Crap, my mind is a mess Depuis peu, un rituel avait été établi dans le quotidien de Grayson Bradsburry. Chaque matin, il était réveillé à l’aurore par les rayons du soleil venus chatouiller le bout de son nez. Sans réfléchir, et avec la mécanique la plus automatique, il se jetait ensuite sous le jet d’eau froide de sa douche afin de se rafraichir après une nuit des plus agitées. A en croire par ces dires, il aurait été facile de croire que Grayson s’adonnait à des activités sportives des plus sensuelles. Mais il n’en était rien, si le jeune homme était toujours plus fatigué à chaque réveil, ce n’était pas pour avoir fait des folies de son corps, mais à cause de ses cauchemars qui le hantaient chaque nuit durant. Débarrassé de ses vieux démons, Grayson s’épongeait rapidement sans prendre le temps de se regarder dans le miroir, puis il enfilait un tee-shirt blanc, un survêtement qu’il resserrait légèrement autour de son bassin et ses baskets flambant neuves. Sa main glissait ensuite dans ses cheveux pour les ébouriffer, puis il attrapait rapidement son Ipod avant de filer goûté à l’air frais du matin. Il avait entendu très récemment une vieille dame dire que « la journée appartenait à ceux qui se lèvent tôt. » Et très justement, il s’était dit qu’elle n’avait pas tort et qu’au fruit de son expérience, elle en savait surement plus que la plupart des personnes de son âge à lui. A peine son pied avait-il foulé le macadam qui s’étendait devant chez lui que Grayson se mettait à courir, armé de ses écouteurs. Un air de musique pop résonnant dans ses oreilles, le vent venant caresser son visage pâle, et les habitants ne devenant plus que des silhouettes informes, c’était ça le bonheur selon Grayson depuis peu. Le seul moment de sa journée où il se sentait vivant, libre et libéré. Il ne pensait à rien. Il ne devait pas se forcer à parler à qui que ce soit. Il ne devait plus faire semblant. Juste être lui. Un homme avec un bordel gigantesque dans le crâne, mais un homme bien vivant avec de l’air dans ses poumons. Il était dans sa bulle, et personne ne pouvait venir l’en extirper. Après son jogging matinal, il prenait place à la même table chaque matin au Starbuck Coffee situé sur Westwood. Et pour ne pas rendre son rituel trop routinier, il s’amusait à goûter toutes les variétés de café que proposait l’enseigne, accompagné de leurs succulents pancakes. Ce matin-là, Grayson opta pour le caramel macchiato glacé. Tout en attendant sa commande, il dépliait le journal qu’il avait acheté dans le petit point presse situé juste en face, et il lisait les nouvelles. Indigné parfois, surpris ou amusé d’autres fois, il adorait ce petit moment rien qu’à lui. Souvenir d’une époque révolue peut être, c’était un de ces rares moments où il ressentait cette sensation étrange d’être en phase avec son ancien lui sans pour autant le connaître. Le nez plongé dans son journal, il ne remarqua pas toute de suite que ce n’était pas la serveuse qui venait de lui apporter sa commande. Ce fut surement les chaussures qui le menèrent sur la piste. Affuté de son œil de détective, lorsque son regard fut attiré par celles-ci, il eut un moment de réflexion avant d’en arriver à la conclusion qu’aucun serveur au monde ne pouvait porter des chaussures aussi distinguées pour servir du café. Il plia alors son journal, et scruta cette personne qui se trouvait face à lui. « - Merci. » En voyant que le jeune homme n’était pas décidé à s’en aller, Grayson fronça légèrement le front, avant de dévoiler un sentiment de peur sur son visage et de se renfermer aussitôt. « - On se connait ? Oh, je sais, vous êtes le fils de cette vieille dame que j’ai aidé l’autre jour. Elle est ici c’est ça ? Je devrais aller lui dire bonjour. » Non, Grayson n’y était absolument pas. Mais pour sa défense, la dernière fois qu’il avait croisé Oscar dans l’obscurité d’une soirée, il n’avait pas pris le temps de retenir les traits de son visage en détail. Et il était tellement paniqué à l’idée qu’il puisse s’agir d’une connaissance de son ancienne vie qu’il n’arrivait plus à avoir les idées claires. |