Voilà plus de deux semaines que Savannah vit chez moi. Et pour une fois, enfin, je me sens capable de dire haut et fort que je me sens bien. Heureux et amoureux. C'est à la fois apaisant et troublant. Ce sentiment, ça semble comme nouveau pour moi, parce que ça fait si longtemps que je n'au pas éprouvé ça pour quelqu'un. J'affiche malgré moi ces sourires niais et ridicules dont je me moquais auparavant. Et ça me fait bizarrement du bien.
On est Samedi, et ce matin, j'ai quitté Savannah, encore endormie dans le lit, pour déjeuner avec ma meilleure amie Shaé. J'ai laissé un mot sur le frigo pour la prévenir que je rentrerai manger vers 13h. Shaé n'est pas encore au courant. La seule chose qu'elle sait vraiment que c'est que depuis que j'ai retrouvé Savannah, je n'ai plus assez de temps pour penser à l'appeler et lui donner des nouvelles. Je me prépare d'ailleurs mentalement à subir ses reproches, et rien que d'y penser, ça me fait rire d'avance.
Une fois sorti du métro, je tourne dans deux trois coins de rue avant de rentrer dans le Starbuck Coffee où nous avons rendez-vous. Un regard à droite, puis à gauche. A première vue, elle n’a pas l'air d'être présente. Je vais donc me commander un Frappuccino lorsque j'entends mon prénom crié à travers toute la salle. C'est bien Shaé qui vient d'entrer, peut-être un peu trop enthousiaste de me revoir.
La passion de Louise aura raison de moi, autant que celle de Molière a eu raison de lui. J'ai vu ces flammes danser sur ma peau jusqu'à entrer dans mes chairs et les brûler. Mon corps paralysé, j'ai senti la douleur crisper chacun des membres de mon corps. Et mon cri s'élevait dans la salle, transperçant le toit pour flotter jusqu'à la lune. Car c'est là-bas que j'ai abandonné ma fierté et mon amour propre.