Lorsque Marius répond positivement à ma question, un sourire se dessine sur mes lèvres malgré moi. Cela peut paraitre tout bête, et pourtant, lorsque je me sens complice de lui, c'est un bonheur nouveau qui s'éprend de moi. Il me dit avoir aussi soif qu'un cheval à l'arrivée d'une course et je m'apprête à fouiller dans mon sac afin d'en ressortir la bouteille d'eau - probablement cabossée - que j'y avais avant de me résigner à ne rien faire lorsque mon regard aiguisé rencontre, du coin de l'oeil, la canette argentée logée fermement entre ses beaux doigts virils ... Un Coca Light. Marius boit donc du Coca Light. Intéressant. M'asseyant face à lui, devant l'entrée de notre tente, je plonge alors mon regard dans le sien avant de lui demander, les yeux rieurs :
- Et sinon, toi aussi tu as rencontré "la Tornade" ?
S'il s'était retrouvé sur le chemin de cette fameuse jeune fille armée uniquement de son appareil photo, de son courage et de sa voix assourdissante, il devinerait immédiatement quelle est donc cette fameuse "Tornade" à laquelle je fais présentement allusion : en effet, j'ai bien cru que je ne sortirai pas vivant de notre rencontre ... Et j'y aurais probablement laissé ma peau, d'ailleurs, si sa horde d'amies n'avait pas décidé qu'il serait préférable qu'elles aillent harceler le (et je cite) "vendeur de Kébabs : il est absolument trop craquant". Je ne comprends d'ailleurs toujours pas ce qu'elles lui trouvaient, à ce vendeur de Kébabs que je trouvais pourtant bien banal, à vue d'oeil ... Mais ça, c'est une autre histoire. Ce n'est que lorsque je vois Marius boire une gorgée de son Coca Cola que je me rends compte à quel point, moi aussi, je meurs de soif. Ainsi, je détache mon sac à dos de mes épaules afin de le poser entre mes jambes et de l'ouvrir, histoire de la retrouver, cette fameuse bouteille, priant au passage que celle-ci ne soit pas déjà vide (ou pire, encore, qu'elle ne se soit pas vidée sur le restant de mes affaires). Lorsque mes doigts aventureux rencontrent le plastique mou de la Volvic, je souris triomphalement avant de l'enserrer dans ma main et de la porter hors du sac. La décapuchonnant ensuite, j'en bois rapidement une gorgée tandis que Marius me demande si vivre sous la peau d'un hippo avait eu un quelconque impact sur ma journée. Épongeant rapidement la sueur s'étant accumulée sur mon front, ces quelques dernières minutes, d'un simple revers de la main, je lui déclare alors :
- Eh bien ... Je comprends mieux pourquoi ils passent leurs journées dans l'eau, maintenant.
Enfin ... À supposer qu'ils aient aussi chaud sous leurs peaux que nous sous nos costumes étouffants (ce qui semble bien peu probable ... Mais pas impossible pour autant). Lorsque Marius me propose de me payer un verre, je suis légèrement étonné dans la mesure où je ne m'étais pas attendu, aujourd'hui, à ce qu'il désire passer quelques instants de son temps libre avec moi ... Et pourtant, je ne désire pas lui laisser me payer quoi que ce soit de plus. Lorsqu'il m'avait invité au Coachella, ce soir, au restaurant, après tout, Marius n'avait rien voulu entendre : malgré mes protestations, il avait réglé l'addition seul et j'étais donc rentré les poches pleines et le coeur léger. Aujourd'hui, j'étais donc bien décidé à lui rendre la faveur, qu'il le veuille ou non. Le regardant tendrement, le menton appuyé contre mes mains, je lui réponds d'une voix enthousiaste :
- À cette heure là ? C'est plutôt moi qui t'invite à déjeuner !
Me relevant alors brusquement, j'enfile à nouveau mon sac sur mes épaules avant de le regarder, une dernière fois, tapant mes deux mains l'une contre l'autre.
- Allez, allez, on se dépêche ! Bientôt, il y aura trop de monde et on sera incapables de se trouver un bon endroit pour le déjeuner ! Je suis peut être trop insistant pour mon propre bien, mais je ne pense pas (ou tout du moins, je n'espère pas) que Monsieur m'en tiendra rigueur. Quelque chose me dit cependant que s'il n'a jamais réellement vu cette facette entreprenante de moi, il me suivra sans trop broncher. Cela se voit dans son regard : derrière ses grands airs d'homme fort, viril et musclé, Marius est doux comme un agneau. Ça, pratiquement tout le monde semble l'avoir remarqué.
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