Les fêtes d’intégration. Un drôle de nom pour ces soirées beuveries où personne ne se souvient de son prénom et où tout ce qui s’y est déroulé est oublié par les étudiants l’aube à peine levée. Pas simple de faire des rencontres et de s’intégrer dans ces conditions … A vrai dire, je suis ici comme la plupart des fêtards présents. Dans la seule optique de boire, danser, profiter de cette ambiance festive qui jamais ne s’arrête à Los Angeles et encore moins à l’université. Les basses font trembler les murs anciens du quartier des filles où se déroulent les festivités. La musique raisonne dans la pièce, un DJ est là pour s’en assurer. D’une façon entêtante je danse, je danse à en perdre mon souffle, à en sentir quelques gouttes de sueurs perler sur ma peau, à ne plus en sentir mes pieds compressés dans des talons trop haut. Sur une autre planète, dans un autre monde, loin, bien trop loin de ce qu’il se passe réellement ici, j’ouvre enfin les yeux pour scruter les visages aussi joviaux qu’enivrés qui m’entourent. Mais c’est une silhouette, un corps en mouvements, de lascifs mouvements qui attire mon regard. De longs cheveux bruns qui semblent griffer son dos, des tissus qui affectionnent bien trop sa peau, des yeux verts que même l’obscurité ambiante n’arrive à dissimuler. Victoire. Mon cœur s’emballe dans ma poitrine, une sensation de brûlure court dans mes veines. J’ai envie de la rejoindre autant que de la fuir mais c’est la deuxième pulsion qui remporte la bataille quand son regard croise le mien. Immobile depuis plusieurs secondes, mes muscles se tendent et je décide de partir, attrapant impulsivement une bouteille d’alcool sur une table je monte quatre à quatre les escaliers pour me rendre sur le toit. L’air frais mord ma peau, me permet de respirer profondément et soulage mes muscles de toutes ces tensions que je somatise pour ne pas avoir à souffrir psychiquement. Je m’assois, durant de longues minutes je contemple le ciel particulièrement étoilé ce soir. Je revis cette scène, ce moment que l’on a passé à scruter le ciel quand elle paraissait elle-même en être un astre … Un soupire s’échappe d’entre mes lèvres et je décide qu’il est temps, temps de quitter la fête car le cœur n’y est plus. Seulement quand je pose la main sur la poignée, la porte ne cède pas. Mes sourcils se froncent et je réessaie, plus fort, plus pressement avant que mes poings ne s’écrasent violemment contre la porte.
« MERDE ! ». De nouvelles minutes passent, je m’épuise contre cette porte et déclare forfait. Je m’assoie contre le mur à même le sol résignée à passer la nuit ici quand le cliquetis de la porte résonne et fend le silence. En sursaut je me lève.
« RETIENS LA P… ». A nouveau, la porte se ferme, juste dans le dos de cette fille, cette fille à laquelle je n’ai cessé de penser toute la soirée, cette fille que j’essayais de fuir. Le regard paniqué, je me jette sur la porte en la bousculant au passage pour essayer d’ouvrir cette foutue porte.
« Ouvre toi, aller ouvre toi ».