Reese et Melody
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Melody n'avait plus cours pendant au moins deux heures. Elle aurait pu rentrer chez elle, mais la distance qui devait être parcourue ne valait pas la peine, lui semblait-il. Et maintenant qu'elle avait pris ses fonctions de vice à UCLA, elle se sentait dans l'obligation d'y demeurer tout le long de la journée, et ce quelque fut son emploi du temps. Bref, elle s'était rendue à la bibliothèque, comme souvent lorsqu'elle n'avait plus rien à faire. Cette pièce calme et apaisante était devenue son repaire, et elle aimait fouiner dans la multitude de bouquins qui s'offrait à elle pour dénicher quelques perles rares. Cette fois-ci, elle avait opté pour un livre d'Hunter S. Thompson, et se faisait par avance un réel plaisir d'y plonger tête la première. Elle allait se trouver une place à l'arrière lorsqu'un rayon de soleil ne tarda pas à illuminer la pièce entière, traversant la splendide baie vitrée de la bibliothèque universitaire. Il ne lui en fallait pas plus pour la convaincre qu'une séance lecture dans le superbe parc d'UCLA lui ferait le plus grand bien, tant au cœur qu'à l'âme. Et ceci étant dit, elle se retrouvait bien vite sur l'un des bancs, à l'ombre d'un bel arbre bien entretenu, le livre entre ses mains et une cigarette coincée entre ses doigts. Rien ne valait telle décontraction, telle pause nécessaire entre deux cours plus éreintants l'un que l'autre. Elle savourait avec décontraction le silence environnant, profitant du calme et de la retenue qu'imposait un tel endroit. UCLA était véritablement l'université de ses rêves, et elle sentait aujourd'hui comme jamais qu'elle avait eu raison d'accepter cette proposition qu'ils lui avaient faite. Enseigner dans une école si prestigieusement réputée, il y avait de quoi prendre la grosse tête, et son arrogance n'avait fait qu'un tour.
Melody profitait toujours du silence, les yeux rivés sur son bouquin, parcourant avec rapidité les mots qui s'entrechoquaient pour former les phrases d'un auteur rendu au rang de divinité. Elle adorait Thompson pour son audace, son humour, son ironie, et sa critique toujours plus éloquente du système Américain. Bref, elle se sentait bien, tout simplement, et ce qu'elle souhaitait le moins en cet instant privilégié, c'était bien d'être dérangée par qui que ce soit. Et comme d'habitude, son pire cauchemar devint réalité, à tel point qu'elle en sembla choquée. Elle releva la tête, bouche bée, pour faire face à cet inconnu au regard azur qu'elle avait déjà vu quelque part, mais qui, surtout, troublait son calme sans en éprouver la moindre gène. Un instant, elle eut l'envie abrupte de hurler, de lui ordonner de fuir de son champ de vision et de la laisser profiter de cette paix environnante. Pourtant, alors que les souvenirs de cette fameuse nuit au bar se frayaient un chemin dans son esprit, elle retrouva son calme et sa sobriété : mieux valait ne pas être trop désagréable avec ce garçon, qui détenait entre ses mains un moyen sur et fidèle de la faire renvoyer. Elle l'écouta sans l'interrompre, mais alors qu'il peinait à finir sa phrase, elle ne put s'empêcher de lâcher, ironiquement : « Ouiiii ? Tu peux le faire ! » Puis, dans un soupir et alors qu'elle refermait son bouquin, consciente que sa paix dérangée, elle ne reviendrait pas de ci tôt, elle poursuivit, un sourire énigmatique ancré sur les lèvres et illuminant son visage. « Si tu viens t'excuser d'avoir refusé mes avances, je te pardonne. » Il y avait de quoi le draguer.. Elle devait admettre que même en plein jour, il restait incroyablement séduisant, avec son regard azuré braqué sur elle, et sa voix délicate de jeune homme naïf et gentillet.