« Maggie, bouge-toi ! » Je cri un peu au volant de la voiture le temps que ma sœur mette encore un de ses sacs dans le coffre. Je crois bien qu’elle se bat un peu pour faire tout rentrer à l’intérieur, et j’avoue que ça me fait sourire comme un idiot. Quand elle ouvre enfin la portière du côté passager, je lui offre un sourire avant de lui demander « C’est bon, prête ? » Le temps d’entendre sa réponse et je tourne la clef de la voiture afin d’allumer le contact. En route pour le festival. Évidemment, elle va y camper, étrangement, je n’ai même pas douté de ça. Maggie va là-bas pour profiter, bon moi aussi c’est vrai, mais il y a l’autre côté, le côté professionnel que je porte d’ailleurs autour du cou. Carte de presse. Ça fait tellement sérieux, quand on y pense. Journaliste confirmé, ça faisait vraiment de temps que je le voulais, que je n’ai pas l’impression de réellement réaliser. Bradley Wallace prêt à interviewer toutes les célébrités qu’il croisera. Ouais, ça en jette, et ça n’arrange en rien ma prétention, faut l’avouer. Après quelques minutes dans le silence, j’appuie sur le bouton de l’autoradio pour l’allumer. « Choisis mais épargne moi le style trop … fille ? » Ce n’est pas vraiment une interrogation, bien au contraire, je crois bien qu’il n’y a pas plus affirmatif que cela. S’il te plait, Maggie me fais pas subir ça. J’esquisse un sourire, et sans le comprendre je regarde ma main gauche, l’anneau qui s’y trouver. La discussion que j’ai eue avec Anna. La prise de conscience. Notre chemin qui va se séparer. C’est fini, ça a été dit, cette fois. Il me semble même qu’elle est allée voir l’avocat. Nerveusement, mon pouce fait rouler la bague autour de mon doigt, et puis … « Mag’, en fait, le voyage ensemble, tout ça, c’était pas juste pour ne pas que tu prennes le bus. » Il vaut mieux que ce soit moi qui lui dise avant que ce soit elle, après tout, je suis son grand frère, et j’ai pris une décision. Et notre proximité, notre complicité n’en serait que bafouée si je ne prenais pas le temps de la mettre au courant de cela. « J’ai un truc à te dire. » Allez Brad, crache le morceau. Pourquoi c’est autant difficile que ça ? Parce que ça rendra la chose réelle, et que je ne suis pas certain de vouloir en sortir, en fait, ma vie, c’était devenue une simple routine. Le futur, je sais bien qu’il sera grand, et j’en fais un truc bien trop important.