Elle ne réalise pas encore ce qu’elle vient de lui dire, de lui demander, murmurer. Et elle se laisse bouffer par la peur qu’il lui réponde que non, il ne veut pas venir chez elle. Après tout, c’est son droit, elle ne lui en voudra pas, enfin, elle ne le montrera pas. La vérité c’est que seulement quelques secondes séparent sa phrase de sa réponse, mais cela lui parait comme une éternité, un instant tout entier à vaciller pour savoir comment elle doit réagir, calculer le moindre de ses soupirs. « Oui, j’arrive. Envoie-moi ton adresse par sms. » Alors il vient, elle s’apprête déjà à raccrocher, impatiente de pouvoir lui envoyer, son adresser, de l’inviter pour de bon à entrer dans sa vie, sans artifice, sans mensonge. « Le temps que je les range bien… et j’arrive. » Elle craque un sourire, se sent impatiente. « A tout de suite… » De suite, sa phrase lui semble si réelle, elle n’en revient tout simplement pas. Elle ne sait pas si elle doit rajouter quelque chose ou bien si elle doit juste se contenter de raccrocher et de tourner comme un lion en cage dans son propre appartement. « Ok. » Elle se contente de murmurer, ne sait pas vraiment s’il l’entend. Son téléphone encore en main, elle lui envoie son adresse : « South Central, bâtiment H, appt 620. » Plus de recul possible, il va arriver. Elle se sent tellement fille, oui tellement, qu’elle fonce dans sa salle de bain, elle fait couler rapidement l’eau chaude, s’y glisse dessous, la chaleur de l’eau renforce son excitation présente depuis qu’elle a raccroché. Elle se dépêche, se presse, coiffe ses cheveux, essuie son corps, le recouvre de vêtements, une robe qu’elle enfile rapidement. Elle se maquille, légèrement, rien à voir avec le maquillage qu’elle portait, le jour où il l’a rencontré. Elle ne met pas de chaussure, n’en voit pas vraiment l’intérêt, après tout, il l’a déjà vu dans une tenue bien plus intime alors ce n’est pas le manque de chaussures qu’il va le choquer. Les cheveux encore humides elle se dirige à nouveau dans le salon, elle se dit qu’elle fumerait bien, même si ce n’est pas dans ses habitudes, mais elle en ressent le besoin, lorsqu’elle se rend compte que cela quelques secondes déjà qu’elle tapote sur la table basse qui se trouve en face d’elle alors qu’elle est assisse sur le canapé. Elle mange ses lèvres, littéralement, elle ne sait pas être patiente dans ces moments-là. Elle ne sait pas agir comme le reste du monde, c’est comme ça. Puis elle sursaute au moment où l’interphone résonne dans l’appartement, elle se lève directement, dans un automatisme muet, elle tente de ne pas courir pour lui ouvrir. C’est compliqué, elle en a conscience, et cela l’énerve un peu, elle n’est pas de ce genre-là, ne l’a jamais été, et pourtant aujourd’hui, elle ressemble à n’importe quelle fille dont le cœur s’emballe trop vite pour un garçon. « C’est toi ? » Elle prononce dans le combiné, mais de toutes les façons, ça pourrait être qui, sérieusement ? Elle lève les yeux au ciel, elle a horreur de faire ça. Mais lorsqu’elle a la confirmation de sa présence, elle lui indique l’étage jusqu’auquel il doit grimper afin de la retrouver. Elle patiente encore un peu, n’ouvre pas directement la porte, à attendre de le voir débarquer dans les escaliers. Elle l’entend frapper contre la porte et elle se précipite à moitié dessus afin de l’ouvrir, elle est idiote, elle le sait, et quand elle ouvre enfin pour découvrir son visage, qui elle en est sure, lui a manqué, elle sourit doucement, avant de s’avancer et de sur sa joue déposer un simple baiser.