Ahhh Pâques. Les chocolats, la famille, les déguisements, la marche des bonnets et bien évidemment les fêtes foraines. Quel enfant, adolescent ou même adulte resté un grand gamin peut résister à tant d'effervescence? Aucun. Les barbes à papa, les jeux de tirette, les manèges à sensations, les glaces et autres sucreries à vous couper les lèvres et vous niquer les dents. C'était là-dedans que Jane avait trouvé son refuge cet après-midi. Comme souvent, elle était venu seule, mais elle ne s'était pas arrêtée devant les attractions ou devant un quelconque stand de bouffe qui faisait pourtant beaucoup envie. Elle avait tracé son chemin entre les personnes pour un objectif précis : Le night fly. Une attraction à sensations fortes qui faisait fureur à tel point qu'il devait bien y avoir une demie heure d'attente pour y accéder et y faire un tour. Mais la jeune femme n'était pas comme les autres. En effet, au lieu de se mettre dans la queue, elle la contournait gentiment et entrait dans la cabine des commandes. « Salut Pedro, où est Juan? » L'homme d'une trentaine d'années tournait alors son visage vers l'Argentine quelques secondes. « A la caravane ma belle, il t'attend. » Toute sourire, la jeune femme sortait alors de la cabine, laissant le père de Juan faire son job. Quittant la fête foraine, elle s'enfonçait alors dans le terrain vague, juste à côté, où toutes les caravanes des Gitans étaient garées le temps de la fête foraine. Trottinant à la vue de son ami Juan, elle le rejoignait pour une embrassade amicale. « Hey dit donc, t'as coupé tes cheveux depuis l'an dernier. Il était temps, tu les avait presque aussi longs que les miens. » « Commence pas à te moquer sinon tu peux dire adieu à la fête de ce soir. » La fête de ce soir? Oui, celle que les Gitans donnaient tous les soirs, ou presque, dans l'intimité de leur communauté. Juan l'avait invitée à venir y participer, rares étant ses amis en dehors du camps. C'est ainsi qu'on retrouvait Jane, la nuit tombée, en habits traditionnels gitans à danser autour d'un feu au son des guitares. C'était un des rares moments où elle se sentait elle-même, où elle ne se sentait pas jugée. Probablement que les Gitans avaient appris la tolérance étant eux-mêmes rejetés par la plupart des habitants dans certains pays qu'ils peuvent traverser. Là où on pouvait entendre quelques rires, émanant aussi bien de la bouche des Gitans que de Jane, c'est lorsqu'elle tentait en vain de reproduire correctement des pas de danse. Elle avait beau en faire depuis plusieurs années, certains pas restaient bien particuliers et avec une précision que seule une personne adepte et pratiquante de cette danse peut faire. C'est ainsi que par inadvertance, l'Argentine marchait sur sa robe pour mieux s'écrouler dans l'herbe, cherchant à s'agripper à la première personne qu'elle avait sous la main et l'emportant dans sa chute. « Bravo Sullivan, tu viens d'emporter avec toi miss Juavez. » Juan tendait alors ses deux mains aux deux jeunes femmes pour qu'elles puissent se relever sans trop de difficultés. « Je suis désolée. Je suis pas très douée pour danser je crois. Je vous ais pas fait mal? » Avait-elle dit, s'adressant bien évidemment à Juavez, comme Juan venait de l'appeler. Elle espérait que la jeune femme aille bien ou en tout cas mieux qu'elle qui venait de se tordre légèrement la cheville.
she feels safe in |