GRACE&SWANN ♣ Les choses changent.

Depuis janvier j'étais de retour à L.A, j'avais essayé d'ignorer tout ce petit monde, je veux dire, mes anciens potes de UCLA, surtout RJ avec qui... C'était trop bizarre. J'me dis hétéro et j'couche avec un mec, et lui de même, c'est quoi le délire? La vie est trop weird ou compliquée, comme vous voulez. D'où je suis revenu à Johannesburg pour parler avec mon ex Gwenn, lui dire ce que je pensais et réclamais le divorce. Elle a voulu m'ignorer quand j'étais à L.A, en mode "rien à battre de lui" bah elle n'aura rien de moi. Dire que certains de mes potes m'avaient prévenu et moi j'les croyais pas. Merde, j'ai été in love de cette meuf pendant des années, j'ai 26 piges désormais et on a commencé à sortir ensemble à nos 18 ans. Merci le remerciement de merde.

J'me souviens de cette Grace l'an dernier, elle me faisait pas mal de rentre-dedans et j'ai toujours dit non -gentiment- car j'étais avec Gwenn, même quand elle me répondait pas, je restais fidèle car j'l'aimais à en crever... Est-ce ça qui m'a fait péter un câble et m'a donc fait trop boire pour que j'finisse au lit avec le gars que je prenais pour mon meilleur pote? Je sais pas du tout et parfois ça me rend encore dingue, dingue de chez dingue!

Désormais j'étais skateur pro, j'avais plus rien avoir avec mon père ou ma mère, qu'ils continuent à baiser à droite et à gauche, à rester dans leur délire de libertinage ou échangiste. J'avais finit de bosser en tant que serveur, dès que j'suis revenu à Johannesburg, un sponsor m'a signé et j'ai intégré une team basée en CA. Bizarre hasard, right? J'étais donc en instance de divorce, officiellement célibataire, et je vivais mon rêve, du moins je commençais à le vivre et j'voulais me faire un nom dans ce milieu. Vive ma vie, vivre mes rêves et non vivre la vie que mon père s'est imaginé pour moi.

Je skatais, je skatais, je sortais d'un entraînement, j'étais fatiguée. 4h de skate intensif, ça faisait un bien de malade. Je skatais, je skatais, je skatais jusqu'à qu'une voix féminine m'interpelle. Je m'arrêtais soudainement, je fronçais les sourcils et je tournais ma tête dans la direction de cette fameuse voix et là mon coeur manqua un battement.

- Grace?

Susurrais-je en la voyant s'approcher. Euh... Ok, c'est quoi le délire? Le mois de juillet est synonyme des retrouvailles passées? Bon ok, ça rime vraiment là pour ce coup, mais j'pouvais pas me défiler et faire le gros crevard. Elle me voulait quoi? En un an elle a bien dû en avoir des mecs ou même pari qu'elle est casée... Bah ouais, ok y'avait un petit jeu entre nous, enfin c'était surtout elle qui jouait, mais de là à la penser in love de moi, pas quand même hein. J'suis pas ce genre de mec qui pense que toutes les nanas soient à ses pieds, j'aime pas ce genre de mec d'ailleurs.

- Hey...

Disais-je timidement en souriant de façon maladroite, restant un pied sur mon skate, l'autre à terre. Je transpirais comme un malade tant j'étais mort de fatigue, niveau physique, j'ai eu mieux comme "sex appeal" on va dire, ou juste histoire de bien présenter par politesse.

Une cigarette à la bouche et les écouteurs de mon iPod dans les oreilles, je marche rapidement afin de me rendre au boulot, j’envisage de plus en plus de démissionner, vu comment je réalise que je ne suis pas faite pour ça. Vendre des bijoux au lieu de les porter, bon d’accord, je ne suis pas du genre à adorer l’or et tout le reste, mais j’avoue que je commence réellement à ne plus apprécier regarder les petites mémés venir dépenser leur fric dans la boutique tandis que moi je suis sous payée. Puis en plus, cet uniforme bien trop cintré commence sérieusement à me turlupiner. En clair, oui, je suis saoulée. Et c’est pour cette raison que ma marche rapide se transforme en pas beaucoup plus lourd, beaucoup plus trainant. Une chose que je ne fais normalement jamais, trainer des pieds. Et puis je m’attarde quelques secondes à regarder les mecs qui sont en train de faire du skate plus loin. Quand j’y pense, je ne suis montée sur un de ces machins qu’une seule fois, et c’était y a un an, oui, j’ai bien vite compris que ce n’était pas pour moi. Puis c’est en tirant sur ma cigarette une nouvelle fois que je réalise qu’il y a une personne que je connais au milieu de tout ça. Alors sans réfléchir réellement je prononce « Swann ?! » peut être un peu trop fortement pour une simple réflexion de ma part, puisque l’intéressé m’a entendu et se retourne vers moi. J’esquisse un sourire quand j’entends mon prénom sortir de ses lèvres. Quand je pense à comment je faisais pour l’allumer, j’avoue que j’en mène pas bien long, mais peu importe, je n’ai jamais regretté un seul de mes actes, même aujourd’hui alors que c’est un peu le bordel dans ma vie. Alors c’est bien pour cette raison que je m’avance vers lui, comme si on était réellement des anciens amis, sauf que je n’ai jamais vraiment su ce qu’il y avait entre nous. « Hey... » A son sourire gêné je ne peux pas m’empêcher de lui en répondre un des miens, bien plus confiant. Je me demande quelques secondes de quelle façon me comporte, savoir si je dois lui faire la bise ou je ne-sais-quoi. « Ca pour une surprise ! » J’opte finalement pour le fait de ne rien faire, après tout on ne s’est pas vus depuis longtemps, alors ça doit être normal de ne pas savoir quoi faire. Du moins je le suppose. En soupirant, je jette ma clope sur le côté, trouvant ma jupe réellement en adéquation avec son look des plus détendu, bon sang, la vente, je hais ça, vraiment. « Alors, qu’est-ce que tu deviens ? Ca fait plutôt longtemps … Tu me fuyais, hein ? » Je me dis que là, seul l’humour pourra nous sauver, ouais, rien que ça.

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Tu vois ce moment entre le sommeil et le réveil,
ce moment où on se souvient d'avoir rêvé ?
C'est là que je t'aimerai toujours,
c'est là que je t'attendrai.

Elle s'approchait immédiatement de moi, sans trop réfléchir je suppose, je la regardais de bas en haut et je me demandais bien d'où elle sortait. De mes souvenirs c'était pas "son genre" après ça a pu changé en un an, who knows?

Elle me fit un large sourire, comme si tout était normal là entre nous, ce qui me fit décrisper étrangement et mon sourire devint plus naturel, moins contracté du moins.

- Tu m'as eu... Tu as découvert mon secret...

Autant rester sur le ton de la plaisanterie, je perdais quoi au pire? Rien, c'était une chouette fille à part quand elle essayait de me chauffer mais je sais qu'elle faisait ça avec d'autres donc bon, c'était dans son tempérament.

- Ouais ça fait une bonne année qu'on s'est pas vu... Toujours à UCLA?

Lui demandais-je tout naturellement, on s'était pas fait la bise ni rien mais je dois avouer que ça me soulageait car j'étais une grosse bille: je savais jamais comment saluer les gens, serrer la main, un "tchek", faire la bise, une brève accolade ? Parfois juste dire "salut" et sourire me convenait amplement. Puis pendant que je lui parlais, j'entendis des sifflements aller en notre direction. D'autres skateurs qui étaient là à faire mumuse, s'éclater bien à siffler Grace. Bon ok, c'est une belle femme, je n'ai jamais nié cette évidence.

- On peut aller ailleurs si tu veux? Sauf si tu aimes avoir des fans ici, j'les connais vite fait, ils sont pas méchants juste un peu beaucoup lourds avec les nanas. Ils ont à peine 20 ans, ils veulent se la jouer Dom Juan j'suppose.

J'riais légèrement en passant ma main dans ma nuque, comme si une part de moi était gênée. Comme si je voulais pas revoir Grace l'allumeuse, j'préférais quand elle était simple, elle même, non toujours là à titiller les mecs pour se prouver à elle même je ne sais quoi d'ailleurs. Qu'avait elle à prouver? Elle est pas bête, elle est belle... Enfin bon, moi et les filles, je suis souvent à côté de la plaque, faut que j'arrête de "chercher la petite bête" alors que tout était peut être plus simple.

Plusieurs questions trottent présentement dans ma tête, mais en un sens, je ne saurai comment les poser. Je me souviens de cette fille que j’étais lorsque lui était dans les parages. Je me souviens parfaitement de l’effet qu’il me faisait aussi, et aujourd’hui, je me demande bien ce qui a pu arriver dans sa vie pour qu’il disparaisse de cette manière. Alors je me sers de l’humour, je tente de faire passer la pilule, non pas que j’éprouve une certaine rancœur à son égard, loin de là. Après tout, il avait bien le droit de ne pas vouloir de moi. Et puis, il faut avouer qu’avec lui je ne prenais pas vraiment de pincette pour lui rentrer dedans. Bon sang, j’ai honte en fait, quand j’y pense. Mais quand je le vois sourire à ma phrase, je me dis qu’un jour, lui et moi, on en rira, après tout, ça ne signifiait rien du tout, juste un gentil béguin à sens unique. « Tu m'as eu... Tu as découvert mon secret... » Alors un petit rire s’échappe de mes lèvres quand il me répond cela. Ça m’étonnerait vraiment que ce soit le cas. « J’étais si horrible que ça ? » Je demande faussement vexée, après tout, aux dernières nouvelles ça ne dérange pas les hommes quand je me permets de les draguer. M’enfin, il y a des exceptions partout, pas vrai ? « Ouais ça fait une bonne année qu'on s'est pas vu... Toujours à UCLA? » Un an déjà, sérieusement ? J’essaie de me rappeler réellement de la toute dernière fois que je l’ai vu. Je ne sais pas, le temps a trop filé depuis ce jour-là. Alors je hausse les épaules et toujours sur un ton plutôt détendu, je prononce. « Eh bien oui, hein, toujours en architecture … Bon et là comme tu peux le constater. » Je désigne mon accoutrement. « J’ai un boulot de vendeuse en bijouterie, tenue correcte exigée. » Je grimace, je vais démissionner. Avant que je ne puisse reprendre la parole, des sifflements se font entendre, et je me mets à rire à nouveau en lui disant « Apparemment, mon look plait à tes potes. » Je me moque gentiment, et en plus le pire c’est que je me moque surtout de moi. Autodérision, n’est-ce pas ? « On peut aller ailleurs si tu veux? Sauf si tu aimes avoir des fans ici, j'les connais vite fait, ils sont pas méchants juste un peu beaucoup lourds avec les nanas. Ils ont à peine 20 ans, ils veulent se la jouer Dom Juan j'suppose. » Dans un automatisme que je hais, je pose les yeux sur l’horloge digitale de mon téléphone que je tiens dans ma main droite, je lance un regard finalement sur le groupe de « Dom Juan », puis reporte mon attention sur Swann, je plante mes prunelles dans le bleu des siennes en réfléchissant pas longtemps, non pas du tout même. « Un café ça te dit ? » Après tout, il doit en avoir des choses à raconter, et même s’il n’a jamais voulu de moi, sa compagnie m’a toujours plu. « A moins que ... tu veux tenter une nouvelle fois de m’apprendre à monter sur ta planche ? » Je ris doucement. « Je suis toujours autant mauvaise. » Peine perdue en définir. « Dans tous les cas je suis déjà en retard, et je tiens pas franchement à mon boulot, alors tu as les cartes en main, pour changer. » Dans notre « relation » c’est toujours lui qui a décidé des choses après tout.

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Tu vois ce moment entre le sommeil et le réveil,
ce moment où on se souvient d'avoir rêvé ?
C'est là que je t'aimerai toujours,
c'est là que je t'attendrai.

- Ecoute, on peut aller prendre un petit café et tu roules sur ma planche tout le trajet, c'est le deal.

Je lui fis un petit clin d'oeil en regardant ensuite les petits jeunots qui étaient en mode chauds lapins, c'est fou ça... Jamais de ma vie j'ai été ainsi.... Bon ok, à 20ans, j'avais déjà Gwenn, dans ma vie, j'étais un homme amoureux et je n'ai jamais aimé voir les filles comme des morceaux de viande... Et voir une Grace qui se donne ainsi aussi facilement aux hommes, ça m'avait dégouté et pourtant elle avait l'air d'une autre femme à cet instant.

- Allez viens, ils te mangeront pas, je suis ton garde du corps.

Je mis ma planche à terre avant de lancer un léger rire assez rock, puis je tendis ma main à Grace.

- Je vais te servir d'équilibre et si tu tombes, je tombe, comme ça on est deux à se ridiculiser, il y a un café à 500 mètres d'ici, je pense que tu peux survivre à une telle distance sur ma planche avec moi à côté.

Je lui pris calmement la taille en lui mettant ma planche devant elle.

- Pose ton pied d'appuie à l'arrière du skate, juste là.

Je lui montrais l'endroit en question du bout de mon pied.

- Si t'es gauchère c'est le pied gauche, si t'es droitière, le droit, logique implacable.

Je lui souriais pour la rassurer, le ridicule ne tue pas et j'ai tellement l'habitude d'apprendre aux gens à faire du skate que j'ai vu à peu près de tout comme débutants ou diverses chutes. Puis je suis incapable de me foutre de la gueule des personnes qui veulent essayer de tenir sur une planche tant le skate me passionne, à mes yeux c'est juste super de débuter, moi aussi j'ai été débutant un jour, et je ne l'oublierais jamais... JAMAIS.

- Tu peux t'appuyer sur mon épaule pour monter et dès que ton pied d'appui est posé tu mets l'autre bien devant. Ton pied d'appui doit être posé en "diagonale" si tu préfères tandis que ton pied à l'avant doit être plus ou moins droit, histoire de trouver un certain équilibre.

Je lui montrais la position qu'elle devrait avoir su mon skate, sur le gravier, histoire qu'elle me copie et que ça puisse l'aider à trouver "le truc."

- Dès que t'es prête, tu me le dis et je commencerais à avancer lentement et t'en fais pas, je te tiens par la taille et si t'es vite à l'aise je te tiendrais juste par la main et si tu veux un peu de folie durant ces 500 mètres je te lâcherais peut-être tout court pour que tu puisses goûter à la liberté suprême qu'on acquière grâce à ce sublime sport.

Je lui souriais davantage, certes, je plaisantais quand je disais ça, je ne connaissais pas son réel niveau mais si elle voulait que je la lâche pour tester seule la planche, ça serait son droit, sinon je lyi resterais fidèle histoire qu'elle ne se blesse pas bêtement.

« Ecoute, on peut aller prendre un petit café et tu roules sur ma planche tout le trajet, c'est le deal. » J’incline le visage avec un sourire en coin pour finalement hocher la tête positivement, après tout pourquoi pas, je crois bien que je ne crains rien à monter sur cette planche. Puis au pire des cas, c’est le risque qui fait que la vie est excitante. « Allez viens, ils te mangeront pas, je suis ton garde du corps. » Pour me connaitre un minimum je suis persuadée que Swann est conscient du fait que ce ne sont pas quelques garçons qui vont me faire peur. « L’idée de t’avoir comme garde du corps me plait. » Et cette fois c’est à moi de lui servir un clin d’œil complice comme si nous étions amis depuis des années déjà, alors que nous nous sommes perdus de vue quelques temps déjà. Je le regarde poser sa planche sur le sol, comprenant que je vais devoir y monter dessus bientôt. « Je vais te servir d'équilibre et si tu tombes, je tombe, comme ça on est deux à se ridiculiser, il y a un café à 500 mètres d'ici, je pense que tu peux survivre à une telle distance sur ma planche avec moi à côté. » Ses mains sur ma taille me guident un peu avant qu’il ne reprenne son explication. Je souris, peut-être un peu bêtement, mais je souris en me positionnant comme il vient de me le dire, le pied droit en arrière du coup, étant donné que je suis droitière et en élève docile je m’exécute. J’écoute ses conseils, ses dires et puis je me décide à monter sur la planche, en le regardant. « Tu sais que t’es plutôt un bon prof ? » Je lui dis en riant un peu quand on commence tous les deux à avancer, moi sur la planche, évidemment. « Mais si tu me lâches, toi et moi on peut réellement tirer un trait sur une possible amitié. » Je suis à moitié sérieuse, bien sûr. Après avoir parcouru les quelques mètres qui nous séparaient du café sous les yeux des jeunots, je descends en sautillant un peu. « Comme une pro. » Ou pas. « On s’assoit en terrasse ? » J’ai la fâcheuse habitude de fumer, ou que je sois, et pour le coup, j’allumerai bien une clope pour papoter. « Et tu me racontes où tu étais passé, ça m’intrigue, je dois avouer. » La curiosité est un défaut que j’ai toujours possédé.

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Tu vois ce moment entre le sommeil et le réveil,
ce moment où on se souvient d'avoir rêvé ?
C'est là que je t'aimerai toujours,
c'est là que je t'attendrai.

Elle me faisait rire à faire sa fortiche sur ma planche mais au moins elle acceptait mon aide et se laissait gentiment guider.

Je la tenais par les hanches et elle me tenait par le bras, je la sentais un peu tremblante mais confiante à l'idée que je sois là pour l'aider.

- Je te promets que je m'en voudrais toute ma vie si j'osais te laisser tomber, tu es sous ma responsabilité et j'ai une réputation à tenir hein!

Lui disais-je en la taquinant, lui faisant un autre clin d'oeil. A croire que c'était notre truc ça les "clins d'oeil".

Je la maintenais bien et on arrivait enfin au café convoité, elle descendit du skate et elle me fit rire. Elle semblait tellement fière que ça en était presque attendrissant.

- Je suis fier de toi, tu es en vie!

Je lui fis un grand sourire et je la suivis en terrasse. Elle voulait sembler aller là, donc s'il n'y avait que ça pour lui faire plaisir, je m'exécutais. On se mit face à face et direct elle me demanda LA question qui l'avait tant démangé depuis mon absence.

- Je t'ai manqué à ce point pour que tu t'inquiètes?

J'essayais d'éviter tant bien que mal la fameuse question que pas mal de gens se posait mais peu d'entre eux avaient la bonne réponse.