Je suis partagée entre l’envie de me jeter sur elle et d’accepter d’avoir une relation secrète avec elle. Ce qui suffirait à mon bonheur durant un temps ou alors de refuser tous les sentiments de ma belle Italienne pour ne pas souffrir lorsqu’il sera trop tard et que je comprendrais qu’on ne pourra jamais aller plus loin.
Car c’est vrai. Après ce suçon que je me suis « amusé » à lui faire pour qu’elle garde la trace de notre rencontre dans ce bar, qu’elle repense chaque jour en se voyant dans la glace à moi et à nous deux. Je n’ai pas envie d’être effacée de sa vie. C’est pour cela que je ne pense qu’à elle, que je n’ai eu d’yeux que pour elle.
Mais il faut que ça cesse si ça n’a pour finalité : la souffrance.
C’est ce que je lui demande : ne pas souffrir. Dire à ses proches ce qu’elle est réellement. Montrer qu’elle ressent bien plus que de l’amitié pour moi. Car je ne veux pas me cacher, je ne veux plus le faire. Je le vivais bien à 16 ans car je ne pouvais dire si je voulais faire ma vie avec la personne qui me faisait face.
Mais maintenant… j’envisage une longue durée. Je veux pouvoir faire des projets quand il y aura une stabilité dans une relation. Mais avec Pia, j’ai l’impression que nous ne le serons jamais. Qu’on ne pourra jamais partager la même maison, qu’on ne pourra fêter les jours fériés en famille sans cacher mon amour pour elle, ou encore d’envisager des enfants et tout ce qui s’en suit…
Et Pia ne voit pas ça de la même chose. Elle dit qu’elle ne peut pas. Mais pour moi, elle ne veut pas. Elle me rattrape mais j’ai mal de son contact. Simplement parce que je brûle de désir d’en finir avec les centimètres qui séparent nos lèvres pour l’embrasser, pour la pousser contre le mur et l’embrasser jusqu’à en perdre la raison.
Mes muscles se contractent. Elle fait appel à mes sentiments, au fait qu’on souffre toutes les deux si je refusais de la laisser dans le secret. Je n’ose pas bouger durant quelques secondes. J’ai encore cette envie de la toucher et l’envie de m’enfuir avant de souffrir encore plus. Au fond, j’apprécie Pia bien plus qu’elle ne s’en doute mais je ne peux pas vivre de cette façon.
«
Parce que tu crois qu’on sera heureuse si tu te caches à ta famille ? Je n’ai pas envie de m’en aller tous les soirs de ta chambre, je n’ai pas envie de ne rien envisager parce que tu ne veux pas officialiser notre relation ! Je pense à « nous », car j’ai pas envie de nous enfoncer plus le jour où ça explosera ! »
Je m’éloigne avant de céder à son corps, à ses lèvres, et pire que tout, à son amour. Je libère mon bras de son emprise. Quelques pas en arrière, pour plus de sureté.
«
Je préfère que tu me laisses partir. Je suis désolé si je te parais égoïste. Mais je préfère m’arrêter là. Et puis, au fond, en amour, on fait des concessions. Je peux me cacher quelques temps pour toi, mais je ne pourrais pas rester longtemps dans l’ombre. Si toi tu n’en fais pas par rapport à ta famille, ça ne marchera jamais. Tu ne t’assumes pas, autant arrêter les frais, tu ne crois pas ? »
Mes lèvres se tordent. J’ai envie qu’elle dise qu’elle le fera, qu’elle essaiera de les préparer pour leur dire. Mais j’ai peur que ce soit une illusion.