envole moi loin de ces fatalités qui collent à ma peau (maddie)

Détestable. Voilà ce que j'étais devenu. Lorsque j'étais jeune et innocent je ne faisais aucune différence entre les blancs et les noirs, entre les homos et les hétéros. Non, à l'époque rien ni personne n'était différent. Tout le monde était unique et la normalité ne faisait pas partie de mon monde. Seulement, tout a basculé et avant que je puisse faire quoi que ce soit, je suis devenu un salop homophobe et raciste de base. Imaginer la réaction de ma mère, si elle était encore là et qu'elle savait ce que j'étais devenu, me torturait. Ma mère était l'être le plus cher au monde que j'avais et son opinion m'importait beaucoup. Seulement voilà, j'avais changé. J'avais tout ce dont je rêvais, des études qui me plaisaient et des amis (ou presque). Parce que oui, peu de monde supporte mon caractère et mes défauts. Mais heureusement, certaines personnes pouvaient faire abstraction de ça. Comme Camille par exemple. Sa présence était si .. étrange. Elle est si frêle et si mignonne. On a presque peur de la toucher de peur qu'elle casse comme de la porcelaine. Et pourtant, je reste persuadé que je ne suis pas un gars pour elle. Alors je l'évite, je la considère comme une personne banale et c'est tout le contraire. Mais je ne peux pas le montrer, pas laisser paraître mes sentiments. Rien de cela n'est possible. Mais à chaque fois que je la vois, je ne peux m'empêcher d'avoir envie d'être près d'elle. Toutes ces pensées envahissaient mon esprit et ce n'était pas bon. Pas bon du tout, pour moi. C'est pourquoi, je décidai de partir pour la boîte de nuit. Changer d'air et prendre un bon bol d'air frais me ferait le plus grand bien. Je marchai jusqu'à la boîte et entrai, me glissant entre la foule. Je fini par arriver près du bar et me posai sur un tabouret haut. Je commandai un Martini et jetai un rapide coup d’œil dans la foule, ne voyant pas une jolie rousse qui s'approchait de moi.

⊱ Un masque, une comédie, encore et toujours. Enfiler ce costume qui au fond, n'est pas le sien. Oh non. Loin de se montrer aussi frêle qu'elle l'est réellement depuis son arrivée ici, elle préfère garder loin d'elle les souvenirs de son existence en France. Maddie déteste repenser à tout ça. À sa culpabilité, à cette voiture qui roulait vers sa mère tous feux allumés, à cette solitude à l'orphelinat, à cette déception quand son sauveur est devenu au fil des jours son pire cauchemar. Et elle qui avait trouvé un port d'ancrage... Arraché, lui aussi. Parfois, elle est bien rassurée de savoir que son père est en prison à Paris. Parfois, elle aimerait mieux le savoir mort. Oui. Mort. Définitivement. Au moins, elle sait qu'il ne cherchera pas à la retrouver. Elle se contemple dans le miroir. Cette fille au regard provocateur, à l'allure de tigresse affamée, ce n'est pas elle. Mais ça lui sert plutôt bien. Parfois, elle voit que les gens la croient réellement dans ce rôle-là. Et parfois elle en croise certains avec qui elle a l'impression qu'elle est mise à nue en un regard, un seul. Comme Félix.

Elle aime bien l'appeler "Figaro". Il déteste ça, elle le sait. Elle s'amuse bien avec lui, même si parfois quand elle croise son regard, elle a l'impression qu'il la couve. Qu'il lui dit "je te protègerai". Et donc, qu'il a comprit que tout ça n'était qu'une couverture. Elle sait aussi qu'il a l'impression d'être un bon à rien. Il ne le montre pas directement, bien sûr... Mais lui aussi il en a un sacré, de masque. Et inconsciemment, elle veut lui prouver qu'il peut faire quelque chose de bien. C'est pour ça qu'il lui est passé par la tête l'idée de se mettre en danger à proximité de lui. Pour qu'il vienne la sauver. En même temps, elle a l'impression d'être aidée – même si c'est loin d'être réellement dans ses problèmes – et tout le monde est content. Ou presque. Parce que son égo, à la rouquine, il en prend un coup parfois. Hum.

Ce soir, c'est sortie en boîte. Elle veut s'amuser, se détendre, s'oublier. Encore. Comme toujours. Elle a une pensée pour Jules, comme chaque jour, puis elle quitte sa chambre. Ses cheveux sont lâchés, comme souvent, et elle porte une petite robe noire tout à fait charmante sans taper dans le vulgos. Ses grands yeux bleus légèrement cernés de noir, elle adresse au chauffeur de taxi un sourire rayonnant de ses dents blanches, donnant l'adresse de la boîte qu'elle a choisie. Elle y arrive moins de dix minutes plus tard. Dedans, l'ambiance est étouffante et chargée en fumée et en odeur alcoolisée. Elle commande une tequila et tourne sa tête, apercevant... Félix. Tiens donc... Elle esquisse malgré-elle un sourire. Elle prend son verre et se dirige directement vers lui. Tirant un tabouret tout contre le sien, elle s'assoit dessus en déposant son verre sur le comptoir, vrillant sur lui un regard chargé de malice. « Tiens donc, bonsoir, mon minou. » murmure-t-elle de son accent frenchy, avant de porter son verre à ses lèvres sans le quitter des yeux.

Mon regard se pose sur la foule. Une foule agitée comme à son habitude. La boîte est remplie et l'alcool coule à flot. Mes yeux virevoltent dans la salle et s'arrête sur une magnifique blonde à quelques mètres de moi. Elle danse, les mains dans les cheveux et un sourire indécrochable aux lèvres. Je sirote mon Martini, décidant de me mêler à la foule une fois ce dernier terminé. Mais autre chose attire mon attention, un regard que je sens posé sur moi. D'un coup sec, ma tête se tourne et j'aperçois une belle rousse, tout sourire allant dans ma direction. Maddie. Ou plutôt devrais-je dire Camille, comme tout le monde l'appelle ici. Mais moi je ne suis pas tout le monde. Moi, j'adore l'appeler Maddie car ce surnom lui va tellement bien. Je la regarde s'installer à mes côtés, ravi de sa présence. Je préfère la savoir près de moi qu'avec tous les gros lourds présents à cette soirée. Nos regards se croisent et ne se lâchent plus. Un sourire se dessine sur mon visage. Je porte mon verre à mes lèvres, bois la dernière gorgée de mon verre et en commande un autre. « Maddie chérie. Content de te voir.. » dis-je en laissant en suspend ma phrase. Le mystère. Le plaisir. Le jeu. Ces trois mots peuvent qualifier notre relation oui. Notre relation si particulière et si .. plaisante. Malgré tout, je ne veux pas jouer avec la jeune femme. Je ne veux pas qu'elle soit une fille parmi tant d'autres. Son air angélique et ses yeux si .. innocents me supplient presque de la sauver. J'ai l'impression qu'elle a besoin de moi et pourtant, pourtant j'ai l'impression que tout ce que je fais risque de la détruire. La jeune rousse fait tout son possible pour me faire changer d'avis sur elle. Peut-être veut-elle se montrer forte et coriace. Peut-être veut-elle se montrer joueuse et dangereuse. Et pourtant, je vois tout le contraire. Je ne sais pas expliquer pourquoi mais c'est comme ça. Camille est frêle et douce, quoi qu'elle y fasse c'est toujours comme ça que je la verrai. « T'es venue seule? Pas pour finir avec ce genre de gros lourd j'espère? » ajoutais-je en prenant un air protecteur et en désignant un groupe de mecs plus loin. Je sais qu'elle déteste ça mais je ne peux m'en empêcher. J'ai besoin de la couver, de la protéger et d'être là pour elle. Au fond, je tiens beaucoup à elle même si je fais mon possible pour m'en empêcher.

⊱ « Maddie chérie. Content de te voir.. » Maddie. Elle ne peut réprimer un léger frisson. Cela lui rappelle ses plus beaux et ses plus douloureux souvenirs à la fois ; tout ce qui est lié aux réminiElle garde ses yeux rivés aux siens. Sa phrase aux allures presque aguicheuses, emplie de mystère et d'attraction, lui laisse un sourire amusé. Et charmé. Elle joue avec son verre, et finit par boire deux longues gorgées, le reposant ensuite, étudiant ses doigts pianotant autour de son verre, avant de relever ses yeux bleus vers ceux de Félix. Elle ne se gêne pas pour l'observer, et lui sourit doucement. « T'es venue seule ? Pas pour finir avec ce genre de gros lourd j'espère ? » Elle prend le temps de suivre son regard même si elle sait parfaitement quel genre de type il lui désigne. Alcoolisé, sûr de lui, don juam ou con comme ses baskets, au choix. Madeline grimace doucement avant de secouer la tête, tournant pourtant vers le brun un coup d’œil malicieux. Elle a envie de jouer. Et de nouveau, elle veut user de sa façon préférée : la provocation mêlée au danger. « Bah, j'sais pas, pourquoi pas après-tout, c'est quand même mieux que de rentrer seule, non ? » fait-elle, insistant un peu sur le "seule", comme si elle n'envisage pas une seule seconde de repartir avec lui, alors que ça ne la dérangerait pas. Elle se refuse de le montrer, néanmoins. Elle pose ses yeux clairs sur le groupe de "gros lourds" et sourit, finissant son verre cul sec avec une légère grimace – ben ouais, la tequila, c'est tout de même pas du coca cola hein. « Ouais, même bien mieux. » Sur ce, elle effleure légèrement son torse, lui envoie un clin d'oeil et disparait dans la foule. Elle espère qu'il la suivra, au moins des yeux, pour la voir directement aborder ledit groupe, se faufilant au travers des quatre types, qui commencent directement à la coller. Elle déteste ça. Mais si elle veut mettre son plan en oeuvre, il faut bien qu'elle ait une raison d'appeler à l'aide...

Depuis toujours, Maddie est le surnom que je donne à la jeune femme. Pourquoi? Car elle m'a déjà parlé de son premier prénom et je n'ai pu m'empêcher de la surnommer comme ça. Sans savoir pour autant que ce surnom a de l'importance pour elle et lui rappelle de terrible souvenir. Mais j'aime l'appeler comme ça et j'ai toujours trouvé que ce prénom lui allait mieux que Camille. Son sourire me fait frémir et rien que de l'avoir près de moi me rends meilleur. Elle est si douce, si belle, si parfaite en fait. Presque tout en elle me fait du bien. Tout ou presque. Car oui, lorsque nous sommes ensembles, la jeune rousse ne peut pas s'empêcher de se mettre dans des situations impossibles. Pur hasard ou comédie dramatique ? Je pencherais plus pour la deuxième solution. La jeune femme fait tout pour que je vienne à son secours. Pourquoi ? Je n'en ai aucune idée. Et moi, à chaque fois, je me dis que je la laisse se débrouiller mais impossible. Comment la laisser seule dans des situations dangereuses? Et une fois de plus, elle se met dans une situation désagréable. Désagréable pour moi et pour elle j'en suis sûr. Elle se dirige vers le groupe de mecs que je lui ai désigné quelques minutes auparavant. Une groupe de gros lourds - moches soit dit en passant - qui ne pense qu'à se faire une fille. Sauf que Maddie n'est pas n'importe quelle fille. Et je ne peux pas l'imaginer passer une nuit avec ne fusse qu'un mec de ce groupe. Impossible. Alors je grogne, par mécontentement. « Maddie ... » dis-je en fronçant les sourcils. Mais trop tard, elle est déjà partie dans la foule et surtout, déjà partie entre les gars que je lui avais montré auparavant. Je fini mon verre d'une traite et m'avance vers la foule. Je l'attire vers moi, nos corps se retrouvent collés l'un à l'autre et je ne peux m'empêcher de plonger mes yeux dans les siens. « T'abuses. Avoue que c'était juste pour te retrouver coller à moi hein. » ajoutais-je un sourire aux lèvres. Ma main caresse légèrement sa joue, mes yeux ne se détachant pas des siens.

⊱ Elle aime bien provoquer, elle aime bien s'amuser, elle aime bien l'attirer à elle par mille et unes façons. Elle trouve toujours un moyen, de toute façon. Bien que là, entourée de ces types baraqués au regard embrumé par l'alcool et d'autres choses sûrement, elle se sent vite étriquée. Et dans un sens, en danger. Leurs mains baladeuses, elle se laisse faire, s'abandonnant juste à l'espoir que Felix ne va pas tarder. Si seulement compte-t-il venir d'ailleurs. Mais soudain, elle est attirée hors de ce cercle vicieux et se retrouve collée contre lui. Elle laisse un frisson l'ébranler, ne se préoccupant plus du tout des gros lourds à qui il l'a arrachée. C'est bien lui. Encore une fois. « T'abuses. Avoue que c'était juste pour te retrouver coller à moi hein. »Elle soutient son regard, y plongeant sans aucune peur. Toujours contre lui, elle entoure sa nuque avec un sourire mutin. « Peut-être bien que c'est le but, oui. Et ça te ferait quoi, toi ? » demande-t-elle d'un ton malicieux, le poussant un peu pour s'éloigner de la foule, sans pour autant se décoller de lui. Elle sent sa main sur sa joue et à ce moment-là, elle a juste envie de l'embrasser. Elle ne se l'est jamais permis, pourtant. Non, aussi incroyable cela est-il, il ne s'est jamais rien passé entre eux. Pourtant, ça ne serait pas pour déplaire à la petite rouquine. Se sentant de plus en plus légère à cause de l'alcool qui commence doucement à faire son effet, elle attend sa réponse, le regard toujours scotché au sien.

La provocation est un jeu bien trop important dans notre relation. Bien que de mon côté, je ne cherche pas à provoquer Camille. C'est plutôt elle qui s'en charge. Sans que je ne puisse décider quoi que ce soit, elle se glisse dans la foule et se retrouve dans un groupe de mecs assez imposants. Je ne réfléchis pas et l'attire vers moi. Je ne peux pas la laisser dans une situation pareil. Ce n'est pas possible. Je fronce les sourcils, pour montrer à la jeune rouquine mon mécontentement mais ça ne dure pas bien longtemps. Comment lui en vouloir ? Je ne peux pas résister à son regard azur, ça non. Nos corps se rapprochent et nos lèvres aussi. Je me résigne à l'embrasser, étant persuadé que je ne suis pas un gars pour elle. Correction : je ne suis pas un gars pour Maddie. Pourtant, l'envie est forte. L'envie de l'embrasser, l'envie de la ramener chez moi et l'envie d'être avec elle surtout. Chaque jour, cette envie est présente en moi. Et pourtant, rien de tout ça ne pourra se produire. D'un côté, j'ai terriblement envie de céder à la tentation. Et d'un autre, je me retiens, pour éviter de la faire souffrir. Je ne pourrais jamais faire souffrir la jeune femme. J'ai bien trop de respect pour Camille. Jamais je ne me permettrai de lui faire du mal. Jamais. Du moins pas consciemment. Je sors de mes pensées un petit instant et intercepte sa phrase. Je roule des yeux. Ne voulant pas montrer mes émotions. Car lui montrer mes émotions reviendrait à lui dire tout ce que je ressens pour elle, et ça, ça n'est absolument pas possible. Je la ramène vers le bar, commandant à nouveau un verre. J'en ai besoin, pour tenir bon, pour résister à l'envie de l'embrasser, de frôler ses lèvres et de sentir son corps contre le mien. Résister est le maître mot de ma soirée. « T'aimes ça hein, me mettre dans des situations gênantes? » Répondre à une question par une autre question a toujours été ma façon de fonctionner. Du moins, seulement quand je ne peux pas répondre à la question. Ou quand je ne veux pas. Ici, c'était un peu des deux. Maddie joue beaucoup trop avec moi et je sais que tôt ou tard, je lâcherai prise. Et ce jour, est pour bientôt.