Pour échapper aux couloirs, sombres cercueils où se meuvent tant de corps déjà condamnés, déjà morts, il a fallu sortir. avant d'étouffer. Avant de mourir, de partir à la dérive… de n'être plus qu'un autre fantôme dans la foule des spectres et des joies futiles. Le voir rire, marcher mains dans la main ou se disputer ne soulève en moi que des vagues de dégoût ou d'inquiétude.
Je me sens si détachée. Si loin. Etrangère à leur monde…
Assise sous l'ombre d'une statue, mon bloc de croquis calé sur les genoux, je trace a petits gestes nerveux des silhouettes et les dote de formes vagues qui pourraient devenir des vêtements, une fois sélectionnés et retravaillés. Je cherche les formes, les équilibre, les plis. J'aligne les croquis, mon regard erre sur les passants, détaillant avidement le pantalon d'un tel, la chemise d'une telle. L'inspiration ne peut si longtemps se dérober…
Et pourtant.
Avec un soupir, je tourne la page de mon bloc, ferme les yeux, laisse mon crâne reposer sur la pierre, dans mon dos. Le vide abyssal. pas d'idée. Pas le moindre lambeau d'inspiration… Tout ce que je fais est mauvais, ces temps-ci. Une manière si peu convaincante de reprendre l'année scolaire… c'est un peu comme sentir la réussite me fuir, déjà, comme prendre un rendez-vous avec l'échec en juin.
Et je ne parviens pas vraiment à m'inquiéter. J'ai trop d'autres choses en tête, trop de travail, trop de silence, trop de disputes et de déceptions. Je ne parviens pas vraiment à me concentrer ou me motiver: tout dérive, le monde et surtout mon attention.
Une part de moi, toute petite, se demande si je ne me suis pas fourvoyée... dès le départ. Depuis des années. Si je ne me mens pas...
Et si mon univers n'était qu'une illusion?
Et si mes rêves n'étaient que caprices?
...
Restent la caresse du soleil sur ma peau, mes tâches de rousseur éparses et le brouhaha étouffé des étudiants qui se pressent vers leur salle de cours ou la quittent. Restent la volonté lasse, la certitude épuisée: mon avenir vaut la peine que je n'abandonne pas, que je ne baisse pas les bras.
Je ne sens plus la chaleur du soleil sur mon visage. Une ombre, sans doute? Un passant…
Au bout d'une seconde, j'entrouvre les yeux et …
Et c'est elle. Absolem. Elle et son regard qui me parle déjà d'orage et de guerre.
Je prépare ma meilleure armure, je fourbis mes armes. Sans bouger. Sans prononcer le moindre mot. Sans la quitter des yeux.
Je me sens si détachée. Si loin. Etrangère à leur monde…
Assise sous l'ombre d'une statue, mon bloc de croquis calé sur les genoux, je trace a petits gestes nerveux des silhouettes et les dote de formes vagues qui pourraient devenir des vêtements, une fois sélectionnés et retravaillés. Je cherche les formes, les équilibre, les plis. J'aligne les croquis, mon regard erre sur les passants, détaillant avidement le pantalon d'un tel, la chemise d'une telle. L'inspiration ne peut si longtemps se dérober…
Et pourtant.
Avec un soupir, je tourne la page de mon bloc, ferme les yeux, laisse mon crâne reposer sur la pierre, dans mon dos. Le vide abyssal. pas d'idée. Pas le moindre lambeau d'inspiration… Tout ce que je fais est mauvais, ces temps-ci. Une manière si peu convaincante de reprendre l'année scolaire… c'est un peu comme sentir la réussite me fuir, déjà, comme prendre un rendez-vous avec l'échec en juin.
Et je ne parviens pas vraiment à m'inquiéter. J'ai trop d'autres choses en tête, trop de travail, trop de silence, trop de disputes et de déceptions. Je ne parviens pas vraiment à me concentrer ou me motiver: tout dérive, le monde et surtout mon attention.
Une part de moi, toute petite, se demande si je ne me suis pas fourvoyée... dès le départ. Depuis des années. Si je ne me mens pas...
Et si mon univers n'était qu'une illusion?
Et si mes rêves n'étaient que caprices?
...
Restent la caresse du soleil sur ma peau, mes tâches de rousseur éparses et le brouhaha étouffé des étudiants qui se pressent vers leur salle de cours ou la quittent. Restent la volonté lasse, la certitude épuisée: mon avenir vaut la peine que je n'abandonne pas, que je ne baisse pas les bras.
Je ne sens plus la chaleur du soleil sur mon visage. Une ombre, sans doute? Un passant…
Au bout d'une seconde, j'entrouvre les yeux et …
Et c'est elle. Absolem. Elle et son regard qui me parle déjà d'orage et de guerre.
Je prépare ma meilleure armure, je fourbis mes armes. Sans bouger. Sans prononcer le moindre mot. Sans la quitter des yeux.