Coachella. Les quatre syllabes s'agençaient en un refrain joyeux qui ne cessait de se répéter avec délice sur ses lèvres. Deux mois complets de festival. De bottes, t-shirt hippie, musique à gogo et de mecs torse nu. Ses iris parcourant le tracé parfait de sa manucure, elle s'imaginait déjà dans les bras d'un Apollon qui lui ferait oublier tout le reste. Un Apollon torse nu et sans prise de tête dans un festival, c'est ce qu'il lui fallait. Pour le moment, elle avait la fâcheuse impression d'être une Bridget Jones de l'amour. Enchaînant les désastres amoureux comme une empotée alors que contrairement à la protagoniste elle était super belle, super mince, en somme super tout. Qu'est ce qui clochait chez elle bordel. De plus, elle ne savait même pas comment ce putain de roman finissait. Bien ? Du moins elle l'espérait.. Fronçant ses sourcils épais, elle s’apaisa et chassa toute pensée négative. De nature caractérielle, elle se laissait rapidement submerger par colères et sautes d'humeur surprises. Ses yeux bleus lâchèrent un instant son vernis bleu lui aussi pour flâner sur le trottoir à la recherche de son covoiturage qu'elle ne connaissait toujours pas. Elle savait juste qu'il était question d'un t-shirt gris. Tandis que son regard était à la recherche d'une nuance de gris, elle rêvasser sur le parfait inconnu. Le songeant tantôt brun, tantôt blond, tantôt basané mais absolument pas tantôt Noah. Mady manqua de s'arracher les ongles quand elle vit ce dernier s'approchait de sa voiture et claustré dans un t-shirt.. Gris. Levant ses prunelles azures au ciel, elle réprima un soupir, leur histoire en mode replay défilant dans son encéphale. Elle arrêta bien vite cette piqûre de rappel, soucieuse que ses émotions puissent transparaître au grand jour. Adoptant une attitude nonchalante, elle épia le côté passager, priant que la portière de sa Chevrolet reste immobile et bien endormie. Quelques secondes d'espoir défilèrent avant que celui-ci ne s'évapore en concomitance avec le bruit de la porte. « Noah Maxim Grey. », roucoula-t-elle d'un faux air ravi. La rancune étant une discipline qu'elle connaissait très bien, elle préférait s'en tenir juste aux mauvais souvenirs, se détachant de toute chose formidable pour se remémorer le fort minable. « De tous les milliers d'Angelenos se rendant à Coachella, il a fallu que tu sois l'heureux gagnant. », soupira-t-elle en faisant promener ses ongles sur le volant. « Et moi la malheureuse perdante. », ajouta-t-elle amèrement, prête à lui envoyer un coup de talon dans les côtes et l'expulsait de la voiture sans cérémonie. Si elle le détestait tant aujourd'hui c'est parce qu'elle l'avait profusément aimé par le passé. D'abord comme un ami. Le genre d'ami qui s'amalgamait à un fidèle tatouage sur la peau, encré, qui se devait d'être toujours là et ne jamais disparaître. Mais un rayon laser en avait visiblement décidé autrement. Puis elle l'avait aimé d'amour. De cet amour costaud caractérisé par le franchissement de cette frontière menue entre la romance et l'amitié. Mais la délimitation entre l'amour et la haine était bien plus maigre encore. « Bon, attache ta ceinture. J'ai prévu de rouler très vite afin de passer un minimum de temps à tes côtés. ». Sa phrase ponctuée par un claquement de langue accentuant son ordre, elle démarra le moteur d'une main furieuse mais contrôlée. « Oui, tu as bien compris. Ta compagnie me fout la gerbe alors finissons-en. ». Sur ce, elle appuya fougueusement sur l'accélérateur, les entraînant dans une virée d'enfer.