Premier soir, premier concert et première fois que je représente mon album en live. J’ai du mal à réaliser que je suis là, à Coachella, prêt à me produire devant des milliers de personnes. Ce n’est pas ma première fois, j’ai suivi ma mère pendant toute sa tournée mondiale pour assurer sa première partie, mais ça ne m’empêche pas d’avoir une certaine montée d’adrénaline en pensant à ce que je vais ressentir au moment de monter sur scène pour interpréter mon premier single, seul morceau connu de mes éventuels fans pour le moment. Et oui, contrairement à beaucoup d’artistes programmés, si je suis là, c’est pour offrir une expérience particulière à tous ceux qui écouteront mon concert, je leur offre un aperçu exclusif de chacune des chansons qui rythmeront mon album. Je n’ai qu’une appréhension, elle n’est pas vocale, elle n’est pas personnelle. La seule chose qui me fait peur c’est de dérouter le public en proposant un album riche en différents univers, pour cet album, produit par ma superstar de mère, je me suis fait plaisir, j’ai offert un aperçu de tout ce qui m’influence depuis le début. Je passe de certaines pistes très mélancoliques, qui nécessitent que je me plonge dans des moments très difficiles à supporter de ma vie, à d’autres titres bien plus euphoriques. Mon premier single surfe sur l’eurodance, j’ai exprimé mon envie de faire danser le public mais ce n’est pas la seule chose que je compte proposer sur mon album, je ne suis pas un chanteur que l’on cantonnera à la figuration sur des singles de DJ à la Avicii. J’ai bien plus d’ambition que cela, je ne suis pas arrivé ici par hasard, ma voix est réellement riche, beaucoup n’ont pas pu s’empêcher de me comparer à ma mère et ils ont eu raison, ma voix est, certes, plus masculine mais elle monte aussi haut que celle de ma mère. C’est mon plus, ce qui fait que les producteurs ont craqué, je peux être en puissance sans faire la moindre fausse note. Le moment est venu, j’ai tourné pendant un moment pour me choisir des
fringues, j’ai été coiffé, maquillé, les tests de micro sont terminés, les musiciens sont en place et j’entends déjà le public hurler. Mon cœur bat la chamade, je ne perds pas une minute, ma guitare à la main, je rejoins la scène, acclamé par un public qui, semble-t-il, c’était vraiment déplacé pour me voir.
« Bonsoir ! » Je m’approche du micro, délaissant ma guitare pour le moment.
« Merci à tous d’être venus ce soir. Certains ont peut-être déjà eu l’occasion de se procurer mon premier single, d’autres sont peut-être simplement curieux de voir ce que vaut le fils d’Alecia Graham… » Je marque une nouvelle pause, euphorique et heureux, ému de voir autant de monde prêt à m’écouter.
« Parlons musique ! » Je recule pour m’approcher de l’un de mes musiciens, mon premier single sera le premier titre que je jouerais ce soir. Le son résonne dans les hauts-parleurs, les premières notes électroniques retentissent et j’attaque le premier couplet, d’une voix posée, très calme, ne me cassant pas la gueule sur les notes les plus basses. C’est lorsque le refrain, bercé par une musique eurodance faisant danser le public, se présente que je montre vraiment de quoi je suis capable, envoyant sans jamais faire une pause. Je suis transporté par l’énergie du public, je ne suis plus un artiste angoissé à l’idée de décevoir, je ne suis plus que Lewis Graham, une bête de scène.