pays qui n’est pas le miens, dans une classe que je déteste, avec des gens que je déteste. J’ai envie de tuer ce garçon. Andreas. Il me cherche, il me torture et jour après jour, cette boule grossie dans mon ventre à la simple idée de le rencontrer au détour d’un couloir. Il me croit folle, comme tous les autres. Peut-être qu’au fond je le suis. Je ne sais plus. Je me tourne, je me retourne dans mon lit. Des gouttes de sueurs perlent sur ma peau et pourtant, il ne fait pas si chaud. Je ne trouve pas le sommeil, au contraire je m’enfonce peu à peu dans un nuage sombre, un vide, un gouffre. En sursaut, je me lève, je m’extirpe de ce lit. Ma tête tourne prise de vertiges, je me suis levée trop vite. Mais pas de temps à perdre, mon cœur bat la chamade quand je fais quelques pas dans le couloir. Quelques pas qui me mène directement à sa chambre, toujours la sienne. J’actionne la poignée et la porte cède, il fait nuit noire, je n’y vois rien, je me guide à la seule force de son souffle qui brise paisiblement le silence. Je pose mes doigts sur son bras nu, un contact anodin qui m’électrise déjà. « Pia … ». Soufflé-je doucement une fois, puis une seconde pour la réveiller. « Je peux dormir avec toi ? ». J’attends sa réponse. Les réactions de Pia envers moi sont aussi douces qu’imprévisibles. Et je ne veux pas prendre le risque de la mettre en colère contre moi ou de créer un malaise entre nous. Même si ce n’est pas la première fois que je dors avec elle, ou que j’entre dans sa chambre. J’attends, presque soumise, qu’elle me donne son autorisation.

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Rien que le silence. Le silence et le noir. J'essaie de dormir mais rien n'y fais, j'y pense encore et encore. Ça me hante, c'est pire que tout. Si j'avais su que venir ici allait entraîner tant de chose, je me serait certainement abstenue. L'Italie comprenait des fantômes ; mes parents. Ici.. ici c'était pire. Ici, c'était un démon, c'était Gia et c'était pire que tout. Je pensais à ma force mentale tout le temps, à chaque femme que je croisais, et je gardais sans cesse une photo de mes parents sur moi, pour me rappeler que je me dois de les rendre fiers. C'était plus compliqué que prévu, mais c'est ce que je souhaitais. J'arrivais finalement à m'endormir, après de longue souffrances mentales. Sommeil qui fut de courte durée. . « Pia … ». Je sens une caresse sur mon bras et comme machinalement, je pense à Gia. Je sais pas pourquoi, ça s'est fait comme logiquement dans ma tête. Je bouge un peu, je ne veux pas d'elle, je ne veux pas de ça. J'offre l'une de mes pensées à mes parents, et j'entends dans un murmure,  « Je peux dormir avec toi ? », cette voix, ce n'est pas celle de Gia. Je me décide à ouvrir les yeux et voilà que devant moi se tiens Matilda. Quoi ? Je frotte mes yeux, et demande, « quoi ? » j'avais entendu, il fallait juste que ça monte au cerveau et que je percute ce qu'elle voulait. Dormir avec moi. Douce torture. Je lui offre un léger sourire et lève mon drap à son intention. « viens.. », un murmure, rien de plus. Matilda, je ne savais pas trop comment la voir. Je détestais qu'on lui fasse du mal mais j'adorais quand c'était moi. Elle se mit contre moi sans broncher, et mon bras se refermait sur elle. Ouais, ce n'était pas ma sœur biologique et c'est pourquoi parfois il m'arrivait d'avoir des idées peu saines à son égard, mais elle était belle. Plus belle que je ne voulais bien me l'admettre. Là, contre elle, je lui demandais, « t'a fais un cauchemar.. ? », quelle autre raison ? Ma main glisse doucement contre son visage, presque d'un geste tendre. Un geste fraternel. Tout du moins, à mes yeux.  

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Elle s’éloigne, comme si elle me rejetait, elle s’éloigne sous le contact de mes doigts sur sa peau. Une réaction brute, inconsciente, une réaction première et sincère que je m’attribue naïvement. Est-ce qu’elle me déteste ? Est-ce que je la révulse ? Les sentiments de Pia à mon égard n’ont jamais eu le mérite d’être clairs. Non, ils sont instables, imprévisibles, aussi doux qu’acides. Et j’en suis accro, plus encore qu’un junkie à sa drogue. J’aime la phase d’irréel, d’évasion infinie que me procure sa présence, qui fait de moi cet être invincible … j’aime aussi la phase de chute, la souffrance mordante de la descente qui me traine dans des profondeurs dont je ne la pensais pas capable ... Mais qu’elle efface comme si aucunes souffrances n’avaient jamais existées au moment même où ses yeux bleus s’ouvrent sur moi et qu’elle m’offre un mi-sourire ensommeillé parfait. Avec son autorisation je me glisse entre ses draps et vient poser mon corps frêle contre le sien, divin. Contre elle, je pourrais dessiner ses formes à l’aveugle tant je les connais par cœur, tant je les sens contre les miennes. Sa peau irradie une douce chaleur qui m’enveloppe autant que son bras qui se rabat sur moi. Un cauchemar ? Je ne sais même plus pourquoi je suis ici, dans ses bras j’oublierai jusqu’à mon nom … « Je crois … ». Sa main qui glisse sur mon visage me fait frémir. Les lèvres légèrement entrouvertes, je retiens ce souffle qui trahirait que trop mes sentiments pour elle. Mes sentiments illégitimes pour une sœur qui n’en est pas une. Mes mains se serrent à son tee-shirt près de sa taille et j’avoue « Je ne me sens pas bien dans ma classe, il y’a ce type qui … », je m’interromps dans un souffle, relâche son tee-shirt et vient doucement caresser son avant bras du bout des doigts, glissant parfois mes ongles contre sa peau. Si elle sait que quelqu’un me tourmente, je le sais, elle prendra ma défense, mais je ne veux pas. Pas cette fois ci. « Je ne me sens pas bien ici Pia et je ne sais pas si je me sentirai bien un jour ». Un aveu beaucoup plus profond qu’elle ne le devinerait jamais, que je ne le laisserais jamais paraître.  

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Une fois, j'avais pensé au goût de ses lèvres. Je voulais juste savoir, je voulais la connaître. J'aimais lui faire mal parce que je voyais en elle l'inaccessible. La fille que je ne pouvais avoir, et pour la simple raison qu'elle est ma sœur. À cette pensée, j'avais prié deux fois plus que la normale. Pourquoi était-t-elle dans notre famille ? J'aurais voulu la caresser, là, maintenant. Rien du tout, rien de grave, juste la touché, lui faire ressentir des choses, la voir ressentir des choses sous moi, et uniquement sous moi. Ce n'était pas le cas. Matilda, elle est belle. C'est un démon aussi bien pour les femmes que pour les hommes, ça se voit. Moi, je voulais juste être son bourreau, et une fois le mal fait, je voulais être celle qui la rassure. J'avais ces deux rôles, mais je n'étais qu'une sœur. Une sœur qui sait bien que l'inceste est un pêché. « Je crois … ». je me permet une main sur sa joue, d'un geste fraternel. Même si parfois mes gestes débordent, alors j'excuserais en disant qu'à mes yeux, ce n'est que fraternel. Qui pourrait dire le contraire ? Ici, et aux yeux de mes sœurs, j'aime les hommes. En plus, Matilda est ma sœur. « Je ne me sens pas bien dans ma classe, il y’a ce type qui … », je fronce les sourcils et la regarde, ma main retombant sur le drap. « ce type qui quoi ? » trop tard, j'ai entendu. J'ai entendu et je veux la suite. Je veux savoir qui te fait du mal, qui te torture. Elle caresse mon bras, comme pour t'attendrir. Je le retire, ce bras qu'elle caresse. Je ne veux pas être attendrit, je veux savoir ce qu'il se passe. « Je ne me sens pas bien ici Pia et je ne sais pas si je me sentirai bien un jour ». je hausse les épaules comme seule réponse. Qu'est ce que je pouvais bien lui dire ? J'étais dans son cas, ma place n'était pas ici, mais elle n'était pas en Italie non plus. « c'est un mode de vie différent de l'Italie.. les gens ici sont plus rapides et plus.. fourbes.. » je lui offre un fin sourire, « mais.. il doit y avoir des points positifs depuis qu'on est là, non ? » doucement, mon index passe sur ses lèvres, et je le retire immédiatement. Pourquoi ce soir ? Pourquoi je ressens toutes ses envies là, maintenant, contre l'une de mes sœurs ?  

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Les mots sont sortis. Les mots de trop. Pourquoi je ne parviens pas à me taire, quel est ce pouvoir que tu as sur moi Pia, ce pouvoir qui fait de moi ce livre ouvert, cet amas de chair et de sang qui n’a d’yeux que pour toi. Je me mords la lèvre, par pure vengeance contre moi-même. Mais la vraie douleur intervient quand elle me retire son bras, quand elle me retire cette tendresse que je recherche incessamment auprès d’elle. « Je ne veux pas que tu interviennes, ça serait pire ». Les mots sortent comme un ordre de mes lèvres, peut-être ma vengeance contre elle pour cette privation de tendresse, pour ce pouvoir dont elle use et abuse inconsciemment. Mais malgré mon arrogance, je regrette immédiatement cet élan d’autorité qui ne me ressemble pas, pas avec elle. J’ai peur de le payer, de payer ces mots échappés trop facilement et pour me protéger, je me renferme un peu plus sur moi-même, colle mes bras contre mon corps sans pour autant m’éloigner d’elle. Silencieuse, j’hoche doucement la tête quand elle parle de sa vision de l’Amérique. « Tu t’y fais toi ? ». Lui demandé-je dans un murmure interrompu par sa question et par cet index qui se faufile sur mes lèvres et m’arrache toute once de raison. Ne fais pas ça, ne fais pas ça Pia. Mon cœur, mon corps lui hurle autant qu’il s’enflamme. Mais mes lèvres restent inlassablement closes, comme pour l’encourager à continuer ce geste peut-être anodin pour elle mais si érotique pour moi. « Je … ». Je quoi ? Aller Matilda, je quoi ? Je m’effondre dans cette douceur et cette chaleur dont elle m’enveloppe, je me noie dans ce désir qu’elle éveille en moi, trop aisément, je me tue à ne pas tenter un geste déplacé envers elle. « Oui, j’aime mon boulot à la galerie ». Ma voix n’est plus que murmure, souffle, que je ne contrôle plus. « J’aime vivre ici avec vous … ». Oublier les familles d’accueils, les foyers. « J’aime les fêtes de Los Angeles ». Mon corps se rapproche doucement du sien, ma tête échoue dans son cou. Mon souffle frappe sa peau. « J’aime être ici avec toi ». Rien de plus qu’une déclaration fraternelle, je t’en prie, je t'en supplie Pia, reste aveugle à ses envies, à ses pulsions que tu crées en moi.