R&T - La première chose que je regarde chez un homme, c'est sa femme.

« Riley & Timothy»

« La première chose que je regarde chez un homme, c'est sa femme»

« Timothy ! Il faut vous réveiller c’est l’heure »... Non ce n’était pas ma mère qui venait de prononcer ses paroles, ni mon père… c’était juste Lola, l’employée de maison qui servait accessoirement de réveil quand j’en avais besoin.

-Rwwww !!

Ce fut ma seule réponse… Une phrase incompréhensible mais Lola avait l’habitude. Elle ouvra en grand les rideaux, laissant le soleil me réveiller brutalement.

-Fiche le camp de ma chambre !!

Ca ne l’a pas effrayé le moins du monde.. Elle à l’habitude avec moi, je ne suis pas du matin et je ne le serai jamais. Pourtant elle avait raison de me réveiller à cette heure si matinale… 13h !! Oui c’est tôt !! je tiens à signaler que je suis en vacances donc c’est tôt pour moi. Mais je me suis levé, après 10 minutes dans mon lit. J’ai pris un café, une douche je me suis habillé, coiffé, désodorisé et j’étais prêt à aller à l’université…. Afin de faire mon inscription… je devais ramener deux trois papiers au secrétariat afin de valider ma place en 5ème année et mon rendez-vous était à 14h30.
A présent il était 15h, la secrétaire avec tous les papiers nécessaires et il était temps de quitter ce campus pour ne plus y remettre les pieds avant la rentrée prochaine. Je me rendais vers le parking où j’avais garé ma Porsche  ( cadeau de papa et maman ), je m’apprêtais à ouvrir la porte de ma voiture pour y monter quand une voiture s’est garée à côté de la mienne et une jolie blonde en est sortie… Bon sa voiture ne payait pas de mine, mais la fille elle, si !! J’allais lui adresser la parole pour engager la conversation quand nos regards se sont croisés. J’ai bloqué, elle a bloqué, j’ai froncé les sourcils, elle aussi… Et j’avais envie de me monter dans ma voiture et m’en aller, elle aussi je pense… Je la connaissais… Seulement je ne l’avais pas revu depuis, voyons voir j’essaye de compter… depuis 5 ans… à l’époque j’étais jeune, beau gosse, riche, et en couple avec elle… Aujourd’hui je suis toujours jeune, beau gosse, riche mais pas en couple avec elle.  Passé la surprise de la voir ici, j’ai remarqué qu’elle ne s’était pas encore enfuie en courent… Je ne savais pas si je devais me contenter de la saluer cordialement et m’en aller, m’en aller sans lui dire bonjour, ou…

-Qu’est-ce que tu fais là ?

Bon j’avais choisis la troisième option… j’étais trop curieux !! j’avais juste envie de savoir ce qu’elle pouvait bien faire ici, aux Etats Unis, dans MON université. Et je pense aussi que j’avais le droit à quelques explications. Après tout elle s’était tirée avec mon argent, sans rien me dire.

Timothy & Riley

Les vacances, ce moment de détente durant lequel on peut se permettre de ne penser à rien. Tout du moins, à presque rien. J’avais encore à m’inscrire à l’université pour l’année à venir. J’étais loin d’avoir terminé mes études et avec mon départ précipité pour la France, je n’avais pas eu le temps de boucler mes papiers. C’était donc une matinée entière qu’il m’avait fallut pour retrouver, rassembler et photocopier tous les documents nécessaires à ma réinscription en me demandant encore pourquoi on me faisait perdre mon temps à rechercher des papiers qu’ils avaient déjà depuis ma première inscription l’année précédente. Non, je n’avais pas changé d’identité depuis l’année dernière. Exaspérée et surtout légèrement agacée par ce début de journée, je m’étais arrêtée manger un bout dans un petit restaurant tout en travaillant sur des croquis disposés dans un carnet que je baladais partout avec moi dans mon sac. Au volant de mon vieux tacot, une vieille décapotable sûrement classée aux patrimoines historique vu le nombre d’années qui avaient défilé à son compteur, je m’étais rendu à l’université sur les coups de 15/16 heures. Les étudiants avaient désertés les lieux, mais ça ne m’empêcha pas de me garer juste à côté d’une Porsche clinquante, j’aimais assez le contraste … M’attachant à ma pochette pleine de documents, sac à main sur l’épaule, je sortais de ma voiture attirée par les clignotants de la voiture d’à côté qui s’agitaient sous l’ouverture automatique des portes puis par un jeune homme, sûrement le propriétaire dont le regard s’attardait sur moi. Un regard familier qui me ramena cinq années dans le passé quand je reconnue cet air assuré et pointé d’arrogance. « C’est pas vrai ». Murmurais-je piquée d’angoisse quand les souvenirs s’accumulaient dans ma tête. J’étais fière et sûre de moi, mais Tim m’avait mené dans mes bas fonds et je me sentais toujours vulnérable en sa présence. C’était bien la raison pour laquelle je me contractais, l’atmosphère entre nous était chargée, électrique. Et j’étais sur la défensive. « Toi qu’est-ce que tu fais là ? L’Australie n’était pas assez grande pour ton égo ? ». L’air revanchard, c’était plus fort que moi, je me devais de l’attaquer avant que lui, ne le fasse. « Los Angeles c’est ici que je suis née, c’est MA ville ». Inconsciemment, je me justifiais, comme il m’avait intimé de le faire. A croire que même après cinq longues années, il gardait une certaine influence sur moi. Même minime.

« Riley & Timothy»

« La première chose que je regarde chez un homme, c'est sa femme»

« Toi qu’est-ce que tu fais là ? L’Australie n’était pas assez grande pour ton égo ? ». Elle s’attendait à quoi ? A ce que je rigole à cette phrase ?? que je me vexe ? Tout ce que je voyais dans cette phrase s’est que tout comme moi, elle n’était pas ravie qu’on se recroise. Le monde était assez grand non, et je devais quand même tomber sur elle ? A l’université, aux Etats Unis.

-Aucun pays n’est assez grand pour mon égo

J’ai essayé de prendre un ton détaché avec un petit sourire au coin. J’essayais de lui montrer que pour moi la situation était comique. Sauf que ce n’est pas le cas. Y’a rien de comique à croiser cette folle qui en plus est une voleuse. Bon je dois avouer que ce n’est pas le fait qu’elle m’ait piqué mon argent qui me dérange le plus… Ca je m’en ne fiche et puis de toute façon ce n’est pas le mien mais celui de mes parents. Non ce qui me dérange le plus dans cette histoire c’est surtout qu’elle s’est barrée, sans rien me dire. On avait vécu une belle histoire et tout d’un coup s’était terminé. Je me rappelle encore quand un matin j’étais parti la chercher dans sa chambre d’hôtel et que la réceptionniste ( qui me connaissait à force ) m’avait prévenu qu’elle était déjà partie. «  Comment ça elle est partie ? A la plage ?? » mais non elle n’était pas partie à la plage, elle était tout bonnement partie de l’Australie, sans rien me dire. On dit souvent que c’est moi qui suis lâche mais là c’est elle qui l’a été.
Bref, là revoir me faisait remonter tous ces souvenirs, des souvenirs que j’avais longtemps mis dans un coin de ma tête et que j’avais fini par oublier. « Los Angeles c’est ici que je suis née, c’est MA ville ». Elle est sérieuse ?? Elle se sent le devoir de se justifier ? Sur le coup j’ai pas compris pourquoi, mais en tout cas elle m’agressais encore. Et je n’étais pas du genre à me laisser faire.

-Tout comme l’Australie est mon pays pourtant j’ai pas fait un caca nerveux en te voyant arriver CHEZ moi, et j’ai encore moins gueulé sur toi

J’ai utilisé un ton posé. On aurait dit que j’étais calme. Mais je ne le suis absolument pas. Mais nous les mecs nous ne sommes pas comme les filles. Quand on a un problème on ne hausse pas la voix comme des hystériques. On laisse ça aux meufs… d’ailleurs c’est trop marrant de voir deux meufs s’engueuler … bref je m’égare là… Concentrons-nous sur cette fille.. Oui cette blonde que je n’étais pas ravi de revoir.

-cette fois ci tu comptes rester à LA ou tu comptes encore une fois partir sans rien dire ?

Elle l’avait bien cherché après tout. Je voulais des explications, mais j’ai bien trop d’orgueil pour lui en demander. Pour le moment j’allais juste me contenter de la haïr, et ensuite on verra si je lui demande des explications…

Timothy & Riley

Non aucun pays n’était assez grand pour contenir son égo, c’était une certitude. Mon regard s’attardait sur lui, l’examinait lui et cette arrogance, cette confiance insolente qui avait mis à mal notre relation pourtant fusionnelle à l’époque. Ne s’en était-il jamais rendu compte ? Ne s’était-il jamais remis en question ? Mes sourcils se fronçaient sur mon front. A vrai dire, j’étais déçue. Déçue qu’il soit toujours le même, même si je me faisais une opinion peut-être un peu trop rapide sur lui. Mais il ne m’aidait pas, sûrement parce que la situation était imprévue, parce qu’elle nous piégeait dans un passé épineux. « Arrête de jouer au persécuté … Tu as fais bien pire ». Oui je n’étais pas la plus accueillante, j’étais même carrément désagréable. Mais le souvenir qu’il m’avait laissé de lui ne m’incitait pas à l’accueillir d’une meilleure façon et c’était bien plus fort que moi … D’ailleurs, il n’en était pas plus aimable et pas moins rancunier. Si je lui reprochais son attitude, à travers ses mots je pouvais sentir qu’il m’en voulait pour mon départ … précipité. Le visage empreint de surprise, je ne cachais pas mon étonnement. Ne s’y était-il jamais préparé ? Jamais attendu ? Après tout ce qu’il m’avait fait ? « Attends, tu es vraiment sérieux ? ». J’haussais les sourcils et laissais un rire nerveux m’échapper. « Qu’est-ce que tu pensais ? Que tu me rendais heureuse ? ». Les mots sont durs et devront peser dans la balance de son orgueil. Mais je ne disais que la vérité, la simple vérité à laquelle il n’avait jamais du se confronter.

« Riley & Timothy»

« La première chose que je regarde chez un homme, c'est sa femme»

Je ne vois jamais les choses venir.. Je ne sais pas pourquoi mais c’est certainement mon pire défaut. Dès qu’une chose se produit, je suis surpris. Par exemple j’étais surpris de la voir là, je ne m’y attendais pas et je ne l’ai pas vu venir. Tout comme j’étais surpris quand elle était partie précipitamment, ça non plus je ne l’avais pas vu venir. Je dois dire que je suis toujours confiant, voir trop confiant, peut-être est-ce de l’arrogance ? Je n’en sais rien. « Arrête de jouer au persécuté … Tu as fais bien pire » j’ai froncé les sourcils car je ne comprenais pas où elle voulait en venir. De quoi parlait-elle ? J’ai fait bien pire  J’avais beau y réfléchir je ne voyais toujours pas. Puis je m’en fichais… c’était son truc à elle, elle n’arrête pas de me reprochais tous les malheurs du monde, même quand on était ensemble. « Attends, tu es vraiment sérieux ? Qu’est-ce que tu pensais ? Que tu me rendais heureuse ? » Et voilà ça continue, elle me reproche maintenant de l’avoir rendue malheureuse ??

J’ai poussé un soupir. Déjà je n’étais pas spécialement ravi de l’avoir revu, mais alors là j’avais juste envie d’une chose monter dans ma voiture et me barrer loin de cette folle. Il faut qu’elle arrête… Si les choses ne fonctionnent pas c’est pas toujours ma faute… Ca elle a tendance à l’oublier.

-Oui j’ai cru bêtement que t’étais bien avec moi à l’époque.. D’où ma surprise quand j’ai appris que t’étais partie !!

J'avais un peu haussé le ton sans le vouloir. Mais elle avait le don de m'énerver. Non je ne me remet pas en question et non je ne réalisais pas que peut-être j'ai bien dis peut-être je l'avais fait souffrir. Pour moi tout s'était très bien passé. O avait eu une belle relation certes il y avait eu des hauts et des bas comme dans toutes relations, mais en aucun cas je ne pensais l'avoir rendu malheureuse.

-Et en quoi je t'ai rendu malheureuse hein ?? t'étais une fille paumée dans un pays paumé et sans argent ni aucun ami. Et moi je t'ai aidé.. Alors excuse-moi si t'avoir aidé à t'en sortir t'as rendue malheureuse... Ce n'était pas mon but.

J'étais ironique bien sûr. Je ne m'excusais pas et je trouvais qu'elle en rajoutait trop. Et puis qu'elle arrête de tout mettre sur mon dos, moi aussi j'ai des choses à lui reprocher, des choses qui me sont restées en travers de la gorge et puisque je la revois c'est l'occasion ou jamais pour tout lui balancer. Après tout je ne pense pas qu'on se reparlera à nouveau après aujourd'hui.

-Je sais pas si tu te rends compte que ce que t’as fait n’était pas correct !! Tu t’es tirée !! Sans rien dire ! Je croyais que t’avais un peu plus de respect pour moi mais en fait non t’en avais qu’après mon portemonnaie. D’ailleurs j’aimerai que tu te tiennes à une distance de sécurité … j’ai pas envie que tes mains baladeuses me repiquent encore mon fric.

Timothy & Riley

Les mots qui s’échappaient de ses lèvres me laissaient sans voix. Je l’écoutais parler, je l’écoutais sans dire un mot. Murée dans mon silence par l’étonnement qu’il provoquait en moi au fil des secondes. Quand il eut finit, il me fallut du temps pour sortir de cet état. Mais enfin, je resserrais la pochette contre ma poitrine et venait m’approcher de lui, détournant ma voiture pour lui faire face. « En réalité, tu n’as jamais compris ». Mon regard détaillait gravement son visage, je semblais chercher quelque chose sur ses traits, je semblais chercher la vérité. N’importe quel signe qui m’induirait qu’il n’est pas aussi détaché qu’il en a l’air, qu’il ne vit pas réellement sur une planète si différente de la mienne. Mais rien … Le néant. « Merci d’avoir été là pour moi, tu m’as sortie de la galère à un moment de ma vie où j’avais réellement besoin d’une bouée de sauvetage ». Il n’avait pas tords, j’avais débarqué en Australie sans un sous en poche, dans le simple but de découvrir un nouvel horizon et de me faire une place quelque part sur cette terre. Il m’avait sortit de la rue, offert un toit et un travail. Il m’avait aimé, j’en étais sûr. Mais ce n’avait pas été suffisant, sa façon de m’aimer n’avait pas été suffisante. « Je suis désolée pour ce que je t’ai fais, je n’aurais pas du et si c’est ce que tu désires je te rendrais cette argent jusqu’au dernier centime … ». Plus question de polémiquer, de m’énerver, nous venions de deux mondes trop différents pour nous comprendre. Jamais il ne se rendrait compte de ce qu’il m’avait fait alors à quoi bon ? A quoi bon chercher à lui faire prendre raison ? Je préférais abandonner, je préférais être lâche avec lui parce qu’en sa présence, je ne savais pas être quelqu’un d’autre. Je ne savais pas être celle que j’étais aujourd’hui.